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Avant de couper des centaines de millions dans les services, est-ce qu’on peut avoir les services ? - Michel Beaudry

06 mars, 2015

L’économie, un jeu complexe qui exige des règles claires

Tous les jeux d’équipe (hockey, football, soccer, baseball, etc.) requièrent des règles du jeu connues et stables. Dans le cas contraire, l’efficacité des instructeurs et des joueurs serait réduite à néant et le jeu perdrait tout intérêt.

C’est la même chose en économie. Mais dans ce cas, le jeu est beaucoup plus complexe dû au nombre de joueurs et aux nombreuses règles (lois et règlements) qui régissent son bon fonctionnement.  Toutefois, cela ne justifie en rien des règles  imprécises et changeantes. Bien au contraire,  plus le jeu est complexe plus les règles doivent être précises et stables.
Prenons l’exemple de l’industrie minière québécoise. Depuis quatre ou cinq ans, les minières savaient que les règles du jeu seraient modifiées, mais les politiciens n’arrivaient pas à s’entendre sur les nouvelles règles.

Le gouvernement libéral déposa un projet de loi qui visait principalement à protéger l’environnement et à bonifier le régime de redevances. Suite à l’élection du gouvernement minoritaire péquiste, la ministre du Développement économique concocta un nouveau projet de loi plus exigeant. Après de longues et ardues négociations, une version diluée de ce projet de loi fut finalement approuvée grâce à la coopération de la Coalition Avenir Québec (CAQ). Malheureusement, l’incertitude persistait. La possibilité de l’élection d’un gouvernement majoritaire péquiste laissait entrevoir des temps difficiles pour l’industrie. Enfin, après quelques années de tergiversation, l’élection du Parti libéral du Québec (PLQ) mit fin à l’incertitude.

Le résultat : pendant cette longue période d’incertitude, de nombreux projets furent retardés ou abandonnés au détriment de la croissance économique du Québec.

L’industrie des énergies fossiles vivote dans un environnement encore plus kafkaïen que celui de l’industrie minière. Les dommages causés à l’économie du Québec sont énormes et ses effets négatifs se feront sentir encore pendant plusieurs années, voire une décennie ou plus.

L’incertitude est l’ennemie numéro un des entreprises. Déjà qu’elles font face à de multiples variables difficiles à contrôler : comportement des clients, des fournisseurs, des concurrents, et des autres agents qui influencent positivement ou négativement leur réussite, des règles du jeu imprécises et changeantes peuvent facilement faire déborder un verre déjà plein. Alors, ils retarderont une décision ou pire, déménageront leurs pénates sous des cieux plus cléments.

Malheureusement, il y a pire. Plusieurs entreprises concluent, malheureusement avec raison, que la meilleure façon de faire face à l’incertitude est de contrôler directement les conditions économiques dans lesquelles elles évoluent. Elles vont donc chercher à obtenir des privilèges auprès de l’État afin de réduire l’incertitude.

Elles investiront des ressources considérables pour convaincre les politiciens et la haute fonction publique de modifier les règles du jeu en leur faveur. Les concurrents, moins riches ou plus scrupuleux, seront désavantagés ou même évincés du marché, non parce qu’ils sont moins compétents, mais parce que, faute de moyens, ils n’ont pas pu obtenir les faveurs de l’État.

La collaboration entre l’État et les entreprises bénéficiant d’un préjugé favorable de la part des politiciens peut parfois atteindre un tel niveau que  les deux se confondent. Les entreprises privilégiées embaucheront d’anciens hauts fonctionnaires et autres technocrates, en guise de remerciement pour les privilèges reçus ou dans l’espoir de futurs privilèges. Elles investiront dans des projets électoralistes chers aux politiciens. L’histoire récente des entreprises oeuvrant  dans les secteurs minier et énergétique sont des exemples probants de ce phénomène.

Des règles du jeu imprécises et changeantes justifient un rapprochement malsain entre les entreprises et l’État et engendrent un capitalisme de connivence particulièrement favorable à la collusion et la corruption. Il suffit d’écouter les audiences de la Commission Charbonneau pour s’en convaincre
.
Mais s’il est possible de contrôler à l’intérieur de limites raisonnables la corruption, ce n’est pas la fin de l’histoire. Ces entreprises influenceront le contenu des lois et règlements touchant leur domaine d’activité. Si les intérêts de ces entreprises et ceux des contribuables/consommateurs coïncident, tant mieux, mais c’est rarement le cas. Cette grande proximité entre les fleurons de Québec inc. et les politiciens non seulement favorise la corruption, mais, coûte cher au trésor public. Ce qui est encore plus grave, ce capitalisme de connivence mine la confiance des Québécois envers nos institutions.

Donc, pour éviter les dangers inhérents à des règles du jeu floues et changeantes, celles-ci doivent être rédigées de façon à réduire, sinon éliminer, l’arbitraire et à assurer leur pérennité. Si cela s’avère impossible, alors il est généralement préférable que le gouvernement s’abstienne d’intervenir.

En utilisant l’exemple du football, le professeur Steve Horowitz explique pourquoi et comment des règles incertaines affectent négativement la société, l’économie et nos vies.


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