Nos ancêtres devaient participer quelques jours par année à la corvée du seigneur et lui remettre 1/20 de leur récolte. Depuis les choses ont changé pour le pire. En 2008, les Québécois travailleront près de six mois par année pour leur nouveau seigneur, le gouvernement.
Le rappel de cette douloureuse réalité soulève la sempiternelle question : Comment se compare le fardeau fiscal des Québécois? Dans sa chronique, Michel Girard clarifie cette question.
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Qui paie le plus d'impôt? Le Québécois, l'Ontarien ou l'Albertain?
16 mai 2008 - 06h45
La Presse
Michel Girard
Par rapport à l'ensemble des riches contribuables du Canada qui déclarent plus de 100 000$ par année, ceux du Québec sont proportionnellement moins nombreux mais, ô surprise, ils doivent par contre porter sur leurs épaules une plus lourde charge fiscale!
Et cet écart «fiscal» en défaveur des Québécois se creuse davantage lorsqu'on compare les nantis du Québec à ceux des deux provinces les plus riches, soit l'Ontario et l'Alberta.
Explication. À la lumière du tableau ci-contre, vous constaterez qu'au Québec, les nantis de 100 000$ et plus représentent 2,9% de l'ensemble des contribuables québécois.
Selon les plus récentes statistiques fiscales (année 2005) sur le revenu des particuliers, nos nantis ont payé 28,9% de la facture totale des impôts payés au Québec. On parle donc d'un ratio «impôts/contribuable» de 10 pour 1.
Les nantis québécois payent ainsi dix fois plus d'impôts que ce qu'ils représentent comme nombre.
À titre comparatif, les contribuables québécois de la tranche de revenu «30 000 à 49 999$» présentent un ratio «impôts/contribuable» de 1 pour 1 par tête.
Ils représentent en effet 21,9% des contribuables, tout en supportant un poids quasi équivalent (24,2%) de la facture totale des impôts versés au Québec.
Dans l'ensemble du Canada, les nantis à 100 000$ ou plus de revenu annuel totalisent 4,1% de tous les contribuables canadiens. Ils ont défrayé 38,2% de la facture totale des impôts provincial et fédéral.
Ce qui donne un ratio «impôts/contribuable» de 9,3 par tête de contribuable canadien à revenu très élevé.
Jetons maintenant un coup d'oeil du côté des deux plus riches provinces canadiennes. En Ontario, 4,9% des contribuables ont rapporté un revenu supérieur à 100 000$.
Ces nantis ontariens ont épongé à eux seuls 43% de la facture totale des impôts provincial et fédéral. Cela donne donc un ratio «impôts/contribuable» de 8,8 par riche.
En Alberta, les contribuables à plus de 100 000$ de revenu par année occupent une place encore plus significative dans la province. Ils totalisent 6,8% de l'ensemble des contribuables albertains.
Et, tenez-vous bien, ces nantis payent près de la moitié (49,7%) de la facture totale des impôts provincial et fédéral. Ce qui donne un ratio «impôts/contribuable» de 7,3 par tête de nanti.
Pourquoi les nantis du Québec doivent-ils supporter un poids fiscal relativement plus élevé que dans l'ensemble du Canada et de ses deux provinces les plus riches?
Une des raisons porte notamment sur le fait que les contribuables québécois de la tranche de revenu des «250 000$ et plus» ont rapporté un revenu moyen nettement inférieur à leurs collègues canadiens.
Alors que le revenu annuel moyen rapporté par les grands nantis du Québec s'élevait à 481 819$, celui du Canadien «modèle» était de 605 939$, comparativement à 611 079$ pour l'Ontarien et à 705 075$ pour l'Albertain.
Même si l'Alberta compte 2,4 fois moins de contribuables que le Québec, le nombre de contribuables à 100 000$ et plus par année est quasi similaire, soit 162 430 pour l'Alberta, contre 169 000 pour le Québec.
En Ontario, on dénombre 2,6 fois plus de nantis (soit 439 290) qu'au Québec, alors que son nombre total de contribuables est seulement 1,5 fois plus élevé qu'ici.
Autre constat intéressant: non seulement les nantis du Québec supportent-ils, proportionnellement parlant, une plus lourde facture fiscale que les nantis des riches provinces, mais en plus, ils le font tout en gagnant proportionnellement un revenu inférieur aux riches canadiens, ontariens et albertains.
Pendant que les Québécois à 100 000$ et plus de revenu annuel encaissaient 16,5% de tous les revenus des contribuables de la province, leurs pairs ontariens empochaient 26,2% du revenu total et les Albertains, rien de moins que 34,2%. La moyenne canadienne? Elle est de 23,5%.
Par ailleurs, comme le Québec compte proportionnellement moins de contribuables à revenu très élevé que l'Ontario, l'Alberta et même la moyenne canadienne, les contribuables québécois des tranches de revenu de 30 000$ à 100 000$ se font forcément siphonner davantage le portefeuille.
Les Québécois qui gagnent de 30 000$ à 49 999$ ont payé au Québec 24,2% de tous les impôts provincial et fédéral, comparativement à seulement 13,2% de l'impôt total pour les Albertains de la même tranche de revenu, à 15,6% pour les Ontariens et à 18,5% pour la moyenne canadienne.
Dans la tranche de revenu des «50 000$ à 99 999$», les Québécois ont défrayé 38,1% de tous les impôts payés au Québec, les Albertains, 33% et les Ontariens, 36,3%. Et la moyenne canadienne de cette tranche de revenu est de 36,7%.
Dernière particularité québécoise: de tout l'impôt provincial récolté par l'ensemble des provinces, c'est le Québec qui arrive en tête!
Alors que la population du Québec représente 23,5% de la population canadienne, les Québécois ont payé 31,6% de tout l'impôt provincial récolté au Canada, soit 18,9 milliards sur un total de 59,8 milliards.
On se paie les «honneurs» qu'on peut!
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