On aura rarement vu une telle unanimité. La CSN, Bombardier et le gouvernement, en la personne du ministre Béchard, sont tous d’accord pour que le contrat de renouvellement des voitures du métro de Montréal soit accordé à Bombardier sans appel d’offre. Les arguments utilisés sont :
- Il faut maintenir des emplois de qualité au Québec. Il est possible qu’un compétiteur offre plus et de meilleurs emplois que Bombardier ;
- Bombardier est le seul constructeur de ce type de voiture au Canada et un leader mondial dans le domaine. Donc, Bombardier n’a rien à craindre ;
- Ce sera un tremplin technologique pour l’usine de La Pocatière. La Pocatière n’est pas la seule région avec des besoins d’emplois de qualité. Montréal est la capitale nord américaine du chômage ;
- Le gouvernement doit agir avec célérité, i.e. le temps requis pour faire un appel d’offre selon les règles de l’art n’est pas disponible. Il fallait y penser avant ;
- Etc.
Qui osera remettre en question ce beau consensus, un évènement si rare au Québec ? Pourtant, les conséquences de cette proposition risquent d’être onéreuses pour les usagers du transport en commun et pour les contribuables. Si le passé est garant de l’avenir, les projets concoctés dans un contexte électoraliste sont habituellement coûteux quand ce n’est pas purement un fiasco. Les projets de Papiers Gaspésia et du prolongement du métro à Laval sont des cas récents de gaspillage dus à l’interférence du gouvernement à des fins électoralistes.
Les dirigeants de Bombardier veillent aux intérêts de leurs actionnaires ce qui est normal. Un contrat sans appel d’offre permettra à Bombardier d’augmenter les marges de profit et de transférer le plus de risque possible au gouvernement.
La CSN cherche à protéger des emplois syndiqués et si possible à en créer de nouveau. Encore une fois, c’est son rôle et personne ne peut l’en blâmer.
Le rôle premier du gouvernement est de s’assurer que les contribuables obtiendront le meilleur rapport qualité/prix. Pourtant, le gouvernement, représenté par le ministre Claude Béchard, semble prêt à sacrifier les intérêts des contribuables pour s’assurer quelques votes à la veille des élections.
Le remplacement des voitures du Métro représente une facture évaluée à plus de $1,2 milliards. De plus, comme cela se produit si souvent dans ce genre de projet, il faut prévoir que les coûts dépasseront largement les projections initiales. Dans ce contexte, il est essentiel que ce projet soit soumis à un appel d’offre compétitif, rigoureux et transparent.
Un appel d’offre est le meilleur moyen de s’assurer que les Québécois en auront pour leur argent. Si, comme le prétend Bombardier, ils sont les leaders mondiaux dans le domaine ils n’ont pas à craindre la venue d’un compétiteur. Par contre, la possibilité de comparer l’offre de Bombardier à celle d’un compétiteur permettra aux experts de s’assurer :
- Que les prix demandés sont justifiés ;
- Que la technologie offerte est la meilleure ;
- Que le contenu québécois est maximisé ;
- Que les risques de dépassement des coûts et de retard sont minimisés.
Bombardier est une entreprise de calibre international capable d’affronter les meilleurs au monde. Il bénéficie déjà d’un avantage considérable en se battant sur son propre terrain. Un contrat gré à gré serait un cadeau empoisonné que les compétiteurs de Bombardier ne manqueront pas d’utiliser contre eux.
Par contre, les finances du Québec sont précaires. Le gouvernement doit tout mettre en œuvre pour obtenir le meilleur rapport qualité/prix. De plus, les derniers scandales militent éloquemment en faveur d’un processus plus blanc que blanc. Finalement, une entente gré à gré pourrait s’avérer coûteuse politiquement. Un sondage SOM, commandé par Alstom, révèle que 69% des Québécois sont tout à fait en désaccord (43%) ou plutôt en désaccord (26%) avec un processus d’entente sans appel d’offre.
1 commentaire:
Le montant évalué ($1,2milliards) est proprement scandaleux. C'est $3millions par voiture.
Non seulement le Québec subventionne discrètement la recherche et le développement chez Bombardier, mais la STM va devoir partager 25% des coûts. Les usagers doivent s'attendre à une hausse spectaculaire des frais de transport, ce qui tuera le transport collectif. Le gouvernement va hausser les taxes sur l'essence et d'immatriculation. Un conseil : achetez maintenant un vélo! Avant la taxe sur les pédales.
Je ne serai pas surpris que les cadres de Bombardier, leurs conjoints et enfants jusqu'au kid de 3 moins aient contribué jusqu'au plafond permis dans les coffres du parti Libéral de Charest.
C'est ce qu'on appelle les rétrocommissions qui remplacent les prébendes de Duplessis. Le parti de Charest a des problèmes de popularité, mais pas de financement. Tous ses grands projets contestés sont autant d'invitations au financement occulte.
Le métro de Montréal a besoin de nouvelles voitures. C'est incontestable.
Mais pas nécessairement à la fine pointe de la technologie. Les voitures actuelles ont duré 40 ans. Il suffit de fabriquer le même modèle et les mêmes pièces détachées. Le prix des voitures devrait baisser. On éviterait les coûts reliés à la mise à niveau de la formation des techniciens.
On pourrait acheter plus de voitures. Avec les économies réalisées, on pourrait se permettre d'autres lignes de métro à Montréal, Laval et Longueuil.
En particulier, c'est le temps de construire des lignes près de la surface dans les sections à peine développés du pourtour des banlieus pour développer les transports collectifs mus à l'électricité.
Des voitures de métro technologiquement vétéranes permettra d'exporter à prix compétitif aux villes en manque d'argents qui cherchent à développer leurs propres transports collectifs.
Mais le choix de Charest est de subventionner Bombardier pour qu'il réalise 336 voitures à La Pocatière et qu'ensuite la nouvelle technologie sear exportée dans les usines de Bombardier en Europe et en Chine.
Jean Charest méritera son poste dans le conseil d'administration de Bombardier après son retrait du gouvernement, comme chez Power Corporation et General Electric et Northland. Nous avons vu pareil avec Lucien Bouchard, qui a passé chez Quebecor et Saputo. Bref, la retraite chez nos politiciens, ça se prépare! N'est-ce pas monsieur Chevrette?
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