Chaque Québécois doit plus de 34 000 $ au provincial seulement

Vaut mieux en rire!

Avant de couper des centaines de millions dans les services, est-ce qu’on peut avoir les services ? - Michel Beaudry

01 février, 2009

Pourquoi sommes-nous mal protégé?

Les politiciens et les bureaucrates, comme la plupart des gens, agissent en fonction de leurs intérêts. Les conséquences, comme le démontre la tragédie de Shannon, décrite par Ariane Krol (voir ci-après), sont parfois dramatiques.

Je trouve naïf les gens qui croient que l’État agit nécessairement dans le plus grand intérêt de la population. Contrairement à la croyance populaire, les calculs politiques font courir des risques énormes à l’ensemble de la société. Plusieurs tragédies récentes permettent d’appuyer cette thèse : l’épidémie de C-difficile dans les hôpitaux, le scandale du sang contaminé à l’hépatite c, les orphelins de Duplessis, etc.

Évidemment, il n’est pas possible d’éliminer entièrement les risques de décisions politiques sans éliminer les gouvernements. Malheureusement, cela engendrerait une autre série de risques potentiellement aussi dommageables. Toutefois, il est possible de réduire le nombre et l’ampleur des risques en séparant le rôle de « fournisseur » de service de celui de « surveillant » des intérêts de la population.

Le rôle premier des gouvernements doit être de protéger les intérêts des gens. Lorsqu’un gouvernement joue le double rôle de fournisseur et de surveillant, les politiciens et les bureaucrates sont en perpétuel conflit d’intérêt. Donc, pour minimiser ceux-ci, les gouvernements doivent concentrer leurs efforts au rôle de surveillant et confier celui de fournisseur à des entreprises non-gouvernementales.

Il suffit de comparer le fiasco du C-difficile à la tragédie de la listéria pour bien comprendre l’importance du rôle des uns et des autres.
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Publié le 01 février 2009 à 08h51
Une histoire empoisonnée
Ariane Krol, La Presse

Les citoyens de Shannon réussiront-ils à prouver la responsabilité du fédéral dans les multiples cas de cancers dont ils souffrent? Rien n'est moins sûr. Mais le dossier rassemblé par l'émission Enquête n'en est pas moins embarrassant pour les autorités. Les résidants ont été tenus dans l'ignorance durant des années, alors qu'ils étaient exposés à un puissant contaminant. C'est inacceptable.

Le reportage (diffusé en reprise aujourd'hui à RDI) est consternant. Des responsables fédéraux et provinciaux ont reçu au fil des ans plusieurs signaux les informant que la nappe phréatique dans laquelle les habitants de Shannon puisaient leur eau risquait de contenir une substance toxique. Personne ne s'est donné la peine de les informer pour qu'ils fassent des tests. Lorsque la municipalité en a effectué des années plus tard, l'eau était tellement contaminée qu'elle a immédiatement été déclarée impropre à la consommation.

Le contaminant découvert dans les puits, le trichloréthylène, est un cancérigène reconnu. Tout porte à croire que l'armée et l'un de ses fournisseurs sont à l'origine du problème. La base militaire de Valcartier et un fabricant d'armement, tous deux voisins de Shannon, ont utilisé ce dégraissant industriel durant des décennies. Et à l'époque, on ne s'inquiétait pas trop de savoir où aboutissaient les résidus qu'on déversait dans l'environnement.

Si autant de cancers ont été diagnostiqués à Shannon, c'est à cause du TCE, croient les résidents. Ils ont intenté un recours collectif contre le procureur général du Canada et deux entreprises privées. Leur dossier est impressionnant, mais ils auront du mal à convaincre la cour. Le lien de cause à effet est extraordinairement difficile à prouver dans ce genre de cause.

Les risques qu'Ottawa soit tenu responsable des cancers de Shannon sont donc assez minces. Québec, pour sa part, n'est pas visé par le recours collectif. Mais si les deux paliers gouvernements pensent que cette histoire peut être conscrite aux tribunaux, ils se trompent. La façon dont l'armée, le ministère québécois de l'Environnement et d'autres protagonistes ont géré ce cas de contamination est proprement aberrante. Si personne n'a découvert de TCE à Shannon avant la fin de l'année 2000, c'est que personne n'en a cherché. Pourtant, on aurait dû le faire, car plusieurs analyses donnaient à penser qu'il risquait d'y en avoir. Quand le problème a enfin été reconnu, il a fallu plus de trois ans de pressions pour que le fédéral accepte de financer la construction d'un réseau d'aqueduc. Et encore, la somme allouée ne couvre qu'une partie de la facture.

De quoi miner sérieusement la confiance du public envers l'État. On ne peut s'empêcher de se demander s'il n'y a pas, en ce moment même, d'autres villageois qui boivent de l'eau contaminée à leur insu, pendant qu'un rapport alarmant dort dans le tiroir d'un fonctionnaire.

Les gouvernements ne rassureront personne en niant toute responsabilité dans cette affaire. Au contraire. S'ils pensent avoir bien agi à Shannon, c'est qu'ils font bien peu de cas de la santé publique. Des explications s'imposent. Et probablement des excuses.

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