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17 janvier, 2023

Idée reçue : « la dette, c’est pas un problème ! »

 Par Eddie Willers.

Pour l’économiste Thomas Porcher, la dette française ne serait pas un problème car la France disposerait en face de 1,5 fois la valeur de cette dette en actifs. Il suffirait alors de vendre ces actifs pour payer la dette de la France.

Donc si la dette n’est plus un problème, nous pouvons continuer à nous endetter et à financer les programmes les plus dispendieux de notre État social-démocrate. Magnifique théorie Thomas, mais regardons d’un peu plus près ce qu’il se passe lorsque la dette d’une entreprise est égale à la valeur de ses actifs.

 

Les ressources de la société

Les actifs d’une société constituent ses ressources, celles qui lui permettent de générer des profits et donc de survivre. Ces actifs peuvent prendre des formes très diverses : des usines, des brevets, des bureaux, des ordinateurs mais aussi des créances clients, du cash et même des savoir-faire. Bref, ce sont tous les éléments essentiels au bon fonctionnement de l’entreprise.

Une société qui ne prend pas soin de ses actifs se retrouve rapidement face à une situation compliquée car elle ne produit pas aussi efficacement qu’elle le pourrait et se protège mal face à la concurrence d’autres acteurs.

Vendre ses actifs peut avoir du sens, notamment si ces actifs ne permettent pas de produire plus efficacement les biens ou services vendus. Il n’est par exemple pas nécessaire d’avoir un entrepôt gigantesque lorsque l’on est une société de conseil.

Imaginons maintenant que l’État français vende le château de Versailles, il récupèrerait alors directement de quoi payer une partie de sa dette mais perdrait dans le même temps le bénéfice associé à l’exploitation du château. Si le château est un contributeur positif du budget de l’État il faudra alors se réendetter pour payer les autres postes de dépense auparavant couverts par les recettes du château de Versailles. Premier écueil.

 

Le problème de la liquidité

Deuxième écueil : celui de la liquidité. Malheureusement lorsque vous en venez à vendre un actif et que vous n’avez pas préparé cette vente, vous êtes pris par le temps. Il vous faut donc trouver un acheteur face auquel vous serez en position de faiblesse. Et pour de nombreux actifs, le nombre d’acquéreurs potentiels est limité. Donc vous devez vous résoudre à vendre au rabais.

Ce fut le cas par exemple pendant la crise de 2008, vous êtes un fonds de pension et souhaitez vendre des actions de la société X, vous en détenez un gros stock et tout le monde a peur, donc personne n’achète. Vous souhaitez absolument vendre, donc vous faites des remises encore plus grosses pour être certain que quelqu’un en veuille bien.

Bilan : vous croyez que votre actif valait 100 dans vos comptes mais au moment de vendre il ne vaut plus que 70. Il ne faut jamais oublier que la valeur d’un actif ne peut être déterminée que lorsqu’il y a une transaction, vous pouvez tenter de l’approximer via diverses méthodes mais vous n’en serez jamais sûr tant que quelqu’un ne l’aura pas acheté. Et jusqu’à nouvel ordre, personne n’a acheté la Tour Eiffel ou le Palais Bourbon dans un passé récent.

 

Les capitaux propres

Enfin, pour faire face aux coups durs, une société doit disposer de capitaux propres, une couche tampon qui permet d’absorber les pertes. Si votre bilan n’est composé que de dettes et d’actifs vous n’avez aucune sécurité, vous marchez sur un fil et risquez la chute au moindre coup de vent.

Ah oui et j’ai oublié de vous préciser, l’actif de l’État au 31 décembre 2016, selon la Cour des comptes atteignait 978 milliards d’euros pour des dettes de 2181 milliards d’euros et des engagements hors-bilan (majorité de pensions de fonctionnaires, donc concrètement des dettes) de plus de 4000 milliards d’euros : un rapport de 15 %. Mais c’est pas grave, après tout la dette n’est pas un problème.

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