Depuis la publication du manifeste des lucides en octobre 2005, la question de l'économie préoccupe de plus en plus les Québécois. J'en veux pour preuve le fait que les trois partis d'importance au Québec reprennent à leur compte l'urgence de sortir l'économie québécoise de sa léthargie.
Le danger qu'il faut éviter à tout pris est celui de se laisser convaincre qu'il faut plus d'interventionnisme pour stimuler l'économie. C'est tout le contraire. Il faut créer un environnement invitant pour les entrepreneurs et les investisseurs : moins d'impôts et de taxes, moins de règlementation, une législation du travail modernisée, etc. Si l'environnement économique est suffisamment invitant il ne sera pas nécessaire d'acheter les investisseurs avec des programmes de subventions lourds et coûteux.
Il est plus que jamais important de défendre le droit des Québécois à une économie forte et dynamique. Pourquoi se contenter de végéter dans le peloton de queue alors que nous possédons tout ce qu'il faut pour pavaner dans le peloton de tête.
Le vendredi 01 fév 2008
Bienvenue au club!
Alain Dubuc
La Presse, Collaboration Spéciale
Pauline Marois, chef du PQ, a l'intention d'orienter résolument la politique économique de son parti autour de la création de la richesse. C'est l'intention qu'elle a exprimée, la semaine dernière, lors d'une rencontre privée avec des leaders de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain.
«Toutefois, malgré sa transformation en profondeur, l'état de notre économie est aujourd'hui très préoccupant. Si nous voulons faire face aux problèmes, il faut d'abord accepter de les voir. Les Québécois sont moins riches que les Canadiens et beaucoup moins riches que les Américains.»J'ai évidemment des raisons personnelles de me réjouir de la démarche de Mme Marois, après avoir écrit un livre qui s'intitule Éloge de la richesse.
Je n'ai évidemment pas inventé le concept, mais j'ai sans doute contribué à diffuser et à populariser des idées qui n'étaient pas bien vues. Et il est évident que plus le projet de création de richesse fait consensus, plus il fait partie de nos préoccupations, plus il a de chances de se concrétiser. Bref, plus on est de fous, mieux ça ira. Voilà donc une excellente nouvelle.
On peut noter aussi que les propos de Mme Marois retrouvent certains échos de ce que disaient les lucides. «Pendant que le monde avance, nous faisons du surplace. Si nous ne ressaisissons pas, la côte sera encore plus difficile à remonter.»
Le fait que Mme Marois fasse du développement économique un élément central de sa démarche et qu'elle le fasse de cette façon modifie le paysage politique. Le virage important qu'elle entend imposer à son parti la place en fait sur le terrain qu'occupent seuls les libéraux de Jean Charest. Et cela n'est peut-être pas étranger aux sondages, notamment notre CROP des derniers jours. Le PQ est maintenant en tête, avec 35% des intentions de vote, tandis que l'ADQ tend à se marginaliser, ce qui fait que le parti que dirige Mme Marois est redevenu un parti de gouvernement.
Cette convergence entre le PQ et le PLQ sur le terrain économique peut être fructueuse, en ce sens que les deux grands partis, au lieu de se paralyser mutuellement dans des débats de doctrine, devront plutôt se lancer dans une émulation créatrice, où triomphera celui ou celle qui, pour un même objectif de création de richesse, aura les meilleures idées et les meilleures solutions.
Encore faut-il que Mme Marois soit sincère dans sa démarche et que son intérêt pour la création de richesse ne soit pas simplement une concession à l'air du temps. Je n'ai pas de doutes à ce sujet. Mme Marois, dès la remise de son bulletin de candidature à la direction de son parti, en juin dernier, avait déposé un document d'orientation qui disait déjà: «Il faut mettre résolument le cap sur la création de richesse.»
Sa présentation à la Chambre de commerce est par ailleurs d'une clarté qui laisse peu de doutes sur ses intentions. Elle définit précisément ses défis, la productivité, la croissance des exportations, ainsi que la nécessité de tirer profit des grandes tendances mondiales. Et clairement, ses solutions: «Comment relever ces défis? En consacrant nos efforts dans trois champs d'action prioritaires: l'éducation, un environnement d'affaires propice à l'investissement, et la promotion de l'excellence en matière d'innovation, de R&D et de transferts technologiques.»
La vraie question, c'est de savoir si Mme Marois sera capable de faire accepter ce virage à son parti sans avoir à l'édulcorer. On se souvient comment son prédécesseur, André Boisclair, qui professait des idées similaires, a brutalement été rappelé à l'ordre. C'est un défi colossal, parce que Mme Marois doit surveiller en même temps sa gauche, les intraitables radicaux du PQ, en même temps que ses arrières, alors que ses prédécesseurs à la direction du PQ défendent toujours leurs recettes du passé.
Cette semaine, par exemple, dans une rare sortie publique, Jacques Parizeau s'est inquiété du contrôle de la Bourse de Montréal et de l'inaction de la Caisse de dépôt, qui ne détient pas d'actions de la Banque Nationale. Le contraste était fascinant, car il ne s'agit pas d'un débat entre la gauche et la droite, mais d'un conflit entre hier et demain. Le vieux chef parlait de ses vieilles obsessions, tandis que Mme Marois aborde des questions cruciales pour l'avenir du Québec.
Une autre difficulté, c'est qu'un tel virage implique des choix. Il sera difficile, par exemple, d'accélérer la création de richesse en encourageant en même temps une frilosité linguistique qui peut être un frein pour le développement de la métropole. On verra comment Mme Marois entend articuler ses intentions dans un programme précis. Mais en attendant, ceux qui sont préoccupés par les retards du Québec ne peuvent que se réjouir de ce virage annoncé.
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