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Avant de couper des centaines de millions dans les services, est-ce qu’on peut avoir les services ? - Michel Beaudry

20 juin, 2014

Le redressement des finances publiques : reculer n’est pas une option

Depuis la publication du premier budget du gouvernement Couillard, les chroniqueurs, les éditorialistes, les blogueurs et autres leaders d’opinion sont à court de qualificatifs et d’expressions pour le qualifier d’austère : inatteignable, coups de hache, coupures à la tronçonneuse, il n’y a plus de gras, la fin du modèle québécois, danger de récession, etc.

Les groupes d’intérêt craignant de perdre leurs subventions et autres avantages en remettent et déchirent leurs chemises sur la place publique. Ils fourbissent leurs armes en vue d’une confrontation majeure avec le gouvernement cet automne.

Mais comment en arrive-t-on à qualifier d’austère un budget qui année après année continue de croître? D’accord, on nous promet de réduire le rythme de croissance de dépenses de l’État pour qu’elles coïncident au rythme de croissance de l’économie.

Quand le budget de Télé-Québec augmente, qu’on finance une cimenterie, qu’on lance un nouveau programme de rénovation domiciliaire, que les taxes scolaires augmentent, etc., on ne peut pas parler d’austérité. On est très loin d’un budget de coupures et de réductions des dépenses.

Ce discours alarmiste découle de la stratégie de communication utilisée par le gouvernement pour communiquer le budget à la population. Au lieu de prendre comme point de départ les résultats de l’année précédente, le ministre des Finances utilise plutôt les demandes des ministères et organismes. Ainsi, comme par magie, l’écart entre le point de départ et le budget se métamorphose : une augmentation des dépenses devient une réduction des dépenses.

Les dépenses gouvernementales passeront de 72,3 G$ en 2013-2014 à 73,7 G$ en 2014-2015, soit une augmentation de 1,4 G$ ou 1,9 %. Alors comment en arrive-t-on à suggérer que le gouvernement coupera dans les dépenses? Simplement en prenant comme point de départ les demandes des ministères et organismes. Si le gouvernement acquiesçait à toutes leurs demandes, le déficit en 2014-2015 atteindrait 5,6 G$, mais le budget prévoit un déficit de 2,4 G$. Donc, le ministre des Finances prétend réduire les dépenses et augmenter les revenus pour combler la différence de 3,2 G$.

Quiconque a eu l’occasion de gérer un processus budgétaire sait très bien que l’on demande toujour
s plus pour éventuellement obtenir ce que l’on veut. Ce sont les règles du jeu d’une négociation budgétaire que tous les hauts fonctionnaires connaissent et pratiquent.

Le budget 2014-2015 ne contient aucune coupure de dépenses significatives si ce n’est la réduction de 20% des crédits d’impôt aux entreprises. Bien au contraire, les dépenses augmenteront de 1,4 G$.

Les dépenses augmenteront donc au même rythme que l’inflation. C’est déjà beaucoup mieux que par le passé. Depuis dix ans elles ont augmenté au rythme de 4,1 % annuellement, soit le double de l’inflation. Mais attendons de voir si le gouvernement aura le courage de respecter son budget avant de crier victoire.

La stratégie de communication du gouvernement qui consiste à laisser croire à la population que le gouvernement fait des coupes budgétaires alors qu’il n’en est rien est contre-productive.

D’un côté, le gouvernement berne la population, alors que le premier ministre s’est engagé à être transparent. Déjà que les Québécois font peu confiance à leurs élus, il n’est vraiment pas nécessaire d’en rajouter.

De l’autre, les médias amplifient le message du gouvernement et laisse croire à la population que le gouvernement n’aura pas d’autres choix que de couper dans les services. Les exagérations des leaders d’opinion servent avant tout les groupes d’intérêt qui en rajoutent pour faire bonne mesure.

Les demi-vérités du gouvernement, les exagérations des leaders d’opinion, les déchirages de chemises des groupes d’intérêts, tout concurrent à mettre le gouvernement sur la défensive. Dans un tel contexte, le gouvernement est condamné à perdre la bataille de l’opinion publique.

Pourtant, une opinion publique favorable au gouvernement est une condition essentielle au succès du plan de redressement des finances publiques. Dans le cas contraire, on revivra le scénario de 2003.


J’espère que les stratèges libéraux sauront profiter de la relâche estivale pour développer une stratégie de communication gagnante et assurer le succès du plan de redressement des finances publiques. Le recul n’est pas une option.

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