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24 novembre, 2008

La liberté économique est tenue en otage par la démocratie

André Dorais

La démocratie, telle que pratiquée aujourd’hui par les gouvernements, conduit lentement mais sûrement à la dégradation des libertés à cause de sa mainmise sur la liberté économique. Parce que celle-ci est mal comprise les gens ont moins tendance à la revendiquer, d’où que l’État en abuse plus facilement. Cela s’explique en partie par le nom qu’elle porte, qui ne réfère pas expressément à l’individu. Cependant, à l’instar de toutes les libertés, la liberté économique est strictement individuelle. On s’y réfère plus volontiers comme étant le «droit de propriété», soit les libertés de se procurer biens et services par l’entremise d’échanges volontaires, en tant que premier propriétaire s’ils n’appartiennent à personne et d’en disposer comme on l’entend.

La liberté économique se superpose aux autres libertés et en ce sens elle leur est supérieure. L’homme s’exprime par des mots, mais aussi par la façon qu’il s’habille, qu’il reçoit ses amis et collègues de travail, qu’il organise ses lieux de travail, son appartement, sa maison, etc. Bien que plusieurs de ces façons de s’exprimer dépendent peu de la liberté économique, d’autres lui sont beaucoup redevables. Il est pratiquement impossible de la dissocier des autres libertés puisqu’elle les complémente sans rien leur enlever.

La liberté économique est synonyme du principe de propriété au sens strict. L’autre aspect de ce principe relève de l’idée que l’homme soit son propre maître, par conséquent que nul autre individu, sauf exception (parents, tuteurs, etc.), ne devrait décider à sa place. Entendue de cette façon, on doit réaliser que les gouvernements n’ont pas de liberté économique. Ils s’arrogent plutôt celle des individus sous différents prétextes, dont celui d’être plus aptes qu’eux à combler leurs besoins. C’est non seulement présomptueux, mais injuste. Pour faire passer la pilule, on favorise certains groupes, que l’on met en évidence, en expropriant les autres, que l’on essaie d’endormir.

L’incompréhension de la liberté économique explique en partie pourquoi elle est si bafouée par les gouvernements. Les politiciens ont la plus grande responsabilité à cet égard, mais ils ne doivent pas la porter seuls puisque l’incompréhension est généralisée. Dès lors qu’on la traite comme il se doit, soit comme liberté individuelle, on ne peut plus dire que la démocratie libérale constitue un régime supérieur aux autres. En effet, si l’on analyse les régimes politiques du point de vue économique, on constate, par exemple, que les citoyens des émirats arabes et des régions administratives chinoises de Hong Kong et de Macao sont généralement plus riches que la plupart des gens habitant les démocraties. La principale raison de cette différence n’est pas tant l’importance accordée aux droits individuels dans les démocraties que l’interventionnisme relativement plus grand de celles-ci sur la liberté économique. En d’autres mots, les démocraties ont abusé plus volontiers de la liberté économique et cela a fini par les rattraper.

On essaie de justifier cet abus sous le prétexte que, à l’exception de la liberté économique, les démocraties respectent davantage les libertés individuelles et conséquemment l’éthique libérale. Or, dans la mesure où l’on tente d’analyser séparément ces libertés, comme on prétend le faire aujourd’hui, il n’est pas du tout évident d’arriver à une conclusion sans équivoque en faveur des démocraties. Chose certaine, c’est que la tendance, en démocratie, est d’accorder plus d’importance à celle-ci qu’à la liberté économique, par conséquent à donner plus de poids au politique qu’à l’éthique. On répète tellement aux gens qu’il n’existe pas de meilleure façon de coopérer qu’ils ne réalisent pas que cette liberté serait plus bénéfique entre leurs mains qu’entre celles des politiciens. En réalité, la liberté économique est indissociable des autres libertés et dans cette optique, les démocraties n’ont aucune leçon à donner aux autres régimes politiques puisque plusieurs d’entre elles sont dans la dèche.

Le suffrage universel auquel on associe la démocratie peut être utile à la prise de décision comme il peut être dangereux lorsque non limité par la liberté économique. Cela est particulièrement remarquable lors d’élections. En ces périodes, les politiciens promettent mer et monde, mais à voter sur n’importe quoi, n’importe quand, on finit par vivre des fruits du travail d’autrui sans leur consentement. Cela bafoue la liberté économique et conséquemment l’ensemble des libertés et toute morale digne de ce nom. Toute morale interdit de voler autrui, mais seule l’éthique libérale assimile la taxation et l’imposition au vol. L’éthique libérale est séculière, rationnelle et elle se pose sur le même plan que la politique au sens où elle cherche la meilleure façon de coordonner l’activité humaine sans se préoccuper des questions métaphysiques, du genre d’où on vient et pourquoi. Elle se rapproche néanmoins des religions dans la mesure où, comme elles, elle interdit certaines actions, dont celle de brimer la liberté économique des gens.

L’esprit libéral cherche à se soustraire des chaînes inutiles. Il s’est émancipé de la tyrannie des rois et de celle de l’Église, mais pour se retrouver, il y a un peu plus de 200 ans, à la merci de la majorité démocratique. Ce changement de régime, du monarchique au démocratique, n’était qu’une étape de son émancipation. Il doit maintenant s’émanciper de l’État, substituer les décisions individuelles aux décisions collectives, passer du politique à l'éthique, bref, revendiquer le respect de sa liberté économique.

La liberté économique est primordiale puisqu’elle renforce l’autonomie et complémente les autres libertés : de s’exprimer, de se mouvoir, de s’associer, etc. Elle est strictement individuelle, à l’instar de toutes les libertés. L’État se l’arroge et la contraint pour mieux la sauvegarder, dit-il. Or, il ne s’agit pas de nier qu’une institution soit nécessaire au maintien des libertés, mais de réaliser que ce rôle ne revient pas nécessairement à l’État. Sous son contrôle, les choix individuels, eux-mêmes influencés par les choix personnels des politiciens, se diluent au profit de ceux de la majorité démocratique.

On essaie de justifier la violation de la liberté économique de multiples façons, mais aucune d’elles ne tient la route. La justification la plus importante est qu’elle est pratiquée depuis longtemps, mais est-ce là une raison suffisante pour conclure à sa légitimité? J’en doute. L’homme est un être de raison et il lui revient d’assumer les conséquences de ses actes, de donner ou non une partie des fruits de son travail à qui bon lui semble. Les politiciens n’ont aucune légitimité à soutirer les biens d’autrui via la taxation et l’imposition puisque celles-ci ne constituent qu’une forme plus sournoise de vol. Qu’une majorité démocratique appuie ces gestes, ou les demande, ne lui donne pas plus de légitimité puisque celle-ci ne relève pas d’un nombre.

Au-delà de l’illégitimité de ce processus, on doit en questionner l’efficacité. Les politiciens ne sont pas plus intelligents que les autres individus, de sorte qu’ils ne peuvent pas se substituer à eux. Leurs décisions ne pourront jamais répondre aux besoins de chacun, car chaque individu, à tous les jours, prend trop de décisions pour qu’on puisse le représenter efficacement. Malheureusement, à chaque fois que les politiciens créent de nouveaux programmes, de nouvelles subventions, de nouveaux impôts, etc., c’est exactement ce qu’ils prétendent.

Eux, qui sont peu nombreux, décident pour tout le monde des priorités de chacun en les justifiant sous le prétexte de parler au nom de la majorité. Celle-ci constitue rarement plus de 40% des gens éligibles à voter et bien que ce nombre soit important, il demeure beaucoup moins élevé que l’ensemble des gens dont on viole les libertés. Dans ces circonstances, on ne doit pas se surprendre d’entendre les politiciens utiliser la démagogie pour arriver à leurs fins. On ne s’en formalise pas puisqu’on considère que l’État est indispensable. Le poids de l’histoire fait son œuvre.

Les politiciens jouent aux entrepreneurs avec l’argent d’autrui. Comme eux, ils tentent de charmer une clientèle, mais contrairement à eux ils ne se contentent pas d’utiliser ce moyen. Ils recourent également à la loi, donc potentiellement à la force coercitive, pour arriver à leurs fins, peu importe l’appui de la population. L’entrepreneur qui s’aviserait de taxer sa clientèle prendrait vite le chemin de la prison. Si ses produits n’attirent pas l’attention, il doit changer de boulot. Au contraire, parce que les politiciens possèdent une clientèle captive, ils n’ont qu’à la diviser pour régner. S’ils réussissent ce manège pendant 5 ou 6 ans, ils obtiennent une pension à vie aux frais des contribuables. Plutôt que de faire faillite pour mauvaise gestion, ils font payer les autres.

Dans ce système, les libertés sont violées puisque les priorités de chacun ne correspondent pas à celles de la majorité démocratique. La liberté économique s’imbrique dans les autres libertés pour les alimenter et dès lors qu’on abuse de la première, on abuse nécessairement des secondes. La liberté économique non seulement complémente les autres libertés, mais leur sert de fondement. C’est à partir d’elle que la liberté de s’exprimer prend de l’ampleur. On n’a qu’à penser aux communications rendues possibles grâce à Internet. C’est également à partir de cette liberté, et non de la démocratie, qu’il est plus facile de voyager et de s’associer avec qui l’on veut. Etc.

Il existe une façon plus efficace et plus légitime de coopérer et celle-ci passe par la liberté économique, soit la capacité de chacun de décider pour lui-même la façon de se procurer biens et services et d’en disposer. Moins l’État tentera de la contrôler, plus les gens s’enrichiront et s’épanouiront. Cela vaut d’autant plus en temps de crise fondée sur l’illusion de grandeur des politiciens à tout contrôler et l’aveuglement de la population à demander l’aide de ceux-là mêmes qui l'appauvrissent un peu plus chaque jour.

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