Plusieurs économistes suggèrent au gouvernement québécois de hausser ses tarifs d’électricité pour accroître sa richesse. Ils constatent que les albertains profitent de la hausse des prix du pétrole et ils en concluent que les québécois devraient également profiter d’une hausse des prix de l’électricité. Ce raisonnement est erroné à plus d’un point de vue, mais il l’est surtout parce qu’il fait fi de la différence entre un monopole et un marché concurrentiel pour ne comparer que les hausses respectives des prix de l’un et l’autre.
Ces économistes demandent une hausse des tarifs d’électricité pour les ramener à la moyenne de ceux qu’on retrouve en Amérique du Nord. Ils font miroiter à la population qu’elle y trouvera son compte, car le gouvernement aura pour elle plus d’argent à dépenser. Or, si le but est d’enrichir la population, pourquoi lui retirer son pouvoir décisionnel en cette matière? Est-elle incapable, seule, de déterminer ce qui l’enrichit? Serait-ce que ces experts économistes sont plus à même de déterminer ce qui est rentable pour tout le monde? Ce semble, en effet, leur prétention :
«On fait grand état des bénéfices des bas prix en termes de création d'emplois, mais on oublie les emplois tout aussi bons, sinon meilleurs qui auraient pu être créés si on avait favorisé la vérité des prix et laissé les investissements aller vers les projets socialement les plus rentables.» (Marcel Boyer, Jean-Thomas Bernard, Martin Boyer et Pierre Fortin, La Presse, 12 avril 2007. Une première version de ce texte avait été publiée par l’Institut C.D. Howe en mars 2005)
À l’instar de plusieurs politiciens endoctrinés à la pensée collectiviste, ces messieurs et d’autres économistes prétendent être en mesure de déterminer la «rentabilité sociale», soit une rentabilité unique et imposée à tous. Prétendre qu’une augmentation des tarifs d’électricité entraînera de plus grands revenus pour l’État est illusoire. Ce l’est d’autant plus que l’on croit également que l’État saura en faire bénéficier la population par des emplois «indirects» et autres retombées économiques.
Faut-il rappeler qu’une hausse des prix n’entraîne pas nécessairement des revenus plus élevés. Au contraire, cela peut les réduire. Plus on augmente le prix d’un bien économique, plus les consommateurs regardent ailleurs pour satisfaire leurs besoins. Il va sans dire qu’on ne remplace pas l’électricité aussi facilement qu’on change de marque de shampoing, mais il n’en demeure pas moins vrai que la hausse des prix entraîne son lot de concurrence au profit des consommateurs. Plus les changements de prix sont importants et durables, plus les changements envisageables peuvent être radicaux. L’homme est passé de la chandelle à l’électricité pour s’éclairer et il n’est pas dit qu’il en restera à cette technologie pour ce faire.
Toutefois, avant de concurrencer à grande échelle la société d'État, les consommateurs auront à réduire leurs projets et leurs investissements pour payer la hausse importante préconisée. On passe rapidement sur cette éventualité en suggérant au gouvernement d’utiliser les «mécanismes de redistribution appropriés» pour aider les consommateurs incapables d’assumer ladite augmentation. On prévoit donc des coûts supplémentaires aux coûts initiaux, mais on continue de croire à l’idée de rentabilité sociale. On attribue une valeur commune à la collectivité, alors que l’idée de valeur relève uniquement de l’individu. On tente ensuite de justifier les soi-disant choix de société, ou autre «pacte social», sous le prétexte qu'elle représente un individu et que celui-ci parle au nom de tous, alors que ces choix sont effectués au détriment de plusieurs, voire de la vaste majorité.
Lesdits économistes se réclament du marché, mais ne remettent pas en question le monopole d’État sur la production et la distribution de l’électricité. Pour eux, le prix du marché de l'électricité constitue le prix moyen pour un ménage en Amérique du Nord. Puisqu'il est plus élevé que celui qu’on retrouve au Québec, ils considèrent ce dernier trop bas, voire subventionné. Il n’est pas subventionné puisqu'on n’impose pas les contribuables pour en réduire le prix. On le décrète. Qu’on le décrète à un niveau trop bas à leur goût est une autre histoire. Enfin, parce que le gouvernement fixe le prix de l’électricité en excluant la concurrence, on ne peut pas parler de marché et de prix libres.
Ils semblent reconnaître en partie cette difficulté, car ils évoquent aussi le «coût d’opportunité» et la «valeur sociale» pour qualifier ce même pseudo prix du marché : [...] «la récente décision de la Régie de l'énergie de décréter une augmentation moyenne de 1,9% des tarifs d'électricité au 1er avril 2007… appauvrit le Québec en maintenant le prix de l'électricité bien au-dessous de sa valeur sociale… Cette valeur correspond au prix concurrentiel auquel elle peut être exportée. Elle est nettement plus élevée que son coût de production… Ce ne sont pas les bas prix qui sont facteurs de croissance et de richesse. Ce sont les bons prix, ceux qui envoient les bons signaux aux consommateurs et aux producteurs et les incitent à l'efficacité, à l'efficience, à l'innovation et à la créativité.» Ibid
Les «bons prix» sont effectivement les prix du marché, mais ceux-ci ne sont pas décrétés par les gouvernements, ni ne constituent des moyennes arbitraires. Ces prix donnent les bons signaux aux consommateurs -à savoir la cherté ou la modicité relatives des biens économiques et par suite leur rareté ou abondance relatives- uniquement s’ils relèvent d’un consentement mutuel entre les partenaires d’échange. Il est donc malavisé de parler de prix du marché dans un secteur monopolisé par l’État.
En somme, lesdits économistes ont une vision statique du monde. Les conséquences de leurs suggestions, si elles sont suivies, risquent d’appauvrir le Québec davantage qu'ils ne le croient. Ils se réclament de la logique du marché, alors qu’ils font constamment appel à l’intervention de l’État. Il est là le problème. L’Alberta est plus riche que le Québec non pas parce qu’elle possède du pétrole, mais parce qu’elle est moins interventionniste. Elle taxe moins, elle impose moins et elle tend à introduire de la concurrence dans les monopoles qui lui restent. L’économie est une science importante, mais elle a un urgent besoin d’être révisée pour préserver sa crédibilité, pour l’avenir du Québec et du monde en général.
Ces économistes demandent une hausse des tarifs d’électricité pour les ramener à la moyenne de ceux qu’on retrouve en Amérique du Nord. Ils font miroiter à la population qu’elle y trouvera son compte, car le gouvernement aura pour elle plus d’argent à dépenser. Or, si le but est d’enrichir la population, pourquoi lui retirer son pouvoir décisionnel en cette matière? Est-elle incapable, seule, de déterminer ce qui l’enrichit? Serait-ce que ces experts économistes sont plus à même de déterminer ce qui est rentable pour tout le monde? Ce semble, en effet, leur prétention :
«On fait grand état des bénéfices des bas prix en termes de création d'emplois, mais on oublie les emplois tout aussi bons, sinon meilleurs qui auraient pu être créés si on avait favorisé la vérité des prix et laissé les investissements aller vers les projets socialement les plus rentables.» (Marcel Boyer, Jean-Thomas Bernard, Martin Boyer et Pierre Fortin, La Presse, 12 avril 2007. Une première version de ce texte avait été publiée par l’Institut C.D. Howe en mars 2005)
À l’instar de plusieurs politiciens endoctrinés à la pensée collectiviste, ces messieurs et d’autres économistes prétendent être en mesure de déterminer la «rentabilité sociale», soit une rentabilité unique et imposée à tous. Prétendre qu’une augmentation des tarifs d’électricité entraînera de plus grands revenus pour l’État est illusoire. Ce l’est d’autant plus que l’on croit également que l’État saura en faire bénéficier la population par des emplois «indirects» et autres retombées économiques.
Faut-il rappeler qu’une hausse des prix n’entraîne pas nécessairement des revenus plus élevés. Au contraire, cela peut les réduire. Plus on augmente le prix d’un bien économique, plus les consommateurs regardent ailleurs pour satisfaire leurs besoins. Il va sans dire qu’on ne remplace pas l’électricité aussi facilement qu’on change de marque de shampoing, mais il n’en demeure pas moins vrai que la hausse des prix entraîne son lot de concurrence au profit des consommateurs. Plus les changements de prix sont importants et durables, plus les changements envisageables peuvent être radicaux. L’homme est passé de la chandelle à l’électricité pour s’éclairer et il n’est pas dit qu’il en restera à cette technologie pour ce faire.
Toutefois, avant de concurrencer à grande échelle la société d'État, les consommateurs auront à réduire leurs projets et leurs investissements pour payer la hausse importante préconisée. On passe rapidement sur cette éventualité en suggérant au gouvernement d’utiliser les «mécanismes de redistribution appropriés» pour aider les consommateurs incapables d’assumer ladite augmentation. On prévoit donc des coûts supplémentaires aux coûts initiaux, mais on continue de croire à l’idée de rentabilité sociale. On attribue une valeur commune à la collectivité, alors que l’idée de valeur relève uniquement de l’individu. On tente ensuite de justifier les soi-disant choix de société, ou autre «pacte social», sous le prétexte qu'elle représente un individu et que celui-ci parle au nom de tous, alors que ces choix sont effectués au détriment de plusieurs, voire de la vaste majorité.
Lesdits économistes se réclament du marché, mais ne remettent pas en question le monopole d’État sur la production et la distribution de l’électricité. Pour eux, le prix du marché de l'électricité constitue le prix moyen pour un ménage en Amérique du Nord. Puisqu'il est plus élevé que celui qu’on retrouve au Québec, ils considèrent ce dernier trop bas, voire subventionné. Il n’est pas subventionné puisqu'on n’impose pas les contribuables pour en réduire le prix. On le décrète. Qu’on le décrète à un niveau trop bas à leur goût est une autre histoire. Enfin, parce que le gouvernement fixe le prix de l’électricité en excluant la concurrence, on ne peut pas parler de marché et de prix libres.
Ils semblent reconnaître en partie cette difficulté, car ils évoquent aussi le «coût d’opportunité» et la «valeur sociale» pour qualifier ce même pseudo prix du marché : [...] «la récente décision de la Régie de l'énergie de décréter une augmentation moyenne de 1,9% des tarifs d'électricité au 1er avril 2007… appauvrit le Québec en maintenant le prix de l'électricité bien au-dessous de sa valeur sociale… Cette valeur correspond au prix concurrentiel auquel elle peut être exportée. Elle est nettement plus élevée que son coût de production… Ce ne sont pas les bas prix qui sont facteurs de croissance et de richesse. Ce sont les bons prix, ceux qui envoient les bons signaux aux consommateurs et aux producteurs et les incitent à l'efficacité, à l'efficience, à l'innovation et à la créativité.» Ibid
Les «bons prix» sont effectivement les prix du marché, mais ceux-ci ne sont pas décrétés par les gouvernements, ni ne constituent des moyennes arbitraires. Ces prix donnent les bons signaux aux consommateurs -à savoir la cherté ou la modicité relatives des biens économiques et par suite leur rareté ou abondance relatives- uniquement s’ils relèvent d’un consentement mutuel entre les partenaires d’échange. Il est donc malavisé de parler de prix du marché dans un secteur monopolisé par l’État.
En somme, lesdits économistes ont une vision statique du monde. Les conséquences de leurs suggestions, si elles sont suivies, risquent d’appauvrir le Québec davantage qu'ils ne le croient. Ils se réclament de la logique du marché, alors qu’ils font constamment appel à l’intervention de l’État. Il est là le problème. L’Alberta est plus riche que le Québec non pas parce qu’elle possède du pétrole, mais parce qu’elle est moins interventionniste. Elle taxe moins, elle impose moins et elle tend à introduire de la concurrence dans les monopoles qui lui restent. L’économie est une science importante, mais elle a un urgent besoin d’être révisée pour préserver sa crédibilité, pour l’avenir du Québec et du monde en général.
1 commentaire:
Super intéressant votre analyse. En complément de votre analyse sur l'économie du Québec. J'ai quelques statistiques québécoises intéressantes sur le portefeuille du Québécois moyen.
http://newsnoncensures.blogspot.com/
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