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24 juillet, 2013

Une éducation bien secondaire

Revue de livre par Sophie Durocher

Éducation : Une catastrophe !


JOURNAL DE MONTRÉAL, PUBLIÉ LE: DIMANCHE 10 MARS 2013, 23H56 | MISE À JOUR: DIMANCHE 10 MARS 2013, 23H59

Des parents qui se prennent pour les patrons des enseignants. Des enfants-rois qui méprisent leurs professeurs. Des élèves qui obtiennent leur diplôme secondaire même en faisant 150 fautes dans un texte. Des futurs enseignants qui baragouinent le français. Une réforme mal conçue. Des tableaux blancs interactifs coûteux qui ne sont pas fonctionnels. Des dictionnaires qui datent d’il y a 20 ans. Un manque total de culture générale. L’ignorance érigée en système.

L’éducation au Québec, une catastrophe? Ce n’est pas moi qui le dis. C’est une professeure de français qui a accroché ses patins après 30 ans dans les écoles secondaires publiques et qui a écrit son ras-le-bol dans un bouquin percutant qui vient de sortir.

Dans Une éducation bien secondaire, Diane Boudreau tire la sonnette d’alarme : «La guerre contre la bêtise est perdue», dit-elle. Y a-t-il quelqu’un dans le milieu de l’éducation qui va l’écouter?

LA LOI DU MOINDRE EFFORT

Ce pamphlet vitriolique est très courageux, mais désespérant. Diane Boudreau devait enseigner jusqu’en 2017, mais elle a démissionné en 2012. La raison? Une écœurantite aiguë.

Plus capable de supporter les parents d’élèves qui intimident les professeurs, les menacent de poursuites ou les accusent de «harceler» leurs enfants s’ils sont trop exigeants.

Plus capable de lire le «charabia de fonctionnaires qui s’ennuient».

Plus capable de voir des élèves partir deux semaines à Cuba pendant les semaines d’école, parce qu’ils ont profité d’un «deal écœurant».

Plus capable de donner des dictées à des élèves qui ont droit aux dictionnaires et aux recueils de conjugaison.

Plus capable de supporter des élèves qui connaissent leurs «droits» par cœur, plus que les règles de grammaire.

Plus capable de voir les commissions scolaires dépenser des fortunes pour des sessions de team building avec des concours de recettes, pendant que dans les classes, on manque de dictionnaires et que les murs ne sont jamais repeints.

Dans ce livre très documenté (publié par Poètes de brousse), les phrases qui tuent viennent d’un constat accablant : «Les connaissances et la culture générale intéressent peu les gens» et «L’éducation n’est pas une priorité au Québec».

Diane Boudreau affirme que l’exemple vient d’en haut : pourquoi les enfants s’exprimeraient-ils comme il faut alors que les adultes massacrent le français?

Et elle s’en prend aux artistes québécois qui «manquent de mots ou ne savent pas faire leurs accords correctement». «Combien de fois ai-je entendu dire “la chanson que j’ai écrit, le stage, les drums, le monde sont contents, j’ai été flabbergasté”, etc.», dit-elle.

(D’ailleurs, parlant d’exemple qui vient d’en haut, avez-vous vu le ministre de l’Éducation supérieure Pierre

Duchesne à Tout le monde en parle récemment? Ça ne vous a pas frappé, à quel point il s’exprimait mal en français? C’est une contravention pour conduite en état de français tout croche qu’il aurait dû recevoir…)

INITIATION À L’ÉCHEC

Le livre de Diane Boudreau ne fait que 116 pages. C’est un livre dénonciateur, mais qui propose aussi des pistes de solution.

Le plus triste, c’est que ce bouquin essentiel, audacieux et courageux n’aura peut-être pas beaucoup d’impact pour une raison infiniment triste : au Québec, comme le rappelle Diane Boudreau, la moitié de la population est analphabète.

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