André Dorais
On les traite de tous les noms, mais on ne saurait s’en passer. Il existe pourtant des alternatives, mais ou bien elles font peur, ou bien elles sont dispendieuses. Les pétrolières n’obligent personne à utiliser leurs services, mais à entendre chialer les uns et les autres on jurerait que l’on en est esclave. Or, elles ne sont pas tant indispensables qu’irrésistibles.
Accusations gratuites
Les politiciens de tous les partis ne cessent de commander, aux frais des contribuables, des études pour savoir s’il y a collusion entre les pétrolières pour fixer les prix. Chacune de ces études démontre qu’il n’y a pas de collusion. Incapables de se faire à l’idée qu’ils ont tort et indifférents quant aux dépenses effectuées avec l’argent d’autrui, ils les rejettent toutes du revers de la main sous le prétexte qu’il y a toujours matière à douter de la bonne foi des pétrolières. Ne se plaignent-ils pas qu’elles engrangent des profits excessifs?
La contrepartie du profit monétaire est un bénéfice sous forme de service. Puisque celui-ci est désiré et accepté par le consommateur, on ne peut pas plus parler de profit excessif que de service excessif. Les médias qui cassent du sucre sur le dos des pétrolières s’attirent peut-être une clientèle, mais en s’éloignant de la rigueur intellectuelle nécessaire à toute explication. De leur côté, lorsque les gouvernements utilisent la même stratégie, on peut conclure qu’ils se cherchent une raison d’être ou qu’ils ont besoin de sous, voire les deux. C’est pratique de détourner l’attention lorsqu’on cherche à taxer et à imposer davantage.
En l’espace de quelques jours le gouvernement québécois a annoncé la hausse des impôts des pétrolières et la hausse des taxes sur le carburant, tout en exprimant le souhait, plutôt hypocrite, qu’elles encaissent ces coûts sans les refiler aux consommateurs. Or les entreprises n’offrent pas de services par charité : ou bien elles en tirent profit, ou bien elles ferment. Avec ce nouvel argent, le gouvernement financera ses monopoles à la dérive de la santé et de l’éducation d’une part et d’autre part, la concurrence aux pétrolières.
La volatilité des prix
Il n’y a pas que la hausse du prix du carburant qui dérange, mais également sa volatilité. De sorte qu’en plus d’avoir un prix minimum et de jongler avec l’idée d’établir un prix maximum, le gouvernement demande à la Régie de l’énergie une surveillance accrue des prix de l’essence. C’est-à-dire :
On les traite de tous les noms, mais on ne saurait s’en passer. Il existe pourtant des alternatives, mais ou bien elles font peur, ou bien elles sont dispendieuses. Les pétrolières n’obligent personne à utiliser leurs services, mais à entendre chialer les uns et les autres on jurerait que l’on en est esclave. Or, elles ne sont pas tant indispensables qu’irrésistibles.
Accusations gratuites
Les politiciens de tous les partis ne cessent de commander, aux frais des contribuables, des études pour savoir s’il y a collusion entre les pétrolières pour fixer les prix. Chacune de ces études démontre qu’il n’y a pas de collusion. Incapables de se faire à l’idée qu’ils ont tort et indifférents quant aux dépenses effectuées avec l’argent d’autrui, ils les rejettent toutes du revers de la main sous le prétexte qu’il y a toujours matière à douter de la bonne foi des pétrolières. Ne se plaignent-ils pas qu’elles engrangent des profits excessifs?
La contrepartie du profit monétaire est un bénéfice sous forme de service. Puisque celui-ci est désiré et accepté par le consommateur, on ne peut pas plus parler de profit excessif que de service excessif. Les médias qui cassent du sucre sur le dos des pétrolières s’attirent peut-être une clientèle, mais en s’éloignant de la rigueur intellectuelle nécessaire à toute explication. De leur côté, lorsque les gouvernements utilisent la même stratégie, on peut conclure qu’ils se cherchent une raison d’être ou qu’ils ont besoin de sous, voire les deux. C’est pratique de détourner l’attention lorsqu’on cherche à taxer et à imposer davantage.
En l’espace de quelques jours le gouvernement québécois a annoncé la hausse des impôts des pétrolières et la hausse des taxes sur le carburant, tout en exprimant le souhait, plutôt hypocrite, qu’elles encaissent ces coûts sans les refiler aux consommateurs. Or les entreprises n’offrent pas de services par charité : ou bien elles en tirent profit, ou bien elles ferment. Avec ce nouvel argent, le gouvernement financera ses monopoles à la dérive de la santé et de l’éducation d’une part et d’autre part, la concurrence aux pétrolières.
La volatilité des prix
Il n’y a pas que la hausse du prix du carburant qui dérange, mais également sa volatilité. De sorte qu’en plus d’avoir un prix minimum et de jongler avec l’idée d’établir un prix maximum, le gouvernement demande à la Régie de l’énergie une surveillance accrue des prix de l’essence. C’est-à-dire :
1. Déterminer quotidiennement le coût «normal» d'acquisition du carburant par les détaillants. Or, il n’existe pas de prix normal justement parce qu’il est sujet à de nombreuses variables et pas seulement naturelles. Les intentions de l’OPEP, les inventaires, les conflits armés, les nationalisations, les politiques et les réglementations qui changent tout le temps sont des facteurs au moins aussi importants de fluctuation de prix que les causes naturelles.
2. Demander aux pétrolières d’afficher ce prix soi-disant normal et de justifier par écrit toute hausse des prix. Voilà deux exemples concrets de réglementation qui ne peuvent faire autrement que de pousser à la hausse les prix du carburant. Si les pétrolières doivent engager des commis pour répondre à cette bureaucratie, pense-t-on vraiment qu’elles vont absorber les coûts sans les refiler aux consommateurs? Le gouvernement lui-même va-t-il engager d’autres fonctionnaires pour compiler les données et calculer lesdits estimés?
3. Demander aux détaillants de carburant d'afficher les composantes des prix moyens à la pompe pour le mois passé. Cette directive n’est pas claire. Sachant que les composantes matérielles de l’essence sont toujours les mêmes et que le gouvernement demande par ailleurs la justification de la hausse des prix, cette directive semble uniquement demander que les prix moyens du mois passé soient affichés. Or, une moyenne peut varier énormément selon la façon dont elle est calculée. Même une prise aléatoire des données n’offre pas de garantie quant au prix futur, de sorte que l’utilité d’une telle directive est pour le moins douteuse.
4. Demander à l’Agence d'efficacité énergétique qu'elle prépare un plan d'action dans le domaine des produits pétroliers pour diminuer la dépendance au pétrole. Comme si les fonctionnaires savaient mieux que les entrepreneurs et les capitalistes où investir! On peut se faire une idée de ce qu’ils ont à l’esprit en examinant ce qu’ils font déjà. Ils viennent en aide aux producteurs d’amidon (blé, maïs, orge) pour que ceux-ci en extraient de l’éthanol pouvant servir de carburant. Cette aide, qui se présente surtout sous forme réglementaire, entraîne la hausse des prix de certains aliments (poulet, porc, bœuf et par suite, viande, œuf, produits laitiers, etc.) dont le maïs est à la base.
Il s’ensuit des accusations envers les «gros producteurs» d’éthanol, ou plus précisément ceux qui font pression sur les gouvernements pour obtenir leur aide. Ces accusations sont justes, mais on oublie de mentionner que les environnementalistes plaident la même cause. Que ce soit les entreprises, les environnementalistes ou d’autres groupes de pression qui obtiennent les faveurs du gouvernement, en dernier lieu ce sont les consommateurs qui payent. Puisque c’est le gouvernement qui dévalue la monnaie, soutire l’argent des contribuables et l’investit comme bon lui semble, il est le plus grand responsable de la hausse des prix desdits aliments, de l’éthanol et du carburant.
Beaucoup de gens constatent les nombreux facteurs affectant le prix de l’essence, mais considèrent, avec raison, qu’il y a un décalage entre certains évènements et la fluctuation des prix. Il faut réaliser que de nombreux investisseurs tentent d’anticiper les prix futurs selon les évènements. Par exemple, lors de la première guerre en Irak, en 1990, le prix du brut avait monté en flèche plusieurs semaines auparavant, soit au moment d’apprendre que l’Irak avait placé ses troupes aux frontières du Koweït. Il en va de même pour les évènements de moindre importance. Lorsque l’OPEP annonce ses intentions de modifier sa production, l’impact est rapide sur les bourses du monde, mais prend plus de temps pour affecter les prix au détail. Le détaillant ne peut pas se permettre d’offrir un prix à la pompe qui ne reflète pas le prix du marché, car il doit lui-même constamment renflouer ses stocks à ce prix. Étant donné les nombreux autres facteurs affectant le prix à la pompe, il est normal que son prix varie. Au contraire, on devrait se poser des questions lorsque le prix est stable trop longtemps, car cela laisse entendre qu’il peut être contrôlé.
Le contrôle des prix est peut-être sécurisant pour certains individus, mais sa pratique entraîne invariablement des conséquences beaucoup plus graves à moyen et à long terme. En effet, il ne suffit pas d’établir une loi politique pour enrayer une loi économique. La première est trop souvent basée sur des sentiments. Ses effets sont visibles à court terme, mais destructeurs à plus longue échéance. La seconde est difficilement perceptible puisqu’elle exige une bonne capacité de raisonnement et d’abstraction. Les lois économiques tiennent compte de la rareté des ressources, des processus de production, du signal des prix, des préférences temporelles, etc. Au contraire, en bafouant quotidiennement la propriété, la législation a tendance à ignorer ces réalités.
En imposant un prix minimum de l’essence, il s’ensuit des économies perdues pour le consommateur, car le gouvernement protège les détaillants les moins efficaces. Le gouvernement voit la concurrence dans le nombre de producteurs dans les secteurs qu’il ne contrôle pas, mais la juge inappropriée dans les secteurs qu’il monopolise… Cette façon de procéder réduit deux fois plutôt qu’une la capacité d’innover. Or, l’innovation est justement ce que l’on cherche pour réduire les gaz à effet de serre! La véritable concurrence économique se charge d’elle-même. Là où il y a concurrence les monopoles ne durent pas et le protectionnisme est inexistant.
De même façon, en imposant un prix maximum, il s’ensuit d’abord une pénurie de détaillants, car vient un seuil où il n’est plus rentable d’offrir ses services. Lorsque ce prix «plafond» est maintenu trop longtemps, c’est l’offre globale d’essence qui est réduite. Comme on ne remplace pas le véhicule moteur par le cheval sans perdre en productivité, cela a un effet domino sur plusieurs autres secteurs d’activités. Certains projets sont réduits, d’autres abandonnés. Ces politiques, qui visaient uniquement les pétrolières, conduisent lentement mais sûrement à un appauvrissement généralisé.
Plutôt que de s’en faire avec la volatilité des prix de l’essence, on devrait se soucier davantage de la hausse continue des taxes et des impôts et cela autant des entreprises que des individus. Ce ne sont pas les revenus de l’État que l’on doit augmenter, mais ceux des individus. Tous les services possibles et imaginables peuvent être offerts sans l’entremise de la taxation et de l’imposition. Incapables de reconnaître cette réalité, les groupes de pression et les médias populaires encouragent les politiciens à utiliser la loi pour corriger les situations qui leur paraissent injustes. Les politiciens ne demandent pas mieux. Ils recherchent les médias et les médias, les politiciens. Un esprit de clan se développe. On cherche en vain les consensus collectifs via la législation, réglementation, taxation et imposition. Le résultat ne peut être autre qu’une plus grande pauvreté.
2. Demander aux pétrolières d’afficher ce prix soi-disant normal et de justifier par écrit toute hausse des prix. Voilà deux exemples concrets de réglementation qui ne peuvent faire autrement que de pousser à la hausse les prix du carburant. Si les pétrolières doivent engager des commis pour répondre à cette bureaucratie, pense-t-on vraiment qu’elles vont absorber les coûts sans les refiler aux consommateurs? Le gouvernement lui-même va-t-il engager d’autres fonctionnaires pour compiler les données et calculer lesdits estimés?
3. Demander aux détaillants de carburant d'afficher les composantes des prix moyens à la pompe pour le mois passé. Cette directive n’est pas claire. Sachant que les composantes matérielles de l’essence sont toujours les mêmes et que le gouvernement demande par ailleurs la justification de la hausse des prix, cette directive semble uniquement demander que les prix moyens du mois passé soient affichés. Or, une moyenne peut varier énormément selon la façon dont elle est calculée. Même une prise aléatoire des données n’offre pas de garantie quant au prix futur, de sorte que l’utilité d’une telle directive est pour le moins douteuse.
4. Demander à l’Agence d'efficacité énergétique qu'elle prépare un plan d'action dans le domaine des produits pétroliers pour diminuer la dépendance au pétrole. Comme si les fonctionnaires savaient mieux que les entrepreneurs et les capitalistes où investir! On peut se faire une idée de ce qu’ils ont à l’esprit en examinant ce qu’ils font déjà. Ils viennent en aide aux producteurs d’amidon (blé, maïs, orge) pour que ceux-ci en extraient de l’éthanol pouvant servir de carburant. Cette aide, qui se présente surtout sous forme réglementaire, entraîne la hausse des prix de certains aliments (poulet, porc, bœuf et par suite, viande, œuf, produits laitiers, etc.) dont le maïs est à la base.
Il s’ensuit des accusations envers les «gros producteurs» d’éthanol, ou plus précisément ceux qui font pression sur les gouvernements pour obtenir leur aide. Ces accusations sont justes, mais on oublie de mentionner que les environnementalistes plaident la même cause. Que ce soit les entreprises, les environnementalistes ou d’autres groupes de pression qui obtiennent les faveurs du gouvernement, en dernier lieu ce sont les consommateurs qui payent. Puisque c’est le gouvernement qui dévalue la monnaie, soutire l’argent des contribuables et l’investit comme bon lui semble, il est le plus grand responsable de la hausse des prix desdits aliments, de l’éthanol et du carburant.
Beaucoup de gens constatent les nombreux facteurs affectant le prix de l’essence, mais considèrent, avec raison, qu’il y a un décalage entre certains évènements et la fluctuation des prix. Il faut réaliser que de nombreux investisseurs tentent d’anticiper les prix futurs selon les évènements. Par exemple, lors de la première guerre en Irak, en 1990, le prix du brut avait monté en flèche plusieurs semaines auparavant, soit au moment d’apprendre que l’Irak avait placé ses troupes aux frontières du Koweït. Il en va de même pour les évènements de moindre importance. Lorsque l’OPEP annonce ses intentions de modifier sa production, l’impact est rapide sur les bourses du monde, mais prend plus de temps pour affecter les prix au détail. Le détaillant ne peut pas se permettre d’offrir un prix à la pompe qui ne reflète pas le prix du marché, car il doit lui-même constamment renflouer ses stocks à ce prix. Étant donné les nombreux autres facteurs affectant le prix à la pompe, il est normal que son prix varie. Au contraire, on devrait se poser des questions lorsque le prix est stable trop longtemps, car cela laisse entendre qu’il peut être contrôlé.
Le contrôle des prix est peut-être sécurisant pour certains individus, mais sa pratique entraîne invariablement des conséquences beaucoup plus graves à moyen et à long terme. En effet, il ne suffit pas d’établir une loi politique pour enrayer une loi économique. La première est trop souvent basée sur des sentiments. Ses effets sont visibles à court terme, mais destructeurs à plus longue échéance. La seconde est difficilement perceptible puisqu’elle exige une bonne capacité de raisonnement et d’abstraction. Les lois économiques tiennent compte de la rareté des ressources, des processus de production, du signal des prix, des préférences temporelles, etc. Au contraire, en bafouant quotidiennement la propriété, la législation a tendance à ignorer ces réalités.
En imposant un prix minimum de l’essence, il s’ensuit des économies perdues pour le consommateur, car le gouvernement protège les détaillants les moins efficaces. Le gouvernement voit la concurrence dans le nombre de producteurs dans les secteurs qu’il ne contrôle pas, mais la juge inappropriée dans les secteurs qu’il monopolise… Cette façon de procéder réduit deux fois plutôt qu’une la capacité d’innover. Or, l’innovation est justement ce que l’on cherche pour réduire les gaz à effet de serre! La véritable concurrence économique se charge d’elle-même. Là où il y a concurrence les monopoles ne durent pas et le protectionnisme est inexistant.
De même façon, en imposant un prix maximum, il s’ensuit d’abord une pénurie de détaillants, car vient un seuil où il n’est plus rentable d’offrir ses services. Lorsque ce prix «plafond» est maintenu trop longtemps, c’est l’offre globale d’essence qui est réduite. Comme on ne remplace pas le véhicule moteur par le cheval sans perdre en productivité, cela a un effet domino sur plusieurs autres secteurs d’activités. Certains projets sont réduits, d’autres abandonnés. Ces politiques, qui visaient uniquement les pétrolières, conduisent lentement mais sûrement à un appauvrissement généralisé.
Plutôt que de s’en faire avec la volatilité des prix de l’essence, on devrait se soucier davantage de la hausse continue des taxes et des impôts et cela autant des entreprises que des individus. Ce ne sont pas les revenus de l’État que l’on doit augmenter, mais ceux des individus. Tous les services possibles et imaginables peuvent être offerts sans l’entremise de la taxation et de l’imposition. Incapables de reconnaître cette réalité, les groupes de pression et les médias populaires encouragent les politiciens à utiliser la loi pour corriger les situations qui leur paraissent injustes. Les politiciens ne demandent pas mieux. Ils recherchent les médias et les médias, les politiciens. Un esprit de clan se développe. On cherche en vain les consensus collectifs via la législation, réglementation, taxation et imposition. Le résultat ne peut être autre qu’une plus grande pauvreté.
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