Chaque Québécois doit plus de 34 000 $ au provincial seulement

Vaut mieux en rire!

Avant de couper des centaines de millions dans les services, est-ce qu’on peut avoir les services ? - Michel Beaudry

16 octobre, 2007

Le double langage des bien-pensants

Le Québec est en panne depuis plus de vingt ans. Le discours machiavélique de la gogauche doit être débusqué et dénoncé. La majorité des Québécois doivent rejeter le double langage des bien-pensants. Cela est un préalable incontournable si nous voulons sortir le Québec de son immobilisme.

Le diktat de la «gauche caviar»
Le Journal de Montréal, p. 27 / Nathalie Elgrably, 11 octobre 2007

Décidément, octobre est le mois de la remise en question du modèle québécois! Il y a deux ans, le manifeste Pour un Québec lucide faisait l’effet d’une bombe. Puis, l’an dernier, le film L’illusion tranquille troublait notre quiétude et Lucien Bouchard nous piquait au vif avec sa célèbre déclaration sur la productivité.

Aujourd’hui, c’est au tour de Daniel Audet, premier vice-président du Conseil du patronat du Québec, de revenir à la charge avec son essai intitulé «15 idées pour un Québec fort», publié dans la revue L’actualité du 15 octobre.

Ses propositions concernent toutes les sphères de notre société, de la légalisation de l’assurance maladie privée à la privatisation de la SAQ, en passant par la réforme de l’aide sociale.

Évidemment, Daniel Audet a eu droit à un accueil mitigé. Pourtant, tout comme Lucien Bouchard, les signataires du Manifeste et les réalisateurs de L’illusion tranquille, il n’a fait que souligner les problèmes auxquels le Québec est confronté et les défis qu’il doit relever. Affronter la réalité, énoncer les failles de notre système sans être politiquement correct, réfléchir à des solutions pour faire prospérer le Québec sont autant de gestes qu’on peut qualifier de patriotiques.

Toutefois, de telles initiatives ne génèrent habituellement qu’un intérêt éphémère. Au lieu de déclencher un débat constructif, elles sont étouffées et méprisées, et leurs auteurs sont subtilement qualifiés de traîtres à la nation. On croupit dans un modèle qui a fait banqueroute, non pas faute d’idées nouvelles, mais en raison de la «gauche caviar» qui nous impose son diktat depuis 40 ans. À ses yeux, l’État-nounou est le seul modèle valable, et quiconque oserait prétendre le contraire ne peut qu’être l’incarnation du diable.

Hypocrite

La «gauche caviar» tient un discours moralisateur et culpabilisant, mais elle est hypocrite. Elle défend l’universalité des soins de santé, mais se fait soigner aux États-Unis. Elle encense l’école publique, mais envoie ses enfants dans les établissements privés. Elle nous sermonne de prendre les transports en commun, mais ne se déplace qu’en auto. Elle milite pour une hausse des impôts, mais place son argent aux îles Caïman. Bref, elle dit ce qu’il faut faire, mais ne fait pas ce quelle dit!

Certaines idées proposées par Daniel Audet, comme l’allégement de la fiscalité, permettraient indubitablement d’enrichir le Québec. D’autres, comme la privatisation de la SAQ, auraient des effets moins visibles sur notre niveau de vie bien qu’elles soient tout à fait légitimes. Enfin, quelques idées sont à ignorer, comme la constitution d’une caisse pour financer le système de santé public. Presque 40% des impôts perçus, soit 22 milliards de dollars, sont déjà alloués à la santé. On ne peut en exiger davantage des contribuables. Il faut plutôt trouver les moyens d’améliorer l’efficacité du réseau avant de songer à y engouffrer plus d’argent.

Mais qu’elles plaisent ou non, les propositions de Daniel Audet ont le mérite de sortir des sentiers battus. Après 40 ans d’interventionnisme, le Québec est l’une des régions les plus pauvres d’Amérique du Nord, malgré tout son potentiel. Il faut donc penser autrement, car ce ne sont pas les variations sur le thème de l’État-nounou que nous sert inlassablement la «gauche caviar» qui permettront au Québec de s’épanouir.

L’article de Daniel Audet est une autre belle occasion d’ouvrir un débat enrichissant sur la direction à donner à notre société. Évidemment, la «gauche caviar» est invitée à présenter ses arguments… si elle en a.

* Cette chronique a aussi été publiée dans Le Journal de Québec.
Nathalie Elgrably est économiste à l'Institut économique de Montréal et auteure du livre La face cachée des politiques publiques.

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