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Avant de couper des centaines de millions dans les services, est-ce qu’on peut avoir les services ? - Michel Beaudry

25 novembre, 2006

Pour un moyen d'échange honnête.

POUR UN MOYEN D’ÉCHANGE HONNÊTE
Par André Dorais

Le système monétaire actuel est sujet à plus d’inflation que ne le révèlent les divers indices d'inflation et le modèle fondé sur une monnaie métallique. On le maintient sous prétexte qu’il offre une stabilité des prix, mais celle-ci est illusoire et s’établit en privilégiant les uns au détriment des autres. Ce système n’est rien de moins que frauduleux. Il est le résultat de multiples incompréhensions et de luttes de pouvoir entre financiers et politiciens. J’analyse succinctement les éléments qui le composent dans le but de démontrer l’urgence de le réviser.

La monnaie fiduciaire

La monnaie qu’on utilise aujourd’hui n’a aucune contrepartie métallique, ce qui en facilite la mise en circulation. On tente de faire croire à la population que la monnaie fiduciaire est sans danger en invoquant comme preuve la hausse moyenne, dite «stable» (constante) et raisonnable, de l’indice des prix à la consommation. Or la quantité de monnaie émise, soit l’inflation proprement dite, n’a pas seulement pour effet de hausser les prix des biens et des services de consommation, elle se retrouve un peu partout et de manière asymétrique dans les poches des différents agents économiques. Les premiers à y mettre la main sont avantagés, car ils se procurent biens et services à des prix qui seront généralement plus élevés avec le temps à cause de cette augmentation de la quantité de monnaie.

Les conséquences de l’inflation sont beaucoup plus nombreuses et néfastes que ne le révèle ledit indice. Celui-ci ne comptabilise pas la hausse des prix de nombreux biens, notamment les maisons, et il traduit l’action humaine par des moyennes. Les gens ne consomment pas les mêmes choses, par conséquent ils sont affectés différemment par l’inflation, ce que les indices d'inflation tendent à minimiser. Les prix des biens, des services et des salaires ne sont pas stables et ce n’est pas en manipulant les données pour faire croire à une stabilité qu’on change cette réalité. La population est leurrée par les indices d’inflation. En substituant l’inflation à l’imposition et à la taxation pour financer ses engagements, le gouvernement soutire à la population sa propriété monétaire sans son consentement. Comme si cela ne suffisait pas, les banques ont le même pouvoir, car elles sont privilégiées par le monopole d’État sur la monnaie. Un privilège en soi ne cause aucune injustice, mais cela en est une lorsqu’il s’obtient au détriment du reste de la population.

Dépôt et prêt confondus

Aujourd’hui, lorsqu’on dépose son argent à la banque, on s’attend généralement à en obtenir un intérêt, aussi minime soit-il. Pourtant, l’objectif de ce dépôt n’est pas nécessairement de le prêter à la banque, mais peut être simplement de le mettre en sécurité. Dans ce cas, on devrait s’attendre à payer la banque pour ce service plutôt qu’à se faire payer par elle. C’est uniquement dans l’hypothèse où l’on désire prêter son argent à la banque qu’on devrait en recevoir un intérêt. Or quand bien même on lui précise qu’on ne veut pas prêter son argent, mais seulement le placer en sécurité, on reçoit d’elle un intérêt malgré tout. Il ne s’agit pas de générosité. L’intérêt monétaire est le propre d’un prêt, non d’un dépôt. Si la banque peut offrir un intérêt sur les montants déposés et permettre qu’ils soient retirables sur demande, c’est qu’ils sont prêtables légalement à l’encontre de la demande des épargnants. Le prêt et le dépôt sont confondus.

Pour saisir cette curiosité il faut remonter dans le temps où la monnaie était métallique. Lorsqu’on déposait son or ou son argent métallique à la banque, c’était avant tout pour le placer en sécurité. On devait généralement débourser une somme d’argent pour ce service, à moins que la banque de dépôt en déterminait autrement étant donné les revenus obtenus par l’offre d’autres services. Toutefois, qu’on eût à débourser une somme ou non pour un dépôt, on ne s’attendait surtout pas à en recevoir un intérêt. Un intérêt était octroyé uniquement lorsqu’on prêtait son or dans le but de le faire fructifier. Règle générale, on prête sa monnaie pour une période fixe, alors qu’on la dépose pour une période indéterminée. Il s’ensuit que l’octroi d’un intérêt est généralement associé à un prêt, alors qu’un dépôt n’en a pas puisqu’il est retirable sur demande.

Si l’on ne recevait pas d’intérêt lors d’un dépôt de monnaie métallique, la confusion entre le dépôt et le prêt n’en était pas moins inexistante. Toutefois, cela ne signifie pas qu’on puisse être indifférent à la sélection d’une monnaie, car la garantie qui couvre une monnaie fiduciaire (billets et dépôts bancaires sans contrepartie métallique) est complètement différente de celle qui couvre une monnaie métallique. On garantit la monnaie métallique en qualité et en quantité, alors qu’on garantit la monnaie fiduciaire de façon nominale seulement, c’est-à-dire qu’on promet l’impossible, soit de maintenir sa valeur par la loi.

Ce qui est maintenu est le nom. Le billet de 5$ émis il y a 50 ans demeure un billet de 5$ aujourd’hui, mais son pouvoir d’achat n’est plus le même. Faute d'offrir une garantie réelle du pouvoir d’achat, on cherche à sauver le système en invoquant la stabilité des prix qu’il est censé fournir. Tous les moyens sont bons pour ne pas remettre en question sa compréhension. Il est plus facile de trouver des boucs émissaires. Il n’y a jamais eu autant de docteurs en économie et en finance qu’aujourd’hui, mais leur compréhension de la chose n’est pas plus grande pour autant. Lorsque les gens sont nourris par l’imposition, ces résultats sont inévitables. Pour retrouver une véritable stabilité en matière monétaire et par suite, une plus grande coopération humaine, on doit revenir à une monnaie métallique, car celle-ci est difficile et coûteuse à produire, alors que la monnaie fiduciaire se produit à volonté. Et les billets de 100$ ne coûtent pas plus cher à produire que ceux de 5$.

Les réserves fractionnaires

Cette confusion, entre le dépôt et le prêt, conduit les banques à prêter plus d’argent qu’elles maintiennent dans leurs coffres. Les banques sont encouragées par les gouvernements à prêter l’argent qu’on y dépose dans l’idée qu’on ne la retirera pas en totalité en même temps. Si, toutefois, une telle situation survenait, les gouvernements se disent qu’ils n’auront qu’à émettre plus de monnaie fiduciaire, via leur banque centrale, pour rembourser leurs dettes. Ce n’est pas pour rien qu’on qualifie celle-ci de prêteur de dernier recours. Ces prêts constituent une des sources importantes d’inflation, car ils se génèrent d’eux-mêmes à partir de cette politique des réserves fractionnaires.

Les gouvernements en sont les premiers bénéficiaires. Et ce n’est pas parce que cette politique profite aux gouvernements qu’elle profite aux pauvres. Au contraire, à l’exception des hommes de l’État, elle profite surtout aux gens placés aux premières loges de la banque centrale et cela au détriment des autres. Elle constitue la principale source des cycles économiques et par conséquent d’instabilité. Bien que cette pratique ait été rencontrée lors de l’utilisation de monnaie métallique, elle était limitée étant donné qu’elle pouvait conduire les banques frauduleuses à la faillite dès lors que les épargnants s’y précipitaient pour retirer leur or. Elle est plus facile à mettre en application avec l’usage d’une monnaie fiduciaire qui se multiplie à volonté et grâce à un monopole d’État qui en décrète la légalité.

La banque centrale

Plutôt que d’interdire les réserves fractionnaires, l’État a cherché à les contrôler. La banque centrale a été créée pour profiter de ce système et coordonner les activités des banques afin que celles-ci ne sortent pas trop du rang et mettent ainsi la puce à l’oreille des épargnants. En plus de financer le gouvernement par l’entremise des réserves fractionnaires, la banque centrale peut injecter directement de la monnaie dans des comptes bancaires afin que les institutions qui les maintiennent puissent lui prêter à leur tour. Il s’agit d’une entente tacite qui profite aux deux partis, mais au détriment du reste de la population. En somme, que la banque centrale se présente comme prêteur de dernier recours, administrateur des réserves ou stabilisateur des prix, cela revient à une seule chose : émettre de la monnaie.

Une alternative

Un moyen d’échange efficace n’a nul besoin de système, mais essentiellement d’honnêteté. En matière monétaire, comme en tant d’autres, cela commence par le respect de la propriété. Une banque ne devrait pas prêter l’argent qui ne lui appartient pas, à moins d’avoir l’accord explicite de l’épargnant. Cela signifie que les réserves ne devraient pas être fractionnaires, mais entières. Celles-ci devraient être de nature à ce qu’on ne puisse pas les créer à volonté pour éviter la redistribution subreptice des richesses et les cycles économiques.

La nature de la monnaie est importante, car malgré l’interdiction souhaitable des réserves fractionnaires, la banque centrale peut toujours ajouter de la monnaie fiduciaire dans ses propres comptes directement ou indirectement via des dépôts bancaires ou l’émission de billets. L’utilisation d’une monnaie métallique combinée à l’interdiction des réserves fractionnaires et l’abolition de la banque centrale réduiraient considérablement l’inflation et par conséquent les cycles économiques. En d’autres mots, l’abolition du contrôle étatique de la monnaie au profit de la concurrence remplacerait les privilèges indus de quelques-uns par une plus grande justice étant donné la difficulté de tirer avantage d’une production de monnaie métallique, qui s’établit lentement et dont les sources sont multiples.

L’idée n’est pas tant de se servir de la monnaie métallique dans les transactions quotidiennes, bien que cet usage ne doive pas être exclu, mais qu’elle serve de fondement à celles-ci, qu’elle en préserve l’honnêteté. L’important est de s’assurer que la banque de dépôt n’émette pas plus de substituts qu’elle possède de monnaie métallique dans ses coffres. L’État n’a aucun rôle à jouer à cet égard. Au contraire, ses multiples interventions pour contrôler la monnaie ont démontré leurs inefficacitées et leurs injustices. De plus en plus d’individus et d’entreprises se servent de tels comptes bancaires, à monnaie métallique, pour effectuer leurs transactions, car ils n’ont plus aucune confiance en la monnaie fiduciaire. À moins que l’État intervienne davantage pour combler ce «vide juridique», qui, en réalité, constitue un espace de liberté, d’honnêteté et une bouée de sauvetage à la dégradation du système monétaire, il n’y a pas de raison de penser que cette pratique ne puisse s’étendre à l’échelle nationale ou mondiale.

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