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24 octobre, 2021

Banques centrales et inflation : des droits sans les devoirs

 Le retour de l’inflation rappelle à nos Banques centrales et gouvernants qu’ils ont des droits mais aussi des devoirs : assurer que leurs promesses soient solvables.

Abruties par 40 ans de baisse de l’inflation, nos autorités ont imaginé toutes sortes d’objets bizarres puisqu’aucun n’a semblé nuisible. Parmi ces objets, le plus tordu a été celui de monnaie — dette à tout faire, rien à voir avec le chèque sans provision (dit-on). Il s’agit d’un genre de prise branchée sur elle-même, où l’on ne sait plus trop si c’est la Banque centrale qui crée de la monnaie pour financer la dette de l’État, ou si c’est l’État qui s’endette pour que la Banque centrale ait de quoi acheter les titres avec la monnaie qu’elle crée.

QUAND LA POLITIQUE DES BANQUES CENTRALES CONTRIBUE À L’INFLATION

On obtient un programme qui tourne en boucle, qui n’a aucune raison de s’arrêter un jour : toujours plus de monnaie pour financer toujours plus de dette, qui justifie de créer encore plus de monnaie pour financer encore plus de dettes… Ce petit manège peut donc durer une éternité, sauf si quelqu’un appuie sur la touche Echap. Dans notre cas précis, Echap est l’inflation. Seul le retour de l’inflation permet alors de débugger le programme monnaie-dette.

En effet, avec le retour de l’inflation, la Banque centrale est alors sommée de pratiquer une politique moins accommodante, en réduisant sa création monétaire et/puis en remontant ses taux. De son côté, l’État est alors contraint de réduire un endettement devenu plus coûteux (taux plus haut), et qui a perdu son meilleur prêteur, la Banque centrale.

Or il semble bien que nous soyons dans cet instant décisif.

En effet, il n’aura échappé à personne que les prix ont la fièvre. L’inflation post-covid est bien plus forte et plus tenace qu’anticipée. Et même si la fin de l’histoire nous promet une inflation transitoire (thèse officielle des Banques centrales), l’expérience présente est tout de même suffisante pour nous rappeler un principe simple : le grand argentier (Banque centrale) et le grand horloger (gouvernement) ont des droits mais aussi des devoirs, tout comme le pékin moyen.

La Banque centrale a le droit de contrôler le coût de l’argent. Mais elle a aussi le devoir d’indexer plus ou moins ce coût de l’argent à l’évolution des prix afin que la machine économique ne s’emballe pas, que des projets non rentables ne voient pas le jour, que les marchés financiers ne promettent pas plus de rendements qu’ils ne pourraient réaliser.

Le gouvernement a le droit de contribuer au bien vivre ensemble. Mais il a aussi le devoir d’indexer plus ou moins sa contribution à l’équilibre de ses finances, afin que la dette publique ne s’envole pas, reste supportable par des générations futures qui n’ont aucune raison de supporter nos errances. En résumé que la dette ne soit pas une vaine promesse.

LES BANQUES CENTRALES DEVRAIENT SE RAPPELER QU’ELLES ONT DES DEVOIRS

Ainsi, en théorie, la Banque centrale et le gouvernement ne peuvent pas faire n’importe quoi, comme s’ils n’avaient que des droits mais pas de devoirs. La politique monétaire ne peut pas être trop laxiste, la politique budgétaire idem. Les devoirs sont perçus comme des garde-fous aux droits qui sont accordés aux politiques. C’est ainsi que les politiques comme les super héros doivent faire un usage éclairé de leurs grands pouvoirs qui leur donnent aussi de grandes responsabilités, comme nous le rappelle Spiderman…

Le retour transitoire ou pas de l’inflation n’a donc pas que des incidences sur le pouvoir d’achat de tout un chacun. Elle en a aussi sur le pouvoir d’achat de nos autorités, afin de financer leurs achats d’actifs (Banque centrale) et de financer les promesses budgétaires (gouvernement). Sans risque inflationniste, les limites du raisonnable étaient probablement plus floues.

Espérons que Romain Gary avait tort : « avec l’absence d’inflation, la monnaie – dette à tout faire vous fait à l’aube une promesse qu’elle ne tient jamais », (vraie fausse citation modifiée pour les besoins de la cause).

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