Le Journal de Montréal, p. 27 Nathalie Elgrably, 01 mars 2007
Campagne électorale oblige, les candidats effectuent la tournée du Québec en faisant les yeux doux aux électeurs. Ce n'est pas surprenant, car une campagne électorale est l'équivalent d'une entrevue d'embauche au cours de laquelle les candidats tentent par tous les moyens d'obtenir «la job». Leur stratagème est simple: dire à chaque groupe d'électeurs ce qu'il a envie d'entendre et lui faire miroiter monts et merveilles. Le plus déconcertant est que nous feignons de les croire, même si leur rhétorique dépasse quelques fois le bon sens.
Or, bien que la campagne électorale ait des allures de commedia dell'arte, l'enjeu est sérieux. Il faut élire le «candidat idéal», celui qui permettra au Québec d'être prospère et qui sera capable de transformer les problèmes actuels en mauvais souvenirs.
Le «candidat idéal» ne jouerait pas à l'autruche. Il aurait le courage de dresser un bilan honnête de l'économie du Québec. Contrairement au ministre Audet qui déclarait la semaine dernière que l'économie québécoise est dynamique, le «candidat idéal» n'hésiterait pas à employer l'adjectif approprié en qualifiant de «médiocre» la croissance de 1,7% enregistrée en 2006. Il nous dirait aussi que notre place n'est pas en queue du peloton et que notre pauvreté relative est inacceptable en regard du potentiel dont nous disposons.
Le «candidat idéal» chercherait véritablement les moyens pour relever les défis qui se posent au Québec et, surtout, il tiendrait compte des notions d'économie 101.
Ainsi, il réduirait substantiellement les impôts, car taxer, c'est punir. Quoi qu'en pensent les solidaires, quand on taxe fortement le travail ou l'investissement, on punit celui qui déploie des efforts. Aucune économie prospère n'a jamais été bâtie sur des impôts gourmands, car on ne crée pas de la richesse en incitant les gens à travailler peu et en étouffant l'entrepreneurship. Pourquoi le Québec serait-il l'exception?
Le BS corporatif
Le «candidat idéal» mettrait un terme au BS corporatif et cesserait de subventionner tous les canards boiteux qui vivent au crochet des contribuables. La meilleure aide que l'on puisse offrir à une entreprise est de ne pas la taxer lourdement et si, malgré tout, elle reste déficitaire, c'est signe qu'elle doit réviser sa mission, ou simplement fermer ses portes.
En matière d'éducation, le «candidat idéal» ne leurrerait pas la population en maintenant le gel des frais de scolarité. Il accepterait ce que toutes les études sérieuses affirment, à savoir que le gel bénéficie surtout aux familles bien nanties et qu'il ne contribue pas à augmenter la fréquentation universitaire. Il comprendrait qu'il est ridicule de financer 100 % de la population, alors que l'on pourrait être solidaire en accordant une aide financière uniquement à la fraction de la population qui est réellement dans le besoin.
En matière de santé, le «candidat idéal» sortirait des sentiers battus et réaliserait que ce n'est pas le financement qui pose problème, mais bien le fonctionnement du système lui-même. Il résisterait aux dogmes voulant que les interminables listes d'attente symbolisent la solidarité et prendrait le temps d'expliquer pourquoi il vaut mieux des soins privés plutôt que d'être privé de soins.
Malheureusement, les politiciens se livrent à la commedia dell'arte parce qu'ils sont convaincus que ce qui est socialement et économiquement souhaitable peut aussi être politiquement risqué. Ils sont paralysés par la peur de perdre et nous proposent des ajustements à la marge alors que le Québec a besoin d'un virage à 180º. Ils sont nombreux à se soucier davantage de leur avenir politique que du bien-être de la société québécoise. Quand comprendront-ils que, pour réaliser de grandes choses, il ne faut pas avoir peur de perdre?!
* Cette chronique a aussi été publiée dans Le Journal de Québec.
Campagne électorale oblige, les candidats effectuent la tournée du Québec en faisant les yeux doux aux électeurs. Ce n'est pas surprenant, car une campagne électorale est l'équivalent d'une entrevue d'embauche au cours de laquelle les candidats tentent par tous les moyens d'obtenir «la job». Leur stratagème est simple: dire à chaque groupe d'électeurs ce qu'il a envie d'entendre et lui faire miroiter monts et merveilles. Le plus déconcertant est que nous feignons de les croire, même si leur rhétorique dépasse quelques fois le bon sens.
Or, bien que la campagne électorale ait des allures de commedia dell'arte, l'enjeu est sérieux. Il faut élire le «candidat idéal», celui qui permettra au Québec d'être prospère et qui sera capable de transformer les problèmes actuels en mauvais souvenirs.
Le «candidat idéal» ne jouerait pas à l'autruche. Il aurait le courage de dresser un bilan honnête de l'économie du Québec. Contrairement au ministre Audet qui déclarait la semaine dernière que l'économie québécoise est dynamique, le «candidat idéal» n'hésiterait pas à employer l'adjectif approprié en qualifiant de «médiocre» la croissance de 1,7% enregistrée en 2006. Il nous dirait aussi que notre place n'est pas en queue du peloton et que notre pauvreté relative est inacceptable en regard du potentiel dont nous disposons.
Le «candidat idéal» chercherait véritablement les moyens pour relever les défis qui se posent au Québec et, surtout, il tiendrait compte des notions d'économie 101.
Ainsi, il réduirait substantiellement les impôts, car taxer, c'est punir. Quoi qu'en pensent les solidaires, quand on taxe fortement le travail ou l'investissement, on punit celui qui déploie des efforts. Aucune économie prospère n'a jamais été bâtie sur des impôts gourmands, car on ne crée pas de la richesse en incitant les gens à travailler peu et en étouffant l'entrepreneurship. Pourquoi le Québec serait-il l'exception?
Le BS corporatif
Le «candidat idéal» mettrait un terme au BS corporatif et cesserait de subventionner tous les canards boiteux qui vivent au crochet des contribuables. La meilleure aide que l'on puisse offrir à une entreprise est de ne pas la taxer lourdement et si, malgré tout, elle reste déficitaire, c'est signe qu'elle doit réviser sa mission, ou simplement fermer ses portes.
En matière d'éducation, le «candidat idéal» ne leurrerait pas la population en maintenant le gel des frais de scolarité. Il accepterait ce que toutes les études sérieuses affirment, à savoir que le gel bénéficie surtout aux familles bien nanties et qu'il ne contribue pas à augmenter la fréquentation universitaire. Il comprendrait qu'il est ridicule de financer 100 % de la population, alors que l'on pourrait être solidaire en accordant une aide financière uniquement à la fraction de la population qui est réellement dans le besoin.
En matière de santé, le «candidat idéal» sortirait des sentiers battus et réaliserait que ce n'est pas le financement qui pose problème, mais bien le fonctionnement du système lui-même. Il résisterait aux dogmes voulant que les interminables listes d'attente symbolisent la solidarité et prendrait le temps d'expliquer pourquoi il vaut mieux des soins privés plutôt que d'être privé de soins.
Malheureusement, les politiciens se livrent à la commedia dell'arte parce qu'ils sont convaincus que ce qui est socialement et économiquement souhaitable peut aussi être politiquement risqué. Ils sont paralysés par la peur de perdre et nous proposent des ajustements à la marge alors que le Québec a besoin d'un virage à 180º. Ils sont nombreux à se soucier davantage de leur avenir politique que du bien-être de la société québécoise. Quand comprendront-ils que, pour réaliser de grandes choses, il ne faut pas avoir peur de perdre?!
* Cette chronique a aussi été publiée dans Le Journal de Québec.
Nathalie Elgrably est économiste à l'Institut économique de Montréal et auteure du livre La face cachée des politiques publiques
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