Bonjour Jason,
Je t’écris cette lettre dans l’espoir de te faire réfléchir et de t’ouvrir les yeux et le cœur sur le monde capitaliste qui t’entoure.
Je t’ai maintes fois répété que tu es un socialiste fini, car tes émotions dominent ta raison. Comme de nombreux Québécois, tu crois que la recherche de la satisfaction individuelle, une valeur inhérente au capitalisme, est antisociale et doit être dénoncée et condamnée. Pourtant, tu profites quotidiennement des bienfaits de ce même système capitaliste.
Tu as passé une très bonne nuit sachant que ton réveille-matin sonnerait à six heures pile. Il ne t’a coûté que quelques dollars, le fruit du travail de milliers d’individus, qui à travers les siècles ont voulu améliorer leur sort en cherchant à satisfaire les besoins de leurs concitoyens. Réalises-tu que dans une économie socialiste, comme tu le souhaites si souvent, ton réveille-matin n’aurait probablement pas vu le jour, car un petit fonctionnaire aurait jugé que ce n’était pas un produit essentiel au bonheur du bon peuple?
Après t’être extirpé des bras de Morphée, tu t’es laissé dorloter quelques minutes sous une bonne douche. N’as-tu jamais réfléchi au fait que c’est le capitalisme qui est à l’origine de ton confort? Les matériaux utilisés, le chauffe-eau, la tuyauterie, les robinets, etc. ont tous été inventés, fabriqués et installés par des scientifiques, ingénieurs et entrepreneurs à la recherche d’un défi. Ils ont persisté malgré les nombreuses embûches et difficultés que les interventionnistes se plaisent à inventer, car ils savaient que le succès leur apporterait de quoi vivre confortablement et peut-être la richesse.
Réalises-tu que les appareils et les ustensiles que tu as utilisés et les aliments que tu as mangés au petit déjeuner sont le fruit du travail de dizaines de milliers d’individus à la recherche de leur bonheur individuel? C’est merveilleux, non, en cherchant à satisfaire leurs besoins, ces inconnus t’apportent confort et plaisir. Dans l’histoire, aucun autre système n’a mieux réalisé ce défi que le capitalisme.
Je pourrais continuer ainsi à t’expliquer comment le capitalisme facilite tes moindres activités journalières, mais je crois que tu as bien compris ce que j’essaie de t’expliquer.
N’oublie surtout pas qu’en cherchant à satisfaire tes besoins, ce qui n’a rien d’égoïste, tu contribues au bonheur de tes concitoyens et surtout tu collabores à perpétuer le seul système économique qui améliore constamment le sort des humains.
Au plaisir de te lire à nouveau,
Serge
Que l’État se contente d’être juste, nous nous chargerons d’être heureux.---- Benjamin Constant
Chaque Québécois doit plus de 34 000 $ au provincial seulement
Vaut mieux en rire!
Avant de couper des centaines de millions dans les services, est-ce qu’on peut avoir les services ? - Michel Beaudry
30 septembre, 2011
La réflexion du jour
S'il est vrai que l'exploitation et les désastres naturels font reculer le couvert forestier, il est aussi vrai que les forêts ont la capacité de se régénérer. De plus, presque tous les pays du monde ont mis sur pied des programmes de reboisement. Les écolos «oublient» parfois de le dire.--- Claude Piché
Le chiffre du jour : 99,7 %
Le chiffre de 13,5 millions d'hectares peut sembler monstrueux; en réalité, il ne représente que 0,3% du couvert forestier de la planète. Autrement dit, depuis 20 ans, malgré tout ce que vous avez pu entendre dire sur l'erreur boréale, la destruction de la forêt amazonienne et l'anéantissement de la vie sauvage à Bornéo, la planète a pu conserver intact 99,7% de son couvert forestier. Vous avez bien lu: quatre-vingt-dix neuf virgule sept pour cent!!!
29 septembre, 2011
La réflexion du jour
Dans le débat actuel sur la corruption et la collusion dans l'industrie de la construction au Québec, on oublie souvent de mentionner le manque de prévoyance du gouvernement comme l'un des facteurs ayant pu mener à la multiplication des abus.
Lorsque je parle du manque de prévoyance du gouvernement, je ne parle pas que du gouvernement actuel mais du gouvernement en général, peu importe sa couleur politique. Qu'arrive-t-il lorsque préférant créer des programmes populaires mais dispendieux, le gouvernement aux prises avec une contrainte budgétaire implacable, néglige des années durant les investissements de base dans les infrastructures de transport et dans l'entretien des écoles et des hôpitaux? --- Martin Coiteux
Lorsque je parle du manque de prévoyance du gouvernement, je ne parle pas que du gouvernement actuel mais du gouvernement en général, peu importe sa couleur politique. Qu'arrive-t-il lorsque préférant créer des programmes populaires mais dispendieux, le gouvernement aux prises avec une contrainte budgétaire implacable, néglige des années durant les investissements de base dans les infrastructures de transport et dans l'entretien des écoles et des hôpitaux? --- Martin Coiteux
Le chiffre du jour : 8 G$
Eh bien, il arrive ce qui finit par arriver au propriétaire de la maison dont la toiture ancienne ne coule pas encore et qui préfère partir en vacances, année après année. Un jour, la toiture coule au beau milieu de l'hiver et il doit de toute urgence trouver le réparateur qui aura beau jeu de lui facturer ce qu'il veut. C'est un peu ce qui arrive au gouvernement du Québec qui a dû de toute urgence hausser ses dépenses en infrastructures de près de 8 milliards de dollars par année dont plus de la moitié ne vise qu'à les maintenir sécuritaires et fonctionnelles.
28 septembre, 2011
Santé, abattre le monopole
Au monopole de la santé, les choses bougent à la vitesse d’un glacier et encore….Si je devais faire un pari, j’opterais pour le glacier. Au moins, je serais certain qu’il ne changera pas d’idée en cours de route.
Dès son arrivée à la tête du ministère de la Santé, le ministre Yves Bolduc faisait la promotion de la méthode Toyota pour régler l’inefficacité proverbiale du ministère.
Trois ans plus tard, il annonce l’implantation de la méthode Lean Healthcare Six Sigma, basée sur la méthode Toyota, dans trois centres hospitaliers pour une période d’essais de trois ans. En 2010, il y avait 117 centres hospitaliers au Québec. Au rythme de trois centres au trois ans, le projet sera complété en 2 128! Gageons que la méthode Toyota ne sera plus à la mode à cette date.
Mais pourquoi est-ce si difficile de faire bouger les choses? Est-ce parce que le chiffre trois est le nombre fétiche du ministre : après trois ans à la barre, trois centres hospitaliers, un essai de trois ans? Est-ce parce que le ministère est devenu une tour de Babel? Est-ce parce qu’il est humainement impossible de gérer une organisation aussi complexe qui répond avant tout aux intérêts des groupes qui la composent?
J’opte pour la complexité artificiellement imposée par le corporatisme des ordres professionnels et des syndicats et au manque de volonté politique du gouvernement Charest.
Regardons de plus près au processus qu’a dû suivre le ministère pour choisir les trois centres hospitaliers qui feront partie de l’expérience.
Dans un premier temps, par voie d’appels d’offres, le ministère a embauché DMR pour accompagner les établissements tout au cours de l’expérience.
Ensuite, les centres hospitaliers ont été invités à soumettre leur candidature. Mais attention, tous ne sont pas éligibles. Les bureaucrates du ministère ont dressé une liste des critères requis.
Enfin, les agences de santé, ces monstres bureaucratiques qui servent de traducteurs entre le ministère et les centres hospitaliers, ont la lourde tâche de recommander un seul hôpital par agence.
Pouvez-vous imaginer ce que ce processus exige en ressources humaines et en temps? Des heures, pardon des semaines, de rencontres, consultations, lobbying, protestations, etc.
Dans un tel environnement, aucun être humain ne pourrait faire mieux que le ministre Bolduc.
La solution : abattre le monopole.
Dès son arrivée à la tête du ministère de la Santé, le ministre Yves Bolduc faisait la promotion de la méthode Toyota pour régler l’inefficacité proverbiale du ministère.
Trois ans plus tard, il annonce l’implantation de la méthode Lean Healthcare Six Sigma, basée sur la méthode Toyota, dans trois centres hospitaliers pour une période d’essais de trois ans. En 2010, il y avait 117 centres hospitaliers au Québec. Au rythme de trois centres au trois ans, le projet sera complété en 2 128! Gageons que la méthode Toyota ne sera plus à la mode à cette date.
Mais pourquoi est-ce si difficile de faire bouger les choses? Est-ce parce que le chiffre trois est le nombre fétiche du ministre : après trois ans à la barre, trois centres hospitaliers, un essai de trois ans? Est-ce parce que le ministère est devenu une tour de Babel? Est-ce parce qu’il est humainement impossible de gérer une organisation aussi complexe qui répond avant tout aux intérêts des groupes qui la composent?
J’opte pour la complexité artificiellement imposée par le corporatisme des ordres professionnels et des syndicats et au manque de volonté politique du gouvernement Charest.
Regardons de plus près au processus qu’a dû suivre le ministère pour choisir les trois centres hospitaliers qui feront partie de l’expérience.
Dans un premier temps, par voie d’appels d’offres, le ministère a embauché DMR pour accompagner les établissements tout au cours de l’expérience.
Ensuite, les centres hospitaliers ont été invités à soumettre leur candidature. Mais attention, tous ne sont pas éligibles. Les bureaucrates du ministère ont dressé une liste des critères requis.
Enfin, les agences de santé, ces monstres bureaucratiques qui servent de traducteurs entre le ministère et les centres hospitaliers, ont la lourde tâche de recommander un seul hôpital par agence.
Pouvez-vous imaginer ce que ce processus exige en ressources humaines et en temps? Des heures, pardon des semaines, de rencontres, consultations, lobbying, protestations, etc.
Dans un tel environnement, aucun être humain ne pourrait faire mieux que le ministre Bolduc.
La solution : abattre le monopole.
La réflexion du jour
Nous avons développé ici (ndlr : au Québec) un mépris de la loi, et une complaisance face aux responsabilités individuelles qui n'ont d'égal que notre tolérance de la médiocrité et de «l'à-peu-près». --- Benoît Aubin
Le chiffre du jour : 5 600
Les ouvriers savent tous qu'il se «passe des affaires» sur les chantiers et dans les syndicats. Pas un mot. Aux transports, 5 600 fonctionnaires n'ont rien vu, ou rien dit. Les politiciens ne veulent pas savoir si leur financement est moral, pourvu qu'il soit légal. Nous vivons dans une société surtaxée qui n'en donne à personne pour son argent, une société plus intéressée à protéger ses acquis qu'à bâtir l'avenir : un milieu propice à ce type de cancer.
27 septembre, 2011
Subventions : les perles du 17 au 23 septembre 2011
Chaque semaine, le blogue de Mathieu Turbide et de Serge Laplante, Où vont vos impôts, publie la liste des subventions annoncées par le gouvernement.
Invariablement, cette liste contient des perles qui démontrent bien la culture de « gaspillage » qui prévaut chez nos élites politiques.
La parade des subventions continue de plus bel, mais les réductions de dépenses promises par le ministre Bachand ne sont toujours pas au rendez-vous.
Cette semaine, les retours d’ascenseur sont légion : la Brasserie Licorne (1,8 M$), Usinage numérique H.B. (54 800 $), Télescope Normand Fullum (64 984 $), Pierre et Monuments St-Marc (100 000 $)….Et un beigne avec ça!
_______________________
1 784 475 $
À la Brasserie Licorne Québec
Depuis 2003, Brasserie Licorne Québec, une division de la multinationale Karlsberg, importait de France et commercialisait les produits de la gamme de bières et de boissons alcooliques Boris. L’entreprise les fabrique dorénavant à Saint-Hyacinthe, dans une nouvelle usine, opérationnelle depuis le mois d’août. Québec a contribué pour près de la moitié du coût total du projet évalué à 4,2 M$.
4,44 M$
Au Consortium de recherche en plasturgie et composites du Québec
Fondé en 2008, le CRPCQ est un regroupement sectoriel de recherche industrielle couvrant les secteurs des plastiques, des composites et des élastomères. Le consortium a pour mission d’augmenter la compétitivité de cette industrie grâce à l’innovation et à l’amélioration des connaissances collectives de ses membres.
3,7 M$
Au Petit Séminaire de Québec
Le ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine donne son accord de principe, pour une somme de 3,7 M$, pour la réalisation de travaux majeurs de restauration au Petit Séminaire de Québec.
1,366 M$
Pour la recherche et l’innovation en production et en transformation laitières
Le Fonds de recherche du Québec – Nature et technologies, le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec et Novalait annoncent la signature d’une nouvelle entente de partenariat pour l’innovation en production et en transformation laitières. Cette entente vise à financer des projets de recherche qui contribueront à améliorer la compétitivité des entreprises de production et de transformation laitières du Québec.
54 800 $
À Usinage numérique H.B.
Un prêt est accordé à l’entreprise de Dolbeau-Mistassini pour lui permettre d’acquérir de nouveaux équipements d’usinage et de coupe numérique. L’entreprise souhaite augmenter sa capacité de production pour répondre à la demande croissante de ses clients.
177 000 $
Au Marathon Oasis de Montréal
L’édition 2011 du Marathon, qui attire des milliers de coureurs d’élite, se tenait ce dimanche dans les rues de Montréal.
64 984 $
À Télescopes Normand Fullum
Subvention accordée à cette entreprise de Hudson spécialisée dans la conception et la fabrication de télescopes artisanaux. Grâce à cette contribution financière, TNF réalisera un prototype de télescope de grande dimension qui servira à l’observation astronomique en mode réel.
100 000 $
À Pierre et Monuments St-Marc
Un prêt est accordé pour le démarrage de cette entreprise de Saint-Marc-des-Carrières. Cet appui a permis aux promoteurs d’acheter un bâtiment, en plus d’acquérir des équipements et des outillages.
Invariablement, cette liste contient des perles qui démontrent bien la culture de « gaspillage » qui prévaut chez nos élites politiques.
La parade des subventions continue de plus bel, mais les réductions de dépenses promises par le ministre Bachand ne sont toujours pas au rendez-vous.
Cette semaine, les retours d’ascenseur sont légion : la Brasserie Licorne (1,8 M$), Usinage numérique H.B. (54 800 $), Télescope Normand Fullum (64 984 $), Pierre et Monuments St-Marc (100 000 $)….Et un beigne avec ça!
_______________________
1 784 475 $
À la Brasserie Licorne Québec
Depuis 2003, Brasserie Licorne Québec, une division de la multinationale Karlsberg, importait de France et commercialisait les produits de la gamme de bières et de boissons alcooliques Boris. L’entreprise les fabrique dorénavant à Saint-Hyacinthe, dans une nouvelle usine, opérationnelle depuis le mois d’août. Québec a contribué pour près de la moitié du coût total du projet évalué à 4,2 M$.
4,44 M$
Au Consortium de recherche en plasturgie et composites du Québec
Fondé en 2008, le CRPCQ est un regroupement sectoriel de recherche industrielle couvrant les secteurs des plastiques, des composites et des élastomères. Le consortium a pour mission d’augmenter la compétitivité de cette industrie grâce à l’innovation et à l’amélioration des connaissances collectives de ses membres.
3,7 M$
Au Petit Séminaire de Québec
Le ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine donne son accord de principe, pour une somme de 3,7 M$, pour la réalisation de travaux majeurs de restauration au Petit Séminaire de Québec.
1,366 M$
Pour la recherche et l’innovation en production et en transformation laitières
Le Fonds de recherche du Québec – Nature et technologies, le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec et Novalait annoncent la signature d’une nouvelle entente de partenariat pour l’innovation en production et en transformation laitières. Cette entente vise à financer des projets de recherche qui contribueront à améliorer la compétitivité des entreprises de production et de transformation laitières du Québec.
54 800 $
À Usinage numérique H.B.
Un prêt est accordé à l’entreprise de Dolbeau-Mistassini pour lui permettre d’acquérir de nouveaux équipements d’usinage et de coupe numérique. L’entreprise souhaite augmenter sa capacité de production pour répondre à la demande croissante de ses clients.
177 000 $
Au Marathon Oasis de Montréal
L’édition 2011 du Marathon, qui attire des milliers de coureurs d’élite, se tenait ce dimanche dans les rues de Montréal.
64 984 $
À Télescopes Normand Fullum
Subvention accordée à cette entreprise de Hudson spécialisée dans la conception et la fabrication de télescopes artisanaux. Grâce à cette contribution financière, TNF réalisera un prototype de télescope de grande dimension qui servira à l’observation astronomique en mode réel.
100 000 $
À Pierre et Monuments St-Marc
Un prêt est accordé pour le démarrage de cette entreprise de Saint-Marc-des-Carrières. Cet appui a permis aux promoteurs d’acheter un bâtiment, en plus d’acquérir des équipements et des outillages.
La réflexion du jour
«Le syndicalisme se porte bien», admettait le président de la FTQ, Michel Arsenault, dans un cahier spécial consacré au 1er mai. L’immuable patron de la CSQ, Réjean Parent, avouait dans les mêmes pages que, malgré la crise financière, les enseignants avaient obtenu aux dernières négociations un «règlement qui se compare aux meilleurs règlements du passé». Qui peut en dire autant par les temps qui courent? --- Michel Hébert
Le chiffre du jour : 800 M$
Quand la présidente du Conseil du trésor, Michelle Courchesne, annonce des «compressions de 800 millions», les protestations fusent de toutes parts, surtout du côté syndical. Le pire nous est annoncé. Les «coupures» font la manchette, on demande quasiment l’intervention de la Croix Rouge.
Pourtant, les budgets consentis à l’onusienne administration québécoise ne sont pas réduits de 800 millions. On empêche plutôt qu’ils gonflent de 800 millions au-delà de la limite autorisée.
Pourtant, les budgets consentis à l’onusienne administration québécoise ne sont pas réduits de 800 millions. On empêche plutôt qu’ils gonflent de 800 millions au-delà de la limite autorisée.
26 septembre, 2011
La réflexion du jour
De manière générale, les cinq pays les plus généreux en matière de financement public de la R-D (Corée du Sud, Canada, États-Unis, Belgique, France) affichent une efficacité inférieure à la moyenne des pays membres étudiés. À l'inverse, les champions en matière de dépôts de demandes de brevets - la Suède, la Suisse et la Finlande - consacrent une plus faible proportion de leur PIB au financement public de la R-D. C'est le secteur privé qui prend alors le relais. --- Robert Gagné, directeur du Centre sur la productivité et la prospérité de HEC Montréal
(NDLR : Un autre exemple qui démontre que l'interventionisme étatique nuit à l'économie. Si seulement les politiciens pouvaient comprendre cela.)
(NDLR : Un autre exemple qui démontre que l'interventionisme étatique nuit à l'économie. Si seulement les politiciens pouvaient comprendre cela.)
Le chiffre du jour : 18e rang
Plus spécifiquement, cette recherche nous apprend que le gouvernement canadien consacre l'équivalent de 0,24 % de son PIB à la R-D, ce qui le place au deuxième rang des pays de l'OCDE les plus généreux, après la Corée du Sud. En dépit de cette aide considérable, le pays se classe parmi les derniers quand vient le moment d'enregistrer des brevets. Ainsi, en vertu du Traité de coopération en matière de brevets, le Canada n'a effectué que 75 demandes de brevets par million d'habitants en 2008. Cette piètre performance le relègue au 18e rang parmi les 22 pays étudiés.
De son côté, le Québec affiche des résultats très similaires. En 2007, le gouvernement provincial a consacré à la R-D l'équivalent de 0,26 % de son PIB et n'a enregistré que 83 demandes de brevets par million d'habitants, obtenant ainsi un score légèrement supérieur à la moyenne canadienne.
25 septembre, 2011
La réflexion du jour
Des chroniques sur la théorie des groupes d’intérêt? C’est ennuyeux. Mais constater de visu, à la télé ou dans les journaux, à quel point on détourne votre argent durement gagné, tout en vous riant en plein visage, ça secoue. Comme voir des gens bien connectés à l’appareil politique s’enrichir pendant qu’on vous bombarde de nouvelles taxes. --- David Descôteaux
Le chiffre du jour : 8 G $
Soyons réalistes : le cancer est loin de se limiter à l’industrie de la construction, ou à la mafia. Comment peut-on s’endetter de 8 milliards par année, tout en ayant des services médiocres, qui dépérissent — routes, hôpitaux, écoles? Ça prend un sacré gaspillage. Un sacré détournement des fonds publics, à plusieurs endroits.
24 septembre, 2011
La réflexion du jour
Reste un joueur dans cette partie (ndlr : corruption dans l'industrie de la construction) qui semble au-dessus de la mêlée et à l'abri de la colère du peuple : la fonction publique.
Les fonctionnaires sont là pour faire fonctionner le gouvernement, justement. Ils sont protégés par une sécurité d'emploi en béton et des syndicats militants.
Ils n'ont rien vu ?
Et ils n'ont rien vu ? Rien remarqué d'anormal dans les opérations, les factures ? Rien trouvé d'inquiétant ou de suspect dans l'état des infrastructures ?
Ou alors, ils ont vu, mais se sont tus ? Ont pris leur trou ? N'ont pas fait de vagues ? --- Benoît Aubin
Les fonctionnaires sont là pour faire fonctionner le gouvernement, justement. Ils sont protégés par une sécurité d'emploi en béton et des syndicats militants.
Ils n'ont rien vu ?
Et ils n'ont rien vu ? Rien remarqué d'anormal dans les opérations, les factures ? Rien trouvé d'inquiétant ou de suspect dans l'état des infrastructures ?
Ou alors, ils ont vu, mais se sont tus ? Ont pris leur trou ? N'ont pas fait de vagues ? --- Benoît Aubin
Le chiffre du jour : 5688
Les 5688 fonctionnaires des Transports nous laissent avec une question sans réponse : les choses seraient-elles vraiment pires aujourd'hui s'ils étaient beaucoup moins nombreux-mais faisaient leur travail?
23 septembre, 2011
La grève
Revue de livre par Emmanuel Martin
La Grève : Atlas Shrugged [Broché], Ayn Rand (Auteur), Sophie Bastide-Foltz (Traduction)
Le 19 septembre 2011 - Une société qui s’écroule, une économie qui régresse, des appels à toujours plus de contrôles politiques pour juguler ce déclin, la situation actuelle a un goût de déjà-vu. Bien sûr on pense à la crise 1929. Mais c’est en fait à un livre qu’il est fait référence ici. Il s’agit d’Atlas Shrugged de la philosophe russo-américaine Ayn Rand. Ce livre est devenu un classique pour des millions de lecteurs anglophones. L’ouvrage sortira dans la langue de Molière en France cette semaine, le 22 septembre, sous le titre « La grève » .
Atlas shrugged est une fiction politico-philosophique. Il décrit l’écroulement d’une société par la corruption du politique mais surtout de la philosophie. On y voit des philosophes verbeux bavasser et distiller des théories incohérentes où les notions de vérité et de réalité n’ont plus leur place. A bien des égards, l’influence philosophique de Rand, qui se fait la critique de ces mouvements philosophiques que l’on nommerait aujourd’hui « post-modernes », vient d’Aristote et du réalisme : l’idée que, dans les sciences humaines et la politique, l’on ne peut pas ignorer certaines lois de réalité, que l’on ne peut pas ignorer qu’une cause produira un effet, que détruire certaines institutions permettant de donner les incitations aux hommes de se conduire en êtres responsables empêchera la société de fonctionner.
Dans Atlas shrugged, le collectivisme qui entend régenter la société et imposer un ordre moral « altruiste » supérieur a pour effet de miner le principe de responsabilité individuelle qui est en réalité le plus sûr guide pour orienter l’activité économique et sociale. La triste ironie est que le collectivisme et ses partisans mettent leurs échecs patents sur le dos du système même qu’ils empêchent de faire fonctionner, et le régentent d’autant pour en corriger les soi-disants « défauts ». Au prétexte de l’égalitarisme les prix sont contrôlés, et ne véhiculent plus les signaux sur la réalité des raretés, entraînant ici des surproductions, là des pénuries. Les décisions d’investissements sont orientées par la « sagesse » politique et débouchent en fait sur le copinage, la mauvaise gestion et les gaspillages. Peu à peu les entrepreneurs, boucs émissaires par excellence, fuient le pays. Ce sont eux les « Atlas » qui font bouger le monde, qui créent la valeur en innovant dans des techniques et services. Lorsqu’ils fuient, le monde s’écroule.
Rand trouve sans nul doute son inspiration dans son expérience personnelle puisqu’elle avait fui l’URSS dans les années 20. Le côté quelque peu caricatural de ses personnages au début du récit s’efface peu à peu au fil de l’histoire pour laisser apparaître des âmes complexes. Tel Balzac elle capture l’essence d’une comédie humaine moderne, ou « post-moderne » : on y voit des pseudo-intellectuels à la recherche de statut, des politiciens en quête de pouvoir usant d'arguments soi-disant altruistes, des entrepreneurs véreux qui cherchent à se protéger de leurs concurrents grâce à leurs amis politiciens, et au milieu des entrepreneurs intègres qui ont parfois du mal à comprendre ce qui se passe. C'est finalement l'histoire de ces derniers que l'on suit, tels des héros se battant contre un ennemi qu'ils mettent du temps à définir. Les peintures psychologiques dans le récit rendent explicites des intuitions que nous éprouvons tous un jour ou l’autre.
Chez Rand, la défense de l’égoïsme contre l’altruisme imposé ne doit pas choquer : elle est en réalité fondamentalement morale. Cette conception de l’égoïsme, bien plus riche qu’il n’y paraît au premier abord, est étonnamment moderne puisqu’on la retrouve chez certains psychologues actuels qui voient les causes de nombreuses pathologies dans la négation de l'individualité autonome. Cette conception se recoupe largement avec la responsabilité personnelle et l’esprit de service. Il y a donc aussi une dimension qui rapproche ici Rand d’Adam Smith : c’est en se concentrant sur soi-même, non par nombrilisme mais par construction de son individualité, qu’on rend bien souvent le mieux service aux autres.
Le parallèle entre la société collectivisée en déclin dépeinte par Rand et la situation actuelle n’est pas si osé qu’on peut le croire.
A bien des égards en effet la crise depuis 2008 trouve ses sources dans la politisation de relations économiques, dans le détournement de la responsabilité individuelle, aux Etats-Unis comme en Europe. On pense ici bien sûr, lors de la bulle qui a mené à la crise de 2008, à Fannie Mae et Freddie Mac, ces institutions de refinancement hypothécaire qui avaient des objectifs politisés, au delà de toute rationalité économique. On pense aussi au Community Reinvestment Act qui pouvait forcer des institutions de crédit à prêter aux moins favorisés, sous peine d’être poursuivis pour discrimination. Au nom de l’altruisme forcé on a faussé les règles du jeu économique et créé le chaos. De même en corrompant le concept même de monnaie, on a manipulé les taux d’intérêt pour doper l’économie, faisant fi des lois de la réalité qui veut que cela soit l’épargne qui finance la croissance et pas le crédit ex nihilo. Avec des messages répétés de dirigeants de la politique monétaire expliquant que si les gains sont privatisés lorsque tout va bien, les pertes seront mutualisées en cas d’éclatement de bulle (ce qui s’est par la suite effectivement passé), on a gommé la responsabilité professionnelle, essentielle à la finance, et facilité la prise de risque déraisonnable et irresponsable.
Et c'est avec une dose supplémentaire de collectivisme que l'on a répondu à ces erreurs collectivistes. D’où la crise des dettes souveraines, à laquelle on veut répondre à nouveau par des solutions collectivistes. Les eurobonds sont par exemple une institutionnalisation de l’irresponsabilité qui a mené le système au bord du précipice. Qu’est-ce que la crise grecque ? Des politiciens corrompus et bureaucratie inefficace de privilégiés, baignant dans leur irresponsabilité dans la gestion des deniers publics et cherchant à faire payer les autres pour les conséquences financières de leurs erreurs et leurs privilèges – au nom de la « solidarité » !
Ainsi, alors que dans de nombreux pays dans le monde on s’enfonce dans le refus des lois de la réalité et dans la promotion accrue de l’irresponsabilité, relire Atlas shrugged de Rand est sans doute salutaire. Cet ouvrage majeur avait été traduit en français il y a fort longtemps en Suisse et n’a malheureusement plus été édité dans cette langue pendant une cinquantaine d’années. Le revoilà donc disponible, ce qui est une grande nouvelle.
La Grève : Atlas Shrugged [Broché], Ayn Rand (Auteur), Sophie Bastide-Foltz (Traduction)
Le 19 septembre 2011 - Une société qui s’écroule, une économie qui régresse, des appels à toujours plus de contrôles politiques pour juguler ce déclin, la situation actuelle a un goût de déjà-vu. Bien sûr on pense à la crise 1929. Mais c’est en fait à un livre qu’il est fait référence ici. Il s’agit d’Atlas Shrugged de la philosophe russo-américaine Ayn Rand. Ce livre est devenu un classique pour des millions de lecteurs anglophones. L’ouvrage sortira dans la langue de Molière en France cette semaine, le 22 septembre, sous le titre « La grève » .
Atlas shrugged est une fiction politico-philosophique. Il décrit l’écroulement d’une société par la corruption du politique mais surtout de la philosophie. On y voit des philosophes verbeux bavasser et distiller des théories incohérentes où les notions de vérité et de réalité n’ont plus leur place. A bien des égards, l’influence philosophique de Rand, qui se fait la critique de ces mouvements philosophiques que l’on nommerait aujourd’hui « post-modernes », vient d’Aristote et du réalisme : l’idée que, dans les sciences humaines et la politique, l’on ne peut pas ignorer certaines lois de réalité, que l’on ne peut pas ignorer qu’une cause produira un effet, que détruire certaines institutions permettant de donner les incitations aux hommes de se conduire en êtres responsables empêchera la société de fonctionner.
Dans Atlas shrugged, le collectivisme qui entend régenter la société et imposer un ordre moral « altruiste » supérieur a pour effet de miner le principe de responsabilité individuelle qui est en réalité le plus sûr guide pour orienter l’activité économique et sociale. La triste ironie est que le collectivisme et ses partisans mettent leurs échecs patents sur le dos du système même qu’ils empêchent de faire fonctionner, et le régentent d’autant pour en corriger les soi-disants « défauts ». Au prétexte de l’égalitarisme les prix sont contrôlés, et ne véhiculent plus les signaux sur la réalité des raretés, entraînant ici des surproductions, là des pénuries. Les décisions d’investissements sont orientées par la « sagesse » politique et débouchent en fait sur le copinage, la mauvaise gestion et les gaspillages. Peu à peu les entrepreneurs, boucs émissaires par excellence, fuient le pays. Ce sont eux les « Atlas » qui font bouger le monde, qui créent la valeur en innovant dans des techniques et services. Lorsqu’ils fuient, le monde s’écroule.
Rand trouve sans nul doute son inspiration dans son expérience personnelle puisqu’elle avait fui l’URSS dans les années 20. Le côté quelque peu caricatural de ses personnages au début du récit s’efface peu à peu au fil de l’histoire pour laisser apparaître des âmes complexes. Tel Balzac elle capture l’essence d’une comédie humaine moderne, ou « post-moderne » : on y voit des pseudo-intellectuels à la recherche de statut, des politiciens en quête de pouvoir usant d'arguments soi-disant altruistes, des entrepreneurs véreux qui cherchent à se protéger de leurs concurrents grâce à leurs amis politiciens, et au milieu des entrepreneurs intègres qui ont parfois du mal à comprendre ce qui se passe. C'est finalement l'histoire de ces derniers que l'on suit, tels des héros se battant contre un ennemi qu'ils mettent du temps à définir. Les peintures psychologiques dans le récit rendent explicites des intuitions que nous éprouvons tous un jour ou l’autre.
Chez Rand, la défense de l’égoïsme contre l’altruisme imposé ne doit pas choquer : elle est en réalité fondamentalement morale. Cette conception de l’égoïsme, bien plus riche qu’il n’y paraît au premier abord, est étonnamment moderne puisqu’on la retrouve chez certains psychologues actuels qui voient les causes de nombreuses pathologies dans la négation de l'individualité autonome. Cette conception se recoupe largement avec la responsabilité personnelle et l’esprit de service. Il y a donc aussi une dimension qui rapproche ici Rand d’Adam Smith : c’est en se concentrant sur soi-même, non par nombrilisme mais par construction de son individualité, qu’on rend bien souvent le mieux service aux autres.
Le parallèle entre la société collectivisée en déclin dépeinte par Rand et la situation actuelle n’est pas si osé qu’on peut le croire.
A bien des égards en effet la crise depuis 2008 trouve ses sources dans la politisation de relations économiques, dans le détournement de la responsabilité individuelle, aux Etats-Unis comme en Europe. On pense ici bien sûr, lors de la bulle qui a mené à la crise de 2008, à Fannie Mae et Freddie Mac, ces institutions de refinancement hypothécaire qui avaient des objectifs politisés, au delà de toute rationalité économique. On pense aussi au Community Reinvestment Act qui pouvait forcer des institutions de crédit à prêter aux moins favorisés, sous peine d’être poursuivis pour discrimination. Au nom de l’altruisme forcé on a faussé les règles du jeu économique et créé le chaos. De même en corrompant le concept même de monnaie, on a manipulé les taux d’intérêt pour doper l’économie, faisant fi des lois de la réalité qui veut que cela soit l’épargne qui finance la croissance et pas le crédit ex nihilo. Avec des messages répétés de dirigeants de la politique monétaire expliquant que si les gains sont privatisés lorsque tout va bien, les pertes seront mutualisées en cas d’éclatement de bulle (ce qui s’est par la suite effectivement passé), on a gommé la responsabilité professionnelle, essentielle à la finance, et facilité la prise de risque déraisonnable et irresponsable.
Et c'est avec une dose supplémentaire de collectivisme que l'on a répondu à ces erreurs collectivistes. D’où la crise des dettes souveraines, à laquelle on veut répondre à nouveau par des solutions collectivistes. Les eurobonds sont par exemple une institutionnalisation de l’irresponsabilité qui a mené le système au bord du précipice. Qu’est-ce que la crise grecque ? Des politiciens corrompus et bureaucratie inefficace de privilégiés, baignant dans leur irresponsabilité dans la gestion des deniers publics et cherchant à faire payer les autres pour les conséquences financières de leurs erreurs et leurs privilèges – au nom de la « solidarité » !
Ainsi, alors que dans de nombreux pays dans le monde on s’enfonce dans le refus des lois de la réalité et dans la promotion accrue de l’irresponsabilité, relire Atlas shrugged de Rand est sans doute salutaire. Cet ouvrage majeur avait été traduit en français il y a fort longtemps en Suisse et n’a malheureusement plus été édité dans cette langue pendant une cinquantaine d’années. Le revoilà donc disponible, ce qui est une grande nouvelle.
La réflexion du jour
Le gouvernement aura beau mettre en place une armée à la CCQ pour s'occuper du placement, ajouter des membres externes au conseil d'administration de l'organisation, modifier le régime de négociation et de votation, ces problèmes majeurs ne se résoudront pas. Seule une commission d'enquête aurait permis d'avoir un portrait global de l'industrie et des ratés étalés sur la place publique depuis deux ans, notamment l'octroi des contrats publics et le financement des partis politiques.--- Brigitte Breton
Le chiffre du jour : 30 %
Un sondage commandé par la CCQ révélait en juin que le quart des travailleurs et des employeurs de l'industrie de la construction affirment avoir été témoins de collusion et de gestes de corruption. Selon 49 % des travailleurs et 43 % des employeurs, la part du travail au noir dans l'industrie atteindrait 30 %. --- Brigitte Breton
22 septembre, 2011
Le dollar : un privilège exorbitant
Revue de livre par Mark Calabra
Un privilège exorbitant : Le déclin du dollar et l’avenir du système monétaire international (Odile Jacob, Septembre 2011)
Une revue de Mark Calabria – Le 9 septembre 2011. Un privilège exorbitant : Le déclin du dollar et l’avenir du système monétaire international (Odile Jacob, Septembre 2011) est un livre concis et accessible sur le dollar américain, écrit par Barry Eichengreen, professeur d'économie à l'Université de Californie à Berkeley, et constitue sans doute l'un des ouvrages les plus importants publiés cette année. Le fait que le dollar reste « roi » aura un impact énorme sur les entreprises américaines. Certaines vont y perdre ; d'autres vont y gagner. De façon tout aussi importante, la force relative du billet vert sera un facteur majeur pour déterminer les options budgétaires qui sont à la disposition du gouvernement américain dans les années à venir.
La majeure partie de l’ouvrage est consacrée à la construction d'une base historique pour les conclusions et les prévisions de Eichengreen concernant le statut mondial du dollar. L'auteur fait faire au lecteur un tour rapide de l'histoire monétaire américaine à ses débuts, de l'utilisation de monnaies-marchandises, telles que le wampum ou le tabac, à l'utilisation croissante de pièces et de papier-monnaie, soit sous la forme de « continentals » pendant la Révolution américaine ou de pesos d'argent espagnols, la monnaie mondiale la plus importante des environs de 1550 à 1850. Cette histoire sert à nous rappeler que la domination du dollar, même aux États-Unis est une affaire relativement récente.
Nous assistons à la naissance de la domination du dollar avec la création de la première et la deuxième Banque des Etats-Unis, puis avec la fondation de la Federal Reserve System en 1913. Le lien entre la hausse du dollar et la création par la Fed à New York d’un marché des instruments de paiements commerciaux pour rivaliser avec Londres, est l'une des idées les plus importantes du livre. Si la Chine est déterminée à détrôner le dollar, l'analyse que fait Eichengreen de la manière dont le billet vert est parvenu à dominer la livre sterling pourrait presque constituer un manuel pratique.
L'histoire nous rappelle que la livre sterling n’a pas reculé sans se battre. La lutte finale a commencé en Juillet 1944, à Bretton Woods, dans le New Hampshire, à la conférence internationale censée établir un nouvel ordre monétaire. La conception initiale du système de Bretton Woods était relativement neutre vis à vis de telle ou telle devise, grâce aux efforts du négociateur en chef de Grande-Bretagne, l'économiste John Maynard Keynes, qui tenait l'espoir d'un renouveau de la livre sterling. Mais le processus de Bretton Woods s’est rapidement transformé en un système de réserve fondé sur le dollar.
L'espoir de Keynes de sauver la livre n'est pas vraiment mort jusqu'à bien après sa propre mort, quand la crise de Suez en 1956 a finalement exposé les bases fragiles de l'économie britannique et de son influence politique. L'histoire des engagements la Grande-Bretagne à l'étranger ainsi que la disparition de la livre sterling en tant que monnaie dominante devrait servir d'avertissement aux Etats-Unis.
Un point central de l'analyse Eichengreen porte sur ce qui est désormais connu sous le vocable de « dilemme de Triffin », de l'économiste Robert Triffin, qui avertissait en 1947 qu'un système dans lequel les Etats-Unis promettait de fournir deux actifs de réserve (les dollars qui étaient ensuite convertibles en or à un taux de change fixe), serait condamné aussi longtemps que la fourniture d'un de ces actifs (le dollar) était élastique, tandis que l'autre (l'or) ne l’était pas. Pour que le commerce mondial prospère, les Etats-Unis seraient tenus de fournir une quantité presque illimitée de dollars. Pourtant, ceci serait incompatible avec la convertibilité du dollar en un prix fixe en or ; une contradiction qui a effectivement conduit à l'abandon de la convertibilité dollar-or par le président Nixon en 1971.
Dans l'un des rares points faibles du livre, l'auteur répète l’opinion répandue mais erronée sur la déréglementation et les produits dérivés en tant que causes de la crise financière de 2008. Mais il explique comment les flux mondiaux de capitaux ont accru les liquidités aux États-Unis et réduit les taux d'intérêt, contribuant à la bulle immobilière.
La leçon d'histoire nous mène enfin à l'état actuel du dollar et à sa trajectoire future. Puisque les avantages à être la monnaie de réserve mondiale sont importants, mais aussi presque invisibles pour les non-économistes, l'analyse de ces avantages et de leur potentialité d’être perdus est raccrochée de manière concrète aux décisions quotidiennes des entreprises, des ménages et des États. Lorsque le dollar sera finalement obligé de jouer un rôle moins important dans les affaires mondiales, la demande internationale pour le dollar baissera, entraînant une hausse des taux d'intérêt et réduisant le niveau de vie américain, touchant en particulier la capacité de l'Amérique à consommer au-delà de ses moyens. Cela est aussi vrai pour le gouvernement américain.
Comme Eichengreen l’affirme, le dollar est susceptible de perdre de l'importance. Mais l'ampleur de ce recul et le fait de savoir si le billet vert va être sur un pied d'égalité avec l'euro et le renminbi chinois, reste une question ouverte. Une bonne partie de la réponse dépend de la politique budgétaire américaine. Au plus les USA tarderont à mettre de l’ordre dans leurs finances publiques, au plus grand sera le recul du dollar.
Mark Calabria est analyste au Cato Institute à Washington DC.
Un privilège exorbitant : Le déclin du dollar et l’avenir du système monétaire international (Odile Jacob, Septembre 2011)
Une revue de Mark Calabria – Le 9 septembre 2011. Un privilège exorbitant : Le déclin du dollar et l’avenir du système monétaire international (Odile Jacob, Septembre 2011) est un livre concis et accessible sur le dollar américain, écrit par Barry Eichengreen, professeur d'économie à l'Université de Californie à Berkeley, et constitue sans doute l'un des ouvrages les plus importants publiés cette année. Le fait que le dollar reste « roi » aura un impact énorme sur les entreprises américaines. Certaines vont y perdre ; d'autres vont y gagner. De façon tout aussi importante, la force relative du billet vert sera un facteur majeur pour déterminer les options budgétaires qui sont à la disposition du gouvernement américain dans les années à venir.
La majeure partie de l’ouvrage est consacrée à la construction d'une base historique pour les conclusions et les prévisions de Eichengreen concernant le statut mondial du dollar. L'auteur fait faire au lecteur un tour rapide de l'histoire monétaire américaine à ses débuts, de l'utilisation de monnaies-marchandises, telles que le wampum ou le tabac, à l'utilisation croissante de pièces et de papier-monnaie, soit sous la forme de « continentals » pendant la Révolution américaine ou de pesos d'argent espagnols, la monnaie mondiale la plus importante des environs de 1550 à 1850. Cette histoire sert à nous rappeler que la domination du dollar, même aux États-Unis est une affaire relativement récente.
Nous assistons à la naissance de la domination du dollar avec la création de la première et la deuxième Banque des Etats-Unis, puis avec la fondation de la Federal Reserve System en 1913. Le lien entre la hausse du dollar et la création par la Fed à New York d’un marché des instruments de paiements commerciaux pour rivaliser avec Londres, est l'une des idées les plus importantes du livre. Si la Chine est déterminée à détrôner le dollar, l'analyse que fait Eichengreen de la manière dont le billet vert est parvenu à dominer la livre sterling pourrait presque constituer un manuel pratique.
L'histoire nous rappelle que la livre sterling n’a pas reculé sans se battre. La lutte finale a commencé en Juillet 1944, à Bretton Woods, dans le New Hampshire, à la conférence internationale censée établir un nouvel ordre monétaire. La conception initiale du système de Bretton Woods était relativement neutre vis à vis de telle ou telle devise, grâce aux efforts du négociateur en chef de Grande-Bretagne, l'économiste John Maynard Keynes, qui tenait l'espoir d'un renouveau de la livre sterling. Mais le processus de Bretton Woods s’est rapidement transformé en un système de réserve fondé sur le dollar.
L'espoir de Keynes de sauver la livre n'est pas vraiment mort jusqu'à bien après sa propre mort, quand la crise de Suez en 1956 a finalement exposé les bases fragiles de l'économie britannique et de son influence politique. L'histoire des engagements la Grande-Bretagne à l'étranger ainsi que la disparition de la livre sterling en tant que monnaie dominante devrait servir d'avertissement aux Etats-Unis.
Un point central de l'analyse Eichengreen porte sur ce qui est désormais connu sous le vocable de « dilemme de Triffin », de l'économiste Robert Triffin, qui avertissait en 1947 qu'un système dans lequel les Etats-Unis promettait de fournir deux actifs de réserve (les dollars qui étaient ensuite convertibles en or à un taux de change fixe), serait condamné aussi longtemps que la fourniture d'un de ces actifs (le dollar) était élastique, tandis que l'autre (l'or) ne l’était pas. Pour que le commerce mondial prospère, les Etats-Unis seraient tenus de fournir une quantité presque illimitée de dollars. Pourtant, ceci serait incompatible avec la convertibilité du dollar en un prix fixe en or ; une contradiction qui a effectivement conduit à l'abandon de la convertibilité dollar-or par le président Nixon en 1971.
Dans l'un des rares points faibles du livre, l'auteur répète l’opinion répandue mais erronée sur la déréglementation et les produits dérivés en tant que causes de la crise financière de 2008. Mais il explique comment les flux mondiaux de capitaux ont accru les liquidités aux États-Unis et réduit les taux d'intérêt, contribuant à la bulle immobilière.
La leçon d'histoire nous mène enfin à l'état actuel du dollar et à sa trajectoire future. Puisque les avantages à être la monnaie de réserve mondiale sont importants, mais aussi presque invisibles pour les non-économistes, l'analyse de ces avantages et de leur potentialité d’être perdus est raccrochée de manière concrète aux décisions quotidiennes des entreprises, des ménages et des États. Lorsque le dollar sera finalement obligé de jouer un rôle moins important dans les affaires mondiales, la demande internationale pour le dollar baissera, entraînant une hausse des taux d'intérêt et réduisant le niveau de vie américain, touchant en particulier la capacité de l'Amérique à consommer au-delà de ses moyens. Cela est aussi vrai pour le gouvernement américain.
Comme Eichengreen l’affirme, le dollar est susceptible de perdre de l'importance. Mais l'ampleur de ce recul et le fait de savoir si le billet vert va être sur un pied d'égalité avec l'euro et le renminbi chinois, reste une question ouverte. Une bonne partie de la réponse dépend de la politique budgétaire américaine. Au plus les USA tarderont à mettre de l’ordre dans leurs finances publiques, au plus grand sera le recul du dollar.
Mark Calabria est analyste au Cato Institute à Washington DC.
La réflexion du jour
« Les premiers ministres des deux plus grandes provinces au Canada, l'Ontario et le Québec, ne s’en sortent pas très bien (ndlr : en ce qui concerne la gestion fiscale de leur province) » --- Institut Fraser
Le chiffre du jour : 8ième
Le premier ministre du Québec se classe au quatrième rang au chapitre des dépenses gouvernementales (62,8 %), au sixième rang pour ce qui concerne la dette et les déficits (44,5 %), et au huitième rang pour ce qui touche aux taxes (29,1 %).
21 septembre, 2011
Recherche humaniste
Revue de livre par Louise V. Labrecque
Une rencontre, Milan Kundera, Paris, Gallimard, 2009, 203 pages
J’aime beaucoup les anniversaires. Ils nous invitent à déclarer des sentiments trop souvent tacites, qui vont sans dire, mais qui vont tellement mieux en les disant. Ils invitent aussi à la rencontre avec le passé, à des retours vers ce que l’on fête, à des prises de consciences renouvelées vers soi, comme l’air de dire : « J’ai eu de la chance ». Ainsi, je m’amuse à évoquer les mille et unes réflexions se situant au cœur du dernier livre de Milan Kundera : Une rencontre.
La structure de cet ouvrage se démarque complètement d’un recueil classique de réflexions. L’auteur informe le lecteur au travers des passages aux titres évocateurs, comme s’il était en fusion avec lui-même. Ce livre est vivant, organique, en quête d’une jouissance suprême, toujours inaccessible. Ainsi, on assiste à l’union des liens qui ont marqué Kundera, « le Je dans tous ses états », celui qui souffre d’avoir souffert, qui a connu « la salope, la pute, l’agace-pissette, la reine des pétasses », et qui tourne maintenant la page la plus douloureuse de son histoire. En effet, l’exil fut pour Kundera une providentielle libération, après avoir été injustement accusé d’avoir dénoncé un compatriote, en 1950. L’histoire de la fuite de la Tchécoslovaquie communiste vers la France est d’une réelle beauté, car ainsi il s’affranchit de tous « ces directeurs de mémoires », ces « tyrans », ces « dictateurs à l’esprit totalitaire, sans pensée créatrice, sans atome artistique, sans pouvoir intellectuel extraordinaire ».
Après des années de silence, il publie aujourd’hui cette rencontre. Symboliquement, cela veut dire beaucoup. Un essai, certes, mais aussi, et surtout, une réhabilitation magistrale de l’importance décisive qu’ont eue tous ces liens sur sa vie, afin de comprendre l’horrible mécanisme de la dictature stalinienne. Ainsi, loin des sentiers battus, on traverse avec lui l’enfance, la sienne, son enfance. Soudain, on comprend tout. En elle on aperçoit le vide, le manque, le trou scandaleux. Peu de livres m’apparaissent aussi essentiels que celui-là, car la chair même de l’auteur, par sa nature jaillissante, par son miel, se loge en nous, dans l’indicible, dans l’insaisissable. Ce livre fait partie des inoubliables. Il parcourt avec nous, tel un autre œil, tout l’espace sensuel et jouissif des mots. Kundera est un évènement rare, tant dans le mouvement des idées que dans sa manière toute naturelle de tisser avec assurance des réseaux de solidarité entre les êtres. En somme, on pourrait affirmer que ce livre est un ouvrage de recherche humaniste.
Tout y passe : les arts, la politique, la peinture, la poésie, les sciences, les recherches et les idées. Tout y est classé, comme dans une bibliothèque anglaise : avec ordre et méthode. Les subdivisions, en neuf parties, puis en sous-parties, sont en soi un modèle littéraire de rigueur et de discipline. Néanmoins, cela n’empêche pas Kundera d’être en symbiose avec ses « personnages » : il parle au travers d’eux, sans détour.
Finalement, le texte interroge l’oubli et la mémoire. Les citations, fort nombreuses, interrogent l’art et son rapport au monde. Tout cela est fascinant : comme une grande musique ! Comme les mouvements d’une pensée ! Ce n’est pas un livre ordinaire, il court et s’échappe à la pensée de l’individu. Puis il revient, il avance plus lentement que la vie humaine, il a peur de se briser entre nos mains, sous nos yeux. Il risque une nouvelle identité, celle qui va bien, qui ne trompe pas, qui place l’écrivain sous ce signe : celle d’un homme ayant dépassé le deuil. Puis, sans crier gare, il a soudain besoin de se coucher sur la littérature, dans ce superbe exercice de discussions savantes, de jeux de mots, de vacheries brillantes, d’études critiques, puis aussi des banalités, ce tissu de tous les jours, et de la vie en opposition à toutes ces listes noires, à tous ces petits mémos et directeurs de conscience.
Plus qu’un carnet d’humeur, ce livre brasse des critiques sur l’art, parle des musiciens, des peintres, des passions littéraires cherchant à devenir beauté, c’est-à-dire la beauté lavée de la saleté affective, la vraie beauté dépourvue de la barbarie sentimentale. Un livre de raison ? Je ne sais pas, mais en tous cas, un discours fleurant la modernité, exigeant une nouvelle écoute, plus sérieuse peut-être. Bref, vous êtes prévenus : ce livre vous marquera pour la vie. La vie belle.
Une rencontre, Milan Kundera, Paris, Gallimard, 2009, 203 pages
J’aime beaucoup les anniversaires. Ils nous invitent à déclarer des sentiments trop souvent tacites, qui vont sans dire, mais qui vont tellement mieux en les disant. Ils invitent aussi à la rencontre avec le passé, à des retours vers ce que l’on fête, à des prises de consciences renouvelées vers soi, comme l’air de dire : « J’ai eu de la chance ». Ainsi, je m’amuse à évoquer les mille et unes réflexions se situant au cœur du dernier livre de Milan Kundera : Une rencontre.
La structure de cet ouvrage se démarque complètement d’un recueil classique de réflexions. L’auteur informe le lecteur au travers des passages aux titres évocateurs, comme s’il était en fusion avec lui-même. Ce livre est vivant, organique, en quête d’une jouissance suprême, toujours inaccessible. Ainsi, on assiste à l’union des liens qui ont marqué Kundera, « le Je dans tous ses états », celui qui souffre d’avoir souffert, qui a connu « la salope, la pute, l’agace-pissette, la reine des pétasses », et qui tourne maintenant la page la plus douloureuse de son histoire. En effet, l’exil fut pour Kundera une providentielle libération, après avoir été injustement accusé d’avoir dénoncé un compatriote, en 1950. L’histoire de la fuite de la Tchécoslovaquie communiste vers la France est d’une réelle beauté, car ainsi il s’affranchit de tous « ces directeurs de mémoires », ces « tyrans », ces « dictateurs à l’esprit totalitaire, sans pensée créatrice, sans atome artistique, sans pouvoir intellectuel extraordinaire ».
Après des années de silence, il publie aujourd’hui cette rencontre. Symboliquement, cela veut dire beaucoup. Un essai, certes, mais aussi, et surtout, une réhabilitation magistrale de l’importance décisive qu’ont eue tous ces liens sur sa vie, afin de comprendre l’horrible mécanisme de la dictature stalinienne. Ainsi, loin des sentiers battus, on traverse avec lui l’enfance, la sienne, son enfance. Soudain, on comprend tout. En elle on aperçoit le vide, le manque, le trou scandaleux. Peu de livres m’apparaissent aussi essentiels que celui-là, car la chair même de l’auteur, par sa nature jaillissante, par son miel, se loge en nous, dans l’indicible, dans l’insaisissable. Ce livre fait partie des inoubliables. Il parcourt avec nous, tel un autre œil, tout l’espace sensuel et jouissif des mots. Kundera est un évènement rare, tant dans le mouvement des idées que dans sa manière toute naturelle de tisser avec assurance des réseaux de solidarité entre les êtres. En somme, on pourrait affirmer que ce livre est un ouvrage de recherche humaniste.
Tout y passe : les arts, la politique, la peinture, la poésie, les sciences, les recherches et les idées. Tout y est classé, comme dans une bibliothèque anglaise : avec ordre et méthode. Les subdivisions, en neuf parties, puis en sous-parties, sont en soi un modèle littéraire de rigueur et de discipline. Néanmoins, cela n’empêche pas Kundera d’être en symbiose avec ses « personnages » : il parle au travers d’eux, sans détour.
Finalement, le texte interroge l’oubli et la mémoire. Les citations, fort nombreuses, interrogent l’art et son rapport au monde. Tout cela est fascinant : comme une grande musique ! Comme les mouvements d’une pensée ! Ce n’est pas un livre ordinaire, il court et s’échappe à la pensée de l’individu. Puis il revient, il avance plus lentement que la vie humaine, il a peur de se briser entre nos mains, sous nos yeux. Il risque une nouvelle identité, celle qui va bien, qui ne trompe pas, qui place l’écrivain sous ce signe : celle d’un homme ayant dépassé le deuil. Puis, sans crier gare, il a soudain besoin de se coucher sur la littérature, dans ce superbe exercice de discussions savantes, de jeux de mots, de vacheries brillantes, d’études critiques, puis aussi des banalités, ce tissu de tous les jours, et de la vie en opposition à toutes ces listes noires, à tous ces petits mémos et directeurs de conscience.
Plus qu’un carnet d’humeur, ce livre brasse des critiques sur l’art, parle des musiciens, des peintres, des passions littéraires cherchant à devenir beauté, c’est-à-dire la beauté lavée de la saleté affective, la vraie beauté dépourvue de la barbarie sentimentale. Un livre de raison ? Je ne sais pas, mais en tous cas, un discours fleurant la modernité, exigeant une nouvelle écoute, plus sérieuse peut-être. Bref, vous êtes prévenus : ce livre vous marquera pour la vie. La vie belle.
La réflexion du jour
Il n'est évidemment pas simple d'évaluer les enseignants, encore moins de déterminer des modes de récompense, car le succès d'un enseignant dépendra d'une foule de facteurs socio-économiques qui échappent à son contrôle. Mais ce n'est pas parce qu'une idée est complexe, ou qu'elle bouscule la culture dominante, qu'il faut la mettre de côté. --- Alain Dubuc
Le chiffre du jour : 87 %
Dans ce sondage, 67% des répondants se sont dits d'accord avec l'idée de mieux payer les meilleurs enseignants. Et 87% d'entre eux souhaitaient que les directions d'école puissent congédier les mauvais enseignants.
20 septembre, 2011
Subventions : les perles du 10 au 16 septembre 2011
Chaque semaine, le blogue de Mathieu Turbide et de Serge Laplante, Où vont vos impôts, publie la liste des subventions annoncées par le gouvernement.
Invariablement, cette liste contient des perles qui démontrent bien la culture de « gaspillage » qui prévaut chez nos élites politiques.
La parade des subventions continue de plus bel, mais les réductions de dépenses promises par le ministre Bachand ne sont toujours pas au rendez-vous.
Cette semaine, la perle de la perle est une subvention de 120 000 dollars du ministère de la Famille à la Fondation Jacques-Bouchard. L’aide aux aînés est devenu une industrie dont la mission première est la chasse aux subventions. Malheureusement, les aînés ne voient jamais la couleur de cet argent. Si le gouvernement vaux vraiment aider les aînés il suffit d’augmenter leur revenu et le marché se chargera de leur fournir les services dont ils ont besoin. Les subventions à l’industrie de l’aide aux aînés ne servent qu’à faire vivre des entreprises dépendantes du gouvernmaman.
__________________
750 000 $
Au Festival de jazz de Montréal
Le Festival International de Jazz de Montréal bénéficiera d’une aide financière gouvernementale pour la Maison du Festival Rio Tinto Alcan.
120 000 $
À la Fondation Jacques-Bouchard
La ministre responsable des Aînés, Marguerite Blais, annonce le versement d’une aide financière de 120 000 $ sur trois ans à la Fondation Jacques-Bouchard afin de soutenir le développement de son service de soutien aux proches aidants et aux aînés requérant des soins palliatifs à domicile.
54 000 $
À Vivre en Ville
Du Programme d’aide gouvernementale aux modes de transport alternatifs à l’automobile
Une subvention de 54 000 $ est accordée à l’organisme sans but lucratif Vivre en Ville pour la Semaine des transports collectifs et actifs de Gatineau – 2011. L’événement a pour objectif de sensibiliser la population aux impacts et aux enjeux liés aux déplacements individuels en automobile, de faire la promotion des modes de transport viables ainsi que d’informer la population des avantages multiples de leur utilisation.
Invariablement, cette liste contient des perles qui démontrent bien la culture de « gaspillage » qui prévaut chez nos élites politiques.
La parade des subventions continue de plus bel, mais les réductions de dépenses promises par le ministre Bachand ne sont toujours pas au rendez-vous.
Cette semaine, la perle de la perle est une subvention de 120 000 dollars du ministère de la Famille à la Fondation Jacques-Bouchard. L’aide aux aînés est devenu une industrie dont la mission première est la chasse aux subventions. Malheureusement, les aînés ne voient jamais la couleur de cet argent. Si le gouvernement vaux vraiment aider les aînés il suffit d’augmenter leur revenu et le marché se chargera de leur fournir les services dont ils ont besoin. Les subventions à l’industrie de l’aide aux aînés ne servent qu’à faire vivre des entreprises dépendantes du gouvernmaman.
__________________
750 000 $
Au Festival de jazz de Montréal
Le Festival International de Jazz de Montréal bénéficiera d’une aide financière gouvernementale pour la Maison du Festival Rio Tinto Alcan.
120 000 $
À la Fondation Jacques-Bouchard
La ministre responsable des Aînés, Marguerite Blais, annonce le versement d’une aide financière de 120 000 $ sur trois ans à la Fondation Jacques-Bouchard afin de soutenir le développement de son service de soutien aux proches aidants et aux aînés requérant des soins palliatifs à domicile.
54 000 $
À Vivre en Ville
Du Programme d’aide gouvernementale aux modes de transport alternatifs à l’automobile
Une subvention de 54 000 $ est accordée à l’organisme sans but lucratif Vivre en Ville pour la Semaine des transports collectifs et actifs de Gatineau – 2011. L’événement a pour objectif de sensibiliser la population aux impacts et aux enjeux liés aux déplacements individuels en automobile, de faire la promotion des modes de transport viables ainsi que d’informer la population des avantages multiples de leur utilisation.
La réflexion du jour
« On croit souvent que la gestion des dettes et des finances quotidiennes est plus facile et moins complexe que d'autres aspects de la planification financière personnelle, souligne M. Conick. Cependant, le manque de connaissances mis en lumière par le sondage explique en partie pourquoi les Canadiens parviennent difficilement à réduire leur endettement, même s'ils déclarent toujours que la réduction de leurs dettes est une grande priorité pour eux. Si l'on ne possède pas les connaissances de base en matière de finances personnelles, il est certainement difficile de faire de bons choix financiers. »
(NDLR : ...et les gourous du ministère de l'Éducation ne croient pas utiles d'enseigner les rudiments de la finance et de l'économie aux élèves!!!)
(NDLR : ...et les gourous du ministère de l'Éducation ne croient pas utiles d'enseigner les rudiments de la finance et de l'économie aux élèves!!!)
Le chiffre du jour : 15 %
Les résultats révèlent des lacunes sur le plan des connaissances, dans tous les groupes d'âges, notamment au sujet du niveau actuel des taux d'intérêt, des facteurs qui ont une incidence sur la cote de crédit, de l'utilité de la consolidation des dettes et de la capacité de calculer les paiements d'intérêt. Par exemple, lorsqu'on a demandé quelle somme pouvait être empruntée pour une maison de 200 000 $ sans qu'une assurance hypothécaire soit obligatoire, seuls 33 pour cent des répondants ont choisi la bonne réponse. Seulement 15 % des répondants savent que les intérêts sur un prêt affecté à la souscription d'un placement non enregistré sont généralement déductibles aux fins de l'impôt. De plus, près de deux personnes sur trois croient à tort que si elles changent d'emploi, cela aura un effet sur leur cote de crédit.
19 septembre, 2011
Praxéologie : science et méthode
André Dorais
L’École autrichienne d’économie délimite son champ d’étude par l’action intentionnelle, c’est-à-dire qui vise un but, tandis que les autres écoles économiques de pensée travaillent plutôt sur les sujets traditionnellement associés à leur science. Non seulement l’objet de recherche de l’École autrichienne est plus précis que ceux déterminés par les autres écoles de pensée, mais son champ d’application est plus vaste. En effet, pour comprendre les forces motrices de l’action humaine on doit aller au-delà des sujets traditionnellement associés à la science économique.
L’action humaine qui vise un but ne peut être appréhendée que par la praxéologie, soit la science de l’action. Malgré son nom obscur la praxéologie n’a rien de sorcier. Dans un premier temps, on peut se contenter de dire qu’il s’agit de la science économique, mais vue sous un angle nouveau. Ce nouvel éclairage provient d’un objet de recherche précis qui exige son propre outil d’analyse. Ainsi, lorsqu’on évoque la praxéologie on n’entend pas seulement la science économique, mais une façon particulière de la concevoir.
L’économiste de l’École autrichienne étudie l’activité économique à l’aide de la logique de l’action, par conséquent sa science contient également sa méthode d’analyse, ce qui n’est pas le cas des autres écoles de pensée. Celles-ci utilisent plutôt des méthodes utilisées par d’autres sciences, notamment la physique et la politique. Par exemple, les Écoles keynésienne et monétariste utilisent une forme atténuée du positivisme qui, à son tour, a été fortement influencé par les découvertes de la physique au début du 20e siècle.
Les économistes de ces Écoles testent des hypothèses, c’est-à-dire qu’ils vérifient si elles résultent en des prédictions de phénomènes non encore observés. S’ils croient, par exemple, que les dépenses des consommateurs sont déterminées par leurs revenus disponibles, alors ils tentent de valider cette hypothèse par des méthodes statistiques. Si les résultats sont probants, ils utiliseront ce modèle pour évaluer les dépenses futures des consommateurs. Dans le cas contraire, ils modifieront les variables explicatives pour tester de nouveau le modèle et si cela ne fonctionne toujours pas, ils le remplaceront.
Comme l’écrit Frank Shostak, dans «Donner un sens aux indices économiques», la nature approximative de ces hypothèses implique que les économistes ne peuvent même pas être sûrs de la loi de l'offre et de la demande. En effet, bien que l'on accepte qu'une augmentation de l'offre d'un bien, pour une demande donnée, diminue son prix, il n'en sera pas toujours ainsi; on relate des exemples où le prix d'un bien augmente. Il s’ensuit qu’on est condamné à l'incertitude en ce qui a trait au monde réel. Puisqu'il est impossible, selon cette méthode, d'établir comment les choses fonctionnent réellement, alors la nature des hypothèses qui sous-tendent un modèle théorique importe peu. Selon Milton Friedman, prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d’Alfred Nobel en 1976 :
Les économistes de l’École autrichienne rejettent cette façon de procéder, car elle ne permet pas d’expliquer pourquoi il y a activité économique. Celle-ci implique notamment le désir d’améliorer son sort, la réflexion, l’échange et le choix. Les individus évaluent les ressources à leur disposition pour arriver à leurs fins et s’ils les considèrent suffisantes, ils tenteront d’améliorer leur sort par l’échange. La praxéologie part du constat que l’homme agit dans le but d’améliorer son sort pour ensuite en déduire les implications. À l’instar de la physique, la praxéologie permet de prédire des phénomènes, mais pas de manière aussi précise dans le temps. Cette différence est attribuable uniquement aux objets de recherche de l’une et l’autre science. L’action humaine n’est pas aussi prévisible que les objets inanimés étudiés par la physique.
«L’économie», dit Ludwig von Mises, «peut prédire les effets attendus d'un recours à des politiques économiques. Elle peut répondre à la question de savoir si une mesure est apte à atteindre les fins visées et dans la négative, de définir ce que seront les effets réels. Toutefois, bien évidemment, cette prédiction ne peut être que qualitative.» The Ultimate Foundation of Economic Science
Il n’est donc pas question ici de logique formelle ou abstraite sans aucun lien à la réalité, mais de déduction logique basée sur le fait que les hommes agissent d’après des objectifs. Les propositions qui découlent de ce constat ne sont pas directement observables, mais le résultat de la réflexion. Lorsqu’on vise un but, il y a risque d’échec, ce processus exige du temps et des ressources et celles-ci sont rares, etc. Chacune de ces propositions découlent du postulat que l’homme agit pour atteindre un objectif et parce qu’elles découlent de cet axiome, elles sont nécessairement vraies.
Essayer de traduire ces propositions en axiomes mathématiques sans perdre de vue la complexité de l’interdépendance de la raison et de l’action constitue une mission pratiquement impossible. Pour cette raison, c’est-à-dire pour obtenir une plus grande précision descriptive de l’activité économique, les économistes de l’École autrichienne s’en tiennent à la praxéologie. Pour eux, l’usage des mathématiques en économie est inapproprié, c’est-à-dire qu’elles ne constituent pas le bon outil pour la décrire.
Lorsqu’on évoque les mathématiques on pense rapidement aux statistiques, car les deux renvoient à des chiffres. Si les «autrichiens» se méfient des mathématiques comme outil adéquat pour décrire l’action humaine, ils se méfient des statistiques parce que plusieurs d’entre elles ne se ramènent pas aux actions individuelles qui constituent le socle à partir duquel on doit étudier celles-ci. Par exemple, l’augmentation des dépenses gouvernementales peut aller à l’encontre des désirs de la majorité tout en augmentant le produit intérieur brut. Cela ne signifie pas que les gouvernants savent mieux que les individus ce qui est bon pour eux, mais plutôt qu’il faille se méfier des statistiques qui ne renvoient pas aux choix individuels.
Praxéologie, histoire et politique
On a décrit la praxéologie en tant que science et méthode, mais comment se distingue-t-elle des autres sciences de l’action? L’histoire est également une science de l’action, mais elle ne cherche aucunement à prédire celle-ci. Au contraire, elle tente de clarifier le passé. Pour ce faire elle doit utiliser le jugement, car les faits historiques sont singuliers, c’est-à-dire qu’on n’en tire pas de constante, à la différence de la praxéologie. Toutefois, pour obtenir un bon jugement encore faut-il connaître les rudiments de la science dont on cherche à conter l’histoire. Or, considérant que la science économique est entendue différemment selon qu’on la regarde ou non du point de vue autrichien, le jugement de l’historien peut-être mis à rude épreuve.
La praxéologie se distingue aussi du politique dans la mesure où ses lois (de la demande, de l’offre, de l’échange, de la préférence, de l’utilité marginale, etc.) se distinguent des lois normatives que l’on retrouve en politique, droit et éthique. Les lois économiques et politiques constituent des contraintes, mais seules ces dernières sont de nature prescriptives. Le politique permet ou interdit, tandis que les lois économiques constituent plutôt des contraintes au sens des lois naturelles. Lorsqu’on dit qu’une augmentation de prix conduit à une baisse de la demande, toutes choses étant égales par ailleurs, on signale une contrainte à la hausse de cette demande. Encore une fois, les lois économiques ne prétendent pas à autant de précision que les lois de la nature inanimée, mais elles servent néanmoins à prédire des phénomènes.
Lorsqu’on dit que toute action humaine est une tentative d’améliorer son sort, on ne garantit pas le résultat, mais on connaît le but. De même, lorsqu’on dit que la production précède la consommation, on ne précise pas quand il y aura production, mais on sait qu’il ne peut pas y avoir de consommation sans production préalable. Lorsqu’on évoque la réduction de prix d’un bien économique, toutes choses étant égales par ailleurs, on remarque une augmentation de sa demande dans un délai plus ou moins long, mais on n’a aucun moyen de prédire exactement quand cela arrivera. Ces lois économiques constituent des lois prédictives au même titre que les lois naturelles, à cette exception près que les phénomènes déterminés par elles ne peuvent l’être de manière aussi précise dans le temps.
Les lois économiques, qui agissent également comme contraintes à l’action humaine, ne peuvent pas être contournées, sans conséquence, par le politique. Les politiciens qui en font fi ressentent peut-être un sentiment de puissance, mais parce que ces contraintes sont également des lois, elles finissent toujours par les rattraper. Devant elles l’arrogance ne dure qu’un temps. La praxéologie ne sous-entend pas un marché libre de toute intervention gouvernementale, elle en prédit plutôt les conséquences. Elle explique pourquoi une société libre des interventions gouvernementales tend à enrichir ses citoyens et pourquoi les économistes de l’École autrichienne en sont les plus ardents défenseurs.
L’École autrichienne d’économie délimite son champ d’étude par l’action intentionnelle, c’est-à-dire qui vise un but, tandis que les autres écoles économiques de pensée travaillent plutôt sur les sujets traditionnellement associés à leur science. Non seulement l’objet de recherche de l’École autrichienne est plus précis que ceux déterminés par les autres écoles de pensée, mais son champ d’application est plus vaste. En effet, pour comprendre les forces motrices de l’action humaine on doit aller au-delà des sujets traditionnellement associés à la science économique.
L’action humaine qui vise un but ne peut être appréhendée que par la praxéologie, soit la science de l’action. Malgré son nom obscur la praxéologie n’a rien de sorcier. Dans un premier temps, on peut se contenter de dire qu’il s’agit de la science économique, mais vue sous un angle nouveau. Ce nouvel éclairage provient d’un objet de recherche précis qui exige son propre outil d’analyse. Ainsi, lorsqu’on évoque la praxéologie on n’entend pas seulement la science économique, mais une façon particulière de la concevoir.
L’économiste de l’École autrichienne étudie l’activité économique à l’aide de la logique de l’action, par conséquent sa science contient également sa méthode d’analyse, ce qui n’est pas le cas des autres écoles de pensée. Celles-ci utilisent plutôt des méthodes utilisées par d’autres sciences, notamment la physique et la politique. Par exemple, les Écoles keynésienne et monétariste utilisent une forme atténuée du positivisme qui, à son tour, a été fortement influencé par les découvertes de la physique au début du 20e siècle.
Les économistes de ces Écoles testent des hypothèses, c’est-à-dire qu’ils vérifient si elles résultent en des prédictions de phénomènes non encore observés. S’ils croient, par exemple, que les dépenses des consommateurs sont déterminées par leurs revenus disponibles, alors ils tentent de valider cette hypothèse par des méthodes statistiques. Si les résultats sont probants, ils utiliseront ce modèle pour évaluer les dépenses futures des consommateurs. Dans le cas contraire, ils modifieront les variables explicatives pour tester de nouveau le modèle et si cela ne fonctionne toujours pas, ils le remplaceront.
Comme l’écrit Frank Shostak, dans «Donner un sens aux indices économiques», la nature approximative de ces hypothèses implique que les économistes ne peuvent même pas être sûrs de la loi de l'offre et de la demande. En effet, bien que l'on accepte qu'une augmentation de l'offre d'un bien, pour une demande donnée, diminue son prix, il n'en sera pas toujours ainsi; on relate des exemples où le prix d'un bien augmente. Il s’ensuit qu’on est condamné à l'incertitude en ce qui a trait au monde réel. Puisqu'il est impossible, selon cette méthode, d'établir comment les choses fonctionnent réellement, alors la nature des hypothèses qui sous-tendent un modèle théorique importe peu. Selon Milton Friedman, prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d’Alfred Nobel en 1976 :
«La question pertinente à demander à propos des postulats d'une théorie n'est pas de savoir s'ils décrivent bien la réalité, car ils n'y arrivent jamais. Ce qui importe est de savoir s'ils constituent de bonnes approximations. Cette question n'a de réponse qu'en évaluant si la théorie fonctionne, c'est-à-dire si les prédictions qui en résultent sont suffisamment précises.» Essays in Positive Economics, 1953, p.15
Les économistes de l’École autrichienne rejettent cette façon de procéder, car elle ne permet pas d’expliquer pourquoi il y a activité économique. Celle-ci implique notamment le désir d’améliorer son sort, la réflexion, l’échange et le choix. Les individus évaluent les ressources à leur disposition pour arriver à leurs fins et s’ils les considèrent suffisantes, ils tenteront d’améliorer leur sort par l’échange. La praxéologie part du constat que l’homme agit dans le but d’améliorer son sort pour ensuite en déduire les implications. À l’instar de la physique, la praxéologie permet de prédire des phénomènes, mais pas de manière aussi précise dans le temps. Cette différence est attribuable uniquement aux objets de recherche de l’une et l’autre science. L’action humaine n’est pas aussi prévisible que les objets inanimés étudiés par la physique.
«L’économie», dit Ludwig von Mises, «peut prédire les effets attendus d'un recours à des politiques économiques. Elle peut répondre à la question de savoir si une mesure est apte à atteindre les fins visées et dans la négative, de définir ce que seront les effets réels. Toutefois, bien évidemment, cette prédiction ne peut être que qualitative.» The Ultimate Foundation of Economic Science
Il n’est donc pas question ici de logique formelle ou abstraite sans aucun lien à la réalité, mais de déduction logique basée sur le fait que les hommes agissent d’après des objectifs. Les propositions qui découlent de ce constat ne sont pas directement observables, mais le résultat de la réflexion. Lorsqu’on vise un but, il y a risque d’échec, ce processus exige du temps et des ressources et celles-ci sont rares, etc. Chacune de ces propositions découlent du postulat que l’homme agit pour atteindre un objectif et parce qu’elles découlent de cet axiome, elles sont nécessairement vraies.
Essayer de traduire ces propositions en axiomes mathématiques sans perdre de vue la complexité de l’interdépendance de la raison et de l’action constitue une mission pratiquement impossible. Pour cette raison, c’est-à-dire pour obtenir une plus grande précision descriptive de l’activité économique, les économistes de l’École autrichienne s’en tiennent à la praxéologie. Pour eux, l’usage des mathématiques en économie est inapproprié, c’est-à-dire qu’elles ne constituent pas le bon outil pour la décrire.
Lorsqu’on évoque les mathématiques on pense rapidement aux statistiques, car les deux renvoient à des chiffres. Si les «autrichiens» se méfient des mathématiques comme outil adéquat pour décrire l’action humaine, ils se méfient des statistiques parce que plusieurs d’entre elles ne se ramènent pas aux actions individuelles qui constituent le socle à partir duquel on doit étudier celles-ci. Par exemple, l’augmentation des dépenses gouvernementales peut aller à l’encontre des désirs de la majorité tout en augmentant le produit intérieur brut. Cela ne signifie pas que les gouvernants savent mieux que les individus ce qui est bon pour eux, mais plutôt qu’il faille se méfier des statistiques qui ne renvoient pas aux choix individuels.
Praxéologie, histoire et politique
On a décrit la praxéologie en tant que science et méthode, mais comment se distingue-t-elle des autres sciences de l’action? L’histoire est également une science de l’action, mais elle ne cherche aucunement à prédire celle-ci. Au contraire, elle tente de clarifier le passé. Pour ce faire elle doit utiliser le jugement, car les faits historiques sont singuliers, c’est-à-dire qu’on n’en tire pas de constante, à la différence de la praxéologie. Toutefois, pour obtenir un bon jugement encore faut-il connaître les rudiments de la science dont on cherche à conter l’histoire. Or, considérant que la science économique est entendue différemment selon qu’on la regarde ou non du point de vue autrichien, le jugement de l’historien peut-être mis à rude épreuve.
La praxéologie se distingue aussi du politique dans la mesure où ses lois (de la demande, de l’offre, de l’échange, de la préférence, de l’utilité marginale, etc.) se distinguent des lois normatives que l’on retrouve en politique, droit et éthique. Les lois économiques et politiques constituent des contraintes, mais seules ces dernières sont de nature prescriptives. Le politique permet ou interdit, tandis que les lois économiques constituent plutôt des contraintes au sens des lois naturelles. Lorsqu’on dit qu’une augmentation de prix conduit à une baisse de la demande, toutes choses étant égales par ailleurs, on signale une contrainte à la hausse de cette demande. Encore une fois, les lois économiques ne prétendent pas à autant de précision que les lois de la nature inanimée, mais elles servent néanmoins à prédire des phénomènes.
Lorsqu’on dit que toute action humaine est une tentative d’améliorer son sort, on ne garantit pas le résultat, mais on connaît le but. De même, lorsqu’on dit que la production précède la consommation, on ne précise pas quand il y aura production, mais on sait qu’il ne peut pas y avoir de consommation sans production préalable. Lorsqu’on évoque la réduction de prix d’un bien économique, toutes choses étant égales par ailleurs, on remarque une augmentation de sa demande dans un délai plus ou moins long, mais on n’a aucun moyen de prédire exactement quand cela arrivera. Ces lois économiques constituent des lois prédictives au même titre que les lois naturelles, à cette exception près que les phénomènes déterminés par elles ne peuvent l’être de manière aussi précise dans le temps.
Les lois économiques, qui agissent également comme contraintes à l’action humaine, ne peuvent pas être contournées, sans conséquence, par le politique. Les politiciens qui en font fi ressentent peut-être un sentiment de puissance, mais parce que ces contraintes sont également des lois, elles finissent toujours par les rattraper. Devant elles l’arrogance ne dure qu’un temps. La praxéologie ne sous-entend pas un marché libre de toute intervention gouvernementale, elle en prédit plutôt les conséquences. Elle explique pourquoi une société libre des interventions gouvernementales tend à enrichir ses citoyens et pourquoi les économistes de l’École autrichienne en sont les plus ardents défenseurs.
La réflexion du jour
La politique de rémunération est un outil qui peut améliorer la qualité de l'éducation en valorisant l'excellence chez les enseignants. --- Germain Belzile, directeur de la recherche à l'Institut économique de Montréal (IEDM)
Le chiffre du jour : 67 %
En effet, les deux tiers (67 %) des Québécois sont d'avis que la rémunération des enseignants devrait tenir compte de leur rendement. En d'autres mots, les enseignants obtenant les meilleurs résultats devraient être récompensés par un salaire global supérieur à celui de leurs collègues moins performants. Pour les enseignants qui sont jugés incompétents, c'est sans surprise qu'on constate que 9 Québécois sur 10 exigent qu'ils soient congédiés.
18 septembre, 2011
La réflexion du jour
Il semble que la SRC a construit un empire en soi en ce qui concerne les dépenses du gouvernement fédéral. À qui sont-ils redevables? Ils sont redevables envers nous en fin de compte, mais ils ne le démontrent pas. --- Stephen Taylor, National Citizens Coalition
Le chiffre du jour : 1,1 G $
La plupart des Canadiens ne savent pas que CBC/Radio-Canada reçoit 1,1 milliard $ annuellement du gouvernement fédéral et la majorité estime que c’est beaucoup trop, selon un sondage réalisé par Abacus Data.
17 septembre, 2011
La réflexion du jour
«On demande beaucoup d’informations à nos PME québécoises et canadiennes, et des fois, les ministères ne se parlent pas, a-t-il précisé lors d’un entretien téléphonique. Un ministère va demander de l’information et, quelques semaines plus tard, un autre ministère va demander la même information. Il n’y a pas de cohérence entre les divers ministères. On a eu des exemples où dans la même année, le gouvernement fédéral a demandé sept fois la même information aux gens d’affaires.» --- Maxime Bernier, ministre d’État à la Petite entreprise et au Tourisme
Le chiffre du jour : 2300
La Commission sur la réduction de la paperasse a identifié 2300 mesures fédérales qui offensent au plus haut point les entreprises canadiennes et québécoises, a mentionné mardi le ministre d’État à la Petite entreprise et au Tourisme, Maxime Bernier.
16 septembre, 2011
Jean Charest, disciple de Michaël
Les enquêteurs de l’Unité permanente anticorruption (UPAC) doivent se soumettre aux examens de la fonction publique. Or, il n’en fallait pas plus pour que plusieurs enquêteurs, probablement parmi les meilleurs, quittent cette maison de fous qu’est devenue la bureaucratie gouvernementale.
Jean Charest et ses ministres plaident depuis trois ans qu’il faut laisser la police faire son travail. Ils prétendent qu’il est préférable de mettre les bandits derrière les barreaux plutôt que de faire un spectacle médiatique comme le réclame les Québécois, à l’exception bien entendu de Jean Charest et des députés et ministres du PLQ.
L’UPAC a été créé dans le seul but de faire taire les critiques dénonçant le refus systématique du PLQ de créer une commission d’enquête publique sur la corruption dans l’industrie de la construction et les liens présumés qui existent entre le financement du PLQ et les membres de l’industrie.
Or, que s’est-il passé depuis trois ans? Rien ou presque.
Par contre, tous les trucs imaginables sont utilisés pour neutraliser les efforts de l’UPAC :
• D'abord, on accuse faussement monsieur Duchesneau qui doit se retirer temporairement comme responsable de l’unité d’enquête au MTQ;
• Ensuite, on fait tout pour envenimer les relations de travail des procureurs de la couronne sachant très bien qu’ils représentent un maillon essentiel au succès des enquêtes policières;
• Enfin, on utilise une formalité administrative pour écoeurer les enquêteurs.
Devant une telle suite d’évènements, on est en droit de se demander, comme le député péquiste Stephane Bergeron, qui a intérêt à saboter tout le processus d’enquête.
En définitive, n’était-ce pas là le côté machiavélique du plan Charest? Il n’était pas sans savoir qu’il serait beaucoup plus facile d’enrayer le processus d’enquête policière que celui d’une enquête publique indépendante.
Oui, je sais c’est un procès d’intention, mais que voulez-vous je fais parti des 92 % de la population qui ne font plus confiance aux politiciens.
Jean Charest et ses ministres plaident depuis trois ans qu’il faut laisser la police faire son travail. Ils prétendent qu’il est préférable de mettre les bandits derrière les barreaux plutôt que de faire un spectacle médiatique comme le réclame les Québécois, à l’exception bien entendu de Jean Charest et des députés et ministres du PLQ.
L’UPAC a été créé dans le seul but de faire taire les critiques dénonçant le refus systématique du PLQ de créer une commission d’enquête publique sur la corruption dans l’industrie de la construction et les liens présumés qui existent entre le financement du PLQ et les membres de l’industrie.
Or, que s’est-il passé depuis trois ans? Rien ou presque.
Par contre, tous les trucs imaginables sont utilisés pour neutraliser les efforts de l’UPAC :
• D'abord, on accuse faussement monsieur Duchesneau qui doit se retirer temporairement comme responsable de l’unité d’enquête au MTQ;
• Ensuite, on fait tout pour envenimer les relations de travail des procureurs de la couronne sachant très bien qu’ils représentent un maillon essentiel au succès des enquêtes policières;
• Enfin, on utilise une formalité administrative pour écoeurer les enquêteurs.
Devant une telle suite d’évènements, on est en droit de se demander, comme le député péquiste Stephane Bergeron, qui a intérêt à saboter tout le processus d’enquête.
En définitive, n’était-ce pas là le côté machiavélique du plan Charest? Il n’était pas sans savoir qu’il serait beaucoup plus facile d’enrayer le processus d’enquête policière que celui d’une enquête publique indépendante.
Oui, je sais c’est un procès d’intention, mais que voulez-vous je fais parti des 92 % de la population qui ne font plus confiance aux politiciens.
La réflexion du jour
Qui a peur de François Legault? Ses volontés de réformes demeurent timides, et risquent peu de changer, à terme, la direction qu’emprunte le Québec. Si le chef libéral essaie de dépeindre Legault en épouvantail devant les médias, ce n’est pas pour nous protéger. C’est pour se protéger lui-même, et la réélection de son parti. --- David Descôteaux
Le chiffre du jour : 19,5 %
Pour maintenir le statu quo (couper nulle part), il va falloir payer une TVQ à 19,5 %! Le message était clair : réveillez-vous! Cessez de vivre au-dessus de vos moyens, ou vous le payerez cher plus tard.
15 septembre, 2011
Taxer les boissons gazeuses, une source inépuisable de revenus
La Coalition québécoise sur la problématique de l’obésité demande au gouvernement de taxer les boissons gazeuses.
Cette initiative est la dernière d’une longue liste d’interventions dont le seul but est d’imposer des nouvelles taxes sous le couvert d’une bonne intention.
Mais pourquoi s’arrêter aux boissons gazeuses? Pourquoi ne pas taxer les frites, la poutine, le foie gras, la crème glacée, les biscuits, le lait entier, etc.
Le ministre Bachand doit jubiler, car le concept promet une nouvelle source inépuisable de taxation. Si Mazarin avait vécu au Québec il aurait été fier du gouvernement Charest.
Cette anecdote est un excellent exemple du phénomène suivant : le gouvernement finance des groupes d’intérêts, en guise de retour d’ascenseur ceux-ci réclament plus d’intervention de l’État ce qui justifie de nouveaux impôts et taxes.
C’est un concept gagnant-gagnant. Les uns profitent des subventions publiques, les autres obtiennent de nouvelles sources de revenus et s’imposent toujours plus avant dans la vie des gens.
Les grands perdants sont les contribuables-consommateurs qui paient des taxes et des impôts pour financer les subventions des groupes d’intérêt et l’embauche des bureaucrates qui se chargeront de leur pourrir la vie.
Cette initiative est la dernière d’une longue liste d’interventions dont le seul but est d’imposer des nouvelles taxes sous le couvert d’une bonne intention.
Mais pourquoi s’arrêter aux boissons gazeuses? Pourquoi ne pas taxer les frites, la poutine, le foie gras, la crème glacée, les biscuits, le lait entier, etc.
Le ministre Bachand doit jubiler, car le concept promet une nouvelle source inépuisable de taxation. Si Mazarin avait vécu au Québec il aurait été fier du gouvernement Charest.
Cette anecdote est un excellent exemple du phénomène suivant : le gouvernement finance des groupes d’intérêts, en guise de retour d’ascenseur ceux-ci réclament plus d’intervention de l’État ce qui justifie de nouveaux impôts et taxes.
C’est un concept gagnant-gagnant. Les uns profitent des subventions publiques, les autres obtiennent de nouvelles sources de revenus et s’imposent toujours plus avant dans la vie des gens.
Les grands perdants sont les contribuables-consommateurs qui paient des taxes et des impôts pour financer les subventions des groupes d’intérêt et l’embauche des bureaucrates qui se chargeront de leur pourrir la vie.
La réflexion du jour
Au lieu de taxer les boissons sucrées, pourquoi ne pas baisser le prix du lait? Ça aiderait les familles à faible revenu. Les politiciens ont-ils trop peur du lobby agricole? --- David Descôteaux
Le chiffre du jour : 14 %
Nous payons 14 % (ndlr : 15 % à compter du 1 janvier 2012) de taxes sur notre canette de Coke. Personne ne va arrêter d’en boire à cause de 2 ou 3 cents de plus. Dans le fond, le gouvernement viendrait seulement siphonner une nouvelle taxe, en se couvrant de bonnes intentions. Au lieu de prendre ses responsabilités et de gérer son budget de façon responsable.
14 septembre, 2011
Le baromètre des professions 2011
L’édition 2011 du Baromètre des professions de Léger Marketing confirme l’impopularité des politiciens.
Dans le premier décile du Baromètre nous retrouvons les pompiers (97 %), les ambulanciers (93 %) et les infirmières et infirmiers (91 %).
C’est sans surprise que nous retrouvons les vendeurs d’automobiles usagers (7 %), les politiciens (8 %) et les lobbyistes (9 %), dans le dernier décile.
À quoi peut-on attribuer, année après année, l’impopularité des politiciens?
Les arguments pour l’expliquer sont légion :
• La langue de bois;
• Le cirque de la période des questions à l’Assemblée nationale;
• L’opposition à tout ce que l’autre propose;
• L’asservissement aux groupes d’intérêt;
• L’affirmation d’une chose tout en croyant son contraire;
• Etc.
Dans le premier décile du Baromètre nous retrouvons les pompiers (97 %), les ambulanciers (93 %) et les infirmières et infirmiers (91 %).
C’est sans surprise que nous retrouvons les vendeurs d’automobiles usagers (7 %), les politiciens (8 %) et les lobbyistes (9 %), dans le dernier décile.
À quoi peut-on attribuer, année après année, l’impopularité des politiciens?
Les arguments pour l’expliquer sont légion :
• La langue de bois;
• Le cirque de la période des questions à l’Assemblée nationale;
• L’opposition à tout ce que l’autre propose;
• L’asservissement aux groupes d’intérêt;
• L’affirmation d’une chose tout en croyant son contraire;
• Etc.
La réflexion du jour
Le citoyen du XXIe siècle est écoeuré de crouler sous les structures, les machines et les institutions. Il veut retrouver son autonomie et sa liberté perdues.
De deux choses l'une : ou les syndicats prendront le virage nécessaire. Ou ils s'écrouleront... --- Richard Martineau
(NDLR : Ça ne risque pas d'arriver tant que les gouvernements seront à la solde des groupes d'intérêt, c'est-à-dire avant très, très longtemps!)
De deux choses l'une : ou les syndicats prendront le virage nécessaire. Ou ils s'écrouleront... --- Richard Martineau
(NDLR : Ça ne risque pas d'arriver tant que les gouvernements seront à la solde des groupes d'intérêt, c'est-à-dire avant très, très longtemps!)
Le chiffre du jour : 85 %
Selon le sondage de l'association Infotravail que nous publions aujourd'hui (ndlr : 5 septembre 2011), 85 % des travailleurs non syndiqués ne sont pas intéressés à le devenir, 54,4 % de ceux qui sont syndiqués affirment qu'ils préféreraient ne pas l'être s'ils en avaient le choix.
13 septembre, 2011
Programme de la CAQ, un retour aux années soixante
Pour un parti qui aspire à remettre le Québec en marche, le programme de la Coalition pour l’avenir du Québec semble bien timide.
En santé et en éducation, il propose de dégraisser la bureaucratie et de responsabiliser les gestionnaires et les professionnels qui agissent auprès de la population qu’ils desservent. C’est un pas dans la bonne direction, mais c'est certainement insuffisant pour contrôler l’appétit insatiable de ces deux monopoles. Toutefois, donnons la chance au coureur en espérant que la décentralisation fournira suffisamment de munitions pour motiver le parti à passer à la phase suivante : la concurrence.
C’est dans les domaines de l’économie et de la culture que le programme de la CAQ déçoit. Il propose de faire appel à l’État pour favoriser le développement d’une économie qu’il qualifie de propriétaire et de multiplier les interventions en culture.
C’est la recette des années soixante servie à la mode du XXI siècle.
Le problème avec l’interventionnisme étatique est que l’État est une locomotive qui n’a pas de marche arrière. Les politiciens qui la conduisent sont prompts à créer des nouveaux programmes dispendieux pour la faire avancer, mais quand vient le temps de faire marche arrière ils réalisent soudainement que cela n’est plus possible. Alors, ils empruntent, taxent et imposent pour continuer à avancer. Pour s’en convaincre, il suffit de revoir l’histoire des derniers cinquante ans.
L’économie et la culture sont tributaires de l’innovation, alors que l’étatisme est l’antithèse de l’innovation.
Les entrepreneurs sont à l’innovation ce qu’un terreau fertile est au jardin. En économie et en culture, le rôle de l’État consiste donc à créer un environnement où la liberté remplace l’interventionnisme. C’est-à-dire faire le contraire de ce que le programme de la Coalition propose.
En santé et en éducation, il propose de dégraisser la bureaucratie et de responsabiliser les gestionnaires et les professionnels qui agissent auprès de la population qu’ils desservent. C’est un pas dans la bonne direction, mais c'est certainement insuffisant pour contrôler l’appétit insatiable de ces deux monopoles. Toutefois, donnons la chance au coureur en espérant que la décentralisation fournira suffisamment de munitions pour motiver le parti à passer à la phase suivante : la concurrence.
C’est dans les domaines de l’économie et de la culture que le programme de la CAQ déçoit. Il propose de faire appel à l’État pour favoriser le développement d’une économie qu’il qualifie de propriétaire et de multiplier les interventions en culture.
C’est la recette des années soixante servie à la mode du XXI siècle.
Le problème avec l’interventionnisme étatique est que l’État est une locomotive qui n’a pas de marche arrière. Les politiciens qui la conduisent sont prompts à créer des nouveaux programmes dispendieux pour la faire avancer, mais quand vient le temps de faire marche arrière ils réalisent soudainement que cela n’est plus possible. Alors, ils empruntent, taxent et imposent pour continuer à avancer. Pour s’en convaincre, il suffit de revoir l’histoire des derniers cinquante ans.
L’économie et la culture sont tributaires de l’innovation, alors que l’étatisme est l’antithèse de l’innovation.
Les entrepreneurs sont à l’innovation ce qu’un terreau fertile est au jardin. En économie et en culture, le rôle de l’État consiste donc à créer un environnement où la liberté remplace l’interventionnisme. C’est-à-dire faire le contraire de ce que le programme de la Coalition propose.
La réflexion du jour
La proportion d'argent public investie dans la gestion des écoles a continué de croître plus rapidement que les fonds injectés dans les services aux élèves depuis 2005, selon de nouvelles données du Monopole de l'Éducation du Québec. --- Pour une école libre
Le chiffre du jour : 29 % c. 21 %
De 2004-2005 à 2008-2009, selon les dernières données fournies par le Monopole de l'Éducation, les fonds dépensés à des fins administratives pour chaque élève ont grimpé de 29 %. L'enseignement, lui, a vu son enveloppe augmenter de 21 % par élève.En 2008-2009, chaque élève québécois coûtait 517 $ en frais administratifs au réseau. En 2004-2005, ce montant se fixait plutôt à 402 $.
12 septembre, 2011
On n’entre pas au désert avec le goût du chaos
Revue de livre par Louise V Labrecque
Salah Benlabed, De quelques défauts qui font les humain, collection Plume, Éditions La Pleine Lune, 2009
Le réalisme m’ennuie. Il n’a jamais rien ajouté à ce que je possède déjà. Je vais donc plonger de plus en plus profondément dans l’abime irrévocable de la fiction, dont la course au bonheur constitue le premier degré. Comme dans la ville désarticulée de Salah Benlabed « De quelques défauts qui font les humains », je commençais à avoir des doutes, sur le sens qu’avait pris notre rencontre. En effet, dans les vingt récits constituant ce livre, je suis maintenant certaine que l’écrivain n’écrit pas pour s’éloigner des gens, mais au contraire, pour essayer de s’en rapprocher. Le rapport n’est pas banal, tel le poète déclame : « j’ai besoin de toutes sortes de visages pour me connaître », l’auteur nous révèle ici qu’il n’a jamais eu besoin de certitude, que tout est une entreprise à perte, mais que c’est là qu’il veut tout de même travailler : dans une entreprise non littéraire, mais humaine. Nous sommes tous liés, d’après Benlabed. Nos chemins s’entrecroisent, de manière fortuite, nous sommes tous là, dans la ville, à regarder le même soleil, parfois à nous croiser aux coins des rues, regardant passer le même avion dans le ciel, prenant un même taxi, avec, au fond de nous, des rêves et des espoirs identiques… n’est-ce pas étrange que tout cela ? Est-ce la littérature qui nous tient à distance, ou le livre en lui-même qui nous propose une sorte d’énigme ? Et si nous étions tous des personnages vivants ? Mais pour cela, il faudrait être apte à aller faire un détour sur le rapport au lecteur. C’est, en un sens, ce que nous propose l’auteur de ce livre, dans une extrême économie de moyen, pour un maximum d’effets. Ces récits, assez inégaux, m’ont tout de même permis d’accrocher dès la toute première nouvelle : « le couple ». En effet, le dessin artistique de l’expression est audacieux, et du reste dans son écho : « la traîtrise », « le froid », « le malentendu », la naïveté », « le mensonge », « le viol », « le désespoir », « le rêve », « la maladie », « l’orgueil », « la folie », « l’amnésie », « la jalousie », « la guerre », bref, que des choses positives et inspirantes ! Blague à part, j’aurais aimé lire sur : «le renouveau », « l’acceptation », « la découverte », « la complicité », « la durée », « la force », « le courage », « l’espoir », « la chaleur », « la beauté », bref, ce début prometteur, duquel j’ai accroché tout de suite, m’a fait vite déchanter, tant le négativisme est à l’honneur, comme un pathétique fatalisme indécrottable. En effet, ce qui, au départ, réussit à séduire, par un nouveau littéraire riche, fortement sensible et humain, s’étiole ensuite rapidement, allant jusqu’à jeter quelques suspicions sur tout le reste. En somme, au-delà de l’histoire, des nouvelles, du lecteur, des gens, et de la ville (et du pays ?), on assiste au déchirement pénible et sans fin de l’écrivain, qui se torture pour essayer de trouver un peu d’humanisme à la moyenne des gens, dans des lieux publics et des situations exigeantes.
Toutefois, une grâce indéniable traverse ce recueil, par le talent d’écrivain de l’auteur, et je parle ici d’un ton unique, une aptitude naturelle au récit, avec quelques relâchements stylistiques, permettant aux dialogues de devenir de véritables petites scènes de tragédies, tantôt comiques, tantôt dramatiques. En effet, dans la nouvelle, on assiste à un genre littéraire où l’imaginaire fait merveille, avec, souvent, un brin d’esprit potinier, beaucoup d’inventions fabulatrices, le temps de varier les angles de vue, la dose de tendresse, dans l’observation de l’amour en mouvement, dans une humanité enclose, mais qui, néanmoins, console de quelques atrocités, barbaries, et autres histoires inquiétantes. Tout comme la belle femme affranchie souhaite secrètement le mariage et le sérieux dans l’engagement, l’autre humain est épris de compagnonnage et de camaraderie, comme si l’amour n’existait à peu près pas. Malgré toute sa sottise, il pouvait aimer, il savait aimer, mais il ne le voulait pas. La beauté s’en alla donc très vite dans un univers glacé et dur. Ce récit est parfois trop long, certes, et il parle trop. Paradoxalement, c’est aussi cela qui fait sa force. L’auteur l’écrit purement et sans ambage: un seul lieu pour la souffrance. Et c’est le cœur humain. Il aurait pu construire une cathédrale en partant de cette idée. Il a préféré écrire ce recueil. Tout est une question de choix dans la vie. Résultat : me voici avec un livre entre les mains. Je le recommande à tous ! Bonne lecture !
Salah Benlabed, De quelques défauts qui font les humain, collection Plume, Éditions La Pleine Lune, 2009
Le réalisme m’ennuie. Il n’a jamais rien ajouté à ce que je possède déjà. Je vais donc plonger de plus en plus profondément dans l’abime irrévocable de la fiction, dont la course au bonheur constitue le premier degré. Comme dans la ville désarticulée de Salah Benlabed « De quelques défauts qui font les humains », je commençais à avoir des doutes, sur le sens qu’avait pris notre rencontre. En effet, dans les vingt récits constituant ce livre, je suis maintenant certaine que l’écrivain n’écrit pas pour s’éloigner des gens, mais au contraire, pour essayer de s’en rapprocher. Le rapport n’est pas banal, tel le poète déclame : « j’ai besoin de toutes sortes de visages pour me connaître », l’auteur nous révèle ici qu’il n’a jamais eu besoin de certitude, que tout est une entreprise à perte, mais que c’est là qu’il veut tout de même travailler : dans une entreprise non littéraire, mais humaine. Nous sommes tous liés, d’après Benlabed. Nos chemins s’entrecroisent, de manière fortuite, nous sommes tous là, dans la ville, à regarder le même soleil, parfois à nous croiser aux coins des rues, regardant passer le même avion dans le ciel, prenant un même taxi, avec, au fond de nous, des rêves et des espoirs identiques… n’est-ce pas étrange que tout cela ? Est-ce la littérature qui nous tient à distance, ou le livre en lui-même qui nous propose une sorte d’énigme ? Et si nous étions tous des personnages vivants ? Mais pour cela, il faudrait être apte à aller faire un détour sur le rapport au lecteur. C’est, en un sens, ce que nous propose l’auteur de ce livre, dans une extrême économie de moyen, pour un maximum d’effets. Ces récits, assez inégaux, m’ont tout de même permis d’accrocher dès la toute première nouvelle : « le couple ». En effet, le dessin artistique de l’expression est audacieux, et du reste dans son écho : « la traîtrise », « le froid », « le malentendu », la naïveté », « le mensonge », « le viol », « le désespoir », « le rêve », « la maladie », « l’orgueil », « la folie », « l’amnésie », « la jalousie », « la guerre », bref, que des choses positives et inspirantes ! Blague à part, j’aurais aimé lire sur : «le renouveau », « l’acceptation », « la découverte », « la complicité », « la durée », « la force », « le courage », « l’espoir », « la chaleur », « la beauté », bref, ce début prometteur, duquel j’ai accroché tout de suite, m’a fait vite déchanter, tant le négativisme est à l’honneur, comme un pathétique fatalisme indécrottable. En effet, ce qui, au départ, réussit à séduire, par un nouveau littéraire riche, fortement sensible et humain, s’étiole ensuite rapidement, allant jusqu’à jeter quelques suspicions sur tout le reste. En somme, au-delà de l’histoire, des nouvelles, du lecteur, des gens, et de la ville (et du pays ?), on assiste au déchirement pénible et sans fin de l’écrivain, qui se torture pour essayer de trouver un peu d’humanisme à la moyenne des gens, dans des lieux publics et des situations exigeantes.
Toutefois, une grâce indéniable traverse ce recueil, par le talent d’écrivain de l’auteur, et je parle ici d’un ton unique, une aptitude naturelle au récit, avec quelques relâchements stylistiques, permettant aux dialogues de devenir de véritables petites scènes de tragédies, tantôt comiques, tantôt dramatiques. En effet, dans la nouvelle, on assiste à un genre littéraire où l’imaginaire fait merveille, avec, souvent, un brin d’esprit potinier, beaucoup d’inventions fabulatrices, le temps de varier les angles de vue, la dose de tendresse, dans l’observation de l’amour en mouvement, dans une humanité enclose, mais qui, néanmoins, console de quelques atrocités, barbaries, et autres histoires inquiétantes. Tout comme la belle femme affranchie souhaite secrètement le mariage et le sérieux dans l’engagement, l’autre humain est épris de compagnonnage et de camaraderie, comme si l’amour n’existait à peu près pas. Malgré toute sa sottise, il pouvait aimer, il savait aimer, mais il ne le voulait pas. La beauté s’en alla donc très vite dans un univers glacé et dur. Ce récit est parfois trop long, certes, et il parle trop. Paradoxalement, c’est aussi cela qui fait sa force. L’auteur l’écrit purement et sans ambage: un seul lieu pour la souffrance. Et c’est le cœur humain. Il aurait pu construire une cathédrale en partant de cette idée. Il a préféré écrire ce recueil. Tout est une question de choix dans la vie. Résultat : me voici avec un livre entre les mains. Je le recommande à tous ! Bonne lecture !
La réflexion du jour
Mais cette civilisation, où on ne trouve plus que des malades et des... gens en attente de l'être, a acquis la certitude que l'appareil médical est tenu d'opposer un remède à tout malaise.
Et ça fait peut-être l'affaire de tout le monde. Du corps médical, qui préfère certainement en faire plus que moins, question de se couvrir. Du «Big Pharma»: pas besoin d'explications. Du corps politique, qui n'aime rien davantage que de se donner, par des programmes, campagnes et autres interventions, de nouvelles façons de s'insérer dans le moindre interstice de la vie individuelle et collective.--- Mario Roy
Et ça fait peut-être l'affaire de tout le monde. Du corps médical, qui préfère certainement en faire plus que moins, question de se couvrir. Du «Big Pharma»: pas besoin d'explications. Du corps politique, qui n'aime rien davantage que de se donner, par des programmes, campagnes et autres interventions, de nouvelles façons de s'insérer dans le moindre interstice de la vie individuelle et collective.--- Mario Roy
Le chiffre du jour : 4 000
Alors que 1300 Québécoises meurent chaque année du cancer du sein, et 80 du cancer du col de l'utérus, 4000 patients meurent après avoir contracté à l'hôpital une infection nosocomiale!
(NDLR : Pourtant le ministère de la Santé dépense beaucoup plus pour financer des programmes de prévention du cancer du sein et du col de l'utérus que pour éliminer les maladies nosocomiales. Cela ne devrait pas être une surprise. Les programmes de prévention sont politiquement plus rentables que la propreté des hôpitaux.)
(NDLR : Pourtant le ministère de la Santé dépense beaucoup plus pour financer des programmes de prévention du cancer du sein et du col de l'utérus que pour éliminer les maladies nosocomiales. Cela ne devrait pas être une surprise. Les programmes de prévention sont politiquement plus rentables que la propreté des hôpitaux.)
11 septembre, 2011
10 septembre, 2011
Faute de services les aînés seront bien informés
La ministre responsable des Aînés, Marguerite Blais, a annoncé le 18 août dernier, un nouveau programme pour déployer 30 carrefours d’informations aux aînés d’ici 2014.
La Fédération des centres d’actions bénévoles du Québec (FCABQ) aura pour mandat d’intégrer les carrefours. Ils diffuseront de l’information sur les services gouvernementaux offerts aux aînés.
Les CHSLD sont pleins à craquer et les services sont parfois pourris, les aînés doivent passer 24 heures aux urgences pour obtenir une prescription, les lits d’hôpitaux sont remplis d’aînés qui attendent une place en hébergement, mais ils peuvent se consoler puisque la ministre Blais a trouvé LA SOLUTION.
Donc, à compter de 2014, grâce aux carrefours d’informations, les aînés sauront quels services leur sont offerts. Seront-ils disponibles? Ça, c’est une autre question qui relève du ministre de la Santé.
Il fallait y penser. Si les aînés sont mieux informés des services gouvernementaux auxquels ils ont droit, les listes d’attente, les attentes aux urgences et pourquoi pas, les problèmes de santé disparaîtront comme par magie.
Malheureusement, cette anecdote est représentative de l’ineptie de ce gouvernement. Pourquoi travailler à résoudre les vrais problèmes puisqu’il suffit d’être à l’écoute des groupes d’intérêt (dans ce cas particulier la FCABQ) et de leur lancer un bonbon de temps à autre pour assurer la réélection du parti au pouvoir.
Tant et aussi longtemps qu’il sera politiquement plus avantageux d’écouter les groupes d’intérêt plutôt que la population, les nombreux problèmes (santé, éducation, dette, infrastructures, etc.) qui affligent le Québec vont empirer.
Il n’y a pas de solution simple à ce dilemme. L’État providence déresponsabilise les individus et manipule les groupes d’intérêt qui prétendent les représenté, pour mieux orienter l’opinion des électeurs. Ceux-ci, ayant perdu tout sens critique, votent pour les politiciens qui leur promettent l’impossible.
Les politiciens sont les mieux placés pour briser ce cercle vicieux, mais ils n’ont aucun intérêt à le faire. Il ne reste que les médias sociaux et quelques organismes comme le Réseau Liberté Québec pour redonner aux citoyens un minimum de sens critique en espérant qu’un jour une nouvelle génération de politiciens, voués au bien-être de leurs concitoyens, prendra enfin le pouvoir.
La Fédération des centres d’actions bénévoles du Québec (FCABQ) aura pour mandat d’intégrer les carrefours. Ils diffuseront de l’information sur les services gouvernementaux offerts aux aînés.
Les CHSLD sont pleins à craquer et les services sont parfois pourris, les aînés doivent passer 24 heures aux urgences pour obtenir une prescription, les lits d’hôpitaux sont remplis d’aînés qui attendent une place en hébergement, mais ils peuvent se consoler puisque la ministre Blais a trouvé LA SOLUTION.
Donc, à compter de 2014, grâce aux carrefours d’informations, les aînés sauront quels services leur sont offerts. Seront-ils disponibles? Ça, c’est une autre question qui relève du ministre de la Santé.
Il fallait y penser. Si les aînés sont mieux informés des services gouvernementaux auxquels ils ont droit, les listes d’attente, les attentes aux urgences et pourquoi pas, les problèmes de santé disparaîtront comme par magie.
Malheureusement, cette anecdote est représentative de l’ineptie de ce gouvernement. Pourquoi travailler à résoudre les vrais problèmes puisqu’il suffit d’être à l’écoute des groupes d’intérêt (dans ce cas particulier la FCABQ) et de leur lancer un bonbon de temps à autre pour assurer la réélection du parti au pouvoir.
Tant et aussi longtemps qu’il sera politiquement plus avantageux d’écouter les groupes d’intérêt plutôt que la population, les nombreux problèmes (santé, éducation, dette, infrastructures, etc.) qui affligent le Québec vont empirer.
Il n’y a pas de solution simple à ce dilemme. L’État providence déresponsabilise les individus et manipule les groupes d’intérêt qui prétendent les représenté, pour mieux orienter l’opinion des électeurs. Ceux-ci, ayant perdu tout sens critique, votent pour les politiciens qui leur promettent l’impossible.
Les politiciens sont les mieux placés pour briser ce cercle vicieux, mais ils n’ont aucun intérêt à le faire. Il ne reste que les médias sociaux et quelques organismes comme le Réseau Liberté Québec pour redonner aux citoyens un minimum de sens critique en espérant qu’un jour une nouvelle génération de politiciens, voués au bien-être de leurs concitoyens, prendra enfin le pouvoir.
La réflexion du jour
Non, ce qui me frappe dans cette étude (ndlr : rapport du CPQ sur la performance économique du Québec) c’est la disproportion entre les efforts entrepris et les résultats. Trop souvent, le Québec met le paquet pour corriger ou rétablir une situation, mais les résultats ne suivent pas. Pour régler un problème, nos dirigeants croient qu’il suffit de mettre de l’argent et de créer un organisme… ou plus. --- Pierre Duhamel
Le chiffre du jour : 555 M $
L’« intensité entrepreneuriale » est plus faible au Québec qu’ailleurs parce qu’il y a beaucoup moins de propriétaires d’entreprises et d’entreprises proportionnellement à la population. Pourtant, le Québec a consacré 555 millions de dollars en 2009 au développement de l’entreprenariat et on compte plus de 1000 organismes dédiés à leur bonheur.
09 septembre, 2011
Comment mettre un terme aux sauvetages financiers ?
Revue de livre par Mathieu Bédard
Ending Government Bailouts As We Know Them, édité par Kenneth E. Scott, George P. Schultz et John B. Taylor, paru chez Hoover Institution Press, Stanford
Le 1er septembre 2010 – La crise financière de 2008 est avant tout une crise de l’aléa moral. Ce n’est pas l’avis d’une poignée d’économistes hétérodoxes, mais de certains des plus grands économistes contemporains réunis en décembre 2009 lors d’un colloque organisé par la Hoover Institution. Les articles proposés lors de cette conférence sont devenus les chapitres de Ending Government Bailouts As We Know Them, édité par Kenneth E. Scott, George P. Schultz et John B. Taylor, paru chez Hoover Institution Press, Stanford.
En effet, c’est parce que certaines autorités financières craignent que la faillite des grandes banques entraîne de graves conséquences économique et politique qu’elles volent à leur secours dès que le spectre de la faillite est évoqué. Le problème des sauvetages financiers, au-delà de leurs coûts immenses pour le contribuable, est qu’ils incitent les investisseurs à être moins prudents, sachant qu’ils seront secourus si les choses tournent mal. L’autre alternative, explorée par ce recueil de textes, est de rendre la défaillance de ces grandes banques plus facile à supporter, à la fois politiquement et économiquement.
Après avoir établi le constat qu’on en sait très peu sur les risques liés à la faillite de grandes banques, et que nous n’arrivons même pas à établir une définition raisonnable de ce qu’est une grande banque (John B. Taylor), l’ouvrage explore le dédale des procédures actuellement en place pour éviter que la contagion financière ne gangrène le système financier (Kimberly Anne Summe).
Il y a en fait deux grands types de solutions pour rendre la faillite des grandes banques plus tolérable : les solutions à adopter maintenant pour tenter de mitiger le risque que les faillites ne posent problème, et les solutions proposant des manières alternatives de traiter la faillite des grandes banques, générant moins de retombées négatives sur le système financier. Il est donc exploré des mécanismes cherchant à éviter l’insolvabilité des banques, injectant « automatiquement » des capitaux dans les banques lorsqu’elles passent sous un seuil critique (Darrel Duffie). l’ouvrage examine aussi le principe de forcer les grandes banques à tenir à jour des plans de fermeture détaillés, dont le but express est de limiter les effets négatifs sur les autres banques (Richard J. Herring, Joseph A. Grundfest).
Le recueil étudie ensuite les deux alternatives actuellement en place pour traiter les banques insolvables ; la mise sous tutelle par l’autorité américaine assurant les déposants (William F. Kroener III d’une part, et Thomas M. Hoenig, Charles S. Morris et Kenneth Spong de l’autre) ou la faillite plus traditionnelle du Chapter 11 (Thomas H. Jackson). L’enjeu est de savoir si l’on a plus confiance en une bureaucratie avec des ressources quasi illimitées, ou en l’expérience et la sagesse des négociations menées par le tribunal de faillite.
S’il s’agit bien là de la crème de la recherche économique sur ce qui est maintenant très largement connu sous le nom de risque systémique, le lecteur ne pourra s’empêcher de remarquer que non seulement on connaît très peu de choses sur cette menace, mais qu’aucun exemple historique ou fait ne laisse penser que le risque systémique, tel que défini dans le livre, capable de bloquer la tuyauterie de l’économie n’existe réellement. Et même si c’était le cas, presque toutes les mesures proposées pour atténuer les effets négatifs des faillites de grandes banques sont dépendantes à la fois d’une mesure et d’une définition du risque systémique que l’on ne possède pas, mais de mécanismes déclencheurs qui sont fort peu susceptibles de se réaliser au moment où on en a le plus besoin (du fait du délai dans l’inscription comptable des pertes).
Somme toute, Ending Government Bailouts As We Know Them est un coup d’œil rapide sur des débats scientifiques qui ne sont pas réglés et pour lesquels des réponses faciles et évidentes n’existent pas, et donc un excellent rappel que la science économique est la science de l’humilité devant des institutions économiques complexes.
Mathieu Bédard est analyste pour UnMondeLibre.org.
Ending Government Bailouts As We Know Them, édité par Kenneth E. Scott, George P. Schultz et John B. Taylor, paru chez Hoover Institution Press, Stanford
Le 1er septembre 2010 – La crise financière de 2008 est avant tout une crise de l’aléa moral. Ce n’est pas l’avis d’une poignée d’économistes hétérodoxes, mais de certains des plus grands économistes contemporains réunis en décembre 2009 lors d’un colloque organisé par la Hoover Institution. Les articles proposés lors de cette conférence sont devenus les chapitres de Ending Government Bailouts As We Know Them, édité par Kenneth E. Scott, George P. Schultz et John B. Taylor, paru chez Hoover Institution Press, Stanford.
En effet, c’est parce que certaines autorités financières craignent que la faillite des grandes banques entraîne de graves conséquences économique et politique qu’elles volent à leur secours dès que le spectre de la faillite est évoqué. Le problème des sauvetages financiers, au-delà de leurs coûts immenses pour le contribuable, est qu’ils incitent les investisseurs à être moins prudents, sachant qu’ils seront secourus si les choses tournent mal. L’autre alternative, explorée par ce recueil de textes, est de rendre la défaillance de ces grandes banques plus facile à supporter, à la fois politiquement et économiquement.
Après avoir établi le constat qu’on en sait très peu sur les risques liés à la faillite de grandes banques, et que nous n’arrivons même pas à établir une définition raisonnable de ce qu’est une grande banque (John B. Taylor), l’ouvrage explore le dédale des procédures actuellement en place pour éviter que la contagion financière ne gangrène le système financier (Kimberly Anne Summe).
Il y a en fait deux grands types de solutions pour rendre la faillite des grandes banques plus tolérable : les solutions à adopter maintenant pour tenter de mitiger le risque que les faillites ne posent problème, et les solutions proposant des manières alternatives de traiter la faillite des grandes banques, générant moins de retombées négatives sur le système financier. Il est donc exploré des mécanismes cherchant à éviter l’insolvabilité des banques, injectant « automatiquement » des capitaux dans les banques lorsqu’elles passent sous un seuil critique (Darrel Duffie). l’ouvrage examine aussi le principe de forcer les grandes banques à tenir à jour des plans de fermeture détaillés, dont le but express est de limiter les effets négatifs sur les autres banques (Richard J. Herring, Joseph A. Grundfest).
Le recueil étudie ensuite les deux alternatives actuellement en place pour traiter les banques insolvables ; la mise sous tutelle par l’autorité américaine assurant les déposants (William F. Kroener III d’une part, et Thomas M. Hoenig, Charles S. Morris et Kenneth Spong de l’autre) ou la faillite plus traditionnelle du Chapter 11 (Thomas H. Jackson). L’enjeu est de savoir si l’on a plus confiance en une bureaucratie avec des ressources quasi illimitées, ou en l’expérience et la sagesse des négociations menées par le tribunal de faillite.
S’il s’agit bien là de la crème de la recherche économique sur ce qui est maintenant très largement connu sous le nom de risque systémique, le lecteur ne pourra s’empêcher de remarquer que non seulement on connaît très peu de choses sur cette menace, mais qu’aucun exemple historique ou fait ne laisse penser que le risque systémique, tel que défini dans le livre, capable de bloquer la tuyauterie de l’économie n’existe réellement. Et même si c’était le cas, presque toutes les mesures proposées pour atténuer les effets négatifs des faillites de grandes banques sont dépendantes à la fois d’une mesure et d’une définition du risque systémique que l’on ne possède pas, mais de mécanismes déclencheurs qui sont fort peu susceptibles de se réaliser au moment où on en a le plus besoin (du fait du délai dans l’inscription comptable des pertes).
Somme toute, Ending Government Bailouts As We Know Them est un coup d’œil rapide sur des débats scientifiques qui ne sont pas réglés et pour lesquels des réponses faciles et évidentes n’existent pas, et donc un excellent rappel que la science économique est la science de l’humilité devant des institutions économiques complexes.
Mathieu Bédard est analyste pour UnMondeLibre.org.
La réflexion du jour
Il n’est pas surprenant de voir ce secteur (ndlr : les énergies vertes) connaître des difficultés. D’abord, les attentes étaient trop élevées pour cette industrie naissante et avec peu d’historique de performance. De plus, la plupart des entreprises de ce grand secteur avaient et ont encore des modèles d’affaires qui n’ont pas fait leur preuve. --- Bernard Mooney
(NDLR : Alors que le marché a reconnu depuis longtemps que la religion écologique est une arnaque, le PLQ fonce tête baissée et dilapide l'argent des contribuables pour financer des projets tout aussi farfelus qu'inutiles.)
(NDLR : Alors que le marché a reconnu depuis longtemps que la religion écologique est une arnaque, le PLQ fonce tête baissée et dilapide l'argent des contribuables pour financer des projets tout aussi farfelus qu'inutiles.)
Le chiffre du jour : 60 %
Dans le secteur solaire, un leader comme First Solar a vu son titre fondre, passant de plus de 300 $ US en avril 2008 à moins de 90 $ US récemment. C’est une perte de plus de 60% de sa valeur même si ses bénéfices ont doublé pendant la période. Au sommet de sa popularité, le titre se vendait plus de 70 fois ses profits.
08 septembre, 2011
La réflexion du jour
Il y a quelque chose, au Québec, qui nuit à l’entreprenariat. Mais difficile de mettre le doigt dessus. Il y a les taxes élevées sur la masse salariale. Et ce serait facile d’accuser la lourdeur administrative, les syndicats, la réglementation. Mais de la paperasse et des règlements, il en existe aussi ailleurs. Et on trouve rarement les syndicats dans les très petites entreprises. J’ai l’impression qu’on parle ici d’irritants — non négligeables, certes — plus que d’obstacles. Un frein à l’entrepreneuriat, oui, mais à quel point?
D’autre part, doit-on se surprendre que notre économie, où l’État occupe une place plus grande qu’ailleurs dans la production de biens et services, laisse moins de place aux entrepreneurs (qui pourraient produire ces mêmes biens et services)? --- David Descôteaux
D’autre part, doit-on se surprendre que notre économie, où l’État occupe une place plus grande qu’ailleurs dans la production de biens et services, laisse moins de place aux entrepreneurs (qui pourraient produire ces mêmes biens et services)? --- David Descôteaux
Le chiffre du jour : 62,6 % c. 46,6 %
D’ailleurs le même document (ndlr : sondage sur l'entrepreneuriat) affirme que les Québécois, plus que les autres Canadiens, voient l’entreprenariat comme un bon choix de carrière (62,6 % contre 46,6 %).
(NDLR : Mais alors qu'est-ce qui explique le faible taux d'entrepreneurs au Québec si ce n'est pas l'interventionnisme étatique? (La réponse de Nathalie Elgrably-Lévy.)
(NDLR : Mais alors qu'est-ce qui explique le faible taux d'entrepreneurs au Québec si ce n'est pas l'interventionnisme étatique? (La réponse de Nathalie Elgrably-Lévy.)
07 septembre, 2011
Que reste-t-il de nos années ?
Revue de livre par Louise V. Labrecque
Les Années par Annie Ernaux, Édition Gallimard, février 2010.
Certains livres ne nous parlent que le temps qu’on les lit. Après, ils se referment et se taisent pour longtemps, voire pour toujours. Certains livres sont réellement ainsi, mais pas Les Années d’Annie Ernaux. Née il y a 67 ans, cette auteure contemporaine tente de comprendre, en signant ce livre, le monde où elle vit, depuis sa naissance jusqu’à aujourd’hui. Cette histoire, qui est un peu celle de sa vie, constitue la somme de tous ses livres.
Annie Ernaux n’a jamais fait dans la dentelle dans la quinzaine de livres qu’elle a publiés jusqu’à présent. Nous retrouvons ici la même audace, l’auteure, évitant de se complaire dans la fioriture, touche le lecteur avec des phrases qui claquent, avec une plume acérée, dans une forme nouvelle de l’autobiographie. Dans cet ouvrage d’imagination, tel un assemblage d’images, les photographies parlent avant de se taire à tout jamais. Dès la toute première phrase, le lecteur pose en effet les yeux sur cette affirmation : « Toutes les images disparaîtront ».
C’est un livre sans pitié. Et c’est précisément cette exploration de la mémoire collective française, dans la vérité des faits, sans faux-fuyant, qui permet de « sauver quelque chose du temps où l’on ne sera plus jamais ». De plus, ce livre renferme un très fort rapport à l’intime. Dès qu’on en a parcouru les premiers mots, nous comprenons qu’il sera difficile d’en sortir indemne. Un livre sans pitié, disais-je donc. Mais pas un livre cruel.
Le temps : allié ou adversaire ?
L’action se situe dans cette France d’après-guerre, celle où a grandi l’auteure. De 1940 à nos jours, tout fait image, superbement écrite, et amuse parfois le lecteur, car, plus que des clins d’œil, le livre est traversé, de part en part, par des références publicitaires et cinématographiques, des expressions oubliées, conférant un véritable travail de mémoire et un témoignage de société. Tout débute par la photo noir et blanc de cette petite fille, seule, debout sur les galets, en maillot de bain. Les marqueurs d’époque sont ici les supports médiatiques, les photos, -beaucoup de photos-, mais également les DVD, qui tous parlent au destinataire à la manière d’un photo-roman Ainsi, « une autre forme de passé s’inscrivait, fluide, à faible teneur de souvenirs réels, comme si on ne pouvait se souvenir que les détails, les sensations, les circonstances de la prise, bref, des choses cruciales, en somme, à sauver de l’oubli. »
Nécessairement, cette espèce de solitude, qui accompagne le lecteur tout au long de l’ouvrage, a quelque chose d’émouvant, comme si la mémoire, toujours, avait besoin d’une chambre noire, pour se retrouver et développer ses trésors oubliés. En effet, en traversant plusieurs photos, l’auteure nous entraîne vers les événements cruciaux de l’époque de l’après-guerre : la Libération, la frénésie qui l’accompagnait, un véritable éloge de la liberté. On sent bien que l’auteure écrit sans chercher à tout prix construire une œuvre littéraire ; elle y parvient d’autant mieux, en intégrant sa vision critique avec détachement, en ayant presque l’air d’en rire.
Écrire la lumière
Également, subsiste dans cette quête du temps perdu et retrouvé quelque chose d’immense, tant chaque détail renvoie à la quotidienneté, aux choses concrètes de la vie de tous les jours. Au travers des photos et des souvenirs presque égarés, Annie Ernaux touche également au passage de la guerre d’Algérie, « sans ennemi, sans combattant, sans bataille ». Dans une écriture simple, qui amène à une réflexion politique, elle décrit mai 68 comme la vie qui se retire, sous les décombres et détritus.
« On écrit pour communiquer », martelait impitoyablement un des mes professeurs à l’université ; en effet ce « roman », original par sa forme littéraire et remarquable par la qualité de son écriture, n’en démords pas. Vous êtes prévenus, chers lecteurs : nous sommes ici sur un terrain « de communication » ; il n’y a donc pas de cachette derrière les personnages. Sans se mettre directement en scène, Annie Ernaux évite les clichés, autant que d’embellir l’action en inventant à chaque page des situations plus vraies que la réalité. Donc, pas d’illusion ici, fort heureusement. Tout est limpide, presque objectif, sans aucun héros ambigu, sans lyrisme ou voyage en rond. D’ailleurs, on se demande souvent, en lisant un livre, où l’écrivain a appris à écrire. Cette question nous tenaille tout au long de la lecture de Les Années, tant l’écriture respecte une progression, dans un style trop fin pour ne pas être académique, malgré qu’il ait fallu à l’auteur, on le devine, de briser le moule à un moment donné, pour naître à ce style unique.
En somme, ce livre est finalement un programme-souvenir duquel on laisse de la place au temps. On a vraiment juste à s’asseoir et à se laisser aller ; il faut juste attendre, tout est prévu, tout est planifié, car l’écriture fait son chemin. On tentera, à la fin, de sauver quelque chose de cette traversée, de notre passage sur Terre. Nous tenterons d’en saisir la lumière, en somme tout ce que les mots n’arrivent pas à exprimer, car « sauver quelque chose du temps où on ne sera plus jamais », c’est précisément une affaire de sensations, d’images, d’atmosphères. Tout ce que les mots, même géniaux, ne pourront jamais traduire, parce que les mots nous dépassent ; les livres nous dépassent. Toujours. Il le faut.
Les Années par Annie Ernaux, Édition Gallimard, février 2010.
Certains livres ne nous parlent que le temps qu’on les lit. Après, ils se referment et se taisent pour longtemps, voire pour toujours. Certains livres sont réellement ainsi, mais pas Les Années d’Annie Ernaux. Née il y a 67 ans, cette auteure contemporaine tente de comprendre, en signant ce livre, le monde où elle vit, depuis sa naissance jusqu’à aujourd’hui. Cette histoire, qui est un peu celle de sa vie, constitue la somme de tous ses livres.
Annie Ernaux n’a jamais fait dans la dentelle dans la quinzaine de livres qu’elle a publiés jusqu’à présent. Nous retrouvons ici la même audace, l’auteure, évitant de se complaire dans la fioriture, touche le lecteur avec des phrases qui claquent, avec une plume acérée, dans une forme nouvelle de l’autobiographie. Dans cet ouvrage d’imagination, tel un assemblage d’images, les photographies parlent avant de se taire à tout jamais. Dès la toute première phrase, le lecteur pose en effet les yeux sur cette affirmation : « Toutes les images disparaîtront ».
C’est un livre sans pitié. Et c’est précisément cette exploration de la mémoire collective française, dans la vérité des faits, sans faux-fuyant, qui permet de « sauver quelque chose du temps où l’on ne sera plus jamais ». De plus, ce livre renferme un très fort rapport à l’intime. Dès qu’on en a parcouru les premiers mots, nous comprenons qu’il sera difficile d’en sortir indemne. Un livre sans pitié, disais-je donc. Mais pas un livre cruel.
Le temps : allié ou adversaire ?
L’action se situe dans cette France d’après-guerre, celle où a grandi l’auteure. De 1940 à nos jours, tout fait image, superbement écrite, et amuse parfois le lecteur, car, plus que des clins d’œil, le livre est traversé, de part en part, par des références publicitaires et cinématographiques, des expressions oubliées, conférant un véritable travail de mémoire et un témoignage de société. Tout débute par la photo noir et blanc de cette petite fille, seule, debout sur les galets, en maillot de bain. Les marqueurs d’époque sont ici les supports médiatiques, les photos, -beaucoup de photos-, mais également les DVD, qui tous parlent au destinataire à la manière d’un photo-roman Ainsi, « une autre forme de passé s’inscrivait, fluide, à faible teneur de souvenirs réels, comme si on ne pouvait se souvenir que les détails, les sensations, les circonstances de la prise, bref, des choses cruciales, en somme, à sauver de l’oubli. »
Nécessairement, cette espèce de solitude, qui accompagne le lecteur tout au long de l’ouvrage, a quelque chose d’émouvant, comme si la mémoire, toujours, avait besoin d’une chambre noire, pour se retrouver et développer ses trésors oubliés. En effet, en traversant plusieurs photos, l’auteure nous entraîne vers les événements cruciaux de l’époque de l’après-guerre : la Libération, la frénésie qui l’accompagnait, un véritable éloge de la liberté. On sent bien que l’auteure écrit sans chercher à tout prix construire une œuvre littéraire ; elle y parvient d’autant mieux, en intégrant sa vision critique avec détachement, en ayant presque l’air d’en rire.
Écrire la lumière
Également, subsiste dans cette quête du temps perdu et retrouvé quelque chose d’immense, tant chaque détail renvoie à la quotidienneté, aux choses concrètes de la vie de tous les jours. Au travers des photos et des souvenirs presque égarés, Annie Ernaux touche également au passage de la guerre d’Algérie, « sans ennemi, sans combattant, sans bataille ». Dans une écriture simple, qui amène à une réflexion politique, elle décrit mai 68 comme la vie qui se retire, sous les décombres et détritus.
« On écrit pour communiquer », martelait impitoyablement un des mes professeurs à l’université ; en effet ce « roman », original par sa forme littéraire et remarquable par la qualité de son écriture, n’en démords pas. Vous êtes prévenus, chers lecteurs : nous sommes ici sur un terrain « de communication » ; il n’y a donc pas de cachette derrière les personnages. Sans se mettre directement en scène, Annie Ernaux évite les clichés, autant que d’embellir l’action en inventant à chaque page des situations plus vraies que la réalité. Donc, pas d’illusion ici, fort heureusement. Tout est limpide, presque objectif, sans aucun héros ambigu, sans lyrisme ou voyage en rond. D’ailleurs, on se demande souvent, en lisant un livre, où l’écrivain a appris à écrire. Cette question nous tenaille tout au long de la lecture de Les Années, tant l’écriture respecte une progression, dans un style trop fin pour ne pas être académique, malgré qu’il ait fallu à l’auteur, on le devine, de briser le moule à un moment donné, pour naître à ce style unique.
En somme, ce livre est finalement un programme-souvenir duquel on laisse de la place au temps. On a vraiment juste à s’asseoir et à se laisser aller ; il faut juste attendre, tout est prévu, tout est planifié, car l’écriture fait son chemin. On tentera, à la fin, de sauver quelque chose de cette traversée, de notre passage sur Terre. Nous tenterons d’en saisir la lumière, en somme tout ce que les mots n’arrivent pas à exprimer, car « sauver quelque chose du temps où on ne sera plus jamais », c’est précisément une affaire de sensations, d’images, d’atmosphères. Tout ce que les mots, même géniaux, ne pourront jamais traduire, parce que les mots nous dépassent ; les livres nous dépassent. Toujours. Il le faut.
La réflexion du jour
L’Union des agriculteurs libres (UAL), un nouveau syndicat qui a vu le jour en juillet pour défendre les agriculteurs, veut mettre un terme au monopole de l’Union des producteurs agricoles (UPA).
(NDLR : Y aurait-il un vent de liberté qui souffle sur le Québec?)
(NDLR : Y aurait-il un vent de liberté qui souffle sur le Québec?)
Le chiffre du jour : 1972
Une loi adoptée en 1972 oblige tout producteur agricole à adhérer à l’UPA, qui est depuis le seul syndicat reconnu par le gouvernement de Québec.
06 septembre, 2011
Subventions : les perles du 27 août au 2 septembre 2011
Chaque semaine, le blogue de Mathieu Turbide et de Serge Laplante, Où vont vos impôts, publie la liste des subventions annoncées par le gouvernement.
Invariablement, cette liste contient des perles qui démontrent bien la culture de « gaspillage » qui prévaut chez nos élites politiques.
La parade des subventions continue de plus bel, mais les réductions de dépenses promises par le ministre Bachand ne sont toujours pas au rendez-vous.
Cette semaine, la perle de la perle est une subvention de 200 000 dollars du MCCC à la SODEC. Aussi incroyable que cela puisse paraître on en est rendu là. Le gouvernement subventionne un organisme gouvernemental dont la mission est de distribuer des subventions à l’industrie de la culture. C’est ce qu’on appelle faire d’une pierre deux coups. La ministre St-Pierre peut ainsi faire deux annonces pour le prix d’une : elle annonce d’abord une subvention à la SODEC et ensuite elle annonce une subvention de la SODEC à un organisme culturel.
Il suffisait d’y penser!
________________
10 000 $
Au Sommet du hockey québécois
Le MELS a délégué le sous-ministre adjoint au loisir et au sport et accordé une modeste contribution financière afin de soutenir le premier Sommet du hockey québécois qui s’est tenu à Montréal, le week-end dernier, sur le thème Des partenaires fiers pour le développement du hockey.
1,5 millions $
À la Fondation Mobilys
La mission de la Fondation Mobilys est de promouvoir la persévérance et la réussite scolaires.
200 000 $
Pour des lieux de diffusion en région
De passage au Festival de musique émergente en Abitibi-Témiscamingue, la ministre de la Culture, des Communications et de la Condition féminine, Christine St-Pierre, a annoncé qu’une aide financière de 200 000 $ a été allouée à la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC) pour lancer un projet pilote de soutien aux équipements destiné aux lieux de diffusion émergents en région.
1 646 940 $
À la Ville de La Tuque
Une subvention est accordée à la Ville pour l’aménagement du sentier du Centenaire, un projet totalisant 3 293 880 $.
167 068 $
À Osemi Canada
Subvention à l’entreprise de Richmond, qui a récemment entrepris un projet qui consiste à concevoir et à exploiter un système d’éclairage à base de diodes électroluminescentes (DEL), destiné à la croissance de microalgues afin de produire du biodiésel.
Invariablement, cette liste contient des perles qui démontrent bien la culture de « gaspillage » qui prévaut chez nos élites politiques.
La parade des subventions continue de plus bel, mais les réductions de dépenses promises par le ministre Bachand ne sont toujours pas au rendez-vous.
Cette semaine, la perle de la perle est une subvention de 200 000 dollars du MCCC à la SODEC. Aussi incroyable que cela puisse paraître on en est rendu là. Le gouvernement subventionne un organisme gouvernemental dont la mission est de distribuer des subventions à l’industrie de la culture. C’est ce qu’on appelle faire d’une pierre deux coups. La ministre St-Pierre peut ainsi faire deux annonces pour le prix d’une : elle annonce d’abord une subvention à la SODEC et ensuite elle annonce une subvention de la SODEC à un organisme culturel.
Il suffisait d’y penser!
________________
10 000 $
Au Sommet du hockey québécois
Le MELS a délégué le sous-ministre adjoint au loisir et au sport et accordé une modeste contribution financière afin de soutenir le premier Sommet du hockey québécois qui s’est tenu à Montréal, le week-end dernier, sur le thème Des partenaires fiers pour le développement du hockey.
1,5 millions $
À la Fondation Mobilys
La mission de la Fondation Mobilys est de promouvoir la persévérance et la réussite scolaires.
200 000 $
Pour des lieux de diffusion en région
De passage au Festival de musique émergente en Abitibi-Témiscamingue, la ministre de la Culture, des Communications et de la Condition féminine, Christine St-Pierre, a annoncé qu’une aide financière de 200 000 $ a été allouée à la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC) pour lancer un projet pilote de soutien aux équipements destiné aux lieux de diffusion émergents en région.
1 646 940 $
À la Ville de La Tuque
Une subvention est accordée à la Ville pour l’aménagement du sentier du Centenaire, un projet totalisant 3 293 880 $.
167 068 $
À Osemi Canada
Subvention à l’entreprise de Richmond, qui a récemment entrepris un projet qui consiste à concevoir et à exploiter un système d’éclairage à base de diodes électroluminescentes (DEL), destiné à la croissance de microalgues afin de produire du biodiésel.
La réflexion du jour
Est-ce que le programme (ndlr : MBA de McGill) sera meilleur? Probablement pas. Est-ce qu'il servira mieux les étudiants québécois? Certainement pas, parce que ces nouvelles règles empêcheront certains étudiants de s'y inscrire. Est-ce qu'il soutiendra le développement de l'université? Peut-être pas, parce qu'il fera moins appel au corps professoral et aux ressources d'ici.
Qui gagnera, alors? La bureaucratie. Cette entente, ce n'est pas la victoire de la pédagogie, de la logique, de l'efficacité, de l'excellence, c'est celle de la conformité. Une longue et inutile bataille pour que les choses correspondent aux normes. Et cela nous rappelle qu'au Québec, surtout dans nos grands réseaux de l'éducation et de la santé, ce n'est pas le gouvernement qui dirige, mais la grosse machine. --- Alain Dubuc
Qui gagnera, alors? La bureaucratie. Cette entente, ce n'est pas la victoire de la pédagogie, de la logique, de l'efficacité, de l'excellence, c'est celle de la conformité. Une longue et inutile bataille pour que les choses correspondent aux normes. Et cela nous rappelle qu'au Québec, surtout dans nos grands réseaux de l'éducation et de la santé, ce n'est pas le gouvernement qui dirige, mais la grosse machine. --- Alain Dubuc
Le chiffre du jour : 29 500 $
Le ministère de l'Éducation et l'Université McGill en sont enfin venus à une entente. Parce qu'elle a accepté d'apporter un certain nombre de modifications à son programme de MBA, l'université montréalaise pourra dorénavant exiger les droits de scolarité de 29 500$ sans subir les foudres du Ministère.
05 septembre, 2011
La réflexion du jour
Après avoir nié l’existence de tout problème, accusé les uns et les autres de démagogie, la Fédération des commissions scolaires se ravise enfin et promet une transformation de ses façons de faire.
«Ce qu’on veut dire à la population, c’est qu’on a compris», a lancé en entrevue la présidente de la FCSQ, Josée Bouchard. --- François Cardinal
(NDLR : Transformer l'inutile est une activité inutile!)
«Ce qu’on veut dire à la population, c’est qu’on a compris», a lancé en entrevue la présidente de la FCSQ, Josée Bouchard. --- François Cardinal
(NDLR : Transformer l'inutile est une activité inutile!)
Le chiffre du jour : 14 % et 11 %
Le rendement du système de santé. Les auteurs utilisent le concept de «besoins de santé non comblés». Ce concept correspond à la différence entre les services de santé jugés nécessaires et les services effectivement reçus. En 2000, 14% des besoins n'étaient pas comblés chez les hommes, 11% chez les femmes. En 2005, dernière année pour laquelle on dispose de chiffres sur le sujet, on observe exactement les mêmes résultats. Il serait hautement surprenant que la situation se soit améliorée depuis 2005. Autrement dit, le système a beau engloutir les milliards et les milliards, il est systématiquement incapable de combler les besoins.
04 septembre, 2011
La réflexion du jour
Il peut être tentant de croire que, d'ici dix ans, vous serez en meilleure santé financière et que vous aurez remboursé considérablement votre dette mais, en réalité, il faut du temps et de la constance pour réaliser des progrès en matière d'atteinte de vos objectifs », poursuit Mme Kramer. « Pour rembourser votre dette, vous devez avoir un plan semblable à la stratégie que vous avez choisie pour épargner en vue de la retraite. Vous devez vous fixer un objectif et élaborer un plan pour l'atteindre, et avoir une conversation avec un conseiller qui peut vous aider à arrêter une stratégie et à commencer à progresser sur la voie du désendettement.
(NDLR : Sage conseil que devrait suivre nos gouvernements!)
(NDLR : Sage conseil que devrait suivre nos gouvernements!)
Le chiffre du jour : 24 %
Un sondage de la Banque CIBC (CM aux Bourses de Toronto et de New York) effectué par Harris-Decima révèle que, en moyenne, les résidents du Québec qui ont à l'heure actuelle une forme de dette quelconque pensent qu'ils seront sans dette d'ici l'âge de 54 ans. Le sondage indique toutefois que moins d'un tiers (24 pour cent) des répondants du Québec du groupe d'âge de 45 ans à 64 ans se déclarent réellement sans dette.
03 septembre, 2011
Made in monde : comment fonctionne la mondialisation
Revue de livre par Emmanuel Martin
A l'heure où l'idée de démondialisation devient à la mode, la lecture ou la relecture de l'ouvrage de Suzanne Berger :« Made in Monde : les nouvelles frontières de l'économie mondiale » (Seuil 2006) est sans doute utile.
Les livres sur la mondialisation sont très souvent des critiques de ce phénomène. Le public est d'ailleurs friand, surtout en France, de messages lui expliquant que « c'est la faute aux autres » : aux Chinois, aux Américains, aux Indiens... Les idées de liberté et de responsabilité individuelles ayant généralement mauvaise presse dans beaucoup de pays comme en France, pays obsédé d'ailleurs, de manière paradoxale, à la fois par l'égalité et les « petits privilèges », le réflexe anti-mondialisation en devient tout naturel. Et les groupes tels ATTAC en ont fait leur fond de commerce. Le livre de Suzanne BERGER est un ouvrage important dans ce débat car il permet justement de faire le ménage quant à plusieurs a priori sur la mondialisation.
« Renoncer à cette idée selon laquelle la mondialisation nous volerait notre liberté »
L'ouvrage repose sur une analyse « empirique » du phénomène consistant en une enquête minutieuse sur les stratégies de pas moins de 500 entreprises « mondialisées » suivies pendant 5 ans en Europe, en Amérique et en Asie. Quelles conclusions ? A l'opposé des idées à la mode, il ressort de l'analyse :
- qu'il n'existe pas une stratégie unique d'entreprise pour gagner et qui mènerait ainsi à un modèle hégémonique,
- que la course aux bas salaires est une stratégie perdante pour les entreprises,
- que mondialisation ne signifie pas forcément délocalisation systématique.
Le livre s'adresse il est vrai plutôt à un public occidental effrayé par la concurrence de « ces petits Chinois ou ces petits Indiens » chez qui on va délocaliser la production de « nos » entreprises, expliquant les limites aux délocalisations par exemple. On pourrait donc le lire d'une certaine manière comme un livre sur « les limites de la mondialisation » : « ne vous inquiétez pas peuples de l'Occident, dans la mondialisation tout n'est pas délocalisable ! Vous ne perdrez pas tous vos emplois !». S'il est vrai qu'il est possible d'en avoir cette lecture, il n'en demeure pas moins un témoignage scientifique des avantages de la mondialisation pour tout le monde. En effet, l'étude part d'une vision « fragmentée » des processus de productions, c'est-à-dire que dans la fabrication d'une paire de jeans par exemple il y a toute une série d'étapes différentes de production nécessitant des fonctions différentes. Or, mettre l'accent sur la nécessité pour les entreprises de se spécialiser dans une fonction de ce processus fragmenté parce qu'on a les compétences adéquates et de sous-traiter les autres fonctions permet de réconcilier les avantages compétitifs de toutes les régions du monde. Et l'auteur de conclure d'ailleurs son introduction en notant qu'il faut en conséquence « renoncer à cette idée selon laquelle la mondialisation nous volerait notre liberté ».
Fragmentation de la production, mondialisation et « course vers le bas »
Ce type d'approche en termes de fragmentation des processus de production sur la base de compétences est fondamental pour appréhender le phénomène de la mondialisation. Un I-pod ou une paire de chaussures aujourd'hui a toutes les chances d'être fait de composants produits à des endroits différents de la planète, d'où le label « made in monde ».
Les critiques de la mondialisation d'aujourd'hui n'ont plus véritablement « peur » de l'intégration verticale des processus productifs menant au « monopole capitaliste », mais justement de la fragmentation de la production à l'échelle mondiale, dans des multinationales qui délocalisent. L'attrait de pays à salaires très bas serait selon eux la cause du chômage dans les pays riches et l'exploitation de la misère dans les pays pauvres. L'idée d'une course vers le bas (race to the bottom) de la part des entreprises occidentales cherchant absolument à réduire leurs coûts, idée relayée notamment par ATTAC, a donc connu un certain succès.
Il existe pourtant deux critiques majeures à cet argument.
La première critique est que même s'il y a une tendance à rechercher une baisse des coûts en délocalisant dans les pays à bas salaires, cela n'est peut-être pas une si mauvaise chose. A raisonner dans un monde fermé (comme le fait par exemple un Paul SAMUELSON), nous perdons de vue les avantages de la mondialisation et nous nous concentrons sur le très court terme. Nous oublions « ce qu'on ne voit pas », comme le disait justement Frédéric BASTIAT. Et ce qu'on ne voit pas, ce sont les avantages d'un monde ouvert en termes d'opportunités supplémentaires à saisir.
Si des entreprises délocalisent effectivement leur production dans des pays pauvres pour profiter des bas salaires, nous ne devons pas oublier d'une part qu'elles produisent moins cher et que ceci représente généralement une économie pour le consommateur que nous sommes tous. Et une économie signifie des ressources qui peuvent être affectées ailleurs, pour acheter autre chose en plus. Si je paye ma chemise 5 € au lieu de 50 €, cela me fait 45 € de gagnés que je vais pouvoir dépenser ou investir autrement, peut-être en m'achetant d'autres chemises, peut-être en faisant plus travailler mon pâtissier ou un fabricant chinois d'électronique !
D'autre part, nous ne devons pas oublier que si les gens dans les pays en développement se « jettent » littéralement sur ces usines de multinationales ou de sous-traitants pour y travailler, c'est qu'ils y trouvent leur compte. Ils sont généralement mieux payés, en comparaison avec les standards locaux. Et effectivement, ces entreprises contribuent au développement de leur pays et à la hausse de leurs revenus. Rappelons-nous des tigres d'Asie qui nous dépassent aujourd'hui, après même pas deux générations. Et ceci signifie enfin un marché supplémentaire pour à terme, et donc des perspectives de croissance pour tout le monde. Ce processus requiert effectivement une certaine adaptation, chose qui est insupportable au pays de l'exception culturelle qu'est la France par exemple.
La deuxième critique qui peut être opposée à l'argument de la course vers le bas est que celle-ci est pour l'instant cette stratégie est très loin d'être systématique. Premièrement, il n'existe pas une stratégie unique pour les entreprises « mondialisées », et donc pas un modèle unique qui serait celui de la course vers le bas. Ceci est renforcé par la diversité de « cultures nationales » mais aussi de « cultures d'entreprise » et du rôle de l'histoire, de l'héritage, de chacune d'elles. Ce qui frappe, c'est la diversité étonnante de stratégies concurrentielles pour satisfaire le client, ce qui est très différent de la stratégie de réduction des coûts de main d'œuvre. D'ailleurs, il est rappelé que la production à l'étranger n'est pas toujours une simple délocalisation mais aussi parfois une « localisation supplémentaire » par manque de main d'œuvre locale (pour certaines entreprises textiles en Italie du Nord par exemple).
Deuxièmement, et en ce qui concerne la course aux bas salaires : elle est généralement une stratégie perdante selon l'auteur. En effet, une délocalisation vers un pays à salaires très bas induit des coûts supplémentaires.
- D'abord, en termes d'image de marque et de réputation : on l'a vu pour Nike. L'information qu'une entreprise puisse « exploiter » ses salariés constitue une très mauvaise publicité ;
- Ensuite, il existe des coûts en termes de compétences locales sur la ligne de production, avec des productivités extrêmement basses (que cela soit la main d'œuvre de base ou contrôle de qualité). Ceci entraîne généralement des taux de défectuosité très élevés, avec la difficulté parallèle à standardiser certains produits innovants. Ces coûts sont aussi élevés si l'on se tourne en amont vers les « fournisseurs » : réparation de machines, infrastructures, stabilité politique etc. ;
- De même, les délocalisations supposent des délais de livraisons importants que les entreprises ayant besoin de réactivité (textile, où les gammes changent plusieurs fois par an) ne peuvent tolérer ; par ailleurs, le risque est grand de se voir voler des secrets de fabrication et être ainsi concurrencé par un « fournisseur » ;
- L'avantage d'avoir un marché près de son lieu de production est inestimable, et notamment en relation avec les délais de transports et la nécessité qu'ils soient courts pour pouvoir répondre à la demande rapidement.
- Enfin, les clusters (districts industriels) dans les pays avancés représentent généralement une réserve inestimable de compétences mais aussi d'émulation, dont les entreprises ne veulent pas se passer.
En fait, le coût de la main d'œuvre et l'efficacité à satisfaire le client sont très souvent complètement déconnectés et les gains en termes de bas salaires sont largement compensés par les coûts de la délocalisation dans les pays en développement. Le recours à cette dernière est donc loin d'être systématique, ou alors sur certains bas de gamme et certains composants. Et il est vrai que les données empiriques ne démontrent pas un transfert massif de capitaux des pays riches vers les pays pauvres, mais des pays riches vers les pays riches. Les premiers bénéficiaires d'investissements directs de l'étrangers sont les pays riches. L'argument de la course vers le bas ne tient donc pas.
Pour autant il serait très souhaitable qu'il y ait plus d'investissements étrangers dans les pays en développement. Non pas parce qu'il y aurait une « course vers le bas » qui les exploiterait : bien au contraire, on a vu que les entreprises qui délocalisaient faisaient s'élever les standards. Ces pays ont besoin de plus de mondialisation et non pas de moins, parce que seule leur intégration au grand concert mondial pourra leur permettre de relever le défi du développement. Pour s'intégrer à ce concert, ils doivent améliorer leur capacité d'accueil en termes de sécurité et de liberté économiques : que faire du business dans ces pays ne soit pas une chose impossible comme c'est bien trop souvent le cas du fait de réglementations administratives inintelligentes, une sécurisation très faible de la propriété, et plus généralement le non respect de l'état de droit et une inflation galopante ne permettant pas la stabilité des relations contractuelles.
A l'heure où l'idée de démondialisation devient à la mode, la lecture ou la relecture de l'ouvrage de Suzanne Berger :« Made in Monde : les nouvelles frontières de l'économie mondiale » (Seuil 2006) est sans doute utile.
Les livres sur la mondialisation sont très souvent des critiques de ce phénomène. Le public est d'ailleurs friand, surtout en France, de messages lui expliquant que « c'est la faute aux autres » : aux Chinois, aux Américains, aux Indiens... Les idées de liberté et de responsabilité individuelles ayant généralement mauvaise presse dans beaucoup de pays comme en France, pays obsédé d'ailleurs, de manière paradoxale, à la fois par l'égalité et les « petits privilèges », le réflexe anti-mondialisation en devient tout naturel. Et les groupes tels ATTAC en ont fait leur fond de commerce. Le livre de Suzanne BERGER est un ouvrage important dans ce débat car il permet justement de faire le ménage quant à plusieurs a priori sur la mondialisation.
« Renoncer à cette idée selon laquelle la mondialisation nous volerait notre liberté »
L'ouvrage repose sur une analyse « empirique » du phénomène consistant en une enquête minutieuse sur les stratégies de pas moins de 500 entreprises « mondialisées » suivies pendant 5 ans en Europe, en Amérique et en Asie. Quelles conclusions ? A l'opposé des idées à la mode, il ressort de l'analyse :
- qu'il n'existe pas une stratégie unique d'entreprise pour gagner et qui mènerait ainsi à un modèle hégémonique,
- que la course aux bas salaires est une stratégie perdante pour les entreprises,
- que mondialisation ne signifie pas forcément délocalisation systématique.
Le livre s'adresse il est vrai plutôt à un public occidental effrayé par la concurrence de « ces petits Chinois ou ces petits Indiens » chez qui on va délocaliser la production de « nos » entreprises, expliquant les limites aux délocalisations par exemple. On pourrait donc le lire d'une certaine manière comme un livre sur « les limites de la mondialisation » : « ne vous inquiétez pas peuples de l'Occident, dans la mondialisation tout n'est pas délocalisable ! Vous ne perdrez pas tous vos emplois !». S'il est vrai qu'il est possible d'en avoir cette lecture, il n'en demeure pas moins un témoignage scientifique des avantages de la mondialisation pour tout le monde. En effet, l'étude part d'une vision « fragmentée » des processus de productions, c'est-à-dire que dans la fabrication d'une paire de jeans par exemple il y a toute une série d'étapes différentes de production nécessitant des fonctions différentes. Or, mettre l'accent sur la nécessité pour les entreprises de se spécialiser dans une fonction de ce processus fragmenté parce qu'on a les compétences adéquates et de sous-traiter les autres fonctions permet de réconcilier les avantages compétitifs de toutes les régions du monde. Et l'auteur de conclure d'ailleurs son introduction en notant qu'il faut en conséquence « renoncer à cette idée selon laquelle la mondialisation nous volerait notre liberté ».
Fragmentation de la production, mondialisation et « course vers le bas »
Ce type d'approche en termes de fragmentation des processus de production sur la base de compétences est fondamental pour appréhender le phénomène de la mondialisation. Un I-pod ou une paire de chaussures aujourd'hui a toutes les chances d'être fait de composants produits à des endroits différents de la planète, d'où le label « made in monde ».
Les critiques de la mondialisation d'aujourd'hui n'ont plus véritablement « peur » de l'intégration verticale des processus productifs menant au « monopole capitaliste », mais justement de la fragmentation de la production à l'échelle mondiale, dans des multinationales qui délocalisent. L'attrait de pays à salaires très bas serait selon eux la cause du chômage dans les pays riches et l'exploitation de la misère dans les pays pauvres. L'idée d'une course vers le bas (race to the bottom) de la part des entreprises occidentales cherchant absolument à réduire leurs coûts, idée relayée notamment par ATTAC, a donc connu un certain succès.
Il existe pourtant deux critiques majeures à cet argument.
La première critique est que même s'il y a une tendance à rechercher une baisse des coûts en délocalisant dans les pays à bas salaires, cela n'est peut-être pas une si mauvaise chose. A raisonner dans un monde fermé (comme le fait par exemple un Paul SAMUELSON), nous perdons de vue les avantages de la mondialisation et nous nous concentrons sur le très court terme. Nous oublions « ce qu'on ne voit pas », comme le disait justement Frédéric BASTIAT. Et ce qu'on ne voit pas, ce sont les avantages d'un monde ouvert en termes d'opportunités supplémentaires à saisir.
Si des entreprises délocalisent effectivement leur production dans des pays pauvres pour profiter des bas salaires, nous ne devons pas oublier d'une part qu'elles produisent moins cher et que ceci représente généralement une économie pour le consommateur que nous sommes tous. Et une économie signifie des ressources qui peuvent être affectées ailleurs, pour acheter autre chose en plus. Si je paye ma chemise 5 € au lieu de 50 €, cela me fait 45 € de gagnés que je vais pouvoir dépenser ou investir autrement, peut-être en m'achetant d'autres chemises, peut-être en faisant plus travailler mon pâtissier ou un fabricant chinois d'électronique !
D'autre part, nous ne devons pas oublier que si les gens dans les pays en développement se « jettent » littéralement sur ces usines de multinationales ou de sous-traitants pour y travailler, c'est qu'ils y trouvent leur compte. Ils sont généralement mieux payés, en comparaison avec les standards locaux. Et effectivement, ces entreprises contribuent au développement de leur pays et à la hausse de leurs revenus. Rappelons-nous des tigres d'Asie qui nous dépassent aujourd'hui, après même pas deux générations. Et ceci signifie enfin un marché supplémentaire pour à terme, et donc des perspectives de croissance pour tout le monde. Ce processus requiert effectivement une certaine adaptation, chose qui est insupportable au pays de l'exception culturelle qu'est la France par exemple.
La deuxième critique qui peut être opposée à l'argument de la course vers le bas est que celle-ci est pour l'instant cette stratégie est très loin d'être systématique. Premièrement, il n'existe pas une stratégie unique pour les entreprises « mondialisées », et donc pas un modèle unique qui serait celui de la course vers le bas. Ceci est renforcé par la diversité de « cultures nationales » mais aussi de « cultures d'entreprise » et du rôle de l'histoire, de l'héritage, de chacune d'elles. Ce qui frappe, c'est la diversité étonnante de stratégies concurrentielles pour satisfaire le client, ce qui est très différent de la stratégie de réduction des coûts de main d'œuvre. D'ailleurs, il est rappelé que la production à l'étranger n'est pas toujours une simple délocalisation mais aussi parfois une « localisation supplémentaire » par manque de main d'œuvre locale (pour certaines entreprises textiles en Italie du Nord par exemple).
Deuxièmement, et en ce qui concerne la course aux bas salaires : elle est généralement une stratégie perdante selon l'auteur. En effet, une délocalisation vers un pays à salaires très bas induit des coûts supplémentaires.
- D'abord, en termes d'image de marque et de réputation : on l'a vu pour Nike. L'information qu'une entreprise puisse « exploiter » ses salariés constitue une très mauvaise publicité ;
- Ensuite, il existe des coûts en termes de compétences locales sur la ligne de production, avec des productivités extrêmement basses (que cela soit la main d'œuvre de base ou contrôle de qualité). Ceci entraîne généralement des taux de défectuosité très élevés, avec la difficulté parallèle à standardiser certains produits innovants. Ces coûts sont aussi élevés si l'on se tourne en amont vers les « fournisseurs » : réparation de machines, infrastructures, stabilité politique etc. ;
- De même, les délocalisations supposent des délais de livraisons importants que les entreprises ayant besoin de réactivité (textile, où les gammes changent plusieurs fois par an) ne peuvent tolérer ; par ailleurs, le risque est grand de se voir voler des secrets de fabrication et être ainsi concurrencé par un « fournisseur » ;
- L'avantage d'avoir un marché près de son lieu de production est inestimable, et notamment en relation avec les délais de transports et la nécessité qu'ils soient courts pour pouvoir répondre à la demande rapidement.
- Enfin, les clusters (districts industriels) dans les pays avancés représentent généralement une réserve inestimable de compétences mais aussi d'émulation, dont les entreprises ne veulent pas se passer.
En fait, le coût de la main d'œuvre et l'efficacité à satisfaire le client sont très souvent complètement déconnectés et les gains en termes de bas salaires sont largement compensés par les coûts de la délocalisation dans les pays en développement. Le recours à cette dernière est donc loin d'être systématique, ou alors sur certains bas de gamme et certains composants. Et il est vrai que les données empiriques ne démontrent pas un transfert massif de capitaux des pays riches vers les pays pauvres, mais des pays riches vers les pays riches. Les premiers bénéficiaires d'investissements directs de l'étrangers sont les pays riches. L'argument de la course vers le bas ne tient donc pas.
Pour autant il serait très souhaitable qu'il y ait plus d'investissements étrangers dans les pays en développement. Non pas parce qu'il y aurait une « course vers le bas » qui les exploiterait : bien au contraire, on a vu que les entreprises qui délocalisaient faisaient s'élever les standards. Ces pays ont besoin de plus de mondialisation et non pas de moins, parce que seule leur intégration au grand concert mondial pourra leur permettre de relever le défi du développement. Pour s'intégrer à ce concert, ils doivent améliorer leur capacité d'accueil en termes de sécurité et de liberté économiques : que faire du business dans ces pays ne soit pas une chose impossible comme c'est bien trop souvent le cas du fait de réglementations administratives inintelligentes, une sécurisation très faible de la propriété, et plus généralement le non respect de l'état de droit et une inflation galopante ne permettant pas la stabilité des relations contractuelles.
S'abonner à :
Messages (Atom)