Dans le texte qui suit, Anne marcotte décrit le dynamisme qui anime un entrepreneur. Cette anecdote permet de comprendre pourquoi l’efficacité d’un organisme étatisée sera toujours à des années lumières de celle d’une entreprise privée.
Il est possible d’imaginer un système d’éducation (ou de santé) où les écoles seraient gérées par des entrepreneurs qui seraient en compétition pour attirer les élèves. Dans un tel système des directeurs d’école dynamiques travailleraient en équipe avec les profs pour concocter des solutions adaptées aux besoins spécifiques de leur clientèle. Le décrochage serait une chose du passé, les élèves québécois rivaliseraient avec les meilleurs au monde et les coûts diminueraient.
Une utopie! On pourrait au moins essayer plutôt que de s’acharner à raccommoder un système en faillite.
48 heures
Anne Marcotte, Mise à jour: 04/02/2008 07:30
C'était un soir qui s'annonçait comme les autres. Et il aurait pu rester comme les autres. Mais en zappant à la télé, je me suis arrêtée sur une émission. Un concept de téléréalité. Puis, il y a eu cette séquence de 60 secondes. Cette toute petite minute allait soudainement chambouler l'horaire de mes 48 prochaines heures.
En fait, je venais de repérer une affaire en or. Je ne tenais plus en place, tellement j'avais hâte de passer l'action. Et il n'était pas question de laisser une autre entreprise s'emparer de cette occasion.
Une question de " timing "
J'ai eu de la difficulté à bien dormir cette nuit-là. Tout se bousculait dans ma tête. Je savais que le succès éventuel de cette affaire serait une question de " timing ".
Sitôt arrivée au bureau, je rassemble rapidement les membres de mon équipe.
-- Avez-vous regardé Star Académie hier soir ? Et est-ce que quelqu'un a vu ce que j'ai vu ? leur demandai-je avec empressement.
-- Tu dois sûrement parler de cette fille qui a surpris tout le Québec en imitant le son de son fromage préféré, celui qui fait skouik, skouik..., me répondit-on.
Au même moment, je fais apparaître sur mon écran le site Internet de la compagnie qui produit le fameux fromage. Complètement enthousiasmée, j'enchaîne en leur disant : " On était des centaines de milliers de téléspectateurs à regarder cette émission hier soir. Je ne dois sûrement pas être la seule à avoir eu envie d'aller visiter son site, qu'en pensez-vous ? "
Après que je lui eus expliqué les grandes lignes de mon idée encore embryonnaire, mon équipe a vite saisi où je voulais en venir. On s'affaire alors rapidement à faire marcher nos réseaux de contacts.
Quelques minutes plus tard, nous sommes en ligne avec les propriétaires de la fromagerie. On leur explique qu'on a une bonne idée pour eux. Un concept de concours Internet qui va leur permettre de maximiser encore plus l'impact de cet événement télé qui doit générer actuellement bien du trafic sur leur site.
En nous appuyant sur notre expertise et notre expérience, nous leur spécifions qu'il faut faire vite pour profiter du momentum. Il n'y a pas une minute à perdre. Ils acceptent de venir nous rencontrer. Génial.
Quand ? Problème : impossible pour eux d'être là avant 48 heures.
Attendre 48 heures avant de rencontrer le client, c'était trop long. Ça diminuait l'impact de notre concept qui devait prendre forme le plus rapidement possible afin de saisir pleinement le momentum. Par ailleurs, produire le concept en 48 heures, sans avoir au préalable rencontré le client et reçu son approbation, impliquait un sérieux risque. On pouvait investir des efforts et des sommes dans un projet qui ne serait peut-être même pas retenu par le client.
Les doigts croisés, on remania complètement le plan de production de la semaine. Oh ! oh ! heures supplémentaires obligées (ça coûte cher, les heures supplémentaires !). Tant pis, il faut ce qu'il faut. On a travaillé très fort sans jamais revenir sur notre décision. On avait simplement confiance en notre idée. Et on avait 48 heures pour y arriver.
L'heure du rendez-vous a fini par sonner. Eh oui, on l'a eu, le mandat !
Ce qu'on peut retenir
C'est certain qu'il aurait été plus facile et moins risqué de fermer l'oeil sur cette occasion. Il aurait été plus facile de ne pas faire marcher nos méninges. De ne rien chambouler. Mais un entrepreneur n'est pas là pour emprunter le chemin de la facilité. Un entrepreneur est là pour détecter et saisir pleinement les occasions. Son rôle est de maximiser les chances de faire vivre toutes les idées que son équipe et lui jugent potentiellement intéressantes et prometteuses. Et ce rôle, il doit l'assumer, heure après heure.
2 commentaires:
Salut Serge,
Sais-tu ce qui me décourage le plus dans le système d'éducation actuel, c'est le retard que l'on a en matière de TIC.
À mon ancien école en Ontario, ils avaient établi un système où les parents pouvaient via Internet accéder aux notes en temps réel de leur enfant et ainsi éviter d'être informé seulement 4 fois par année et par surcroît quand il est trop tard pour intervenir.
À chaque fois que je propose des idées de la sorte, on me répond toujours un paquet de sotises:
"Ouin, mais c'est pas tous les parents qui ont Internet."
"Ouin mais c'est pas tous les profs qui savent s'en servir..."
etc. etc.
Plus reculé par le tonerre que cela, tu meurs.
Les TICs ne sont pas utilisées efficacement ça je peux en passer un papier pourtant les solutions sont simples...
Disons également que dans une école privée spécialisé, c'est le programme d'éducation qu'il faudrait revoir...
- Comment se fait-il qu'un élève qui gradue en secondaire 5 peut connaitre la trigonométrie, les logarithmes, une métaphore, le passé simple du verbe être mais d'un autre côté peut ignorer totalement comment cuisiner adéquatement des plats simples comme un Kraft Dinner ou un pâté chinois, sans savoir coudre un bouton et même sans savoir ce que sont des REERs ou faire son rapport d'impôt alors que les premières années d'investissement du REER sont les plus cruciales pour savoir le montant que tu auras à la retraite.
- Pourquoi enlève-t-on le seul cours d'économie pour le remplacer par un cours fourre-tout où l'on parlera d'économie à peine 2 semaines dans toute l'année?
Ce n'est pas seulement les écoles qu'il faut privatiser Serge, c'est le curriculum vitae qu'il faut repenser tout en ayant en tête que de former quelqu'un au secondaire, on doit lui donner une connaissance générale de la vie et former des individus autonomes et des consommateurs avertis.
Salutations cordiales,
Tym Machine
Très juste Tym. Il faudrait un peu de compétition entre les écoles pour stimuler la créativité.
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