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Avant de couper des centaines de millions dans les services, est-ce qu’on peut avoir les services ? - Michel Beaudry

14 août, 2008

Syndicats : Changer ou disparaître

L’aile jeunesse du parti libéral du Québec propose de moderniser les institutions syndicales. Plus spécifiquement, elle recommande au gouvernement de redonner le pouvoir aux membres (votes secrets) et d’exiger plus de transparence.

Dans son éditoriale du 4 août 2008 intitulé « L’obsession syndicale », André Pratte, accuse les jeunes libéraux et les milieux patronaux d’obsession. Il prétend qu’ils perçoivent les syndicats comme des empêcheurs de tourner en rond qui manipulent les travailleurs à des fins idéologiques.

Je suis le premier à admettre que les syndicats ont un rôle important à jouer. Les qualités et les défauts des gestionnaires d’entreprise sont les mêmes que celle de la société en général. Il y a des « petits boss » imbus de leur personne, des chefs d’entreprise mégalomane et des entrepreneurs peu scrupuleux. Les syndicats assurent un meilleur équilibre entre les droits des travailleurs et ceux des gestionnaires et actionnaires. Malheureusement, la règlementation du travail n’est plus adaptée aux conditions actuelles. Les propositions de l’aile jeunesse du PLQ, visent simplement à imposer des limites aux abus de certains syndicats.

Le gros du mouvement syndical québécois se retrouve dans la fonction publique. Les syndicats qui représentent les fonctionnaires négocient avec un gouvernement qui a pour mandat de sauvegarder les intérêts de la population. Dans ce contexte, le pouvoir de négociation est largement biaisé en faveur de l’employeur. Pour compenser les syndicats doivent affronter le gouvernement dans l’arène politique. Cette situation a créé une culture syndicale où les principes et les idéologies priment sur la protection des intérêts économiques des syndiqués. Cette culture déborde dans le secteur privé. C’est dans ce contexte qu’il faut voir la proposition de l’aile jeunesse du PLQ.

Prenons l’exemple de la présidente de l’OIIQ commentant l’engagement des premiers ministres pour favoriser la libre circulation de la main-d’œuvre entre les provinces canadiennes. Elle prétend que les infirmières quitteront le Québec pour travailler dans une province où les conditions seront meilleures. Pourtant, si le rôle d’un syndicat est de veiller à obtenir les meilleures conditions possibles pour ses membres, elle devrait applaudir. La libre circulation des professionnels de la santé devient un argument efficace pour obtenir de meilleures conditions pour ses membres. J’en déduis que pour la présidente de l’OIIQ la défense du modèle québécois prime sur les intérêts des infirmières. (Voir aussi l’excellent texte de Claude Piché).

Il est prioritaire de repenser le rôle du syndicalisme au Québec, en particulier dans la fonction publique. Il n’est plus acceptable qu’une portion non négligeable des cotisations syndicales serve à promouvoir des idéologies politiques et à appuyer les partis politiques qui en font la promotion. Il est encore moins acceptable que les grandes centrales syndicales imposent à la fonction publique une organisation du travail emprunté à l’industrie et aux chaînes de montage : séniorité, emplois à vie, tâche définie dans ces moindres détails, régime de grief qui vise à enrayer le fonctionnement de l’organisation, etc.
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À force de crier au loup...
19 juillet 2008 - 11h36
La Presse
Claude Picher

Les chefs syndicaux ne cachent pas leur indignation devant les négociations visant à faciliter les échanges entre les provinces canadiennes. Pour le président de la FTQ, Michel Arsenault, le «modèle québécois» est en péril, rien de moins: finis les garderies subventionnées, les bas tarifs d'électricité, l'assurance automobile!

Mais qu'est-ce qui peut susciter autant de méfiance? Voyons d'abord ce dont il s'agit.


Réunis à Québec cette semaine, les premiers ministres provinciaux se sont entendus pour dénouer deux entraves à la libre-circulation des personnes et des marchandises au Canada. Leur projet prévoit deux choses. Un nouveau mécanisme d'arbitrage servira à régler les conflits commerciaux entre les provinces. Et à compter du 1er avril 2009, un diplôme ou un permis de travail délivré dans une province sera automatiquement reconnu dans toutes les autres provinces.

Ces mesures constituent un déblocage majeur dans un dossier qui pourrit depuis trop longtemps.

Les provinces canadiennes jouissent d'une large autonomie et elles en ont profité pour ériger des barrières protectionnistes. Il est évidemment impossible d'imposer des barrières tarifaires interprovinciales, mais les provinces disposent d'un arsenal fort étendu de moyens pour nuire à la concurrence des autres provinces: lois et règlements, prétextes variés (hygiène publique et environnement sont fréquemment utilisés), mesures vexatoires, politique d'achat des ministères et agences gouvernementales, entre autres.

Lorsque le traité de libre-échange avec les États-Unis est entré en vigueur, en 1988, on s'est aperçu qu'il était plus facile, pour beaucoup d'entreprises canadiennes, de faire des affaires au sud de la frontière plutôt qu'entre les provinces.

Tout le monde était bien conscient que la situation frisait le ridicule. En 1995, les gouvernements fédéral et provinciaux concluent un «Accord sur le commerce intérieur», mais celui-ci ne sera jamais pris au sérieux par les provinces, et donnera peu de résultats (il permettra, entre autres, la libéralisation partielle du commerce de la bière).

Les provinces préfèrent conclure des ententes séparées et souvent sans impact majeur. Le Québec et l'Ontario, par exemple, ont conclu un accord de portée limitée sur la mobilité de la main-d'oeuvre dans le secteur de la construction.

En 2007 survient un déblocage majeur: deux importantes provinces, l'Alberta et la Colombie-Britannique, signent un accord historique sur le commerce, l'investissement et la mobilité de la main-d'oeuvre, mieux connu sous son acronyme anglais de TILMÀ (Trade, Investment and Labor Mobiliby Agreement). Cela signifie qu'à compter de 2009, les deux provinces ne constitueront qu'une seule entité sur le plan économique. La mobilité de la main-d'oeuvre y sera totale. Un avocat albertain pourra pratiquer et plaider partout en Colombie-Britannique, et vice-versa. Les entreprises n'auront besoin que d'un seul permis d'affaires, valide partout et sans restriction dans les deux provinces. L'investissement sera soumis à une réglementation commune aux deux provinces.

Le TILMÀ est observé avec beaucoup d'attention dans les autres provinces; au moins deux d'entre elles, la Saskatchewan et l'Ontario, envisagent d'y adhérer.

Si cela se produit, il y aura de facto libre-circulation de la main-d'oeuvre, des investissements et des marchandises sur un territoire comptant pour 66% de la population canadienne et 74% de son Produit intérieur brut.

Personne ne peut plus ignorer le mouvement.

C'est une très bonne chose. Les entraves au commerce servent à protéger des entreprises inefficaces et contribuent à maintenir les prix élevés; c'est le consommateur qui paie la note. Les entraves à la mobilité de la main-d'oeuvre limitent les perspectives d'emploi et pénalisent les travailleurs. Les entraves à l'investissement freinent la création de richesse, et c'est la qualité de vie de l'ensemble des citoyens qui en pâtit.

Le monde syndical croit voir, surtout dans la mise sur pied d'un mécanisme de résolution des conflits, une sorte de complot pour dépouiller les provinces de leurs pouvoirs, au profit des entreprises privées. C'est loin d'être évident, notamment parce que le mécanisme sera à l'usage exclusif des gouvernements provinciaux. Une entreprise n'aura pas le droit d'y recourir si elle estime être victime de concurrence déloyale; l'affaire se réglera entre gouvernements.

Mais surtout, le lobby syndical nous a habitués depuis longtemps aux campagnes de peur.

Rappelons-nous, il y a 20 ans, les arguments invoqués contre le libre-échange, et qui apparaissent comme singulièrement stupides avec le recul du temps: les armes à feu allaient être mises en vente libre au Canada; le régime public d'assurance-maladie disparaîtra; vous aurez besoin de votre carte Visa pour être admis à l'hôpital; le Québec sera obligé de démanteler la Caisse de dépôt; les droits de scolarité grimperont à 20 000$. J'en passe...

Lorsque le Mexique a adhéré au traité, en 1994, on a ressorti un autre catalogue d'épouvantails: les usines canadiennes déménageront au Mexique, des milliers d'emplois seront perdus, le chômage grimpera en flèche, les salariés qui veulent garder leurs emplois devront accepter des conditions de travail misérables. Certes, le secteur manufacturier a été passablement malmené, mais cela n'a rien à voir avec l'ALENA, et beaucoup avec la Chine et la force du huard. Et le taux de chômage n'a jamais été aussi bas en 30 ans!

Lors de la signature du TILMA, il y a un peu plus d'un an, le même lobby a resservi son même cocktail d'épouvante.

Assez, assez, assez! Une plus grande mobilité de la main-d'oeuvre et la mise sur pied d'un mécanisme de résolution des conflits interprovinciaux sont deux améliorations qui profiteront à tout le monde. Le lobby syndical peut bien hurler tant qu'il veut. À force de crier au loup pour rien, personne ne le croit plus.

2 commentaires:

Tym_Machine a dit...

"Le gros du mouvement syndical québécois se retrouve dans la fonction publique. Les syndicats qui représentent les fonctionnaires négocient avec un gouvernement qui a pour mandat de sauvegarder les intérêts de la population. Dans ce contexte, le pouvoir de négociation est largement biaisé en faveur de l’employeur. Pour compenser les syndicats doivent affronter le gouvernement dans l’arène politique."

Je ne comprends pas ce bout là. J'ai toujours pensé et vécu que le syndicat dans la fonction publique et la partie soit-disant patronale qui est représentée généralement par des mégalomanes verreux comme leur contrepartie de rapace syndicale était les deux côtés de la même médaille.

En quoi le pouvoir de négociation est "largement biaisé en faveur de l'employeur" alors que l'employeur c'est ultimement le CONtribuable qui n'a qu'à se taire et passer à la caisse?

Et pourquoi pour compenser les syndicats doivent-ils affronter le gouvernement dans l’arène politique? Alors qu'il s'agit ici d'un faux employeur et de deux entités ayant tout intérêt à comploter ensemble pour hausser les salaires et fourrer encore plus le CONtribuable?

Serge Rouleau a dit...

Bonjour Tym,

Ton commentaire est très pertinent.

En effet, les politiciens et les fonctionnaires ont une « peur bleue » des grandes centrales syndicales. Depuis la naissance de l’État-maman, à quelques rares exceptions, les gouvernements provincial et municipaux ont abdiqué leur rôle de défense des intérêts des contribuables. C’est la principale raison qui explique que nous ayons une fonction publique obèse, coûteuse, inefficace et souvent nuisible.

Pourquoi en est-il ainsi? Les gouvernements ont le pouvoir de légiférer pour mettre fin aux moyens de pression des syndicats ou pour modifier les lois du travail s’appliquant dans les monopoles gouvernementaux. Ils ont en définitive un pouvoir absolu.

Les grandes centrales syndicales ont compris ce phénomène depuis longtemps. Elles se sont donc équipées d’outils pour livrer bataille au gouvernement dans l’arène politique. L’opinion publique est le talon d’Achille des démocraties occidentales. Tu remarqueras que lors de conflit de travail impliquant la fonction publique, les grandes centrales syndicales gagnent plus souvent qu’à leur tour la bataille de l’opinion publique.

C’est le sens qu’il faut donner au paragraphe suivant :

"Le gros du mouvement syndical québécois se retrouve dans la fonction publique. Les syndicats qui représentent les fonctionnaires négocient avec un gouvernement qui a pour mandat de sauvegarder les intérêts de la population. Dans ce contexte, le pouvoir de négociation est largement biaisé en faveur de l’employeur. Pour compenser les syndicats doivent affronter le gouvernement dans l’arène politique."