Malheureusement, il plus facile de faire des discours que de passer à l’action. Sur la scène canadienne, le Québec est le plus ardent défenseur de l’environnement. Toutefois, dans les faits nous consommons plus d’eau (1), produisons plus de déchets et recyclons moins que les autres provinces canadiennes (2).
(1) Les habitants du Grand Montréal ont utilisé en 2004 en moyenne 460,5 litres d'eau. C'est 9% de plus que la moyenne québécoise et 37% de plus que la moyenne canadienne – Cyberpresse, 3 octobre 2007.
(2) Matières résiduelles : 466 kg par année, la pire des provinces pour le pire des pays occidentaux – Cyberpresse, 1 octobre 2007).
René Vézina, LesAffaires.com, 3 octobre 2007 à 09h39
Une taxe vert pâle
Je lisais ce matin les propos d'un comédien québécois déplorant les conséquences néfastes des changements climatiques, qu'il attribue aux pressions des « grands groupes industriels. »Les méchants sont tellement faciles à identifier... Remarquez, certains ne s'aident pas beaucoup, mais les coupables sont toujours les mêmes dans l'imagerie populaire : les industries, de préférence celles qui font de l'argent.
Je rappellerais humblement à ce comédien, qui s'est aventuré hors de son scénario, que l'automobile, donc Monsieur Madame Tout le monde, est responsable à elle seule d'environ 30 % de ces fichues émissions de gaz à effet de serre au Québec et que l'on pourrait aussi s'en occuper.
À cet égard, le gouvernement québécois vient de passer aux actes en instaurant sa taxe sur le carbone, une première au Canada.
L'idée n'est pas bête, mais si on est vraiment sérieux, elle ne va pas assez loin. Pour être doublement efficace (constituer un fonds et dissuader les gens de prendre leur auto pour rien), elle devrait être beaucoup plus lourde. Sauf que cette brillante idée risque de se heurter à plusieurs obstacles (mis à part que les citoyens seraient furieux), et ça ne marchera pas. Voici donc ma proposition, et ce pourquoi je suggère de ne pas l'appliquer.
Au lieu d'être à 0,008 $ le litre, on porte la taxe à 20 cents. Déjà, avec une si faible ponction, Québec pense amasser 200 millions $ par année pour l'appliquer à diverses mesures environnementales, comme le soutien au transport en commun. Avec ma mesure à moi, le magot atteindrait 5 milliards $ !
Vous en voulez des autobus neufs, des tramways, des métros et autres engins du genre ? Et l'essence devenant beaucoup plus chère, les voyages à la pompe deviendraient en revanche moins nombreux, diminuant d'autant les émissions (et réduisant aussi la cagnotte, mais continuons l'exercice). Les pauvres seraient pénalisés ? Avec des systèmes de transport en commun plus performants et moins chers, ils en profiteraient eux aussi.
Sauf que... c'est farfelu, pas sur le fond, mais à cause des dérapages qui risquent de survenir.Un, les gouvernements sont toujours tentés d'aller piger dans le coffre au trésor pour leurs opérations courantes. Pensez aux surplus de la SAAQ. À ceux de la caisse de l'assurance-emploi. À ceux de la taxe fédérale sur la sécurité aérienne. Pensez-vous vraiment que Québec attribuerait annuellement 5 G $ à l'environnement ?
Deux, autant d'argent va attirer la rapacité. La construction des nouvelles infrastructures et l'achat de nouveaux équipements nous seraient facturés très cher. Les conventions collectives seraient renégociées à la hausse, c'est certain. Tout le monde voudrait se servir. Le gouvernement mettrait en place une agence dont les coûts de fonctionnement iraient gruger le fonds en question.
Non, ce n'est pas l'idée du siècle. Mais vous voyez ce que ça représente, assumer ses propres responsabilités au lieu de les rejeter sur le voisin ? Et pourtant, il va bien falloir faire quelque chose pour protéger un des trésors du Québec, la pomme Macintosh, qui perd sa texture et ses belles couleurs parce qu'il fait trop chaud !
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