Dans son texte, Alain Dubuc constate l’incompétence de la CSDM suite à la fermeture des écoles due à l’accumulation de neige sur les toits. À ma grande surprise, il conclu que cela démontre que les Commissions Scolaire ont leur raison d’être.
Pour une rare fois, je suis en désaccord avec M. Dubuc. Le fiasco de la CSDM prouve, si cela était encore nécessaire, que les C. S. sont des organismes coûteux, inutiles et illégitimes. (Voir Ce n’est pourtant pas sorcier!)
Le mercredi 19 mars 2008
L'incompétence transversale
Alain Dubuc, Collaboration spéciale, La Presse
La Commission scolaire de Montréal, en fermant en panique ses 192 établissements, a fait vivre aux écoliers montréalais et à leurs parents une aventure rocambolesque dont on pourrait rire si elle ne trahissait pas l'incompétence d'une administration à laquelle nous confions des dizaines de milliers d'enfants.
La CSDM, en multipliant les gaffes avant, pendant et après la crise provoquée par l'accumulation de neige sur les toits de ses écoles, a manifesté tous les symptômes d'une administration dysfonctionnelle.
Il y a de grosses chances que ces ratés rouvrent le débat sur la pertinence des commissions scolaires qu'avait lancé le chef de l'ADQ, Mario Dumont. Car la douteuse prestation de la présidente de la CSDM dans cette histoire, Diane De Courcy, semble être une conséquence concrète du fait que notre démocratie scolaire est malade.
Pour commencer, comment se fait-il que les trois autres commissions scolaires de l'île, English Montreal, Marguerite-Bourgeoys et Bout-de-l'Île, n'aient pas fermé leurs écoles? Pas plus que celles de Laval, de la Rive-Sud ou de la couronne nord. Neige-t-il plus à Ahuntsic qu'à Saint-Laurent? Comme la réponse est non, on peut en déduire que quelque chose ne tournait pas rond à la CSDM.
Peut-être que certains de ses bâtiments sont plus vétustes. Mais ça ne peut pas tout expliquer. La réponse, évidente, c'est qu'ailleurs, on avait fait le travail, qu'on avait inspecté avant, qu'on avait déneigé au fur et à mesure.
Ensuite, la réaction de la CSDM, ce qu'on pourrait appeler l'opération Titanic, laisse songeur. Vendredi, on a évacué les écoles en panique, comme s'il y avait un incendie. Bien sûr, personne n'osera reprocher un excès de prudence, car tout doit être fait pour la sécurité de nos enfants. Mais ce geste dramatique sent la panique et l'improvisation. Mais la suite des choses n'a pas été tellement plus impressionnante. Pourquoi encore fermer toutes les écoles lundi, quand on avait disposé de trois jours pour le déneigement? Et pourquoi aussi avoir rejeté, lundi, dans un premier temps, le scénario du retour en classe graduel? L'idée initiale de la CSDM, c'était d'attendre pour les rouvrir toutes en même temps, parce que c'est «plus simple». La pensée bureaucratique dans toute sa splendeur. Tout comme le fait qu'on n'ait pas prévu des mécanismes de garde pour des parents en situation difficile. Tout comme le site Internet, incapable de suffire à la demande.
Nous avons là les signes d'une bureaucratie dépassée et inefficace. Et je n'hésite pas à faire un lien entre cette incompétence et les ratés de la démocratie scolaire. Parce que ce qui caractérise les commissions scolaires, c'est le fait que ces organismes publics, qui gèrent des fonds publics, ne sont soumis à aucun contrôle et n'ont pas de comptes à rendre. C'est la recette rêvée pour l'inefficacité, le relâchement, le mépris de la clientèle.
Imaginons une seconde qu'un tel fiasco ait été commis par une institution dont la ministre de l'Éducation était directement responsable. Elle passerait un mauvais quart d'heure à l'Assemblée nationale et cela suffirait peut-être pour compromettre son avenir politique. Mais pas à la CSDM, dont la présidente n'a en fait pas d'électeurs auxquels elle doit rendre des comptes, pas d'opposition et pas de patrons.
On se souvient que les élections scolaires de novembre dernier ont été un échec, surtout à Montréal, avec un taux de participation de 3,89%. Mais ce n'est que la pointe de l'iceberg. Sur les 21 districts du territoire de la CSDM, 13 candidats, faute d'opposition, ont été élus par acclamation, tous membres d'un même parti, le MEMO, le Mouvement pour une école moderne et ouverte. Dans les huit autres districts, les huit candidats élus étaient aussi membres du MEMO. Ils se sont partagé un total de 6311 voix.
Le parti qui dirige la CSDM représente donc 6311 Montréalais. Et sa présidente, élue par acclamation, ne représente donc personne. Les débats sont inexistants. Et même s'il y avait une opposition, les débats, dans l'indifférence générale, ne changeraient pas grand-chose.
Faut-il conclure pour autant que les commissions doivent disparaître? Non. L'exemple de l'accumulation de neige montre à quoi servent les commissions. Ce problème ne peut pas se gérer école par école, quand celles-ci n'ont en général que trois employés administratifs: le directeur, le concierge et le secrétaire. Le problème technique peut être pris en charge par les municipalités, mais pas le reste: évacuer les enfants, les déplacer, informer les parents, offrir un service de garde d'urgence.
Ce qu'il faut, c'est un mécanisme pour remplacer cette démocratie déficiente, pour contrôler les commissions scolaires, pour les forcer à rendre des comptes, et à payer politiquement pour leurs gaffes.
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