Chaque Québécois doit plus de 34 000 $ au provincial seulement

Vaut mieux en rire!

Avant de couper des centaines de millions dans les services, est-ce qu’on peut avoir les services ? - Michel Beaudry

03 novembre, 2008

A-t-on les moyens de manger québécois?

En agriculture, les programmes gouvernementaux ne manquent pas. La gestion de l’offre des industries laitière, avicole et du sirop d’érable coûte des centaines de millions en subventions indirectes. De plus, la Financière agricole reçoit annuellement des centaines de millions en subvention pour renflouer quatre programmes d’assurances : récoltes, stabilisation des revenus, prêts agricoles et forestiers et stabilisation du revenu agricole.

En mars 2008, les gouvernements provincial et fédéral ont contribué près de 610 millions aux revenus de la Financière. À titre de comparaison, la contribution des bénéficiaires a été de 5 millions. Pour la même année, les charges ont dépassé 860 millions et le déficit a atteint près de 200 millions. Le déficit cumulé se chiffre à près de 280 millions. Il est à prévoir que ce déficit devra être renfloué par les contribuables.

Dans son texte, Alain Dubuc nous apprend que le seul programme de soutien à l’industrie porcine aura engloutit plus d’un milliard de dollar en deux ans. Les coûts de production d’un porc sont plus élevés que le prix de vente. Toutefois, puisque le gouvernement subventionne la différence entre le prix et le coût de production, l’industrie produit de plus en plus de porc.

C’est un exemple éloquent des effets pervers de l’interventionnisme gouvernemental et des conséquences dramatiques qu’il engendre. Dans un marché libre l’offre diminue lorsque les prix baissent. Malheureusement, cette règle ne s’applique pas à l’industrie porcine du Québec. Le gouvernement fausse les règles du marché en subventionnant le manque à gagner des producteurs.

L’intervention des gouvernements est à l’origine de la « bulle porcine ». Lorsqu’elle éclatera, elles éclatent toutes éventuellement, les interventionnistes blâmeront le libre marché et réclameront plus de règlementation.

Il semble que ce cercle vicieux, intervention-bulle, doivent se poursuivre jusqu’à ce que nous soyons trop pauvres pour pouvoir intervenir.
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Publié le 02 novembre 2008 à 05h00 Mis à jour à 05h00

Une histoire de cochons
Alain Dubuc, La Presse

Aujourd'hui, je voudrais vous parler de cochons. Pas le rôti de porc qu'on mettait naguère sur la table pour le repas dominical, et qui a perdu tout son charme depuis que la production industrielle nous donne une viande sans gras et sans saveur. Mais plutôt du système de production et de soutien de l'industrie porcine qui est une véritable cochonnerie.

En deux ans, le Québec a injecté plus de 1,1 milliard, surtout en fonds publics, pour soutenir notre industrie porcine mal en point. Un milliard, c'est énorme. Et pourtant, on n'en a jamais entendu parler. Pourquoi ? L'industrie porcine est en crise. On produit trop de cochons sur le continent et la concurrence, surtout américaine, est féroce. Les prix baissent, et les coûts augmentent, ce qui pénalise encore plus les producteurs québécois dont la structure de coûts est élevée. Résultat, les producteurs québécois perdent de l'argent pour chaque porc qu'ils livrent aux abattoirs.

Et pourtant, le fait que l'élevage porcin soit déficitaire n'empêche pas la production d'augmenter, comme je l'ai découvert dans un article d'Annie Morin, du Soleil ! Le nombre de bêtes abattues atteindra même un record en 2008, selon les prévisions de la Financière agricole, 7,55 millions, contre 7,28 l'an dernier.

Il est assez évident que, dans une situation déficitaire, plus les éleveurs augmentent la cadence, plus ils perdent. En fait, c'est encore plus fou que ça. Parce que la production augmente au moment même où la perte par cochon grimpe en flèche, passant de 31,70 $ par tête l'an dernier à 42,57 $ cette année. Où est la logique ? Est-ce que la fièvre porcine a trouvé une façon de s'attaquer à l'homme ?

Pas du tout. Les plus perspicaces d'entre vous auront déjà subodoré ce qui se passe. Les producteurs produisent plus parce que leurs pertes sont épongées grâce au programme d'assurance stabilisation des revenus agricoles, qui les compense quand le prix du marché est inférieur à leurs coûts de production.

En 2008, le prix du marché est de 119,20 $ pour un porc de 85,4 kg. Le programme garantit un revenu de 163,77 $ par cochon, pour une compensation de 44,57 $ par bête abattue. Pour 7,5 millions de cochons, ça donne la rondelette somme de 335 millions, à laquelle il faut ajouter les coûts d'un mécanisme similaire pour les porcelets, un autre 182 millions.

Dans l'ensemble, cette aide, et d'autres formes de soutien, ont coûté 477 millions l'an dernier et on s'attend à ce que la somme prévue pour cette année, 550 millions, soit dépassée. Plus de 1,1 milliard en deux ans.

C'est un système malade. D'abord, parce que la mécanique de l'aide engendre manifestement des effets pervers, et maintient les producteurs dans une bulle où ils échappent aux lois du marché et aussi à celles du sens commun. Ceux-ci se défendent en expliquant la hausse de production par une plus grande productivité et l'incidence moindre d'une maladie, le SDPS.

On peut en douter, notamment quand on apprend que les éleveurs québécois, contrairement à ceux des autres provinces, ont littéralement boudé un programme d'aide fédéral de 50 millions pour aider les producteurs à réduire leur cheptel. Pourquoi se fatiguer quand quelqu'un d'autre paye la note ?

C'est également un système malade parce qu'on plaque une philosophie de soutien des revenus, tout à fait louable, qui repose sur la solidarité et la défense du terroir, à une activité qui est essentiellement industrielle, une production de masse polluante.

C'est enfin un système malade, parce qu'il échappe aux lois normales de la gouvernance. Tout se passe dans un club privé. C'est l'Union des producteurs agricole qui a contrôlé la Financière agricole, la société d'État qui distribue les fonds, depuis sa fondation. L'UPA détenait d'office cinq des 11 sièges du conseil d'administration, en désignait le président, était consultée par le gouvernement sur le choix du pdg qui se retrouvait lui aussi au conseil d'administration.

C'est le principe du bar ouvert : la société d'État qui distribue des fonds publics et est contrôlée par ceux qui les reçoivent. Cela a heureusement un peu changé depuis cet été, avec les recommandations du rapport Pronovost sur l'avenir de l'agriculture.

Mais le problème de fond reste entier. La réticence du gouvernement et des élus, toutes couleurs confondues, à s'attaquer au monopole de l'UPA. Et l'immobilisme coûteux qui mène à engloutir des fortunes dans un programme qui a perdu son sens mais qu'on n'ose pas revoir.

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