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15 août, 2012

Les contribuables dindons


Les Jeux olympiques sont un bel exemple de ce que les politiciens peuvent faire comme connerie avec l’argent des contribuables.

Les coûts des Jeux olympiques, tout comme les coûts des campagnes électorales ont atteint de niveaux stratosphériques indécents. Comme d’habitude, les contribuables sont les dindons de la farce.

Malheureusement, personne ne semble avoir à cœur les intérêts des contribuables dindons.
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Les contribuables américains devraient, rétrospectivement, pousserun soupir de soulagement quant au fait que New York n’ait pas étésélectionnée, il y a sept ans, parmi les cinq finalistes pour accueillirles jeux Olympiques de cet été. Le choix de Londres comme villed’accueil par le Comité International Olympique (CIO)  garantit auxcontribuables britanniques de payer une note exorbitante pourl’événement sportif le plus économiquement discutable au monde.

Le simple fait de candidater pour les Jeux a coûté à Londres quelque 25 millions de dollars. Les partisans de cet événement pensaient que cet argent était utilement dépensé, étant donné qu’aucun autreévénement sportif n’attire plus de visiteurs du monde entier, ni ne met autant à l’honneur la ville d’accueil.L’on supposait que les Jeux apporteraient à Londres d’énormes avantages économiques.

Après tout, personne n’ignore que les grands événements sportifs comme les Jeux génèrent des « booms » touristiques stimulant les revenus locaux,  les projets de construction et d’infrastructure contribuant à créer un nombre important de nouveaux emplois. Tout du moins, c’est ce que nous disent toujours les études menées par la ville d’accueil sur l’impact économique des Jeux.

Aujourd’hui, l’on affirme aux Britanniques que le Stade Olympique va régénérer  toute une partie de l’East End londonien qui était tombé en décrépitude, un héritage durable grâce à une nouvelle ligne de chemin de fer et des infrastructures de transport public améliorées. Avec des estimations originelles proches de 2 milliards de dollars, une telle régénération urbaine semblait un investissement manifestement sensé.

Cependant, une telle confiance économique provenait d’une lecture bien particulière de l’histoire économique des Jeux Olympiques. Les commanditaires de Londres s’attendent à un « héritage olympique » significatif, où un événement réussi augmenterait le tourisme après les Jeux, et où les améliorations des infrastructures relanceraient les zones urbaines délabrées et attireraient de nouveaux investisseurs étrangers.

Malheureusement pour les contribuables britanniques, une telle propagande économique pro-Jeux représente le triomphe de l’espoir sur l’expérience, comme l’illustrent à la fois Londres 2012 et les Jeux qui l’ont précédé.

Pour les Jeux de 2012, Londres estimait à l’origine que les coûts atteindraient 4,7 milliards de dollars. En moins de deux ans, les estimations officielles sont passées à 15 milliards, soit plus de trois fois le coût estimé au moment de la candidature de 2005. Les financements privés ne s’étant jamais concrétisés, 15 milliards d’impôts ont été exigés à la hâte pour financer ces Jeux.

Le UK National Audit Office ayant révélé que les financements du secteur privé constituent désormais moins de 2 % du budget des jeux, le comité d’évaluation des comptes publics britanniques (le UKParliamentary Public account Committee) a prédit que le coût total s’élèverait à 18 milliards. Pire encore, une analyse de Sky Sports TV network, qui inclut les coûts liés aux améliorations des infrastructures de transport, estime que les coûts des Jeux s’élèvent au montant  faramineux de 38,5 milliards !

Cette calamité financière ne devrait pas surprendre. Les budgets qui enflent et le fardeau de la dette sont toujours les résultats les plus probables des Jeux Olympiques.

Le gouvernement chinois, qui prévoyait un budget de 14,2 milliards pour les Jeux de Pékin en 2008, a fini par dépenser 40 milliards. Les Jeux Olympiques d’Athènes en 2004 ont coûté dix fois plus que les 1,6 milliards prévus à l’origine. Une décennie plus tôt, les Jeux de Barcelone en 1992 avaient laissé les contribuables espagnols avec un déficit de 6,1 milliards.

Et cela, trois décennies avant que les 2,7 milliards de dollars de dette liée aux Jeux de Montréal en 1976 aient été remboursés. Montréal suivit les désastreux Jeux de Munich de 1972, où, en plus des pertes en vie humaine, le coût pour les contribuables allemands s’éleva à 687 millions de dollars.

Même les maigres profits, respectivement rapportés par les Jeux d’hiver en 2002 à Salt Lake City et par les Jeux d’été en 1996 à Atlanta, sont illusoires ; car cela ne tient pas compte des millions de dollars d’aide sécuritaire fournis par le département de la Défense américaine (en 2002) ou des deux milliards dépensés par les Etats, le gouvernement fédéral et les gouvernements locaux (en 1996).

Une ponction de 38 milliards de dollars sur les contribuables durant une période d’austérité budgétaire est d’autant moins acceptable lorsque l’on songe que les Britanniques ne bénéficieront pas économiquement de leur effort.

Une récente étude de Goldman Sachs conclut en effet que les faibles gains pour l’économie britannique cet été vont se dissiper avant la fin de l’année. De même, Richard Morawetz de Moody’s affirme que « dans l’ensemble, nous pensons que les Jeux ne vont probablement pas donner un coup de fouet à l’économie britannique, et nous croyons que l’impact du développement des infrastructures a probablement déjà exercé ses effets sur le PIB britannique. »

L’héritage des Jeux de Londres va refléter celui de pratiquement toutes les villes hôtes précédentes. Comme les recherches universitaires le montrent, la promesse d’importants bénéfices à long terme est un mirage économique.

Les augmentations de l’affluence touristique sont marginales, assez transitoires, et même moins prononcées pour les destinations connues telles que Londres. Il n’existe aucune preuve empirique à partir des Jeux précédents pour suggérer que Londres va bénéficier d’une augmentation nette, soit des emplois, soit du revenu réel par tête.

Cet argent aurait pu être dépensé pour des projets bien plus utiles que celui visant à stimuler temporairement l’orgueil national. Ou l’on aurait pu permettre aux contribuables en difficulté de garder leur argent pour qu’ils puissent le dépenser comme bon leur semble. Heureusement, le CIO a épargné aux Américains à la fois le coût et l’affront qu’ont subis leurs cousins d’outre-Atlantique.

Patrick Basham, le 1er août 2012 - Patrick Basham est analyste au Cato Institute

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