Le gouvernement propose une loi et une agence indépendante pour obliger les gouvernements futurs à entretenir les ponts et viaducs. En approuvant cette loi, l’assemblée nationale reconnaîtra que les gouvernements qui se sont succédé à Québec depuis trente ans ont mal géré les milliards destinés au ministère des transports. C’est un geste dans la bonne direction mais, est-ce suffisant? Ce sont les mêmes politiciens incompétents qui nommeront les gestionnaires de l’agence et qui établiront son budget. Ne vaudrait-il pas mieux confier la voirie à l’entreprise privée?
Quel boulet, cette ministre!
Michel Vastel, L’Actualité.com, le 19 octobre 2007
Ouf, je change de clou. Je cède à vos pressions et je m’intéresse à cette Commission d’enquête sur le viaduc de la Concorde, présidée par Pierre-Marc Johnson, et pour laquelle le premier ministre devrait être félicité puisque cela nous a permis de constater la profondeur de l’abîme dans laquelle la ‘nomenclatura’ du gouvernement du Québec nous a entraîné.
Mais je n’ai pas d’autres fleurs à distribuer.
La semaine dernière, saluant la création d’un programme de 30 milliards pour la rénovation et l’entretien des infrastructures, je demandais qu’on ne confie surtout pas tout cet argent aux fonctionnaires. Cela fait des années que ça dure, disait le premier ministre, évaluant le déficit accumulé au titre de l’entretien des infrastructures publiques à 27 milliards $. Et c’est à ce monde-là de fonctionnaires incompétents qu’on voudrait confier un autre 30 milliards $ pour réparer les pots cassés par leur négligence chronique ? On veut rire de nous ou quoi ?
Eh bien, voilà que la ministre des Transports, Julie Boulet, fait encore pire. Elle confie la responsabilité de toutes les infrastructures - même les municipales! - à une Agence de fonctionnaires qui ne rendront même pas de comptes à l’Assemblée nationale ni au pouvoir politique. Julie Boulet, qui ne connaît rien à l’ingénierie bien sûr - elle est pharmacienne - s’est laissée mener par les fonctionnaires encore une fois.
Qui plus est, ce plan ne répond même pas aux demandes de la Commission Johnson. Par exemple, au lieu de réparer les infrastructures en cinq ans, elle se donne jusqu’en 2022! Et de surcroît, ce ne sont que 80 % de ces infrastructures qui seront garanties sécuritaires. Et le 20 % qui reste? Combien y aura-t-il de ponts de la Concorde dans ce 20 %? La ministre est désolante de simplicité d’esprit: elle se fait avoir par ses propres fonctionnaires et nous allons payer bien entendu.
Vous comprendrez que je n’ai pas envie - mais pas du tout!- de féliciter Jean Charest. Il avait une belle occasion de confier tout cela à une Agence privée - va-t-il enfin prendre au sérieux sa promesse de se lancer dans les ententes de partenariat public-privé (PPP) -, Agence libre de financer ses investissements comme elle le voulait, probablement par le péage en grande partie. Au lieu de cela, nous allons continuer d’avoir des ingénieurs et des contremaîtres qui vont ordonner à des cols bleus de boucher des trous, de colmater des fissures et de poser des panneaux de signalisation pour détourner la circulation lorsque cela va trop mal.
C’est enrageant à la fin cette manie de vouloir tout faire faire par l’État, même lorsqu’il a, deux fois plutôt qu’une, démontré son incompétence…
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