Il faut repenser les lois du travail en particulier dans les services publics. Le rôle d’un syndicat représentant les employés d’un monopole d’état ne peut pas être le même que celui d’un syndicat représentant les employés d’une entreprise privée. Dans l’état actuel des choses la population et les employés récoltent le pire des deux mondes : l’un comme l’autre sont les otages de deux pouvoirs politiques en perpétuel affrontement. Faut-il se surprendre si les fonctionnaires sont démotivés et la population est cynique?
Sont-ils vraiment là pour nous?
Sont-ils vraiment là pour nous?
Le Journal de Montréal, p. 24 / Nathalie Elgrably, 19 juillet 2007
Il est difficile de ne pas réagir à la campagne publicitaire financée par le Syndicat canadien de la fonction publique, et destinée à faire remonter les employés municipaux dans l’estime des contribuables. On peut évidemment comprendre leur désir de vouloir effacer de la mémoire collective le fait que 10 cols bleus aient mis 90 heures pour boucher neuf nids-de-poule!
Leur slogan «Vos employés municipaux sont là pour vous. Le privé est là pour qui?» se voulait brillant et provocateur. Or, il ne fait que révéler les angoisses des travailleurs municipaux qui craignent vraisemblablement que l’ouverture au secteur privé ne mette en évidence la bureaucratie et l’inefficacité dans lesquelles ils pataugent depuis des décennies et qui coûtent une fortune aux contribuables.
Il m’a été facile d’obtenir les services d’un serrurier, d’un ramoneur et d’un réparateur de chauffe-eau en moins de 48 heures. Mais cela fait bientôt 3 mois que j’attends patiemment que les employés municipaux taillent un arbre qui est sur mon terrain et qui menace sérieusement de tomber.
Peut-être attendent-ils que se produise un malheur, ce qui permettrait à des fonctionnaires de réclamer une commission d’enquête interminable et qui justifierait les salaires généreux offerts à quelques privilégiés du système.
Monopole public
Les employés municipaux prétendent être là pour moi, mais j’ai plutôt l’impression qu’ils se fichent de moi! Quand une entreprise privée agit avec peu de diligence, on peut rapidement solliciter les services d’une entreprise rivale. On dispose même de recours légaux lorsque nécessaire. Quand des entreprises privées, comme Enron ou Norbourg, se rendent coupables de fraudes monstrueuses, notre système légal permet de laisser croupir en prison les responsables. Que pouvons-nous faire lorsqu’un monopole public ne répond pas à nos attentes? Rien! Qui est responsable des décès survenus lors de l’effondrement du Pont de la Concorde? Personne!
Qualité et profit
Selon le SCFP, les entreprises privées sont incapables d’offrir un service de qualité, car seul le profit les motive. Or, le profit est à l’entrepreneur ce que le salaire est au travailleur. Que l’on soit patron ou employé, nous attendons une récompense pour nos efforts. Pourquoi donc un entrepreneur qui prend des risques et travaille sans compter ses heures ne devrait-il pas être récompensé? Sans salaire, peu de travailleurs se présenteraient à leur emploi tous les matins. Sans l’attrait qu’exerce le profit, rien de ce qui est indispensable à notre quotidien n’existerait.
Qualité et profit ne sont pas des concepts mutuellement exclusifs, bien au contraire. C’est justement la perspective de profits qui motive une entreprise à déployer les efforts nécessaires pour développer de bons produits et satisfaire ses clients. Si elle propose un bien ou un service de piètre qualité, les consommateurs la bouderont et ses jours seront comptés. Pour elle, «le client est roi». Pour un fonctionnaire, «le contribuable est…»?
Comme cela arrive souvent, des lecteurs m’écriront pour affirmer que je suis à la solde de multinationales ou de richissimes hommes d’affaires. Si je défends l’initiative privée, ce n’est pas parce que je lui dois ma paie, mais bien parce que je lui dois ma vie! Ce sont les technologies médicales développées par des entreprises privées, et non par des fonctionnaires ultra syndiqués, qui m’ont sauvé la vie il y a quelques semaines. Qu’importe que les fournisseurs d’équipement médical réalisent des profits importants! Le résultat de leur action est plus important que la raison qui l’a inspirée.
* Cette chronique a aussi été publiée dans Le Journal de Québec.
Nathalie Elgrably est économiste à l'Institut économique de Montréal et auteure du livre La face cachée des politiques publiques.
Il est difficile de ne pas réagir à la campagne publicitaire financée par le Syndicat canadien de la fonction publique, et destinée à faire remonter les employés municipaux dans l’estime des contribuables. On peut évidemment comprendre leur désir de vouloir effacer de la mémoire collective le fait que 10 cols bleus aient mis 90 heures pour boucher neuf nids-de-poule!
Leur slogan «Vos employés municipaux sont là pour vous. Le privé est là pour qui?» se voulait brillant et provocateur. Or, il ne fait que révéler les angoisses des travailleurs municipaux qui craignent vraisemblablement que l’ouverture au secteur privé ne mette en évidence la bureaucratie et l’inefficacité dans lesquelles ils pataugent depuis des décennies et qui coûtent une fortune aux contribuables.
Il m’a été facile d’obtenir les services d’un serrurier, d’un ramoneur et d’un réparateur de chauffe-eau en moins de 48 heures. Mais cela fait bientôt 3 mois que j’attends patiemment que les employés municipaux taillent un arbre qui est sur mon terrain et qui menace sérieusement de tomber.
Peut-être attendent-ils que se produise un malheur, ce qui permettrait à des fonctionnaires de réclamer une commission d’enquête interminable et qui justifierait les salaires généreux offerts à quelques privilégiés du système.
Monopole public
Les employés municipaux prétendent être là pour moi, mais j’ai plutôt l’impression qu’ils se fichent de moi! Quand une entreprise privée agit avec peu de diligence, on peut rapidement solliciter les services d’une entreprise rivale. On dispose même de recours légaux lorsque nécessaire. Quand des entreprises privées, comme Enron ou Norbourg, se rendent coupables de fraudes monstrueuses, notre système légal permet de laisser croupir en prison les responsables. Que pouvons-nous faire lorsqu’un monopole public ne répond pas à nos attentes? Rien! Qui est responsable des décès survenus lors de l’effondrement du Pont de la Concorde? Personne!
Qualité et profit
Selon le SCFP, les entreprises privées sont incapables d’offrir un service de qualité, car seul le profit les motive. Or, le profit est à l’entrepreneur ce que le salaire est au travailleur. Que l’on soit patron ou employé, nous attendons une récompense pour nos efforts. Pourquoi donc un entrepreneur qui prend des risques et travaille sans compter ses heures ne devrait-il pas être récompensé? Sans salaire, peu de travailleurs se présenteraient à leur emploi tous les matins. Sans l’attrait qu’exerce le profit, rien de ce qui est indispensable à notre quotidien n’existerait.
Qualité et profit ne sont pas des concepts mutuellement exclusifs, bien au contraire. C’est justement la perspective de profits qui motive une entreprise à déployer les efforts nécessaires pour développer de bons produits et satisfaire ses clients. Si elle propose un bien ou un service de piètre qualité, les consommateurs la bouderont et ses jours seront comptés. Pour elle, «le client est roi». Pour un fonctionnaire, «le contribuable est…»?
Comme cela arrive souvent, des lecteurs m’écriront pour affirmer que je suis à la solde de multinationales ou de richissimes hommes d’affaires. Si je défends l’initiative privée, ce n’est pas parce que je lui dois ma paie, mais bien parce que je lui dois ma vie! Ce sont les technologies médicales développées par des entreprises privées, et non par des fonctionnaires ultra syndiqués, qui m’ont sauvé la vie il y a quelques semaines. Qu’importe que les fournisseurs d’équipement médical réalisent des profits importants! Le résultat de leur action est plus important que la raison qui l’a inspirée.
* Cette chronique a aussi été publiée dans Le Journal de Québec.
Nathalie Elgrably est économiste à l'Institut économique de Montréal et auteure du livre La face cachée des politiques publiques.
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