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Vaut mieux en rire!

Avant de couper des centaines de millions dans les services, est-ce qu’on peut avoir les services ? - Michel Beaudry

31 mai, 2023

Aux sources de la radicalité contemporaine

 Par Gérard Maarek.

Vous avez sûrement découvert avec étonnement que certains de vos amis ou de vos parents, que vous savez sains d’esprit, se sont farouchement opposés à la vaccination contre le Covid-19, et qu’ils vont parfois jusqu’à douter des bienfaits des vaccins en général.

Face à cette attitude, il y a deux façons de réagir. Vous pouvez penser que ce comportement est le résultat d’un manque d’informations et d’une réflexion insuffisante. Vous vous efforcez alors de leur démontrer, chiffres et graphiques à l’appui, que la politique de lutte contre la pandémie a été une relative réussite en Europe, eu égard aux informations et aux moyens dont disposaient en 2020 les États et les systèmes de santé publique ; ou alors, vous pouvez écouter attentivement leur argumentaire, car vous auriez tort de vous croire plus perspicace qu’eux.

En effet, que disent les « antivax » ?

Ils ne contestent pas que les vaccins offrent une protection contre la maladie, mais ils déplorent leurs effets secondaires, qui ont entraîné le décès de plusieurs personnes. Pour eux, que ce nombre soit infime ne change rien à l’affaire. La vie est sacrée, on ne peut pas mettre en balance le bien-être de la collectivité et la mort de quelques-uns. Un mort est un mort de trop. Mais leur opposition à la vaccination devient absolue dès lors qu’elle est obligatoire, ou que s’en abstraire est socialement sanctionné. On pense ici aux soignants non vaccinés. Ainsi, l’opposition au vaccin n’est pas le résultat d’un calcul probabiliste où les avantages sont confrontés aux risques encourus. Non, la vaccination sera récusée au nom de principes absolus, en l’espèce le respect de la vie humaine et l’exercice de la liberté individuelle.

Parmi nos contemporains, les « antivax » ne sont pas les seuls à verser dans cette forme de radicalité.

En Occident, l’économie de marché, la libre entreprise, en un mot le capitalisme, n’ont pas bonne presse. Sa forme achevée, la mondialisation, est encore moins populaire. Les reproches qui lui sont adressés sont multiples. N’avons-nous pas assisté à une montée des inégalités sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale ? à la répétition de graves crises financières qui privent de travail et de revenu des pans entiers de la population ? à l’exploitation et la domination dont sont victimes les plus faibles, chez nous et dans le tiers-monde ?

Vous aurez beau rappeler que la globalisation des échanges a sorti nombre de ces pays de la misère, que le niveau de vie des Européens et des Américains a progressé de façon spectaculaire au cours des dernières décennies, vous restez inaudible. Car le capitalisme tel qu’il fonctionne paraît à certains profondément injuste. Et ce besoin de justice transcende toute autre considération.

 

La démocratie représentative est aussi la cible de sévères critiques.

Le désamour est sérieux, qui voit prospérer les partis extrémistes à gauche et à droite de l’échiquier politique et qui fait des abstentionnistes un troisième parti non moins important. On reproche à nos systèmes de concentrer le pouvoir aux mains d’une caste de politiciens professionnels, beaucoup plus soucieux de leur réélection que de l’intérêt général. Leur duplicité n’a d’égale que leur impuissance à résoudre les problèmes des citoyens ordinaires.

Certes, « la démocratie est le plus mauvais système de gouvernement – à l’exception de tous les autres qui ont pu être expérimentés dans l’histoire. » Ce que Winston Churchill énonçait à la sortie de la guerre est malheureusement redevenu d’une brûlante actualité. Plus de la moitié de l’humanité vit aujourd’hui sous la férule de régimes autoritaires, où la liberté d’expression est bridée et les droits humains souvent bafoués. Ces régimes ont gagné en puissance et défient aujourd’hui frontalement l’Occident. Ces arguments ont peu de prise sur les contempteurs de la démocratie représentative, tant leur désir d’ordre et d’autorité les submerge. D’où la sympathie sournoise dont bénéficie par exemple Vladimir Poutine, dans certains secteurs de l’opinion.

 

Comment dès lors expliquer ces comportements paradoxaux ?

Qu’il s’agisse de questions de santé publique, d’économie ou de politique, force est de constater l’imperfection intrinsèque des solutions institutionnelles que l’expérience accumulée au cours des âges a fait émerger. En même temps qu’elles apportent aux Hommes des bienfaits incontestables, elles comportent des effets secondaires indésirables. Et ce sont ces effets qui ne sont plus tolérés.

Tout se passe comme si, dans l’expression de leurs préférences, en certaines circonstances, nos contemporains n’étaient attentifs qu’aux inconvénients, sans mettre en regard les avantages, ce qu’ils ne font manifestement pas dans la vie courante. Ils prennent le volant de leur voiture en dépit des risques d’accident, ils consomment de l’alcool ou du tabac malgré leurs dangers avérés pour la santé.

Dans les trois situations que nous avons décrites, les systèmes sociopolitiques qu’ils réprouvent portent atteinte, non à leur bien-être personnel, mais à des principes d’un ordre supérieur, touchant à leur éthique : le caractère sacré de la vie humaine ; la liberté de choix, l’égalité devant la loi, la sincérité, l’amour de la vérité, etc. D’autres valeurs moins recommandables guident parfois les Hommes : le nationalisme, voire le racisme, qui affirment la supériorité de leur groupe d’appartenance. Dans toutes ces situations, ils traitent les avantages matériels comme un critère subordonné.

Sans doute en a-t-il été ainsi de toute éternité : chacun se devait de respecter des principes imposés par la religion ou l’idéologie dominante. Ce comportement était dicté de l’extérieur par des forces sociales sur lesquelles les Hommes ordinaires n’avaient guère de prise. Les systèmes sociopolitiques se coulaient dans ce moule.

Aujourd’hui, l’ère des grandes idéologies monolithiques est révolue. Chacun veut se déterminer librement et compose son propre référentiel en puisant dans l’immense bric-à-brac des valeurs et des croyances disponibles. L’éducation de masse, – le baccalauréat pour tous -, a formé des individus rebelles qui pensent par eux-mêmes et qui n’acceptent plus les arguments d’autorité. Dès lors, rien de surprenant que le monde tel qu’il est, la société telle qu’elle fonctionne, par nature imparfaits et inachevés, voient se dresser contre eux une coalition de mécontents venant de tous les horizons.

 

En la matière, les réseaux sociaux jouent un rôle déterminant.

L’anonymat et l’impunité encouragent l’expression, souvent violente, des idées les plus extrêmes. Les algorithmes permettent à ceux qui les partagent de se rencontrer, et la multiplication des likes donne un caractère viral à leur diffusion. Alors, on se « radicalise » tout seul devant son écran, ou à quelques-uns dans un groupe dédié. Cela ne tire pas à conséquence, on vitupère contre le gouvernement ou la mondialisation, mais la vie suit son cours. On continue de payer ses impôts, de traverser dans les clous et d’acheter des smartphones made in China. C’est un simple défoulement, un jeu. On serait bien marri que cela change. La vie dans ce monde parallèle génère des satisfactions psychiques, auxquelles beaucoup sont devenus addicts.

Cependant, des entrepreneurs ayant des visées politiques animent désormais le « marché » des idées et des croyances que sont devenus les réseaux sociaux. La manipulation de l’opinion s’y nourrit de techniques efficaces. Au moment de voter, les contestataires peuvent difficilement se dédire et vont mettre leur suffrage en harmonie avec le credo qu’ils professent sur leur fil Twitter ou Facebook. Ils quittent momentanément le monde virtuel des réseaux sociaux pour le monde réel de la décision politique, sans toujours mesurer la portée de leurs actes. La montée des partis extrémistes se nourrit de ce mécanisme.

Les États-Unis avec Donald Trump, en Europe, le Royaume-Uni, la Hongrie, la Pologne, l’Italie ont fait l’expérience de ce basculement. Avec un succès mitigé, car les leaders qui avaient promis de réformer substantiellement le système sociopolitique pour en corriger les défauts ont doublement échoué. La démocratie illibérale est un régime qui prétend donner la parole au peuple, mais fait peu de cas de la séparation des pouvoirs, vite confisqués par un autocrate ou une oligarchie.

De même, sortir de la mondialisation pour davantage de protectionnisme pénalise les consommateurs sans pour autant relancer la croissance. Dans les cas extrêmes, vouloir en finir avec le « capitalisme financier » consiste à soumettre les marchés aux injonctions de l’État et de ses fonctionnaires, et à opérer une redistribution massive des revenus et des patrimoines. C’est la recette assurée pour une destruction de richesse. Le souverainisme a incité le Royaume-Uni à quitter l’Union européenne en promettant des lendemains qui chantent. Sept ans après le Brexit, c’est plutôt le désenchantement.

 

Il convient cependant de rester optimiste.

En Occident, les Constitutions sont assez solides et le débat politique encore suffisamment ouvert pour que la marche vers les extrêmes reste réversible. Trump n’a pas été réélu, Boris Johnson a été chassé du 10 Downing street, les étoiles de Matteo Salvini et de Beppe Grillo se sont éteintes. La Grèce d’Alexis Tsípras et la Hongrie de Viktor Orban ont appris jusqu’où ne pas aller trop loin.

Le meilleur moyen pour les peuples de demeurer dans le « cercle de la raison » n’est-il pas d’en tester de temps en temps les limites ? Ils quittent alors le monde imaginaire des réseaux sociaux pour revenir dans le monde réel, un monde inévitablement pétri de contradictions et d’imperfections. L’art du politique, l’art du vivre ensemble, est précisément de s’en accommoder. Les Français seront-ils tentés par cette expérience ? Nous le saurons bientôt.

26 mai, 2023

« Le libéralisme : autopsie d’une incompréhension », de Serge Schweitzer

 Par Sylvain Trifilio.

Pourquoi le libéralisme, qui a apporté dans son sillage prospérité économique et liberté politique, est-il aujourd’hui si méprisé et détesté ? C’est ce paradoxe – qui paraît a priori incompréhensible ou qui repose sur une forme d’incompréhension – que l’économiste Serge Schweitzer s’est proposé d’autopsier dans son dernier livre paru aux Presses universitaires d’Aix-Marseille.

L’ouvrage est composé (hors le sommaire, la bibliographie et l’index nominum) de deux parties : le texte principal (pp. 11-94) et deux annexes (pp. 97-122). Le texte principal comprend trois chapitres qui proposent successivement une histoire de l’ostracisation des idées libérales, une analyse économique du marché des idées et une psychologie comparée du libéral et du socialiste.

 

Le premier chapitre revient sur l’éviction progressive des libéraux des sphères du pouvoir et des milieux académiques, depuis l’époque de Napoléon. Le propos y est servi par une très bonne connaissance de l’histoire du libéralisme contemporain et une longue expérience du monde universitaire. La conclusion malicieuse de ce premier chapitre – à laquelle il est difficile de ne pas souscrire – est sans appel : les opportunistes n’ont aujourd’hui aucun intérêt à s’enticher ou à afficher des idées libérales.

Le deuxième chapitre, qui constitue le cœur de l’ouvrage, s’efforce d’expliquer pourquoi, en France, les libéraux partent avec un lourd handicap lorsqu’ils se lancent à la conquête du marché des idées. Serge Schweitzer ne s’étend pas sur la structure de ce marché et sur sa cartélisation dans le courant du XXe siècle ; il préfère insister sur son fonctionnement. Ainsi, il propose d’abord une typologie des producteurs présents sur le marché des idées, décrit ensuite les stratégies auxquelles ceux-ci sont susceptibles d’avoir recours pour intégrer et gagner des parts dudit marché (l’apprentissage auprès de maîtres-penseurs, la vente directe au public, le courtage médiatique) et explique enfin pourquoi il est si difficile au libéralisme de s’y imposer. Ce chapitre, dont le ton paraît globalement pessimiste, s’achève toutefois sur une note positive : l’avènement d’internet, en ce qu’il a permis de dépasser, voire disqualifier « l’information corsetée, monopolisée, entravée, tenue par la pensée officielle » (p. 70), a ouvert de nouveaux débouchés aux idées libérales.

Enfin, le troisième chapitre brosse les portraits psycho-sociologiques du libéral et du socialiste. On y retrouve de ces accents que les économistes de « l’École de Paris » (Michel Leter) aimaient donner à leurs écrits dialogués mettant en scène un partisan des idées libérales et différents contradicteurs ou interlocuteurs (Les Soirées de la rue Saint-Lazare (1849) de Gustave de Molinari ou Les Causeries du grand-père (1905) de Frédéric Passy). Le premier des modèles de Serge Schweitzer – le libéral – est dépeint comme un être tout de rationalité et de logique (pp. 75, 84), un ascète (p. 89) adepte d’une approche scientifique (p. 73) et d’une esthétique du savoir (p. 82), un solitaire mu par le souci de comprendre (p. 78), irrésistiblement attiré par la singularité (p. 81). Conclusion : « on ne peut pas être libéral et sentimental » (p. 90).

Et pourquoi donc ?!

 

Les mérites et qualités de ce libéral ne seraient-ils pas autant de défauts ? Quel froid personnage, presque triste et ennuyeux ! Qui pourrait bien avoir envie d’échanger et de partager avec lui ? Qui pourrait bien se laisser convaincre par cet étrange anachorète ? Comment, en outre, ce libéral prompt à s’abandonner à l’« ivresse du cavalier seul » (p. 82) pourrait-il se plaindre d’être « presque unanimement rejeté » (p. 74) ? Un tel portrait est d’autant plus surprenant sous la plume de Serge Schweitzer que lui-même a été, sa carrière durant, tout le contraire de ce libéral-là. S’il a, pendant plusieurs décennies, si brillamment séduit ses auditoires à l’occasion de cours et de conférences, c’est bien parce qu’il savait faire rire et surprendre, choquer ou attendrir, en un mot, susciter l’émotion et s’adresser aux sentiments autant qu’à l’intelligence de son public.

Ce n’est pas dire que son portrait du libéral est faux. Il est même peut-être, pour le malheur du libéralisme, encore plus juste qu’il n’y paraît. Comment les libéraux ont-ils pu perdre la bataille de l’opinion au XXe siècle, alors qu’ils tenaient, jusqu’à l’orée de celui-ci, les positions les plus faciles à défendre (à l’Institut et dans ses Académies, à l’Athénée, au Collège de France, au Conservatoire national des arts et métiers…) ? Comment n’ont-ils pas finalement réussi à occuper le devant de la scène politique et médiatique, alors que les idéologies les moins respectueuses de la liberté et de l’individu venaient de produire les catastrophes les plus tragiques ? Les libéraux n’ont-ils pas eux-mêmes – plus que leur environnement – la plus grande part de responsabilité dans cet échec ? Et cette responsabilité ne viendrait-elle pas précisément de leur incapacité à faire rêver, à convaincre que c’est en les suivant que les lendemains ont le plus de chance de chanter ?

 

Le portrait du socialiste est, pour sa part, moins développé par Serge Schweitzer et il tourne un peu facilement – même si l’auteur s’en défend – à la caricature : adorateur de l’État (p. 94), c’est un doux rêveur masochiste (p. 87), dominé par ses sentiments (p. 88), incapable de réaliser que les solutions qu’il propose sont bien plus sûrement la source de maux que de bienfaits (pp. 88-89).

Notre médecin légiste a cependant mille fois raison de rappeler, au détour de son autopsie, que son second modèle se comporte trop souvent à la manière d’un escroc : tel le docteur Knock, le socialiste s’évertue à convaincre son prochain qu’il est un animal malade du libéralisme, alors qu’il bénéficie, en ce début de XXIe siècle, d’un niveau de prospérité tout simplement vertigineux (comparé à ce qu’il était à la fin du XVIIIe siècle) ; que nous sommes bien, Terriens, dix fois plus nombreux et cinquante fois plus riches qu’à la veille de la révolution industrielle et de l’avènement des idées libérales qui l’ont accompagnée.

 

Les deux annexes du livre de Serge Schweitzer sont consacrées respectivement aux économistes français du troisième quart du XXe siècle et à la notion d’intérêt général. Les premiers sont parfois critiqués pour n’avoir pas su prendre le virage de la « révolution formaliste » (Mark Blaug) et des méthodes empiriques. Pourtant peu suspects de libéralisme, ils sont défendus de manière convaincante par Serge Schweitzer, qui montre que le meilleur moyen de vite passer de mode est précisément de céder aux effets de mode. L’intérêt général est, de son côté, décrit comme un « faux concept ». Le ton provocant adopté ici par l’auteur heurtera peut-être certains lecteurs ; il ravira en tout cas ceux qui le connaissent déjà.

 

Serge Schweitzer, Le libéralisme : autopsie d’une incompréhension, Aix-en-Provence, P.U.A.M., 145 pages.

ISBN: 9782731412734

25 mai, 2023

Projet de loi 22 sur les expropriations: un recul du droit de propriété selon l’IEDM

 La nouvelle Loi concernant l’expropriation proposée par le gouvernement du Québec constitue un grand recul pour le droit de propriété au Québec, a fait valoir l’Institut économique de Montréal suite au dépôt du projet de loi 22.

« Avec sa réforme de l’expropriation, Québec priorise les intérêts du monde municipal aux dépens des droits des citoyens et citoyennes », affirme Daniel Dufort, président-directeur général de l’IEDM. « Chaque dollar que les villes et autres organismes gouvernementaux épargne sera soutiré à ceux et celles qu’ils ciblent de façon arbitraire. »

Le projet de loi 22 du gouvernement du Québec vise à remplacer la Loi sur l’expropriation adoptée en 1973. À l’époque, l’expropriation de 12 000 Québécois et Québécoises à Sainte-Scholastique pour la construction de l’aéroport de Mirabel était encore fraîche dans la mémoire collective, et avait été mentionnée à plusieurs reprises lors des débats.

Avec son projet de loi, Québec cherche à réduire le coût de l’expropriation, limitant la compensation requise à la valeur marchande du terrain dans son état actuel plutôt que la valeur au propriétaire qui tient compte du potentiel de la propriété.

L’Institut craint que cela nuise à l’environnement d’affaires au Québec en cessant de tenir compte des projets en développement ou à développer dans le calcul de la valeur des terrains visés par une procédure d’expropriation.

Selon lui, la facture élevée associée à l’expropriation n’est pas un défaut, mais bien une vertue, puisqu’elle sert à protéger l’intérêt du citoyen.

« Comme la partie expropriée n’a pas son mot à dire dans le processus, il est normal que l’instance gouvernementale qui le dépossède ait à payer une lourde somme en guise de dédommagement », explique Gabriel Giguère, analyste en politiques publiques à l’IEDM. « Le fait qu’il soit long et coûteux d’exproprier n’est pas un défaut, mais bien un rempart contre l’abus de cette procédure d’exception. »

* * *

L’IEDM est un think tank indépendant sur les politiques publiques, avec des bureaux à Montréal et Calgary. Par ses publications, ses apparitions dans les médias et ses services consultatifs aux décideurs politiques, l’IEDM stimule les débats et les réformes des politiques publiques en se basant sur les principes établis de l’économie de marché et sur l’entrepreneuriat.

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Demandes d’entrevue
Renaud Brossard
Directeur principal, Communications
Cell. : 514 743-2883

23 mai, 2023

ÉCOLOGIE : IL FAUT EN FINIR AVEC LES PRÉVISIONS CATASTROPHISTES !

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Le professeur d’économie David Stadelmann a beaucoup étudié la question du réchauffement climatique. Les chiffres sont là : il n’y a aucun lien entre croissance économique et émissions de gaz à effet de serre.

La température sur Terre n’a progressé que de 1 degré, pas depuis 1990 mais bien depuis 1850

Ainsi, d’après une étude factuelle, les émissions de CO2 ont baissé d’environ 30% en Europe occidentale depuis 1990 tandis que la richesse par habitant a progressé d’environ 40% (par exemple, -31% de GES (gaz à effet de serre), en Allemagne alors que dans le même temps le PIB par habitant y a augmenté de 45%). Deuxièmement, malgré la propagande catastrophiste, la température sur Terre n’a progressé que de 1 degré, pas depuis 1990 mais bien depuis 1850 ! Très loin des délires de 3 ou 4 degrés en plus d’ici 2100. Stadelmann montre aussi  que les politiques des Etats n’ont aucun effet sur les températures locales.

Dans un article écrit pour l’organisation indépendante ORF (Observer Research Foundation), Marco Frank et David Stadelmann développent d’ailleurs un raisonnement très intéressant à propos de l’action des Etats pour lutter contre le réchauffement climatique. Dans un premier temps, ils dressent un constat : il y a trop d’Etats passagers clandestins (en économie, ceux qui profitent d’une action sans y participer d’aucune manière) en matière de politiques de réductions des GES, et il évoque les nombreux effets néfastes de cette attitude. Ainsi par exemple, les coûts des politiques anti-pollution ne sont-ils  supportés que par certains pays alors que toute la planète en profite, puisqu’il s’agit du climat ; ainsi les prix des énergies fossiles vont-ils baisser si des Etats ne les achètent plus, ce qui incitera d’autres Etats moins riches à plus les utiliser pour développer leur économie ; ainsi certains pays, froids notamment, pourraient-ils tout simplement voir un avantage dans le fait que la planète se réchauffe.

Ce sera bien plus efficace de s’appuyer sur l’innovation que d’interdire à tous de prendre l’avion ou d’avoir une voiture

Dans un deuxième temps, Frank et Stadelmann soulignent l’inefficacité des accords internationaux, comme ceux de Paris, car beaucoup d’Etat ne les signent que pour pouvoir exporter leurs produits dits “verts”, des batteries de voitures électriques dans l’UE, par exemple. En outre, personne n’ira sanctionner les autocrates et les dictateurs qui ne les respectent pas.

En partant de ces deux constats d’inefficacité et d’échec, Frank et Stadelmann suggèrent, dans un troisième temps de leur analyse, de sortir de cette écologie “naïve”, de cesser de nager à contre-courant et de se concentrer plutôt sur les effets du réchauffement climatique : au lieu d’interdire les voitures à essence et d’imposer des quotas carbone ou de fermer les centrales à charbon, mieux vaut investir massivement pour adapter les territoires à ce changement. Beaucoup d’actions sont possibles : ne planter que des espèces d’arbres résistantes à des températures beaucoup plus élevées, construire des digues en masse, déplacer certaines cultures vers le nord, ou encore bâtir des maisons résistantes aux tempêtes. Les deux options ne sont pas forcément incompatibles mais il faudra bien, petit à petit, s’adapter à l’évolution des températures et beaucoup de pays résistent encore…

David Stadelmann insiste sur le fait que, si les innovations permettent d’enrichir toujours plus les populations tout en diminuant les émissions de GES,  cette diminution ne doit pas se faire sous la contrainte, via des normes, des taxes ou des quotas. Elle doit se faire avec le consentement des populations, qui ont tout intérêt à ce que leurs maisons, leur environnement, résistent aux conditions météorologiques nouvelles et puissent profiter de toutes les innovations qui permettent aux Etats de s’y adapter. Ce sera bien plus efficace que d’interdire à tous de prendre l’avion ou d’avoir une voiture.

22 mai, 2023

L’école autrichienne dans la tradition française

 Par Damien Theillier.

Un article de l’Institut Coppet

Frédéric Bastiat (image libre de droits)
Frédéric Bastiat (image libre de droits)

Je ne vais pas vous parler tellement d’École autrichienne ce soir. Je préfère laisser cela à des spécialistes, demain. Mais je vais vous parler un peu de l’École française, l’École française d’économie politique, l’École française du libéralisme classique.

Je me suis lancé un défi un peu fou, puisque je vais vous parler d’auteurs totalement inconnus, c’est-à-dire qui ont totalement disparu de tous les manuels scolaires, de tous les livres d’histoire. Sans doute que vous n’en n’aurez en effet jamais entendu parler.

Donc je vais essayer quand même de faire revivre, l’espace de quelques minutes, ces auteurs qui ont pourtant marqué considérablement l’histoire de France. Et à travers eux je vais vous parler un peu de la France.

Il se trouve qu’en cette année 2014 nous fêtons, nous célébrons deux anniversaires : l’un, 1714, la mort de Pierre Le Pesant de Boisguilbert. Alors voilà le premier, Pierre Le Pesant de Boisguilbert. Peu de gens le connaissent, peu de gens l’ont lu, puisque de toute façon ses livres, jusqu’à aujourd’hui, étaient introuvables. Nous les avons, effectivement, réédités. Vous avez ici par exemple le Détail de la France, qui est le premier livre qu’il a écrit, en 1695. Ici, il s’agit d’une petite étude sur Pierre de Boisguilbert d’un professeur de philosophie, qui s’appelait Félix Cadet, et qui nous rend la lecture un peu plus facile.

Le deuxième anniversaire dont je vais vous parler, c’est 1814.

Vous voyez, on passe de 1714 à 1814, un siècle plus tard. Et il s’agit de la naissance d’un journal, qui a eu une grande importance à l’époque, mais qu’on a complètement oublié aujourd’hui, qui s’appelait Le Censeur, et qui est devenu ensuite, en 1819, Le Censeur Européen.

Ce journal a été fondé par deux grands esprits qui étaient Charles Comte et Charles Dunoyer, et qui ont beaucoup compté dans la formation intellectuelle de Frédéric Bastiat. Alors Frédéric Bastiat, j’espère qu’ici tout le monde connaît. C’est quand même l’un des grands esprits du XIXe siècle. Même si lui aussi malheureusement a disparu des manuels et des livres d’histoire. Mais il a écrit un jour que quatre œuvres avaient compté, avaient suffi — il dit cela : quatre œuvres ont suffi à ma formation économique. Et il a dit : d’abord Adam SmithJean-Baptiste SayDestutt de Tracy — encore quelqu’un qu’on ne connait plus du tout aujourd’hui — et Le Censeur. Et Le Censeur c’était justement ces deux personnages : Charles Comte et Charles Dunoyer.

Je vais essayer de passer de 1714 à 1814 en vous donnant un peu le contexte historique, et en essayant de voir quelles sont les similitudes entre ces deux dates et notre époque actuelle.

Je vais commencer par le plus ancien, donc le tricentenaire de la mort de Pierre Le Pesant de Boisguilbert. Ce personnage était magistrat et il était aussi gérant d’un domaine qui était son domaine agricole en Normandie. Il était magistrat à Rouen, et il était lieutenant-général de Louis XIV, c’est-à-dire qu’il était une sorte de préfet. Et il a écrit ce premier livre qui s’appelle le Détail de la France, qui est une espèce d’enquête sur l’état de la France en 1695.

Qu’est-ce qu’il s’est passé en 1695 ?

On est dans une période extrêmement noire en France. C’est juste après plusieurs famines qui ont complètement ravagé la France. D’abord, en fait, il y a eu une vague de froid, en 1693 et 1694, une vague de froid terrible, qui a complètement décimé les récoltes, d’où famine, et d’où épidémie. Les gens étaient tellement affaiblis qu’il y a eu énormément d’épidémies. Et on a compté 1,5 million de décès, lors de ces deux années terribles, qui ont donc complètement décimé la France.

Beaucoup de gens de l’époque disaient : c’est la faute à pas de chance, c’est le mauvais temps, c’est le refroidissement climatique ; c’est le destin, c’est la fatalité, on n’y peut rien.

Boisguilbert, justement, dans son enquête, va expliquer que cette analyse est fausse, et que c’est en fait un sophisme, à savoir le sophisme de la cause et de l’effet. On attribue à un effet une fausse cause. Et il explique que la véritable cause est politique. Là il va s’en prendre directement à Colbert, Colbert qui était le Contrôleur général de Louis XIV. Et il dit : c’est la politique de Colbert qui depuis des années a ruiné l’agriculture française. Pourquoi ? Parce que la politique de Colbert c’est une politique de blocage des prix. Il voulait que les prix soient bas. C’était une politique de protectionnisme qu’on a appelé le mercantilisme, qui consistait à interdire les importations, à bloquer les échanges à l’intérieur comme à l’extérieur. Si bien que lorsqu’il y avait une surproduction on ne pouvait pas écouler les surplus, et lorsqu’il y avait une pénurie, comme c’était le cas alors, à cause des mauvaises récoltes, il était impossible de s’approvisionner à l’extérieur pour compenser justement la perte, ce qui fait que les gens étaient condamnés, effectivement, à des aléas terribles. Il faut voir que l’espérance de vie à l’époque était la même que sous Jules César, c’est-à-dire qu’elle n’a pas évolué, et cela jusqu’à Louis XVI, et que 30 à 40 % des enfants mouraient avant l’âge de 7 ans. On était vraiment dans une période extrêmement difficile.

Donc en fait premier sophisme : sophisme de la cause et de l’effet.

On n’a pas vu, on n’a pas compris que c’était la politique menée par Colbert. Et derrière la politique de Colbert il y a évidemment aussi la politique de Louis XIV, qui est une politique de puissance, une politique de conquête. En vérité, Louis XIV a fait la guerre pendant tout son règne, qui est un règne assez long. Il a véritablement été pris d’une espèce de folie guerrière. Il a fait la guerre aux Hollandais, aux Espagnols, enfin à tout le monde. Et tout cela pour rien, vraiment pour rien. Il faut dire que le bénéfice a été assez  nul. Il a quelque peu agrandi le royaume mais enfin quasiment pas. Par contre, les finances en ont pris un sacré coup, et par conséquent il a accablé d’impôt évidemment tout le monde. Mais tout le monde, non, car ce sont surtout la classe moyenne, et la classe des paysans, qui ont payé en réalité les guerres de Louis XIV. Donc une pression fiscale énorme, des crises, et impossibilité de s’en sortir.

Boisguilbert, ensuite, va pointer un deuxième sophisme.

C’est le sophisme que l’on appelle le sophisme de Montaigne, en tout cas il a été appelé comme cela par Ludwig von Mises dans L’action humaine. Ce sophisme était partagé par tout le monde. Tous les grands esprits du temps, et même encore longtemps après, l’ont partagé. C’était de dire que l’échange, que le commerce, est un jeu à somme nulle : ce que l’un gagne, l’autre le perd. Cette conception-là de l’échange faisait que le commerce était quelque chose d’extrêmement mal vu : le commerce était de la prédation. Il s’agissait en sorte d’arnaquer quelqu’un. Et donc le marché était vu comme une espèce de champ de bataille, où les intérêts privés étaient nécessairement antagonistes. Logiquement, la solution à cela c’était que le pouvoir politique fasse de l’ordre. Le pouvoir politique devait intervenir par le biais de la loi, donc par la force, pour essayer de réguler tout cela, pour éviter que ces échanges tournent en troubles publics ou en désordres.

C’est une conception radicalement fausse, dit Boisguilbert, et lui en prend le contre-pied en disant que, en réalité, la vérité est que l’échange est bénéfique aux deux parties ; que si l’échange est libre, les deux parties sont gagnantes. À partir de là, Boisguilbert en déduit que la meilleure politique à mener serait celle qui consisterait tout simplement à lever les entraves, à faire le moins de lois possibles, et à laisser les gens échanger librement selon leurs préférences, selon leurs projets, selon leurs désirs.

De cette liberté des échanges, ajoute-t-il, naîtraient un ordre et une société bien meilleures. Pour avoir parlé ainsi, Boisguilbert a été exilé au fin fond de la France par Louis XIV. Alors évidemment, il n’y avait pas que cela, il accusait aussi la multiplication des impôts, etc. Il a été banni, et il a fini sa carrière comme un misérable, en Corrèze. Par la suite, il a écrit d’autres livres pour développer ses idées et ses théories.

Ce qui est très intéressant, c’est de comparer la France et l’Angleterre à cette époque.

Et là, il y a vraiment une grande énigme : comment se fait-il que chez nous, en France, ces idées, qui sont des idées fondamentales, n’ont jamais été appliquées ? Alors qu’en Angleterre, à la même époque, c’est-à-dire dans les années 1680, l’Angleterre faisait sa révolution, une révolution pacifique, qui a permis d’instaurer un Parlement, qui a permis d’instaurer la liberté de la presse, qui a permis de développer un certain nombre de banques qui ont pu financer l’agriculture et la moderniser, si bien que l’Angleterre au XIXe siècle est entrée de plain-pied dans la révolution industrielle, et je dirais a dominé l’Europe pendant encore longtemps.

Boisguilbert, en France, le pauvre, effectivement, il est mort totalement inconnu et méprisé. On sait, toutefois, que ses idées ont été reprises après, par d’autres grands penseurs, que ce soit Quesnay, sous Louis XV, ou Turgot sous Louis XVI — les physiocrates d’une manière générale, qui se sont directement inspirés de Boisguilbert. Adam Smith avait le Détail de la France dans sa bibliothèque, donc on sait qu’il l’avait lu et qu’il y avait puisé.

Alors bien sûr, Boisguilbert est encore confus, il n’a pas encore un langage limpide, ni très clair ; ses raisonnements ne sont pas toujours parfaitement aboutis. Mais il a quand même créé les premiers grands concepts économiques, qu’on va retrouver chez Adam Smith, avec l’apport aussi des physiocrates français. Adam Smith, qui a vécu en France pendant une période, y a rencontré Quesnay et s’est inspiré de tout cela dans sa grande synthèse, La richesse des Nations.

Je vous disais donc qu’Adam Smith a beaucoup compté pour Bastiat, et derrière Adam Smith il faut voir toute l’école physiocratique, et Boisguilbert, qui a été vraiment le premier, le pionnier.

Turgot, vous le savez, n’a pas réussi à libéraliser la France. Il a pendant deux ans tenté de le faire, et puis il a échoué, parce que, là encore, il y a eu un certain nombre de corporatismes qui se sont dressés contre lui.

Alors maintenant j’en viens à 1814 : on fait un grand saut, parce qu’il y a eu la Révolution française. Mais ce qu’il y a de très intéressant, c’est qu’en 1814, on est à la fin d’une période qui a été aussi une période assez noire pour la France, qui est la période napoléonienne, c’est-à-dire la période d’une des plus grandes dictatures militaires de l’histoire de la France.

Savez-vous que Napoléon Bonaparte a tué un million de nos concitoyens ? Un million de Français morts sur les champs de bataille, pour pas grand-chose là non plus. Pour se retrouver à l’île d’Elbe. Et il a ruiné la France, littéralement. Il a laissé la France dans un état bien pire que quand il est arrivé au pouvoir.

Alors Le Censeur, c’était ces deux juristes — car c’était des juristes, ce n’était pas des économistes au point de départ — Charles Comte et Charles Dunoyer. Ils ont fait le bilan, là encore, de la France. Ils sont les auteurs d’une théorie qui finalement va avoir un certain succès. Elle a été déformée par la suite et reprise par Marx.

Je vais vous l’expliquer en deux mots.

C’est une théorie de l’exploitation et de la lutte des classes. En fait, leur idée c’est que si on veut comprendre la France dans son unité, l’histoire de France dans son unité, ils disent qu’il y a toujours eu en France deux classes, deux grandes classes sociales, qui se sont en permanence combattues. D’un côté la classe des producteurs et des commerçants, de l’autre la classe qui se trouve tout en haut, l’élite, la classe qui justement ne produit pas, mais consomme. Et cette élite, c’est une élite aristocratique, c’est une élite guerrière, c’est une élite cléricale, c’est une élite intellectuelle. Et donc ils expliquent qu’il existe deux moyens pour acquérir les richesses : soit la guerre, la violence, la force, soit par la production. Or la France a toujours été, si vous voulez, dans une espèce de lutte entre ces deux façons de vivre, ces deux façons de rechercher le progrès ou la richesse.

Alors pour en revenir à Bastiat, il y a donc un troisième auteur dont il parle, et qui est Destutt de Tracy. Alors Destutt de Tracy, moi, la première fois que j’en ai entendu parler, j’étais un peu stupéfiait, parce que c’était en visitant la maison de Jefferson, en Virginie, aux États-Unis. Monticello, qui est une maison superbe, en plein milieu de la forêt. Et j’arrive dans le bureau de Jefferson, bureau rempli de bouquins. Je m’approche, je ne vois que des auteurs français. Parmi ces auteurs français, il y en avait dont je n’avais jamais entendu parler : Daunou, je ne sais pas ceux qui connaissent ; Cabanis, jamais entendu parler ; et Destutt de Tracy. Et donc j’étais assez stupéfait parce que, voilà, j’avais fait mes études à la Sorbonne, j’avais passé quand même pas mal d’années là-bas, alors oui on m’a parlé de Montesquieu, évidemment, on m’a parlé de Rousseau, on m’a parlé de Voltaire, mais ces auteurs-là, jamais. Et donc quand je suis revenu des États-Unis, mon obsession c’était de me dire : qui étaient ces auteurs pour qu’ils aient à ce point compté pour Jefferson, et en quoi ont-ils inspiré sa vision politique, sa vision économique ?

Alors de fait, Destutt de Tracy, c’est un aristocrate qui a été officier, puis qui a été emprisonné durant la Révolution française. Il a cru que sa mort était arrivée. Et puis finalement il a croupi dans une prison pendant assez longtemps, jusqu’à la mort de Robespierre, et finalement il est sorti après. Mais ça a complètement changé sa vie. Tout ce qu’il pouvait faire dans sa prison, c’était bouquiner, alors on lui envoyait des livres, et il s’est pris de passion pour l’économie politique. Et à partir de là il a fait une carrière d’économiste, ou plutôt de philosophe et d’économiste, car il partageait un peu son temps entre les deux. Et il a écrit un très beau traité d’économie politique, qui a été interdit par Napoléon, et que Thomas Jefferson a fait éditer aux États-Unis — qu’il a traduit lui-même, et qu’il a fait éditer.

Alors voilà quels sont les auteurs qui ont compté pour Frédéric Bastiat.

Et donc je reviens sur cette question qui est un peu une énigme. Pourquoi en France, tous ces auteurs n’ont pas été écoutés ? Alors qu’on a peut-être les auteurs les plus brillants sur le plan de la défense du libre-échange, sur le plan de la défense des droits individuels, pourquoi ces auteurs sont restés dans l’oubli, pourquoi leurs idées n’ont jamais été appliquées, ou très rarement ? Parce que finalement quand on regarde la France, on a des périodes comme ça, des périodes de folies guerrières : on a parlé de Louis XIV, on a parlé de Bonaparte, mais quand vous regardez le XXe siècle, évidemment ce n’est pas mieux. Et nos institutions actuelles, elles sont issues de qui ? Du maréchal Pétain, pour la Sécurité sociale, et le reste du général de Gaulle. Donc en fait on a tout le temps et toujours cette aristocratie militaire qui gouverne la France. C’est encore quelque chose qui est très proche de nous.

Alors, une des hypothèses qui ont été avancées, notamment par Charles Comte et Charles Dunoyer, c’est qu’en fait la France a une certaine schizophrénie. Je vous le disais, en fait il y a deux classes qui se combattent, mais la classe dominante, c’est-à-dire celle qui fait les lois, cette classe a toujours été fascinée par le modèle de l’empire romain.

On a de toute façon été colonisé par les Romains et la France s’est construite sur ce modèle-là. Or l’empire romain, quand on regarde, c’est un système qui ne vivait que de la prédation et de la spoliation, qui redistribuait vaguement, et qui surtout dépensait énormément, un système où les producteurs et les commerçants étaient au bas de l’échelle. C’était un empire militaire, fondé essentiellement sur la guerre, sur la conquête. Et d’ailleurs au XIXe siècle, quand on a voulu créer un corps d’élite de l’armée française pour combattre dans les colonies, on l’a appelé la légion étrangère — en hommage à l’empire romain. Quand vous regardez  Napoléon, quand il a été couronné, qu’est-ce qu’il a voulu mettre sur sa tête, non pas une couronne, mais des lauriers, comme César. Il y a beaucoup de statues de Louis XIV qui le représentent en empereur romain. Il y en avait une à Paris, place des Victoires. On voit que ce modèle a pétri la France, non seulement sur le plan politique, mais aussi sur le plan intellectuel. Bastiat dit souvent que notre fascination pour les études classiques nous a complètement brouillé l’esprit. Parmi les études classiques, Bastiat, dans La Loi, cite beaucoup Bossuet, Fénelon, évidement Rousseau, et Montesquieu. Tous ces auteurs-là ne voient de solutions aux problèmes de la société que dans la loi, que dans le fait de produire des lois pour réguler, pour ordonner.

Sur ce point, je reviens à Boisguilbert, parce qu’au départ il y a cette idée que le commerce ce n’est pas quelque chose qui est profitable à tous, mais seulement à quelques-uns, et que le commerce est une forme de prédation. Et donc partant de là, la loi devient le seul remède, la politique devient le seul remède à cette espèce de désordre des intérêts particuliers. Et vous savez que Bastiat a écrit un livre qui s’appelle les Harmonies économiques, et que justement tout son livre a été écrit pour essayer de combattre ce sophisme, cette idée que les intérêts sont antagonistes, et que par conséquent il faudrait un pouvoir fort pour contenir ces intérêts et pour les harmoniser en quelque sorte, par en haut.

Maintenant je vous laisse la parole, si vous avez effectivement des idées là-dessus, c’est-à-dire quand on compare la France et l’Angleterre — et je laisse de côté les États-Unis car ce serait encore autre chose — mais quelles sont les raisons qui font que, en France, ces idées n’ont jamais été appliquées ou sur des périodes assez courtes. On en parlait tout à l’heure, le Second Empire a été une période assez libérale, qui s’est terminée de façon assez brutale avec la guerre de 1870 — encore une guerre. Il y a eu des petites périodes de liberté, alors qu’en Angleterre, c’est plutôt la liberté qui domine avec des petites périodes de fermeture. On sait que la période d’après-guerre, et avant l’arrivée de Thatcher au pouvoir, c’était une période qui était effectivement très collectiviste et très socialiste.

Peut-être encore une idée ou deux. Vous avez un auteur autrichien, justement, et qui est devenu anglais, qui est Friedrich A. Hayek, et qui, lui, a suggéré une idée qui est assez intéressante à étudier, l’idée que Descartes est à la racine de la mentalité constructiviste française, le rationalisme cartésien ayant beaucoup imprégné notre XIXe siècle, ou plutôt XVIIIe siècle et XIXe. Et certains disent aussi que Rousseau est le père du socialisme, et que si le socialisme s’est si bien implanté en France, c’est parce que Rousseau lui a ouvert la voie.

20 mai, 2023

Sainte-Soline, la science et la contestation : un mariage ambigu

Par André Heitz.



Aurait-on compris que conceptuellement, les manifestations violentes sont contreproductives ? Des formes d’opposition aux projets économiques et sociaux plus subtiles se mettent en place.

À peine la manifestation du samedi 29 octobre 2022 terminée, que les organisateurs ont planifié un nouvel événement à Sainte-Soline pour le samedi 25 mars 2023. Pour expliquer ce délai, il n’y a pas que les contingences météorologiques, l’hiver n’étant a priori guère favorable à des crapahutages dans des champs, du reste déjà semés, ni à des hébergements de fortune pour les troupes qui devaient venir de loin.

Et elle vinrent de loin ! Ce n’est peut-être qu’anecdotique, compte tenu de l’existence d’une véritable Internationale de la confrontation violente et casseuse, mais l’appel à manifester des Soulèvements de la Terre, assorti d’un véritable plan de bataille, a aussi été produit en anglais, en espagnol et en italien.

Difficile de prétendre que les escouades équipées pour la confrontation avec les forces de l’ordre se sont formées par le regroupement spontané de gentils défenseurs d’une eau déclarée bien commun.

 

Les « bassines » cochent toutes les bonnes cases !

Pourtant, les réserves de substitution cochent toutes les bonnes cases.

Est-il nécessaire de rappeler que les projets d’envergure ont été ou sont imaginés, conçus, étudiés, concertés, adoptés après des consultations, négociations et le cas échéant contrôle judiciaire, financés et réalisés par une foultitude de personnes ? Leur contestation implique la mise en cause de l’intelligence et de l’intégrité de ces personnes.

Le principe est simple : recueillir l’eau en hiver, quand les nappes sont pleines et que les excédents partent à la mer, pour pouvoir la valoriser en été par l’irrigation.

Les relevés du piézomètre de Pamproux montrent que la nappe réagit très vite aux précipitations et qu’il y a de la ressource pour le remplissage des réserves, qu’on prélève bien une ressource qui, normalement, finit à la mer.

De fait, le remplissage de la réserve de Mauzé-sur-le-Mignon a commencé à la mi-décembre 2022, au grand dam d’une association environnementaliste, et a été terminé à la mi-février 2023, pour sa deuxième année de fonctionnement. Et dans le contexte d’une année météorologique difficile.

Le sud de la Vendée – 25 ouvrages déjà en fonctionnement dans un contexte similaire – bénéficie d’une quinzaine d’années d’expérience.

RTL rapporte dans « Comment le sud de la Vendée gère ses 25 mégabassines » :

« « On commence à voir les effets, c’est une nappe qui aujourd’hui se tient beaucoup mieux en été. Même en 2022 on n’a pas assisté à des effondrements de nappe« , assure le président de France nature environnement en Vendée, qui n’était pourtant pas un partisan des mégabassines. « Nous-mêmes on était opposés à ces projets, ce qu’il faut voir c’est que cela a permis une gestion collective de la ressource. Il y a encore du travail mais la situation s’est largement améliorée par rapport à 20 ou 30 ans« , se réjouit-il. Trois autres réserves d’eau seront construites d’ici 3 ou 4 ans vers Longeville-sur-Mer. »

 

Un argumentaire efficace

Ce discours est quasiment inaudible ! L’opposition aux réserves de substitution des Deux-Sèvres est fondée sur un argumentaire simpliste, mensonger, mais d’une redoutable efficacité.

Cela commence par un vocabulaire devenu générique : les réserves de substitution sont devenues des « bassines », puis des « mégabassines ».

Et cela se poursuit avec les éléments de langage propres à susciter l’indignation : « accaparement d’un bien commun » par une « minorité d’irrigants », « modèle agro-industriel qui écrase les paysan.nes, détruit les milieux naturels et menace in fine les populations », « monoculture de maïs » (ou tout simplement « monocultures » ou « maïs »), etc. Ou encore « élevage ». Même « exportation » est devenu un cri de ralliement.

Des arguments se sont ajoutés avec le temps. C’est le cas notamment de l’attrape-tout « maladaptation au changement climatique ». On croit rêver ! Stocker l’eau quand il y en a pour l’utiliser quand on en a besoin est un des fondamentaux de l’adaptation. Il y a aussi l’évaporation prétendument excessive, avec par exemple un directeur de recherche honoraire au CNRS qui affirme péremptoirement : « On estime la perte quantitative entre 20 % et 60 % » (pour des réfutations savantes, voir ici et ici).

Et avec « No bassaran ! », les opposants ont trouvé un cri de ralliement évocateur d’une grande cause.

 

Un vaste écosystème protestataire

L’appel à une « mobilisation internationale pour la défense de l’eau » des Soulèvements de la Terre, traduit en trois langues, a été paraphé par 136 entités françaises.

Celui des Bassines Non Merci – les initiateurs du mouvement avec la Confédération Paysanne – a été traduit en sept langues (dont le russe !) et entériné par quelque 300 entités de divers continents. Mais, daté du 14 avril 2023, donc postérieur à la manifestation, « Nous sommes l’eau qui se défend ! » appelait aussi à « dénoncer la répression du gouvernement français ».

Ces véritables catalogues à la Prévert comprennent naturellement des entités en recherche de visibilité et de solidarité. Mais la convergence de mouvements et d’intérêts divers et variés se matérialise par un vaste écosystème protestataire. Ce n’est pas vraiment nouveau.

Est-il de circonstance ou constitue-t-il au contraire la première cristallisation d’un phénomène social durable, les Soulèvements de la Terre devenant une sorte de holding de la protestation ? On peut pencher pour la deuxième hypothèse compte tenu notamment des grands enjeux mis sur la table, tel le changement climatique, et de la médiatisation des oppositions et manifestations.

Dans le patchwork, on trouve notamment des sections locales de partis politiques (EÉLV, Gauche Écosocialiste, Génération.s, LFI, NPA, Parti communiste) et de syndicats (la Confédération paysanne, évidemment, CGT, Solidaires).

 

Jeu trouble pour la Ligue des Droits de l’Homme 

Mention spéciale pour la Ligue des Droits de l’Homme, sections Niort Deux-Sèvres et Royan.

La LDH aura donc, à la fois : appelé à participer à une manifestation interdite ; prétendu se faire l’observateur et le dénonciateur de comportements inappropriés des forces de l’ordre ; et tenté de faire accréditer la thèse que les forces de l’ordre auraient entravé les secours urgents à des blessés (transcription par exemple ici). Y compris en harcelant le régulateur du SAMU pour lui faire dire ce qu’elle aurait aimé entendre, puis en le questionnant sur la manière de joindre le commandement des forces de l’ordre sur place… Comme s’il n’avait pas d’autres choses à f…

Et la LDH s’est faite pleureuse quand le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer Gérald Darmanin a évoqué la possibilité de lui couper ses subventions… « Inédit et consternant de la part d’un ministre d’un pays qui est encore qualifié de démocratie » a déclaré son président Patrick Baudouin ? L’implication est que la France n’est plus une démocratie selon la LDH. C’est grave.

 

Des médias complaisants, sinon plus

Ce n’est pas nouveau, et il serait fastidieux d’en faire une description, même sommaire. Ce qui devrait nous inquiéter, c’est l’angle général de la communication : en bref, « les méchantes forces de l’ordre contre les gentils manifestants ». Il s’agissait pourtant d’une manifestation interdite, organisée en trois cortèges dont un « familial », ce qui rend la description des deux autres superfétatoire ; d’une manifestation avec des participants armés venus chercher la confrontation violente.

Rappelons qu’à propos de la manifestation du 29 octobre 2022, Mme Christiane Lambert, maintenant ancienne présidente de la FNSEA, avait opiné : « ils veulent un mort, ils veulent un Sivens bis ! ». La manifestation du 25 mars 2023 en a été la répétition. Et, fort heureusement, il n’y a pas eu de morts.

D’aucuns posent la question de la stratégie à employer pour le maintien de l’ordre. On peut aussi s’interroger sur l’avenir de notre démocratie quand le quatrième pouvoir prend fait et cause pour la chienlit, relaie des factieux et banalise des mouvements insurrectionnels.

Un nouvel argumentaire est aussi en train d’acquérir pignon sur rue, également à la suite des manifestations contre la réforme des retraites : les débordements, c’est la faute des forces de l’ordre – et bien sûr de M. Gérald Darmanin.

 

 

Des écharpes tricolores dans une manifestation interdite !

On a vu les images de participation à une manifestation interdite ; les messages sur les réseaux sociaux ; les jérémiades et accusations d’élu(e)s EÉLV et LFI arborant l’écharpe, certain(e)s se disant écharpé(e)s ou bousculé(e)s ; les accusations proférées à l’Assemblée nationale…

Tout cela pose aussi la question de l’avenir de notre démocratie. Une fraction – ou faut-il écrire « faction » – non négligeable de notre personnel politique, de ceux qui votent les lois et les budgets, se prononce ouvertement en soutien du non-respect de l’ordre et de la loi.

 

Qu’est-ce qu’on risque ?

Ce qu’il faut bien appeler, au moins, la délinquance se banalise grâce à cette ultragauche qui semble penser que le pouvoir peut se prendre par la déliquescence du vivre-ensemble. Le risque est qu’elle devienne un fait toléré, sinon accepté. Inversement, elle profite au Rassemblement National.

On peut aussi dire que cette délinquance n’est que mollement réprimée par la justice, comme le montrent notamment le dossier des « faucheurs volontaires » et la très modeste sanction du « débâchage » de la réserve de substitution de Cram-Chaban. Les Soulèvements de la Terre ont écrit :

« Sûrement du fait de la légitimité manifeste des mobilisations, de l’illégalité reconnue de cette bassine, du soutien populaire, associatif et syndical aux deux militants inculpés, et malgré l’acharnement des promoteurs de l’agro-industrie, des différents préfets, et du ministère de l’intérieur, le Tribunal de la Rochelle a condamné les deux militants à une simple amende de 500 euros dont 200 avec sursis pour le chef d’inculpation lié aux dégradations. »

Une « simple amende »… qui sera peut-être contestée en appel et sans doute épongée par le financement participatif.

 

Les complices et idiots utiles de la science militante ou devenue militante

Les Scientifiques en Rébellion ont cosigné l’appel à manifester à Sainte-Soline.

Les mégabassines illustrent un autre phénomène, tout comme la récente manifestation du 22 avril 2023 contre l’autoroute A69 Castres-Toulouse : des personnages devenus médiatiques se réclamant de la science, en particulier liée au climat, s’invitent dans la contestation. Et sont invités par les médias.

L’argument d’autorité joue à plein, surtout quand on peut aussi se prévaloir de la qualité de co-auteur du rapport du GIEC, d’un rapport éventuellement utilisé comme référence absolue pour la distinction entre le bien et le mal, de surcroît au niveau local.

Les arguments sont parfois sidérants. Nous avons vu ci-dessus l’allégation d’une perte par évaporation de 20 à 60 %, ce qui représenterait une hauteur de 1,2 à… 3,6 mètres pour un bassin profond de 6 mètres utiles (ordre de grandeur estimé pour Sainte-Soline). C’est de ces milieux que vient aussi l’argument de la « maladaptation ». Tout est bon pour justifier et étayer la décroissance.

 

Un soutiens aux Soulèvements de la Terre remarqué

Le mardi 28 mars 2023, lors d’une séance de questions au gouvernement à l’Assemblée nationale, Gérald Darmanin a annoncé « engager la dissolution des Soulèvements de la Terre ». La procédure semble enlisée. Ce n’est pas du meilleur effet pour la crédibilité d’un gouvernement compulsivement prompt sur les annonces, souvent sans suite ou visant une échéance lointaine. Et cela risque de servir de marchepied pour une nouvelle escalade d’engagement.

On peut trouver cette annonce fort contestable, d’autant plus que cette entité informelle n’est pas la seule à avoir appelé à une manifestation et à l’avoir organisée en sachant fort bien qu’elle était interdite et allait dégénérer, avec un risque de fatalités.

Elle a naturellement suscité des oppositions. Parmi elles, celle de Mme Valérie Masson-Delmotte, qui fut co-présidente du GIEC.

« J’exerce ce soir mon droit à la liberté d’expression, comme scientifique, comme citoyenne » a-t-elle dit dans un événement organisé par des médias (sa déclaration est ici sur Youtube) et écrit dans un long fil Twitter en soutien des Soulèvements de la Terre. Tout en exprimant « très clairement mon rejet de toute forme de violence » – selon un procédé rhétorique bien connu.

On ne saurait lui nier sa liberté d’expression. Mais c’est créer un alliance équivoque que de se réclamer de la science à l’appui d’un discours militant en faveur d’un collectif lui-même pour le moins équivoque. En témoigne aussi le cloutage d’arbres lors de la manifestation des 6 et 7 mai 2023 contre l’autoroute de contournement de Rouen, mettant en péril non seulement le matériel, mais aussi la sécurité des bûcherons et autres professionnels du bois. Ce fut sans doute une prise de parole imprudente.

Les travaux du GIEC peuvent en devenir une victime collatérale. Mais il y a, en fait, des parties du rapport qui posent déjà question, s’agissant en particulier… de l’ode à l’activisme.

 

« Mais c’est une révolte ? – Non, Sire, c’est une révolution ! »

Une tribune et un appel à signer, « Nous sommes les Soulèvements de la terre », ont aussi été produits, avec un texte enflammé :

« Nous nous soulevons, chacun.e depuis notre endroit, chacun.e à notre manière. Le mouvement des Soulèvements de la Terre ne peut pas être dissout car il est multiple et vivant. On ne dissout pas un mouvement, on ne dissout pas une révolte. »

Cela relève en grande partie du déclamatoire, relayé par exemple par Le Monde, ainsi que de la bien-pensance ostentatoire. Mais il y a des motifs d’inquiétude, illustrés par le mot « révolte ».

La liste des 300 premiers signataires individuels comprend 73 députés et six sénateurs. Il y a aussi EÉLV et LFI… et le Syndicat de la Magistrature.

« Mais c’est une révolte ? – Non, Sire, c’est une révolution ! » ?

Nous n’y sommes pas. Mais d’aucuns en rêvent. Et s’activent.