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Vaut mieux en rire!

Avant de couper des centaines de millions dans les services, est-ce qu’on peut avoir les services ? - Michel Beaudry

13 février, 2008

La gestion de l’offre, un concept périmé

Les commentateurs et analystes qualifient le rapport déposé hier par la Commission sur l'avenir de l'agriculture et de l'agroalimentaire de rien de moins que « révolutionnaire ». Pourtant, le rapport contient une seule recommandation, mettre fin au monopole de l’UPA, que l’on peut à la limite qualifiée de « timidement osée ».

Ce rapport aurait mérité le qualificatif de « révolutionnaire » s’il s’était attaqué au système de gestion de l’offre. Comme l’explique Pierre Duhamel dans son texte, ce concept est dépassé. Il appauvrit l’ensemble des Québécois en gonflant artificiellement le prix des denrées alimentaires de première nécessité.

À l’origine ce concept a été justifié par l’argument qu’il fallait permettre aux agriculteurs de gagner un revenu décent. Les résultats démontrent encore une fois que les bonnes intentions ne suffisent pas.

Les forces du marché ont habilement déjoué les bonnes intentions. Par exemple, le système de quota* utilisé pour contrôler l’offre de l’industrie laitière a créé une rareté et la valeur des quotas s’est emballées. Au départ, des quotas qui valaient 0$ atteignent maintenant 30 000$. Bien sûr, les agriculteurs qui ont reçu les premiers quotas se sont enrichis. Mais, ce système, en multipliant par deux et même trois le prix d’une ferme, a créé plus de problèmes qu’il n’en a résout.

Ainsi, un système qui devait assurer un revenu décent aux agriculteurs a aujourd’hui pour effet d’appauvrir les agriculteurs et les consommateurs.

Le sujet est tellement tabou que même une commission indépendante n’ose pas l’aborder. Pourtant, il faudra bien un jour faire face à la musique et corriger les erreurs de nos politiciens bien intentionnés mais, qui souffrent de myopie mentale.

* Dans le cas des fermes laitières, un quota représente la production annuelle d’une bonne vache à lait.

C’est lait
L'Actualité.com, February 13, 2008, 10:28:46 AM

Pierre Duhamel

Imaginez qu’un gouvernement nul en économie décide d’octroyer des « droits de production » aux entreprises du secteur aéronautique. Pour avoir le droit de produire un moteur d’avion ou n’importe quel autre pièce, il faudrait acheter la permission de le faire.

Aux yeux de ce gouvernement, cela aurait bien des avantages. Les concurrents étrangers n’auraient pas accès au marché local car ils ne pourraient pas acheter ces droits de production. Nos entreprises seraient donc protégées, surtout si on ajoute un tarif douanier de 240 % à ceux qui seraient tentés de nous vendre une aile… d’avion.

Évidemment, les coûts de production seraient plus élevés, mais on assurerait en retour un revenu garanti aux entreprises.

Cela n’aurait évidemment aucun sens. Les prix des fournisseurs locaux seraient prohibitifs et vos propres prix ne seraient pas concurrentiels dans d’autres marchés. Au lien de vous moderniser et de former vos employés, vous seriez pris à acheter ces foutus « droits de production » qui coûtent une fortune. Impossible aussi de vendre votre entreprise, rendue prohibitive par ces maudits droits.

Résultat : on se retrouverait avec un secteur aéronautique où on investit peu, où nos coûts de production seraient trop élevés et où il serait quasiment impossible d’exporter. Il y en a certains qui répèteraient à l’infini que ce système est épatant puisque les subventions seraient moins élevées que dans d’autres pays et que le marché local permettrait à quelques entreprises de rester en affaires. Wow !

C’est exactement le genre de raisonnement que l’on nous sert quand on parle de la gestion de l’offre dans l’agriculture. Le prix du lait augmente deux fois plus vite que l’inflation, il est quasiment impossible d’exporter, il y a de moins en moins de vaches et de fermes au Québec, les agriculteurs sont endettés jusqu’à l’os et les jeunes n’ont pas les moyens d’entrer dans le marché.

Malgré le triste bilan que la Commission Pronovost fait de l’agriculture québécoise (appauvrissement, prix élevés, manque de relève), elle appuie le maintien de la gestion de l’offre et les organismes de mise en marché.

Je ne suis pas un expert, mais il me semble qu’elle passe ici à côté de l’essentiel. Dénoncer le monopole de l’UPA c’est bien, mais remettre en question le piège économique qui tue à petit feu notre agriculture aurait été mieux.

1 commentaire:

Anonyme a dit...

J'admire tes commentaires. Myopie mentale: elle est bien bonne !

M. Chaput