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28 juillet, 2022

L’État ne peut pas réguler le pouvoir d’achat

 Par Pierre Allemand.

Le gouvernement s’agite pour faire croire qu’il va améliorer le pouvoir d’achat à la suite de la réapparition de l’inflation, comme si une loi avait le pouvoir miraculeux de changer les règles de l’économie.

Voici quelques évidences qui ne paraissent pourtant pas l’être tant que ça aux yeux de nos médias.

 

Gouvernement et Parlement ne peuvent pas améliorer le pouvoir d’achat des Français

Il est donc étonnant et même inquiétant de constater que depuis plusieurs semaines l’ensemble des médias et des politiques acceptent le concept de cette amélioration comme si ce pouvoir était acquis, et qu’il suffisait maintenant de choisir comment le mettre en pratique.

Cela démontre l’inculture économique alarmante de l’ensemble des commentateurs. Au cours de son interview du 14 juillet, le président a bien essayé de remettre si possible « la Mairie au milieu du village » selon sa propre expression, en énonçant un point qui n’a malheureusement pas été développé et qui constitue la deuxième évidence.

Le pouvoir d’achat des Français provient exclusivement de leur travail

Pour améliorer le pouvoir d’achat, il faut donc simplement qu’ils travaillent davantage, ou que leur productivité s’améliore, ce qui ne se fait pas en cinq minutes, et nécessite de gros investissements.

Les deux autres méthodes d’amélioration, que j’ai citées dans mon dernier article ne créent pas réellement de pouvoir d’achat supplémentaire :

Déshabiller Pierre pour habiller Paul

Cette locution verbale illustre parfaitement l’immoralité de cette méthode qui consiste à prendre du pouvoir d’achat à certains pour améliorer celui d’autres personnes. Cette méthode est en désaccord profond avec les articles 2 et 17 de la déclaration des droits de l’Homme et du citoyen de 1789, et pose en plus un problème de fond : qui peut s’attribuer le droit quasi divin de désigner qui doit payer et qui doit recevoir ? La gauche de l’échiquier politique a répondu depuis longtemps à cette question : celui qui appartient à la catégorie des riches doit donner, et les autres recevoir. Savoir qui entre dans la catégorie des riches reste du domaine exclusif des politiques. (On ne s’attendait pas à moins de leur part). Le montant des contributions est déterminé par le montant de la distribution à assurer, baptisée ici redistribution, ce qui laisse supposer qu’une distribution préalable a déjà eu lieu. Le mystère reste entier sur combien et quand.

Un système analogue a existé, qui tirait sa justification de la morale chrétienne : la charité. Mais avec une nuance importante puisque le don était volontaire.

Le KoiKilEnKoute

C’est une variante de la première. Elle consiste à emprunter les sommes à distribuer, le montant de la charge de l’emprunt (les intérêts) étant naturellement mis à la charge du contribuable actuel, et le remboursement du principal (le montant de l’emprunt sans les intérêts) à celle des contribuables futurs. Elle revient donc bien aussi à déshabiller Pierre (les contribuables) pour habiller Paul (les bénéficiaires).

C’est la méthode qui sera appliquée dans la loi dite sur le pouvoir d’achat. Personne ne parle de la provenance de l’argent qui y sera consacré, alors que c’est précisément tout le problème.

Certains politiques (toujours de gauche) sûrement trompés par la présentation du budget national qui respecte évidemment l’orthodoxie comptable, ont probablement considéré, en étudiant un peu rapidement peut-être les comptes de la Nation, que l’emprunt n’impliquait aucune sortie d’argent lorsque les taux était nuls ou négatifs, et pouvait donc être illimité. D’autres, comme Jean-Luc Mélenchon, malencontreusement inspirés par le comportement des bolcheviks en leur temps, pensent que ne pas rembourser les emprunts est une bonne méthode. Ils oublient simplement que les prêteurs s’en souviendront peut-être lorsqu’ils seront à nouveau sollicités après que le montant de l’emprunt aura été dépensé.

Cependant, exceptés les auteurs de ces quelques raisonnements spécieux, une majorité de personnes raisonnables semble d’accord pour considérer dangereuse la méthode KoiKilEnKoute, car elle parait régler un problème alors qu’elle revient simplement à décaler le règlement des factures en l’alourdissant du montant de la charge de l’emprunt. Il est curieux et inquiétant que pas une voix ne s’élève à ce sujet.

 

Gouvernement et Parlement ne produisent rien

Si l’argent qu’ils distribuent ne provient pas d’un prélèvement sur le revenu ou le patrimoine des contribuables, il ne peut provenir que d’un emprunt. Or, même emprunté à un taux favorable, il faut bien rembourser un jour, et plus on rembourse tardivement, plus l’opération est coûteuse. Ceux qui veulent vous persuader du contraire sont des irresponsables. Cette vérité toute simple et facile à vérifier n’est malheureusement jamais clairement énoncée par le gouvernement (mais on peut le comprendre), mais aussi par les médias qui ne jouent pas le rôle d’informateurs qu’ils se sont attribués.

Par ailleurs, le KKEK revient à créer de la monnaie. En effet, les banques commerciales ou centrales ont ce pouvoir que l’on pourrait qualifier d’exorbitant, lorsqu’elles ouvrent un crédit à une personne, une entreprise ou un État. Au moment de cette ouverture, la quantité de monnaie totale se trouve augmentée du montant du crédit.

Mais étant donné que l’opération n’implique aucune création simultanée de valeur comme dans le cas de la fabrication d’un produit ou de la fourniture d’un service, nous arrivons à la quatrième évidence.

 

L’ouverture d’un crédit crée de l’inflation

Le grand public en général et les médias en particulier confondent régulièrement deux phénomènes distincts et nomment inflation l’augmentation constatée des prix.

Or, ce phénomène n’est en fait que la conséquence de la véritable inflation. Celle-ci est en réalité constituée par la diminution du pouvoir d’achat de l’unité monétaire car il faut davantage d’euros pour acheter le même bien. Cette confusion provient de la méthode d’évaluation de cette inflation : comme il n’est pas possible de connaître exactement ni le montant de la monnaie en circulation, ni la valeur totale des biens achetables, la mesure de l’inflation s’opère indirectement et imparfaitement en déterminant l’évolution de certains prix et en les affectant d’un certain poids afin d’arriver à un chiffre satisfaisant pour les autorités monétaires. L’INSEE est un grand spécialiste de ce genre de calcul, évidemment sujet à caution, car permettant toutes les dérives.

 

Les conséquences néfastes des décisions de nos politiques

La distribution d’argent magique telle qu’elle est décrite dans la loi en cours d’élaboration procède du célèbre KoiKilEnKoute institué par le président lui-même.

Elle aggrave encore la situation peu enviable de la France au sujet de la dette publique. L’apparition de l’inflation durable, niée dans un premier temps par madame Lagarde et par le ministre de l’Économie et des finances Bruno Le Maire, puis déclarée comme de courte durée par les mêmes personnes, est une conséquence directe de ce KoiKilEnKoute appliqué docilement pendant la crise du covid par les gouvernements européens sous l’influence de notre président. Les prétendues causes de cette inflation largement diffusées comme la guerre en Ukraine, ne sont pas exactes, mais naturellement largement acceptées parce qu’elles désignent un responsable commode en la personne de monsieur Poutine. Et c’est une pratique universellement utilisée dans l’Histoire que de désigner un coupable lorsque le bon peuple se trouve confronté à un évènement néfaste.

Les évènements en question sont complexes, et les relations entre eux sont très diverses.

Oui, monsieur Poutine porte la responsabilité du déclenchement des hostilités contre l’Ukraine. Mais la situation de dépendance totale de l’Europe au gaz n’est pas de son fait. Et il est logique qu’il profite de la situation. La force de la Russie réside dans sa situation de fournisseur de ressources fossiles indispensables. On ne peut pas reprocher sa force au fort. Cette situation aurait du être envisagée avant, car toutes les données du problème étaient déjà connues.

Par ailleurs, souvenons-nous du moratoire sur l’exploitation du gaz de schiste en France voté par nos députés en 2011 et confirmé en 2013 par le Conseil constitutionnel, qui a interdit pratiquement l’exploitation de cette source d’énergie alors que les réserves du sous-sol français estimées par l’agence américaine de l’information sur l’énergie nous assureraient 80 ans de consommation actuelle (source). Actuellement, la France achete du gaz de schiste américain au lieu d’exploiter ses propres réserves. On ne voit pas très bien les avantages de cette situation. En revanche, les inconvénients sont évidents…

Ces constatations nous amènent à conclure qu’une fois encore, les politiques ont failli dans la mission consistant à prévoir l’avenir, et à prendre les mesures adéquates pour assurer tout simplement la sécurité des Français. Cette énorme erreur devrait interroger sur les autres mesures que veulent nous imposer ces mêmes politiques concernant l’énergie et le climat : ils viennent en effet de nous montrer à quel point ils peuvent se tromper dans leurs estimations des risques. Il serait utile de ne pas les laisser refaire les mêmes erreurs.

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