Chaque Québécois doit plus de 34 000 $ au provincial seulement

Vaut mieux en rire!

Avant de couper des centaines de millions dans les services, est-ce qu’on peut avoir les services ? - Michel Beaudry

30 avril, 2022

L'ère des grands projets doit sonner

 Par Miguel Ouellette.

Cette semaine, nous apprenions que si Pierre Polievre est élu chef du Parti conservateur du Canada, et ensuite premier ministre, il relancerait le projet GNL Québec à Saguenay. Un de ses adversaires, Jean Charest, a quant à lui promis de relancer de nouveaux projets d’oléoducs à travers le pays s’il prend les rênes du Canada. Peu importe notre allégeance politique, un fait demeure: le Canada est le pire élève des pays membres de l’OCDE en matière d’investissements privés et nous devons effectivement voir divers projets se réaliser pour assurer notre croissance économique à long terme.

 

L’énergie, un secteur clé

Au fil du temps, le Canada a su développer son secteur de l’énergie, qui représente maintenant 10% de notre économie et emploie plus de 800 000 travailleurs. Que ce soit pour l’hydroélectricité, le gaz naturel ou le pétrole, notre savoir technique est apprécié partout dans le monde et c’est ce qui permet de nous différencier de plusieurs de nos concurrents. Sans compter que les innovations technologiques de nos entreprises permettent constamment de réduire la pollution émise lors de la production. C’est le cas de l’extraction de sables bitumineux, où les entreprises ont réussi à faire passer les GES émis par baril à un niveau 31% plus bas que celui de 1990, et cette tendance se continuera dans les prochaines années.

Toutefois, bien que le Canada ait les normes environnementales parmi les plus strictes au monde et que les conditions des travailleurs soient respectées, plusieurs projets ne voient pas le jour, faute de pouvoir discrétionnaire des décideurs politiques et de manque d’analyse cohérente. C’est d’ailleurs ce qui laisse le champ libre à des pays comme le Qatar et l’Arabie saoudite qui eux se disent ouverts aux nouveaux projets gaziers et pétroliers, mais qui sont très loin d’avoir les mêmes normes que nous.

Outre le fait que les pays concurrents cherchent à attirer le plus de nouveaux projets et que la guerre en Ukraine démontre à quel point la sécurité énergétique d’un pays est importante, il serait tout à l’avantage du Canada de faciliter le développement de notre secteur de l’énergie, plutôt que de faire une passe sur la palette aux autres pays concurrents.

 

Arrimons économie et environnement

Tout d’abord, qu’en disent certains, la demande mondiale de pétrole augmentera d’environ 9% au cours des 20 prochaines années. Cependant, bien qu’ils s’agissent d’une opportunité pour le Canada d’exporter davantage vers les marchés européens et asiatiques, nous ne possédons pas l’infrastructure nécessaire pour le faire. En effet, présentement, c’est un peu plus de 95% du pétrole que nous exportons qui est envoyé aux États-Unis, puisque nous n’avons pas assez d’oléoducs qui pourraient acheminer le combustible vers des ports canadiens pour exportation. Jean Charest a donc parfaitement raison: davantage d’oléoducs doivent être construits si nous ne voulons pas rater l’opportunité économique devant nous. Après tout, il ne faut pas oublier que l’oléoduc est le moyen de transport des combustibles le plus sécuritaire et écologique qu’il existe au Canada; c’est plus de 99,99% des combustibles transportés chaque année par oléoducs fédéraux qui le sont de manière parfaitement sécuritaire et sans incident.

Ensuite, nos décideurs politiques doivent comprendre les bienfaits économiques et environnementaux de faciliter le développement de nouveaux projets du secteur de l’énergie. Prenons le Québec comme exemple. Nous comptons pour l’équivalent de plus de 93 milliards de dollars en réserves exploitables de gaz naturel dans la province, et celles-ci se trouvent en régions où le PIB par habitant est le plus faible. Non seulement l’exploitation de notre gaz naturel créerait de la richesse pour tous les Québécois et Québécoises, mais cela relancerait l’économie régionale dans plusieurs zones. De plus, en exploitant cette ressource au Québec, nous le ferions selon nos règles — qui sont plus strictes que dans bien des pays — et pourrions l’exporter vers des pays comme l’Allemagne où le charbon est encore utilisé comme source importante d’énergie. Le gaz naturel est une énergie de transition, et le Québec posséderait tout ce qu’il faut pour en produire. Les obstacles sont davantage politiques, et le gaz naturel n’est qu’un exemple parmi tant d’autres du potentiel économique d’attirer des investisseurs privés.

Il est tout à fait possible de continuer à développer le secteur de l’énergie au Canada tout en facilitant l’émergence de nouvelles technologies plus vertes. C’est en donnant les moyens à nos entrepreneurs qu’ils innoveront et développeront des solutions environnementales adaptées à nos besoins. Les milliards investis chaque année par nos entreprises de l’énergie sont plus que nécessaires dans cette transition énergétique. Rendre la vie abruptement trop difficile pour nos entrepreneurs ne fera que diminuer nos standards de vie et pourrait même ralentir la transition. La collaboration est de mise, et il ne faut pas précipiter aveuglément les choses en excluant les bénéfices associés à de nouveaux investissements privés.

Enfin, trop souvent, que ce soit dans le secteur de l’énergie, minier ou encore de la construction résidentielle, le Canada et le Québec ont une attitude trop rigide envers les nouveaux projets. Les cadres réglementaire et fiscal ne sont pas assez adaptés au monde globalisé et concurrentiel actuel, et de nombreuses opportunités sont manquées. Les gouvernements en place au pays et les futurs politiciens doivent faire tout en leur possible pour renverser la tendance inquiétante en matière d’investissements privés. L’ère des grands projets doit sonner.

29 avril, 2022

Les choix en économie : les critères d’évaluation

 Par Philippe Aurain.

Les décisions de politique économique sont difficiles à évaluer. Ceux qui les proposent n’en montrent généralement qu’une face, celle qui correspond à l’objectif principal de la mesure. Or le point clé en économie est que toute décision à des effets multiples au-delà de celui recherché, et souvent antagonistes.

En premier lieu, un choix économique peut affecter le volume de production (donc de richesse) et la répartition de cette richesse. Les premiers correspondent à la « taille du gâteau », les seconds à l’allocation des « parts du gâteau ». Évaluer si une mesure donnée constitue une « bonne mesure » économique, doit toujours viser à analyser les conséquences de cette mesure sur ces deux champs.

Les choix économiques

Or, la plupart du temps, les répercussions n’ont pas la même temporalité sur ces deux axes. Les décisions de partage peuvent être effectives très rapidement. Les politiques de soutiens publics mises en œuvre lors de la crise sanitaire illustrent bien ce point. Le « quoi qu’il en coûte » a permis de protéger les ménages et les entreprises (plus grande part du gâteau pour ces agents privés) en faisant porter le coût à l’État (part plus petite via l’endettement). Ces politiques de partage ont une deuxième caractéristique, c’est qu’elles sont à somme nulle. Une politique de partage, est donc toujours une redistribution avec des gagnants et des perdants (État/agents privés dans l’exemple précédent).

Un autre exemple est celui du chèque inflation pour les ménages modestes suite à la hausse des prix.  À prix de l’essence plus élevé et taux de taxation inchangé, un tel chèque revient économiquement à augmenter le poids des taxes pour les classes plus aisées. Du côté de la « taille du gâteau » maintenant, la constatation de l’impact des mesures sur la création de richesse demande en général un temps long. L’objectif est en effet d’augmenter la productivité par l’innovation technologique, la connaissance et les progrès d’organisation. Par exemple, voir les impacts d’une réforme de l’Éducation nationale sur la qualité de formation et in fine sur l’employabilité et la croissance est l’affaire d’une génération. La mise en œuvre d’un environnement favorable à la relocalisation industrielle n’apportera d’effets significatifs que sur cinq à dix ans.

Créer et partager la richesse

On pourrait croire qu’il est plus important de créer de la richesse que de la partager. En réalité, les deux sont importants.

D’une part, les deux effets ne sont pas indépendants, par exemple une société trop inégalitaire peut limiter la création de richesse à long terme (sous consommation) et à l’inverse trop égalitaire peut limiter l’investissement (moindre incitation au risque).

D’autre part, la prise en compte du court terme est une condition du maintien de la cohésion sociale (aide aux ménages impactés) et de conservation du tissu productif (soutien de entreprises).

Enfin, toute décision a des effets de second tour, des conséquences qui n’apparaissent qu’après ajustement du comportement des agents à la mesure et susceptibles d’aller à l’encontre de l’objectif initial (l’endettement de l’État, du quoi qu’il en coûte sera remboursé un jour par les ménages et pèsera sur leur consommation) ou présente des effets négatifs sur un autre champ que celui visé (la protection des ménages contre l’inflation énergétique est socialement juste mais s’oppose à un autre objectif, celui d’augmenter le prix relatif de l’énergie carbonée dans le cadre de la lutte contre le réchauffement).

En conclusion, rien n’est simple en économie, aucune action ne peut être évaluée sur le seul champ qu’elle vise initialement, et tout changement a des rétroactions sur l’ensemble du système. Choisir une politique économique c’est donc peser ces perturbations d’équilibre et faire des choix dont aucun n’est parfait mais qui reflètent à la fois une hiérarchie des priorités et une vision des effets dans le temps.

Aussi, devant chaque proposition de politique économique, nous devrions nous poser les questions suivantes :

  • Est-elle susceptible d’augmenter la richesse globale dans 5 ou 10 ans ?
  • Comment transforme-t-elle le partage des richesses à court terme (gagnants et perdants) ?
  • Comment les deux effets interagissent-ils, en s’amplifiant ou s’annulant ?

28 avril, 2022

Ça gaze toujours pour la propagande du vent

 Par Serge Houdbine et Michel Gay.

Un article publié le 13 avril 2022 dans le journal régional, Le courrier de l’Ouest, (appartenant au groupe Ouest France) relaie le discours du Syndicat France énergie éolienne (FEE) représentant les promoteurs et exploitants des éoliennes.

D’où vient l’argent magique ?

Selon eux, « le solaire et l’éolien c’est du pouvoir d’achat » et les énergies dites vertes grossiraient désormais le budget de la France.

Sans vergogne, en ces temps de campagne électorale, ils appellent l’État à en faire profiter les Français et en déduisent qu’il faut accélérer le déploiement des renouvelables…

Selon la FEE, entre 2021 et 2022, le solaire et l’éolien devraient permettre aux finances nationales d’économiser ou d’engranger plus de 14 milliards d’euros : 3,3 milliards représenteraient le trop-perçu des aides de l’État en 2021, 5,1 milliards n’auraient pas à être financés (?!) en 2022, et les exploitants d’énergies renouvelables intermittentes (EnRi) ajouteraient 6 milliards (dont 3,7 milliards pour l’éolien).

Pourquoi une telle générosité ?

Le soutien au développement des EnRi a conduit l’État à engager environ 150 milliards d’euros, dont 30 milliards ont déjà été dépensés… aux frais des clients et des contribuables.

Cette aide financière au développement des EnRi s’effectue notamment par le biais de juteux contrats d’achat garanti de leur production.

À partir de 2017 un système de « complément de rémunération » entre le prix de marché et un prix cible est mis en place pour les nouveaux projets malgré l’opposition des promoteurs.

Pourtant, jusqu’en 2021, ils ont été encore grassement rémunérés, même si rien ne laissait prévoir le jackpot actuel à la faveur de la hausse importante du prix de l’électricité résultant de celui du gaz en Europe.

Depuis plusieurs mois, les prix de marché de l’électricité sont très supérieurs aux prix cibles fixés pour la rémunération des producteurs. Ils ont atteint 231 euros par mégawattheure (€/MWh) au premier trimestre 2022, en passant par 108 €/MWh en 2021, alors qu’il était de 50 €/MWh jusqu’à la pandémie de Covid-19.

Ces prix de l’électricité sont sans rapport avec ceux du marché européen par le passé et en complet décalage avec le coût de production moyen pondéré du mix électrique français.

En quoi les EnRi sont-elles à l’origine de cette manne ?

Les promoteurs et exploitants des EnRi exaltent les vertus de leur industrie parce que c’est leur métier. Mais ils oublient de dire que le recours au gaz pour la production d’électricité résulte en grande partie de la réduction des capacités de production nucléaire, en Allemagne notamment, car les EnRI sont incapables de garantir la fourniture permanente d’électricité à la hauteur des besoins.

C’est ainsi qu’à défaut de nucléaire et d’hydraulique suffisants afin de limiter les émissions de CO2, les centrales à gaz sont devenues incontournables pour garantir la stabilité de l’équilibre production-consommation.

Quant à la compétitivité des EnRi, elle ne se mesure pas à l’aune d’un coût « brut » de production, mais par le coût du service qu’elles rendent au système électrique.

Il faut tenir compte des surcoûts qu’imposent leur raccordement aux réseaux (à cause de leur capacité de production maximale très supérieure à leur production moyenne), des moyens de production conventionnels supplétifs (gaz, charbon…), et du coût énorme du stockage-déstockage (hydrogène et/ou batteries électrochimiques de capacité suffisante pour écrêter leurs pointes de production).

À ces mesures s’ajoutent encore le coût des effacements et/ou reports de consommation qui peuvent atteindre des coûts vertigineux.

Faut-il se réjouir ?

Les promoteurs d’EnRi peuvent se réjouir de bénéficier d’une opportunité financière exceptionnellement favorable à leurs intérêts. Mais la situation reste globalement préjudiciable aux consommateurs et aux contribuables.

Que les promoteurs des énergies renouvelables prennent leur part du fardeau des EnRi ne leur permet pas de s’en attribuer les mérites et surtout de conclure qu’il faudrait aller encore plus vite vers un mythique « 100 % renouvelables éolien et solaire ».

L’augmentation du prix de l’électricité et du gaz reflète l’incomplétude de l’offre inadaptée aux besoins nationaux des productions des EnRI qui ne sont pas les chevaliers blancs de l’économie et du climat.

27 avril, 2022

L’inflation n’est pas ce que les « experts » en disent

 Par Manuel Tacanho.

 

L’inflation, et plus précisément l’inflation monétaire, est aussi souhaitée et nécessaire à l’État que la nourriture est nécessaire à l’alimentation humaine. Plus que la fiscalité, elle est le principal aliment qui permet à l’État de lentement mais sûrement se transformer en un appareil bureaucratique vaste et étendu qui intervient dans presque tous les aspects des affaires sociales et économiques.

Sans inflation, l’État se retrouve enfermé dans les limites de ce qu’il peut confisquer par le biais des impôts. Un gouvernement limité et non interventionniste est, comme le montre une économie saine et comme l’histoire le prouve, vital pour la liberté, la prospérité et la paix.

Étant donné que l’État est une institution intrinsèquement coercitive, détenant le pouvoir de légiférer et d’appliquer la législation, il est donc inévitable que par des ruses politiques et des mensonges économiques, le gouvernement sape un système monétaire sain en faveur d’un système monétaire fiduciaire facilitant l’inflation. C’est pourquoi le système monétaire préféré de l’État est celui basé sur une monnaie fiduciaire protégée de la concurrence par des lois sur le cours légal, par opposition à une monnaie saine fondée par la liberté monétaire.

C’est aussi pourquoi, du point de vue de l’État et de l’économie étatiste (par exemple, l’économie keynésienne), la définition de l’inflation a dûe être délibérément déformée pour faciliter l’inflation monétaire et la dépréciation de la monnaie, ce qui fournit à l’État les nutriments dont il a besoin pour croître en taille, en étendue et en portée au détriment de la vérité, de la justice et de la liberté.

Définition de l’inflation

La définition populaire et théorique de l’inflation est une augmentation généralisée des prix des biens et des services. Elle est couramment mesurée par l’indice des prix à la consommation (IPC). Cette définition n’est pas fausse en soi, mais elle est inexacte et grossièrement trompeuse, et ce de manière délibérée.

La définition originale et exacte de l’inflation est l’augmentation artificielle de l’offre de monnaie (et de crédit). Par artificielle, on entend que l’expansion de l’offre de monnaie n’est pas déterminée par le marché, mais plutôt par une agence qui supervise le système monétaire centralisé et monopolisé, généralement une banque centrale.

Dans le système économique étatiste d’aujourd’hui, basé sur l’inflation et la monnaie fiduciaire, qui existe depuis 1971, date à laquelle le dernier lien entre le dollar et l’or a été coupé, il est donc commode et nécessaire pour l’État de promouvoir une définition déformée et trompeuse de l’inflation.

Cette distorsion n’est pas une coïncidence. Elle est intentionnelle. Étant donné les 48 commentaires intrinsèquement inflationnistes et complètement immoraux sous lesquels nous, l’humanité, vivons depuis cinquante ans maintenant.

Distorsion délibérée

L’inflation a été délibérément faussée pour deux raisons principales.

Premièrement, le gouvernement et son agence monétaire – la banque centrale – se protègent de toute responsabilité future pour la hausse continue des prix et la perte de pouvoir d’achat de la monnaie qui se produit inévitablement à la suite de l’inflation monétaire. Cela permet au gouvernement et à ses médias aux ordres de détourner la responsabilité vers autre chose, les suspects habituels, ou les boucs émissaires, que ça soient les « hommes d’affaires cupides » ou les « grandes entreprises« .

Deuxièmement, lorsque l’inflation frappe trop fort et appauvrit le plus grand nombre (parmi de nombreuses autres conséquences néfastes pour la société), les responsables des gouvernements et des banques centrales ne veulent pas admettre qu’ils sont à l’origine de la crise de l’inflation. Par exemple, ce rapport affirme que la plupart des Américains pensent que « l’avidité, les profits et les prix abusifs des entreprises » sont à l’origine de la crise de l’inflation actuelle en Amérique, où l’inflation a atteint un niveau record en 40 ans.

Ce qui est encore plus troublant, c’est que ce même rapport révèle que la majorité des personnes interrogées pensent également que le gouvernement devrait intervenir pour résoudre le problème. En d’autres termes, le public veut que le responsable du problème le résolve. C’est tragique.

Telle est l’ampleur de la désinformation et de l’ignorance économiques auxquelles nous sommes confrontés. Peut-être que si le public savait que depuis la création de la banque centrale américaine actuelle en 1913, le dollar a perdu plus de 95 % de son pouvoir d’achat par rapport à l’or, il ne mettrait pas la crise de l’inflation sur le compte de la « cupidité des entreprises ».

L’agence monétaire de l’État et le système actuel de monnaie fiduciaire sont la cause de la situation monétaire actuelle, de plus en plus inflationniste et chaotique. Ce n’est pas la cupidité des entreprises, les spéculateurs, le capitalisme de marché libre, Vladimir Poutine ou la météo.

Lorsque vous avez un système de monnaie fiduciaire, ce qui signifie que les banques centrales peuvent facilement, artificiellement et systématiquement augmenter la masse monétaire, presque comme un tour de magie, l’inflation (légère ou sévère) devient la norme. Et ce processus inflationniste détruit progressivement le pouvoir d’achat de la monnaie, entraînant une hausse des prix.

L’économiste Hans F. Sennholz a écrit :

Ce n’est pas l’argent, comme on le dit parfois, mais la dépréciation de l’argent – la destruction cruelle et rusée de l’argent – qui est à l’origine de nombreux maux. Car elle détruit l’épargne individuelle et l’autonomie en érodant progressivement les économies personnelles. Elle profite aux débiteurs au détriment des créanciers, car elle transfère silencieusement la richesse et les revenus des seconds vers les premiers. Elle génère les cycles économiques, les mouvements d’expansion et de ralentissement des entreprises qui infligent des dommages incalculables à des millions de personnes.

Le professeur Sennholz a ajouté :

La destruction monétaire engendre non seulement la pauvreté et le chaos, mais aussi la tyrannie étatique. Peu de politiques sont plus calculées pour détruire la base existante d’une société libre que la débauche de sa monnaie. Et peu d’outils, s’il en est, sont plus importants pour le champion de la liberté qu’un système monétaire sain.

Conclusion

Une hausse généralisée des prix des biens et services est une conséquence de l’inflation, et non l’inflation elle-même. C’est ainsi qu’elle était définie classiquement (économie prékeynésienne).

Il est logique d’utiliser les termes d’inflation monétaire pour spécifier l’augmentation artificielle de la masse monétaire, d’une part, et d’utiliser l’inflation des prix pour désigner une hausse généralisée des prix des biens et services, d’autre part.

Quoi qu’il en soit, l’inflation fausse lentement, furtivement mais sûrement l’économie, vole le pouvoir d’achat des ménages et appauvrit la société tout en profitant aux élites dirigeantes. En tant que telle, la définition de l’inflation a été délibérément déformée pour tromper le public, voler secrètement sa richesse (c’est-à-dire son pouvoir d’achat) et servir les intérêts de l’État.

L’histoire (et le bon sens en fait) montre clairement que les systèmes de monnaie fiduciaire sont des arrangements non durables qui échouent toujours et inévitablement. En tant que tel, je doute que le système mondial de monnaie fiduciaire actuel, dirigé par le dollar américain, défie les lois économiques naturelles pour résister à l’épreuve du temps.

La bonne nouvelle, c’est que lorsque le standard mondial du dollar fiduciaire s’effondrera (par (hyper)inflation ou par une hausse des taux d’intérêt ? Peut-être une combinaison des deux ?), les erreurs économiques profondément ancrées et les idées fausses qui ont émergé autour de lui au cours des dernières décennies s’effondreront très probablement avec lui.

26 avril, 2022

Le localisme : entre nationalisme et décroissantisme

 Par Philippe Charlez.

Une transition énergétique durable et soutenable doit s’appuyer sur trois piliers en parfaite bijection avec ceux du développement durable : le climat, la sécurité énergétique et la compétitivité des entreprises.

La convergence gauche-droite sur le localisme

Par construction, le climato-gauchisme hypertrophie le pilier climat aux dépens de la compétitivité et de la sécurité énergétique. Son principal dessein est de mettre à bas la société de croissance et son « démon capitaliste » pour prôner un retour vers des « sociétés vernaculaires frugales mais conviviales, solidaires et égalitaires ». Elles s’articulent autour de communautés autosuffisantes de taille réduite dans lesquelles les besoins matériels sont limités et les ressources produites localement.

À l’inverse, le nationalisme identitaire hypertrophie les piliers compétitivité et sécurité énergétique aux dépens du climat. Cette position est clairement revendiquée par Donald Trump. Dès son accession à la présidence des États-Unis en 2017 il déclarait que « les accords de Paris n’étaient pas favorables aux entreprises américaines, aux travailleurs américains et aux contribuables américains ».

Le nationalisme identitaire s’est inventé un modèle écologique spécifique : le « localisme ». Promu dès la fin des années 1960 par le philosophe Alain de Benoist, il privilégie le local (démocratie participative, économie de proximité, emploi local) afin de minimiser l’empreinte écologique liée au transport des biens et des personnes. Il a été introduit au Rassemblement national par l’essayiste Hervé Juvin.

Appliqué de façon adéquate et ciblée, ce principe peut être tout à fait pertinent : quoi de plus stupide que de consommer des cerises du Chili ou des haricots verts du Cameroun en plein mois de janvier, d’exporter du bois français en Chine pour y fabriquer des meubles à destination… de la France.

Malheureusement, comme le réchauffement climatique pour les climato-gauchistes, le localisme a été instrumentalisé par les nationalistes identitaires comme un levier puissant justifiant, via un argument environnemental, la nécessité d’un nationalisme politique et économique. Derrière le localisme, les nationalistes identitaires encouragent une opposition frontale avec la globalisation de l’économie source d’émissions de CO2 via le transport mondialisé. Le localisme leur permet de fusionner écologie et nationalisme dans un triptyque « nature, identité et société » dont l’intégrité ne peut être garantie que par la souveraineté nationale.

Dans ses fondements, le localisme s’accommode parfaitement des idées décroissantistes des climato- gauchistes. De Benoit fût ainsi l’auteur en 2007 d’un ouvrage Demain la décroissance tandis qu’une recherche sur le localisme vous conduira inévitablement vers Serge Latouche l’une des principales figures du décroissantisme.

Rien de très surprenant dans la mesure où climato-gauchistes et nationalistes identitaires se retrouvent (pour des raisons différentes) sur leur détestation de la mondialisation et du libéralisme économique.

Hervé Juvin déclarait lors d’un discours enflammé précédant les européennes de 2018 :

« Le monde de l’ultralibéralisme, c’est une poignée de milliardaires qui ont réduit tous leurs voisins au chômage et qui ont détruit leurs territoires autour d’eux ».

Cette phrase n’aurait pas été renié par Julien Bayou, Sandrine Rousseau, Jean-Luc Mélenchon, Éric Piolle ou Clémentine Autain.

Certaines divergences persistent

La convergence sur le localisme entre climato-gauchistes et nationalistes identitaires ne signifie pas pour autant qu’ils partagent une même vision d’avenir.

Ainsi, en termes de mix énergétique leurs programmes sont opposés. Les nationalistes identitaires restent très réactionnaires, balayant d’un revers de la main l’éolien, les voitures électriques et les biocarburants. Ils sont en revanche pro-nucléaires considérant l’atome comme un contributeur essentiel à l’indépendance énergétique française.

Sans rejeter un « localisme d’opportunité » encourageant quand cela est possible une production locale, régionale ou nationale, sa généralisation ne peut en revanche satisfaire les besoins de progrès d’une société développée. Ainsi durant la pandémie l’ancien ministre François de Rugy se montrait tout aussi critique vis-à-vis du localisme que du climato-gauchisme en déclarant « comment aurions-nous pu avancer aussi vite dans la recherche d’un vaccin sans une coopération mondiale ? ».

Mondialiste avant l’heure, David Ricardo (1772–1823) expliqua les effets pervers du protectionnisme économique et développera dans sa « théorie de l’avantage compétitif » l’idée qu’un pays a intérêt à se spécialiser dans la production pour laquelle il a le plus de talent et possède l’avantage le plus élevé. Ainsi l’économiste britannique démontra l’avantage compétitif de l’Angleterre dans la production de drap et celui du Portugal dans la production vinicole. En choisissant astucieusement une combinaison d’activités, le libre-échange devient ainsi profitable à tous les pays, y compris aux moins productifs. Le salut se trouve donc dans un juste équilibre entre production locale, régionale, nationale et mondiale.

Un sujet de fond qui devrait animer le débat du second tour de la présidentielle entre une Marine Le Pen « localiste » et un Emmanuel Macron « mondialiste ».

25 avril, 2022

Le capital humain prime sur l’éducation

 Par Lipton Matthews.

Un article du Mises Institute

Dans le débat sur la croissance économique, les gens confondent généralement l’éducation et le capital humain. Il existe pourtant une différence flagrante, car ce dernier fait référence au savoir-faire plutôt qu’à de simples connaissances théoriques. L’éducation suggère que l’on est éduqué, alors que le capital humain indique l’application de la théorie. Un diplômé en ingénierie est instruit, mais il fait preuve de capital humain lorsqu’il dépose un brevet ou crée une entreprise.

Les écoles doivent remplir une double fonction en transmettant l’éducation et le capital humain, mais les recherches montrent que de nombreuses institutions ne parviennent pas à transmettre ce dernier. Les étudiants obtiennent leur diplôme en sachant comment effectuer des équations complexes, mais ne savent pas comment les appliquer dans le monde réel.

Par exemple, l’informatique est présentée comme un investissement lucratif, mais un diplômé en histoire ou en relations internationales qui sait comment faire du capital humain un atout sera plus compétitif dans l’économie de la connaissance que le diplômé en informatique qui ne comprend pas son potentiel.

Capitaliser sur son capital humain

Capitaliser sur le capital humain est une tâche ardue sans la conscience de ses compétences. Un collègue diplômé en relations internationales a décroché un emploi dans la finance alors que nombre de ses pairs diplômés en finance avaient du mal à trouver un emploi, car il savait comment utiliser son capital humain. Les étudiants en relations internationales étudient des théories obscures, mais ils sont également tenus de suivre des cours à option tels que l’économie et les statistiques, et ces cours sont utiles en finance.

De plus, en tant qu’analyste des affaires internationales, le programme d’études encourage les étudiants en relations internationales à se pencher sur les effets des conflits sur les marchés mondiaux et la politique intérieure, et sans surprise, mon collègue a obtenu un poste d’analyste en investissement. Contrairement à ses pairs, ce diplômé a un avantage concurrentiel car il peut identifier l’ensemble de ses compétences.

Le diplômé moyen en relations internationales ne cherche pas d’emploi dans la finance, car il ne comprend pas comment les compétences qu’il a acquises en tant qu’étudiant peuvent créer de la valeur dans le secteur financier.

L’importance du capital humain dans l’économie

En outre, à l’échelle nationale, le capital humain est un facteur prédictif de la performance économique encore plus important que l’éducation mesurée par le pourcentage de titulaires de diplômes.

Dans un article publié en 2013, les chercheurs ont étudié dans 110 pays les disparités régionales en matière de performance économique. Ils ont conclu que le niveau de capital humain était un indicateur plus fiable du développement que le nombre de personnes ayant obtenu un diplôme.

De même, un fort capital humain est nécessaire à la création d’entreprises à forte croissance qui stimulent la croissance économique et améliorent le niveau de vie. La croissance économique est favorisée par des entreprises axées sur les opportunités, lancées par des entrepreneurs hautement qualifiés pouvant appliquer leur expertise pour résoudre de nouveaux défis, plutôt que par des personnes qui se lancent dans l’entreprenariat comme une activité professionnelle ou pour échapper à la pauvreté. Par ailleurs, les recherches révèlent que les entreprises ayant accès à des compétences managériales clés ont davantage de chances de se développer et de survivre.

La croissance dépend de la capacité à utiliser le capital humain. Les pays qui augmentent les niveaux d’éducation sans gains proportionnels dans l’acquisition du capital humain ont peu de chances de connaître une croissance schumpétérienne.

Comme le souligne Joel Mokyr dans un article sur la révolution industrielle en Angleterre :

« Il ne fait guère de doute que la Grande-Bretagne, à la veille de la révolution industrielle, pouvait compter sur un cadre plus important et mieux formé d’artisans et d’ingénieurs hautement qualifiés qu’ailleurs, et si son avantage dans la réalisation d’inventions originales révolutionnaires a été contesté par d’autres nations (en particulier la France), il semble clairement établi que les développeurs et les ingénieurs britanniques étaient largement supérieurs à tous les autres pour ce qui est de faire fonctionner réellement les nouveaux engins, de les déboguer et de les adapter, d’y ajouter des améliorations cumulatives petites mais significatives, et d’avoir la capacité de les installer, de les faire fonctionner, de les entretenir et de les réparer. Entre 1750 et 1850, les ingénieurs anglais et écossais ont essaimé sur tout le continent européen, apportant leur expertise technique et industrielle à des nations dont les systèmes de production de capital humain n’étaient pas aussi efficaces que ceux de la Grande-Bretagne ».

Pour rejoindre les rangs du monde développé, les pays en développement doivent acquérir le savoir-faire correspondant. Lorsque Singapour s’est lancée dans sa phase de développement industriel, l’administration de Lee Kuan Yew a envoyé des étudiants en Amérique du Nord et en Europe pour accéder à l’expertise des grandes universités et des grandes entreprises. Sans expertise, les pays en développement ne pourront jamais atteindre la parité avec leurs riches homologues.

Un scénario qui illustre l’importance du capital humain est le cas contrasté de l’Allemagne et de la Jamaïque. La Jamaïque est l’enfant vedette du cannabis, mais les Allemands sont vénérés pour leur productivité, leur fabrication et leur savoir-faire institutionnel, de sorte que, comme on pouvait s’y attendre, les recherches prévoient que d’ici 2023, l’Allemagne devrait devenir le plus grand marché de cannabis du monde.

La réputation du cannabis jamaïcain est en effet phénoménale, mais il faudra plus qu’un nom de marque pour être compétitif à l’échelle mondiale. Un fait intéressant est que la Jamaïque se classe parmi les cinq premiers pays du monde pour son niveau d’entrepreneuriat improductif. C’est parce qu’elle n’a pas le savoir-faire entrepreneurial nécessaire pour exploiter le cannabis qu’elle n’a pas réussi à devenir un acteur mondial.

Il faut également savoir que les réglementations peuvent améliorer ou dégrader la qualité des industries. Le magnat des affaires Bruce Linton a loué le secteur jamaïcain du cannabis pour être bien réglementé. Et c’est précisément le problème. Pour participer à l’industrie, les entrepreneurs jamaïcains doivent se conformer à des réglementations assez coûteuses. Par exemple, un entrepreneur a besoin d’environ 10 000 dollars pour acquérir une licence de niveau 2 pour cultiver la plante. Ces réglementations entravent la croissance du secteur en limitant les possibilités de devenir entrepreneurs. Si le gouvernement avait encouragé un marché libre au lieu de réglementer excessivement le secteur, cela aurait attiré davantage d’entrepreneurs en Jamaïque, augmentant ainsi la probabilité d’accès au savoir-faire étranger.

Et contrairement à ce que certains pensent, le fait de se conformer aux réglementations internationales n’avantage pas les pays en développement. De nombreuses réglementations sont adaptées aux réalités du monde développé et, en tant que telles, sont inapplicables dans un contexte en développement. Les pays en développement ne rejoindront la ligue des nations riches qu’en acquérant le savoir-faire du monde développé et en innovant. Le simple fait de suivre les lois du monde développé ou d’augmenter le nombre d’inscriptions dans l’enseignement supérieur ne leur donnera pas un siège à la table des nations riches.

24 avril, 2022

Libertés et localisme : quelques idées reçues

 Par Diego Taboada.

Un article de Liber-thé

Lors de la crise du Covid-19, beaucoup de critiques ont été émises sur le système économique actuel. Des appels à la lutte contre la surconsommation, au retour à la nature et à la mise en place d’un système plus local, en opposition à la mondialisation des échanges, se sont fait entendre. L’idéologie du localisme popularisée dans les années 1980 par les mouvements écologistes a ainsi été remise au goût du jour.

Bien que les libéraux soient souvent sceptiques envers ce projet de société qui va à l’encontre d’un monde ouvert basé sur les échanges internationaux, il n’existe pas de contradiction fondamentale entre les principes libéraux et le fait de consommer localement, tant que cela reste un choix volontaire, exempt de coercition. Cependant, le localisme s’accompagne souvent de mythes sur ses supposés bienfaits. Retour sur quelques idées reçues sur le localisme.

Le localisme contre les dérives de la mondialisation

Le localisme peut être considéré comme un contre-mouvement à la mondialisation. Or, cette dernière implique une division du travail, qui incite les pays ou les régions à se spécialiser dans la production de biens et services qu’ils maîtrisent le mieux.

Le savoir-faire et la concurrence internationale permettent de mettre à disposition des produits de meilleures qualités et moins chers. Produire ce que l’on sait faire de mieux et importer le reste est donc plus efficient que de vouloir tout produire localement.

De plus, ce sont bien les consommateurs, et notamment les plus modestes, qui bénéficient le plus de ce système. Contrairement à ce que l’on peut entendre, l’intérêt des individus n’est pas toujours aligné avec celui des États, qui souhaitent protéger certaines industries de la concurrence internationale en imposant des quotas ou des taxes par exemple.

C’est donc bien l’intérêt des consommateurs qui a été au centre de la réflexion lors de la mise en place des institutions actuelles, après la Deuxième Guerre mondiale. Tant les organisations internationales comme l’OMC ou les institutions dérivées de la construction européenne ont voulu agir pour développer le libre-échange en limitant les entraves au commerce et favorisant la concurrence.

Revenir sur la mondialisation signifierait donc non seulement une baisse du pouvoir d’achat – comme l’ont montré les effets des politiques protectionnistes aux États-Unis par exemple – mais également un appauvrissement à l’échelle globale.

En effet, tous ceux qui sont sortis de la pauvreté ces trente dernières années dans les pays en voie de développement grâce au commerce international se verraient fortement impactés par une diminution des échanges et une relocalisation partielle. Car, comme le rappelle le prix Nobel d’économie Angus Deaton, la meilleure solution pour aider les plus modestes de ce monde réside dans l’ouverture des frontières et la liberté de commerce de chacun.

Le localisme contre la compétition effrénée entre États

Alors que certains déplorent la course au toujours plus et considèrent que la mondialisation et la compétition sont des vecteurs de conflit, le commerce international a au contraire une vertu pacificatrice. Les pays ouverts sur le monde ont plutôt tendance à être des démocraties ayant moins de probabilité de se trouver empêtrées dans des conflits.

Plus fondamentalement, tisser des liens économiques solides avec un autre pays augmente les coûts économiques et sociaux d’une guerre. Bien que le commerce puisse donner naissance à des tensions, l’interdépendance entre deux pays est souvent un rempart aux conflits ouverts.

La division du travail et le commerce incitent à coopérer avec des individus de divers horizons, qui produisent le bien ou le service que l’on souhaite acquérir. Le fait que ces personnes sont les plus à même de satisfaire mes besoins devrait être le seul critère. Faire de la discrimination ethnique ou religieuse entraîne des inefficacités.

Décider de subventionner et de favoriser des producteurs locaux sur la seule base de la proximité équivaut à adopter un raisonnement nationaliste opposé à l’idéal universaliste, et entre en contradiction avec l’ambition pacifiste et harmonieuse dont se targuent les tenants du localisme.

Le localisme c’est bon pour le climat

Enfin, les critiques d’un monde ouvert invoquent régulièrement la question climatique. Ce serait un non-sens écologique d’importer des produits de l’autre côté du monde au lieu de consommer sur place.

Toutefois, l’impact écologique d’un produit ne dépend que très peu de l’énergie qui a dû être consommée dans son transport. C’est plutôt dans le processus de production que réside le gros de l’impact carbone.

La production de tomates en serres en Europe centrale aura un impact carbone plus important que les tomates importées du sud de l’Europe. C’est pourquoi affirmer que produire local est toujours plus respectueux de l’environnement est discutable.

Une deuxième critique qui revient souvent de la part des localistes est que la souveraineté alimentaire et la sécurité d’approvisionnement seraient mises en danger par la mondialisation. Dépendre de l’étranger pour des produits clés fragilise les sociétés, c’est pourquoi il serait impératif de relocaliser les productions, pour avoir un réel contrôle.

Cependant, plus que la délocalisation, c’est la concentration à un seul endroit qui est problématique. Produire uniquement localement, c’est risquer qu’une sécheresse, un problème dans la région mettent en péril l’approvisionnement. Relocaliser c’est souvent fragiliser des chaînes de productions. Afin d’éviter les problèmes inhérents aux aléas et aux caprices de la nature, diversifier les sources est une bien meilleure réponse.

Ainsi, défendre une société rousseauiste en autarcie basée sur une prétendue adéquation avec la nature pour résoudre les problèmes relève davantage du mythe que de la réalité. Plus fondamentalement, les aspirations de certains d’imposer leur vision et leurs désirs de manière coercitive à l’ensemble de la société est incompatible avec les idées de liberté individuelle et d’échanges volontaires entre les individus et les peuples.

23 avril, 2022

Imprimer plus d’argent a toujours été une mauvaise idée

 Par Jon Miltimore.

 

Le gouvernement a publié mardi de nouvelles données sur l’inflation. Malheureusement, les résultats ne sont que de mauvaises nouvelles.

Selon le Wall Street Journal, l’inflation américaine a atteint en mars le niveau le plus élevé depuis quatre décennies, soit 8,5 %, par rapport à l’année précédente, en raison principalement de la flambée des prix des denrées alimentaires et de l’énergie, des problèmes de chaîne d’approvisionnement et de l’augmentation de la demande de biens par les consommateurs.

Selon Gwynn Guilford :

« Le département du travail a déclaré mardi que l’indice des prix à la consommation – qui mesure ce que les consommateurs paient pour les biens et les services – a augmenté en mars à son rythme annuel le plus rapide depuis décembre 1981, alors qu’il était en récession après que la Réserve fédérale ait resserré sa politique monétaire de manière agressive. »

Les Américains n’ont guère besoin qu’on leur dise que les prix augmentent fortement. Ils ressentent la douleur à la pompe (4,32 dollars le gallon d’essence) et à l’épicerie lorsqu’ils paient 4 dollars pour une douzaine d’œufs, 3 dollars pour un carton de lait et 18 dollars pour une côte de bœuf qui coûtait 14 dollars il y a un an. Ils le ressentent lorsqu’ils vont au restaurant mexicain du coin et que l’addition est de 20 dollars supérieure à celle de la dernière fois. Ils le ressentent lorsqu’ils reçoivent un devis choquant pour des réparations à leur domicile d’un entrepreneur qui s’excuse en expliquant que les prix élevés du bois sont de retour.

Tout le monde ressent le contrecoup de l’inflation. Selon une analyse récente de la Wharton School of Business, le ménage américain moyen a dépensé 3500 dollars de plus en 2021 pour des biens et services en raison de l’inflation.

L’inflation est un problème sérieux avec des conséquences réelles. C’est pourquoi il est si important de comprendre pourquoi elle se produit. Certains politiciens, comme la sénatrice Elizabeth Warren, aimeraient vous faire croire que l’inflation est causée par la cupidité des entreprises. Mais même les économistes de gauche de l’administration Obama ont fait remarquer que les arguments économiques de Mme Warren étaient complètement faux.

La véritable raison pour laquelle nous connaissons l’inflation la plus élevée depuis des générations, ce sont les mesures prises par le gouvernement fédéral pendant la pandémie. Dans un effort pour maintenir l’économie américaine à flot alors que les politiciens ont fermé l’économie, la Réserve fédérale a commencé à imprimer agressivement des milliers de milliards de dollars, faisant gonfler le bilan de la Fed à près de 9000 milliards de dollars en 2021.

« Vous avez inondé le système avec de l’argent« , a déclaré Scott Pelley le journaliste de 60 Minutes dans une interview de 2021 avec le président de la Réserve fédérale Jerome Powell.

« Oui, nous l’avons fait« , a répondu Powell. « C’est une autre façon de voir les choses. Nous l’avons fait. »

Il n’a jamais été question de savoir si l’action de la Fed provoque de l’inflation. La seule question était de savoir à quel point. Maintenant nous le savons.

Vous voyez, vous ne pouvez pas imprimer de grandes quantités d’argent sans conséquences. Un excellent épisode de Common Sense Soapbox explique pourquoi. Dans cet épisode, le père de Bob, Ron, explique que l’argent « ne pousse pas sur les arbres« .

« Pourquoi ne pas simplement prendre de l’argent ? » dit le petit frère de Bob. « Et Bob pourra en avoir. »

Le petit frère de Bob apprend ensuite pourquoi le gouvernement ne peut pas simplement imprimer de l’argent pour résoudre ses problèmes.

« Imprimer plus d’argent peut être une très mauvaise idée. Cela fait perdre sa valeur à l’argent que nous avons déjà« , dit Seamus. « À court terme, cela peut sembler ne pas vous coûter cher. Mais à long terme, la valeur de tout votre argent est inférieure à ce qu’elle était auparavant. Il s’agit donc essentiellement d’une taxe cachée. »

Le gouvernement fédéral a poussé son expérience monétaire à son paroxysme pendant la pandémie, et les Américains en subissent aujourd’hui les conséquences. Mais pour résoudre le problème, les Américains doivent comprendre comment cette inflation est arrivée.

C’est une chose quand le petit frère de Bob ne comprend pas le problème de l’impression de l’argent. Les politiciens devraient mieux le savoir.