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09 décembre, 2022

Le libéralisme caricaturé

 Par Jacques Garello.

Pas enseigné, pas pratiqué, le libéralisme est caricaturé : loi de la jungle, vol organisé, égoïsme débridé, inégalités croissantes, victoire de l’avoir sur l’être, société de consommation, concurrence sauvage, obsession de la rentabilité, etc. Il est facile de réfuter ces attaques : la réalité est autre.

Il y a mieux à faire : il est temps d’appliquer les vrais principes libéraux. Pourquoi préciser les « vrais » principes ? Parce qu’il est dit beaucoup de choses ridicules et mensongères à propos du libéralisme et ce n’est pas par hasard : les antivax sont à l’œuvre.

 

Le libéral à la mode américaine

Il faut tout d’abord dénoncer le mensonge qui consiste à définir le libéral à la mode dite américaine (mais qui a tendance, récemment, à s’étendre à la France).

Le liberal américain est tout le contraire d’un libéral classique.

Il n’existe en fait que depuis les années 1930, quand les socialistes anglo-saxons, principalement américains, ont prôné et réalisé, notamment avec Roosevelt, une politique tendant à confier à l’État le rôle d’organisateur de la société. Aux États-Unis la planification économique a été mise en place, les nationalisations se sont multipliées, les pouvoirs fédéraux ont été renforcés.

Pourquoi les tenants de cette révolution voulaient-ils se dire libéraux ?

Parce qu’il s’agissait de libérer le peuple du système capitaliste auquel les socialistes attribuaient la crise de 1929 et le chômage naissant (que Roosevelt ne cessa de multiplier jusqu’à le rendre massif). Aujourd’hui en France on voit l’extrême gauche (et en particulier les Insoumis) se déclarer libérale pour soulever le peuple contre un régime dénoncé artificiellement comme complice des riches. Il n’y a pas eu autant de défenseurs de la liberté dans notre pays, y compris de gens qui souhaitent la révolution prolétarienne. L’adjectif libéral est confisqué et trafiqué comme l’adjectif « démocratique » pour jadis qualifier les républiques communistes d’Europe centrale et de l’est et aujourd’hui désigner les dictatures algériennes ou autres.

Certes le pouvoir en place chez nous aujourd’hui a multiplié les atteintes à la liberté individuelle en prenant notamment prétexte de la pandémie. Mais de là à faire honneur à notre gouvernement en le dénonçant comme « libéral » voire même « néo ou ultra libéral » (c’est ce que fait en particulier l’extrême droite), il y a méprise et mensonge.

Plus mensongers encore, et ceux-ci de façon délibérée et inacceptable : ceux qui se réfèrent aux grands noms et aux grands thèmes du libéralisme classique pour soutenir que l’État est le seul à pouvoir réformer l’État et qui voient volontiers le président actuel à la tête de cette tranquille révolution, au cours d’un nouveau mandat bien sûr.

Pourquoi ces gens-là ont-ils le front de s’afficher « libéraux » ? Pourquoi aiment-ils le despotisme au prétexte qu’il se dit « éclairé » ?

Le libéral classique n’aime pas le despotisme.

Il est vrai que tous ces mensonges sur le libéral et le libéralisme font mouche dans un pays qui depuis des siècles n’a pratiquement jamais connu ni vécu une politique libérale. C’est pourquoi il convient d’insister sur ce que n’est pas le libéralisme. Voici ce qu’on entend dire du libéralisme, et ce qu’il n’est pas. La liste est hélas assez longue.

 

Le renard libre dans le poulailler libre

« Entre le fort et le faible, entre le riche et le pauvre, entre le maître et le serviteur, c’est la liberté qui opprime et la loi qui affranchit ».

Célèbre sentence de Lacordaire mais tout à fait ambiguë, car les êtres humains seraient-ils à l’image des animaux condamnés à des rapports de force ? Leur liberté est aussi d’aimer et de servir les autres. Et quelle est la loi à laquelle Lacordaire se réfère ? Si c’est celle de l’État ou du Parlement, elle peut bien souvent opprimer et asservir pour avantager une minorité au pouvoir. Le droit positif est moins efficace que les accords spontanés inscrits dans les contrats, les arbitrages, la coutume.

 

La propriété c’est le vol

Tout aussi célèbre sentence de Proudhon, qui la reniera en fin de compte.

L’être humain affirme son identité et sa personnalité en développant ses capacités et à travers ses œuvres propres. Ne pas reconnaître ce que chacun a en propre c’est l’aliéner, le réduire à un simple numéro comme l’ont fait les régimes collectivistes : l’homme naît propriétaire (Bastiat). On ne gère bien que ce qu’on possède (Aristote).

 

Le triomphe du « chacun pour soi »

L’intérêt personnel ne signifie pas l’ignorance des autres.

Tout au contraire, nul ne peut se suffire à lui-même et on ne peut satisfaire ses propres besoins qu’en satisfaisant le besoin de quelqu’un d’autre. L’échange est aussi le propre de l’Homme. On n’a jamais vu des chiens échanger des os (Smith). C’est le souci des autres (empathie) qui apporte satisfaction et concourt à l’intérêt général. Le libre échange est catalectique : il transforme des intérêts opposés en accord réciproque.

Une société libre est une société où règne la confiance mutuelle.

 

Entre riches et pauvres l’écart se creuse

Sans doute le plus grand mensonge actuel.

Les menteurs manipulent les statistiques et en particulier ne tiennent aucun compte des revenus de redistribution largement perçus par les personnes dont les revenus d’activité sont insuffisants. Les indices de développement humain prennent en compte non seulement le produit par habitant mais aussi l’espérance de vie à la naissance et le niveau d’éducation des enfants.

Les famines ont disparu : en moins d’un siècle sept milliards et demi d’êtres humains ont pu survivre et les pays naguère du tiers-monde sont aujourd’hui émergents quand ils ont accepté la liberté économique.

 

L’avoir et l’être

La société de consommation a privilégié l’avoir au détriment de l’être : c’est Jacques Delors qui prétendait que la rentabilité et la productivité poussaient les entreprises à asservir les consommateurs en leur imposant des biens et services qu’ils ne désirent pas réellement.

Aujourd’hui il est aussi jugé indispensable de ralentir la croissance pour économiser les ressources naturelles menacées par l’appât du gain. Mais qui peut dire ce qui est nécessaire ou superflu ? Les choix du consommateur sont purement personnels et il est difficile de juger les préférences des autres. Quant à la dignité de l’être (à travers ses choix), c’est sans doute affaire d’éducation et de responsabilité plutôt que de consommation.

 

La concurrence sauvage

Cette idée participe sans doute d’une fausse conception de la concurrence qui impliquerait que tous les concurrents soient égaux. Il faudrait donc « harmoniser la concurrence ».

Tout au contraire la concurrence signifie la diversité, qui permet la sélection et la découverte de meilleurs biens et services. Mais cette idée est accréditée par une réalité incontestable : les États font tout pour protéger et promouvoir les producteurs nationaux et bloquer la concurrence étrangère élargie par la mondialisation. Ainsi existe une collusion entre monde des affaires et classe politique : c’est ce qu’on appelle le capitalisme de connivence.

 

À qui profite la loi du profit ?

Aux grandes sociétés internationales, comme les GAFAM dit-on.

Mais les profits concernent aussi des millions de PME, notamment des start up. En fait, la méfiance à l’égard du profit et de la rentabilité vient de Marx qui a fait du profit une rente pour les capitalistes constituée au détriment des salariés qui ne reçoivent jamais leur dû. La réalité est autre : dans une entreprise tout le monde profite de la performance réalisée. D’ailleurs le profit est un signe de bonne gestion. C’est aussi un signal du marché : comme les prix relatifs il révèle les priorités exprimées par la communauté. Il rémunère l’art d’entreprendre (entrepreneurship) démontré par l’entrepreneur individuel ou les administrateurs des sociétés sous gouvernance des associés et actionnaires.

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