Que l’État se contente d’être juste, nous nous chargerons d’être heureux.---- Benjamin Constant
Chaque Québécois doit plus de 34 000 $ au provincial seulement
Vaut mieux en rire!
Avant de couper des centaines de millions dans les services, est-ce qu’on peut avoir les services ? - Michel Beaudry
30 avril, 2011
La réflexion du jour
Appartenant, soit par la naissance, soit par l'ascension personnelle, au même milieu socioéconomique que les professeurs, les cadres de l'État et les professionnels de la culture, des sciences humaines ou de la politique, les scribes (NDLR : journalistes) partagent beaucoup avec eux. Des milieux de vie. Des produits culturels et des technologies. Des loisirs et des destinations-vacances. Des spécificités de langage et de comportement. Ainsi que, tout naturellement, un corpus idéologique qui, pour faire court, loge dans un centre gauche éprouvé et confortable. --- Mario Roy
29 avril, 2011
La réflexion du jour
Il est vrai qu'il ne s'agit pas d'une subvention, mais plutôt la fixation de paramètres, à défaut d'un budget fixe, car en cette matière (projets gouvernementaux), on sait où ça commence, mais jamais à quel niveau ça s'achève. --- JdeM
Le chiffre du jour : 450 M$
Il n'y a pas qu'à Montréal que les factures des projets de construction d'hôpitaux n'en finissent plus de gonfler. À Québec, le gouvernement vient de confirmer que l'agrandissement de l'Hôtel-Dieu pourrait coûter jusqu'à 850 millions $, soit 450 millions $ de plus que le coût prévu en 2007.
(NDLR : .... si c'est une surprise pour vous, c'est que vous croyez encore au Père Noël!)
(NDLR : .... si c'est une surprise pour vous, c'est que vous croyez encore au Père Noël!)
28 avril, 2011
La réflexion du jour
L'intimidation et la violence continueront à sévir dans nos écoles tant qu'on ne s'assurera pas de protéger ceux qui sont au premier rang pour les combattre. Il ne s'agit pas de conférer aux enseignants une immunité automatique quant à leurs interventions mais, actuellement, les harceleurs et les individus violents ont la partie belle. --- Luc Papineau, enseignant
Le chiffre du jour : 17 M$
Pour toutes ces raisons, et même si certaines ne sont pas des meilleures, il ne faut pas se surprendre si, dans un monde scolaire où le respect tend à être remplacé par la loi de la jungle, certains enseignants en viennent à la conclusion qu'il vaut mieux faire un grand détour ou fermer les yeux, comme dirait Félix Leclerc. D'autant plus qu'on ne voit pas sur le terrain des retombées des 17 millions $ que le ministère de l'Éducation dit consacrer à enrayer la violence dans les écoles québécoises.
(NDLR : l'argent est certainement resté coincé quelque part entre la tour d'ivoire de la bureaucratie ministérielle et les comissions scolaires toutes dédiées au mieux être des élèves et des professeurs!)
(NDLR : l'argent est certainement resté coincé quelque part entre la tour d'ivoire de la bureaucratie ministérielle et les comissions scolaires toutes dédiées au mieux être des élèves et des professeurs!)
27 avril, 2011
La réflexion du jour
Cette situation (NDLR : manque de médecin) est étonnante si l'on pense que notre système de santé public a été mis en place il y a 50 ans et qu'il a été créé pour que toute la population puisse avoir accès à des soins de santé gratuits. De plus, il est étrange de constater qu'on interdise l'accès à un médecin de famille qui travaillerait dans un système privé parallèle, tout en rendant l'accès impossible à 27 % de la population au sein du seul système autorisé. --- Mark Roper, Chef du Département régional de médecine générale à l'Agence de santé et des service sociaux de Montréal
Le chiffre du jour :33 %
Le dernier recensement de 2006 a démontré que la province de Québec avait le pourcentage le plus élevé de citoyens (27 %) sans médecin de famille au Canada. Fait surprenant, c'est à Montréal que l'accès était le pire, celui-ci se chiffrant à 33 %. Comparativement, le pourcentage était de 29 % dans le Grand Nord canadien et de 8 % à Toronto. Cela signifierait qu'environ 2 000 000 de Québécois et 600 000 Montréalais n'ont pas de médecin de famille.
26 avril, 2011
Subventions : les perles du 16 au 22 avril 2011
Chaque semaine, le blogue de Mathieu Turbide et de Serge Laplante, Où vont vos impôts, publie la liste des subventions annoncées par le gouvernement.
Invariablement, cette liste contient des perles qui démontrent bien la culture de « gaspillage » qui prévaut chez nos élites politiques.
La parade des subventions continue de plus bel, mais les réductions de dépenses promises par le ministre Bachand ne sont toujours pas au rendez-vous.
Cette semaine, c’est le programme « Faites de l’air » qui reçoit la grosse part du gâteau : 10 M$. À quand un programme « Faites de l’air » pour permettre à nos politiciens accrocs à la subventionnite aigue de se déguiser en courant d’air?
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Invariablement, cette liste contient des perles qui démontrent bien la culture de « gaspillage » qui prévaut chez nos élites politiques.
La parade des subventions continue de plus bel, mais les réductions de dépenses promises par le ministre Bachand ne sont toujours pas au rendez-vous.
Cette semaine, c’est le programme « Faites de l’air » qui reçoit la grosse part du gâteau : 10 M$. À quand un programme « Faites de l’air » pour permettre à nos politiciens accrocs à la subventionnite aigue de se déguiser en courant d’air?
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- Le Centre de recherche industrielle du Québec (CRIQ) reçoit une subvention de 1,35 M$ pour la réalisation d’un projet de bioséquestration et de valorisation par microalgues du CO2 rejeté par les usines, dans le cadre d’un projet totalisant 1 950 000 $.
- Le ministère du Développement économique, de l’Innovation et de l’Exportation verse une aide financière de 105 000 $ à la Société de recherche et développement minier (SOREDEM), de Val-D’Or.
- L’Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA) reçoit une subvention de 10 M$, qui lui permettra de relancer son programme Faites de l’air! Ce programme propose aux citoyens de mettre au rancart leur vieux véhicule polluant, construit en 1997 ou au cours des années antérieures, en échange, entre autres, de titres de transport en commun, d’un rabais sur l’abonnement à un service d’autopartage ou encore d’un rabais sur l’achat d’un vélo ou d’un véhicule écoénergétique.
- Québec accorde une subvention de 200 000 $ à la Corporation du Mondial Choral en vue de réaliser la mise en marché de la 7e édition du Mondial Choral Loto-Québec, qui se déroulera du 17 juin au 3 juillet à Laval.
- Le ministère des Ressources naturelles et à la Faune annonce une aide financière de 325 827 $ à 85 organismes dans le cadre du Programme de soutien financier pour l’ensemencement des lacs et des cours d’eau 2011-2012.
- L’avons-nous déjà noté ? Le député de Sherbrooke et premier ministre du Québec, Jean Charest, est de plus en plus présent à toutes les annonces concernant nos aînés. Il accompagnait la ministre responsable des Aînés, Marguerite Blais, pour l’annonce de l’octroi de 364 531 $ pour le financement de 4 projets d’autant d’organismes de la région de l’Estrie.
La réflexion du jour
C’est peut-être parce que je suis journaliste, mais aucun entrepreneur m’a avoué avoir démarré une entreprise pour devenir millionnaire. Est-ce un tabou ? --- Pierre Duhamel
Le chiffre du jour :94 %
Une enquête réalisée pour BMO Banque privée Harris auprès de 459 Canadiens détenant des actifs de plus de 1 million de dollars révèle que 94 % d’entre eux se sont enrichis grâce aux fruits de leur propre travail. Seulement 6 % d’entre eux ont hérité de leur fortune. Les millionnaires sont responsables de leur propre enrichissement dans une énorme majorité.
25 avril, 2011
Le retour du Survenant
Louise Labrecque
De grands romans, une plume de brocard, une vision du monde et des lettres uniques, que dire de Germaine Guèvremont sans verser dans la critique mille fois remâchée et complaisante ? En effet, de nos jours, il peut être un peu (beaucoup) folklorique d’imaginer les gens parlant quotidiennement ces mots du terroir, illustrant à pleines pages ses romans. Toutefois, il est intéressant de se remettre dans le contexte, pour saisir la musicalité de tous ces régionalismes, avec un style métaphorique, duquel se dégage la beauté tranquille d’une langue agreste, comme ces images provinciales de maisons basses, comme agenouillées dans le soleil couchant de la bonne terre de chez nous. Ah que l’on revient de loin ! En effet, à cette époque, l’emprise religieuse teintait toutes choses au Québec, alors que Germaine Guèvremont écrivait son premier livre, ce célèbre roman : « Le Survenant ». En effet, celui-ci, le héros, fait son entrée d’une manière dramatique : « un soir d’automne, au Chenal du Moine, comme les Beauchemin s’apprêtaient à souper, des coups à la porte les firent redresser. C’était un étranger de bonne taille, jeune d’âge, paqueton au dos, qui demandait à manger. » Dans ces coins de campagne, l’existence stagne un peu, l’action et le développement des évènements est toujours sur des terrains connus, chacun connaît le caractère de chaque voisin, tous regardent le même paysage, ont les mêmes réactions ; le Survenant, s’introduit soudain, comme un corps étranger dans un organisme sain. Qui est le Survenant? En quoi son influence sera-t’elle extraordinaire ?
C’est le secret, l’intrigue, du roman.
Personne ne le découvrira avec certitude, car tout tourne autour d’un mot, au détour d’une phrase, avec une sensibilité forte, quelque chose qui dépasse même les mots, je ne saurais dire exactement, tout ce que je sais c’est que Germaine Guèvremont fut inspirée d’une manière rare, pour un premier roman. Une telle source d’inspiration et un tel talent ne peut laisser indifférent, cela va au-delà du verbe, de l’art dramatique, d’un réalisme ou d’une langue savoureuse. Il se passe quelque chose d’un autre ordre, une grâce, une puissance qui se dessine dans le fil que l’on ne perd pas : l’histoire est forte, tout simplement. « Au commencement était le verbe »? Et bien non… ici, au commencement était l’émotion.
Née en 1893, Germaine Guèvremont – de son vrai nom Germaine Grignon -, est native de Saint-Jérôme, dans le comté de Terrebonne. Elle meurt en 1968.
Elle fut honorée de plusieurs prix littéraires glorieux, et connut la célébrité. Toutefois, cette femme du terroir fut jugée sévèrement, notamment lorsqu’elle fut invitée à siéger à l’Académie Canadienne-Française – équivalent de l’Académie Goncourt -, on lui reprocha alors de n’avoir pas l’allure approprié, en bonne paysanne qu’elle est, pour se complaire dans ce lieu imposant de grands littéraires où dîners en ville côtoient l’habit de soirée, et la belle langue étudiée. L’histoire dit-elle combien elle en fut blessée ? Qu’importe, puisque l’on s’extasia abondamment sur le fait qu’elle a fondé une famille de cinq enfants, a fait la cuisine et balayer le plancher, en plus de « plancher » sur ses romans. Ah oui nous revenons de loin avec cette image indécrottable de porteurs d’eau. En fait, la langue de Germaine Guèvremont ne s’apprend pas dans les livres. C’est une source vive. La question de la langue parlée – la langue vivante , et de la langue écrite, au théâtre, à la radio, à la télévision, et dans la vie, voilà qui alimentait bien des débats en France et au Québec -il est intéressant de noter que c’est toujours le cas de nos jours-, et Germaine Guèvremont, plus que tout autre, n’avaient pas le droit de fausser la vérité de cette langue vraie, sous prétexte de purisme et d’élégance. Jusqu’à quel point fut-elle prisonnière de sa plume, de son style, et de ses personnages ? Quoi qu’il en soit, elle en fit sa signature, avec «Le Survenant » et « Marie-Didace », de façon passionnée, car la littérature, selon elle, n’a pas le droit de fausser la réalité. La langue naturelle est toujours la plus belle langue française, qu’importent tous ces canadianismes plus ou moins corrects ; pas de lyrisme ici donc, mais un style solide, direct, presque épuré ; ce qui n’enlève rien à la poésie, car Germaine Guèvremont en possède l’essentiel, notamment avec ce roman de la vieille paroisse canadienne : « Le Survenant ». Ainsi, avec ce don de savoir recréer toute une ambiance, de dessiner la trame narrative d’un trait net, elle fait sourire au détour de chaque ligne. Elle a toujours une source amusée, qu’elle joint au récit des évènements de la vie quotidienne de ses personnages, qu’elle évoque toujours avec un humour de bon aloi.
Toutefois, les plus grandes émotions de la vie ne se disent pas avec des mots. Et c’est là, je pense, que se révèle son génie, à savoir faire parler les silences. Un écrivain qui réussit cela possède le talent qui fait soulever les montagnes. Et précisément, Germaine Guèvremont le fait de brillante façon, en laissant le lecteur tout à fait libre de deviner, au détour des mots, ce qui étreint le cœur de chacun des personnages.
Les romans de Germaine Guèvremont ont été adaptés à la radio, et ensuite à la télévision. Ainsi, des milliers de foyers ont été marqués par « Le Survenant » , « Marie-Didace », et « les Belles Histoires des Pays d’en Haut ». Le radio roman « Le Survenant » est diffusé de 1952 à 1955 ; il devient ensuite un téléroman, de 1954 à 1960. Finalement, un film est réalisé en 1957.
Est-ce parce que j’habite une rue de Montréal exceptionnelle, assoupie de neige en hiver et rafraîchie de verdure et de l’air de la montagne en été, que les romans de Germaine Guèvremont parlent ainsi à mon être tout entier, et de manière si subtile ? Quoi qu’il en soit, je pense souvent à Germaine Guèvremont, à son sourire énigmatique, et à ses personnages, passionnés, hauts de stature et de couleurs. Pourtant, est-ce une sorte de dépit qui se devine derrière les yeux tristes de cette auteure extraordinaire ? Certes, les occupations harassantes causées par l’adaptation du « Survenant » à la télévision, aura sans doute demandé un surcroît de travail, afin de ne pas laisser son œuvre littéraire en plan. En effet, en 1954, « continuer d’écrire » est pour cette femme, un défi, tant l’impact du « Survenant » à la radio, puis à la télévision, est important. À la radio, Germaine Guèvremont fut insatisfaite, et cela en dépit d’une excellente interprétation et réalisation. C’est que le roman radiophonique possède ses propres lois, lesquelles, à la longue, imposent à un auteur d’exhiber les petits à côté de la vie, tandis que le roman laisse libre de faire un choix. La télévision exige moins de concessions de la part de l’auteur, alors qu’à la radio, pour suppléer à la présence réelle, le scripteur doit exagérer certains effets. La télévision permet à l’auteur de demeurer fidèle à ses personnages. Toutefois, la radio, il est vrai, a contribué, et beaucoup, à propager l’œuvre de Germaine Guèvremont, laquelle connut une éclatante célébrité.
Le 2 novembre 1954, à 20heures 30, débute donc la première émission télévisée du « Survenant ». Après son premier essai raté à « Théâtre d’été », la déception jongle encore avec la crainte, mais l’auteure a su tirer profit de cette expérience. Ainsi, Germaine Guèvremont écrit elle-même l’adaptation à la télévision du « Survenant », et travaille en étroite collaboration avec un réalisateur débutant, mais très compétent, Maurice Leroux, lequel arrive des meilleures écoles de cinéastes d’Europe. Les décors sont signés par Jacques Pelletier, et le choix des interprètes va bon train. En effet, l’inoubliable Jean Coutu reprendra à la télévision le rôle du « Survenant », qu’il a interprété avec tant de bonheur à la radio. C’est donc avec enthousiasme que Germaine Guèvremont accède à la télévision, suite logique de la radio pour elle, tant il lui semble que l’image rapprochera encore davantage ses personnages du grand public. Toutefois, elle est bien consciente que « Le Survenant » de la télévision ne sera pas exactement son « Survenant », car chaque émission télévisée doit être un tout, afin de permettre à l’auditeur nouveau de s’y retrouver sans peine. Le défi est donc de faire du « Survenant » le pivot de chacune de ses émissions et de suivre, du moins dans les grandes lignes, l’œuvre initiale.
Et l’histoire démontre bien que l’auditoire ne sera pas déçu, tant « Le Survenant » conserve, à la télévision, toute sa poésie, et tout l’art de son personnage, côté littéraire. Les dernières pages du beau roman télévisé « Le Survenant » furent tournées définitivement, le 23 juin 1960, après que son auteure, Germaine Guèvremont, incomparable écrivain, reçoive un doctorat ès lettres « honoris causa », de l’Université d’Ottawa et l’Université Laval. Pour l’été, Radio-Canada offre à l’auteure de participer aux romans radiophoniques « Trio », qui remplacera « Quatuor », au cours de la prochaine saison. Toutefois, celle-ci préfère décliner cette invitation, afin de se reposer quelque temps. Il est possible, malgré tout, qu’elle écrive un « télé-théâtre », mais sans hâte et sans précipitation, sachant qu’elle dispose du temps nécessaire devant elle. Ce serait aussi là une belle occasion de voyager, prendre l’air, et le large, et bien non, l’auteure n’est intéressée, de son propre aveu, qu’à son Chenail du Moine. Une de ses filles se mariera l’été prochain, et une autre,( avec son petit-fils), viendront passer l’été avec elle, au fameux Chenail du Moine. Cet endroit est, pour l’auteure, son havre de paix. Elle y habite une maison, en forme de lune, très jolie, avec une porte sans clé, perpétuellement ouverte à tous, et ses enfants y débarquent ainsi, sans crier gare, préparés à s’accommoder « de la fortune du pot ». Elle ne veut pas y installer le téléphone, pour y être plus tranquille, mais révisera rapidement sa position, tant traverser deux à trois fois par jour, à la chaloupe, le chenail, pour aller prendre ses messages téléphoniques au restaurant, qui ne valent pas, souvent, ce dérangement.
Plus tard, elle commencera à écrire un nouveau livre, dont un passage a été confié, pour son Cahier de l’Académie, à ce très sévère critique de l’époque : Victor Barbeau. Des commentaires élogieux ont accompagné cette parution.
Les « Belles Histoires des pays d’en haut » et « Marie Didace », sont, avec «Le Survenant », le conservatoire d’images rurales et villageoises qui recréent un passé québécois lointain, avec précision et fidélité, et par conséquent pittoresque, avec une autre temporalité sous-jacente, un passé qui est presque un présent, avec son évocation implacable des dures années de crise. Toutefois, le générique des « Belles Histoires des pays d’en Haut », conserve la douce tranquillité des paysages de fin d’été, bercés par un bel andante de Alexandre Glazounov. Pourquoi faut-il alors qu’un message commercial agressif vienne tapageusement briser le charme si reposant de « Marie-Didace » ? C’était le commentaire récurrent du téléspectateur de l’époque, qui avait bien du mal à établir un lien entre « l’explosion hystérique » du « commercial », et les images, généralement paisibles, du Chenal du Moine. En effet, se remettre ensuite dans l’atmosphère, pour bien se convaincre que l’on est, par exemple, au presbytère de Ste-Anne-de-Sorel, chez le bon curé provençal, ou bien dans l’intérieur suranné et désuet de Mélodie, où le phonographe invite doucement à rêver, en écoutant la voix inimitable de Lucienne Boyer. Cet effort qu’il faut déployer, donc, va à l’inverse de la philosophie des « Belles Histoires des Pays d’en Haut », où chaque personnage est si bien typé, et depuis si longtemps, que le temps de deux années n’y change pas grand-chose. Plusieurs nouveaux personnages sont donc apparus, tout à coup, permettant de donner du ressort, pour faire redémarrer l’action plus aisément, dans des tableaux pleins de vitalités, des oppositions de personnages et des images éloquentes. C’est qu’il faut dire aussi que la difficulté de s’abstraire à la réalité audio du roman radiophonique est aussi éprouvante que de s’habituer aux messages publicitaires, pour bon nombre de spectateurs.
Bref, il pourrait être tentant de conclure qu’il est dommage que les exigences presque surhumaines de la radio, et dans son continuum, de la télévision, aient empêché Germaine Guèvremont de produire une œuvre littéraire plus volumineuse. En lisant des œuvres de cette trempe, comment, en effet, ne pas se rendre compte que la littérature québécoise est bel et bien habituée par des textes de haute qualité ? Bien qu’il n’y en ait pas de très grandes quantités, il reste qu’ils représentent un aspect important de la littérature québécoise et canadienne. À défaut d’avoir eu une influence réelle sur le milieu, ils inspirent réellement la lecture et nous réconcilient avec nous-mêmes, en obligeant un regard sur soi (et sur le monde) véritable. « Le Survenant », ce grand « fend-le-vent » est l’incarnation de ce type de québécois prenant sa vie en main. Il nous oblige à la confiance en soi, à nous savoir capable de nous bâtir sans avoir recours obligatoirement aux autres. Évidemment, les gens du Chenail du Moine n’ont pas compris la signification de ses gestes, de sa vie, et l’ont finalement à peine connu, tant ils sont demeurés à l’étroit, mais bien confortables, dans le cœur de leurs peurs séculaires. Heureusement, de plus en plus de gens, gardant en mémoire « Le Survenant », conservent toute la vitalité et l’inspiration de ce personnage. Et si « Le Survenant » revenait au Chenal-du Moine, ou ailleurs, je suis presque certaine qu’il ne repartirait pas sans laisser d’adresse.
"« Le Survenant », ce grand « fend-le-vent » est l’incarnation de ce type de québécois prenant sa vie en main. Il nous oblige à la confiance en soi, à nous savoir capable de nous bâtir sans avoir recours obligatoirement aux autres."
De grands romans, une plume de brocard, une vision du monde et des lettres uniques, que dire de Germaine Guèvremont sans verser dans la critique mille fois remâchée et complaisante ? En effet, de nos jours, il peut être un peu (beaucoup) folklorique d’imaginer les gens parlant quotidiennement ces mots du terroir, illustrant à pleines pages ses romans. Toutefois, il est intéressant de se remettre dans le contexte, pour saisir la musicalité de tous ces régionalismes, avec un style métaphorique, duquel se dégage la beauté tranquille d’une langue agreste, comme ces images provinciales de maisons basses, comme agenouillées dans le soleil couchant de la bonne terre de chez nous. Ah que l’on revient de loin ! En effet, à cette époque, l’emprise religieuse teintait toutes choses au Québec, alors que Germaine Guèvremont écrivait son premier livre, ce célèbre roman : « Le Survenant ». En effet, celui-ci, le héros, fait son entrée d’une manière dramatique : « un soir d’automne, au Chenal du Moine, comme les Beauchemin s’apprêtaient à souper, des coups à la porte les firent redresser. C’était un étranger de bonne taille, jeune d’âge, paqueton au dos, qui demandait à manger. » Dans ces coins de campagne, l’existence stagne un peu, l’action et le développement des évènements est toujours sur des terrains connus, chacun connaît le caractère de chaque voisin, tous regardent le même paysage, ont les mêmes réactions ; le Survenant, s’introduit soudain, comme un corps étranger dans un organisme sain. Qui est le Survenant? En quoi son influence sera-t’elle extraordinaire ?
C’est le secret, l’intrigue, du roman.
Personne ne le découvrira avec certitude, car tout tourne autour d’un mot, au détour d’une phrase, avec une sensibilité forte, quelque chose qui dépasse même les mots, je ne saurais dire exactement, tout ce que je sais c’est que Germaine Guèvremont fut inspirée d’une manière rare, pour un premier roman. Une telle source d’inspiration et un tel talent ne peut laisser indifférent, cela va au-delà du verbe, de l’art dramatique, d’un réalisme ou d’une langue savoureuse. Il se passe quelque chose d’un autre ordre, une grâce, une puissance qui se dessine dans le fil que l’on ne perd pas : l’histoire est forte, tout simplement. « Au commencement était le verbe »? Et bien non… ici, au commencement était l’émotion.
Née en 1893, Germaine Guèvremont – de son vrai nom Germaine Grignon -, est native de Saint-Jérôme, dans le comté de Terrebonne. Elle meurt en 1968.
Elle fut honorée de plusieurs prix littéraires glorieux, et connut la célébrité. Toutefois, cette femme du terroir fut jugée sévèrement, notamment lorsqu’elle fut invitée à siéger à l’Académie Canadienne-Française – équivalent de l’Académie Goncourt -, on lui reprocha alors de n’avoir pas l’allure approprié, en bonne paysanne qu’elle est, pour se complaire dans ce lieu imposant de grands littéraires où dîners en ville côtoient l’habit de soirée, et la belle langue étudiée. L’histoire dit-elle combien elle en fut blessée ? Qu’importe, puisque l’on s’extasia abondamment sur le fait qu’elle a fondé une famille de cinq enfants, a fait la cuisine et balayer le plancher, en plus de « plancher » sur ses romans. Ah oui nous revenons de loin avec cette image indécrottable de porteurs d’eau. En fait, la langue de Germaine Guèvremont ne s’apprend pas dans les livres. C’est une source vive. La question de la langue parlée – la langue vivante , et de la langue écrite, au théâtre, à la radio, à la télévision, et dans la vie, voilà qui alimentait bien des débats en France et au Québec -il est intéressant de noter que c’est toujours le cas de nos jours-, et Germaine Guèvremont, plus que tout autre, n’avaient pas le droit de fausser la vérité de cette langue vraie, sous prétexte de purisme et d’élégance. Jusqu’à quel point fut-elle prisonnière de sa plume, de son style, et de ses personnages ? Quoi qu’il en soit, elle en fit sa signature, avec «Le Survenant » et « Marie-Didace », de façon passionnée, car la littérature, selon elle, n’a pas le droit de fausser la réalité. La langue naturelle est toujours la plus belle langue française, qu’importent tous ces canadianismes plus ou moins corrects ; pas de lyrisme ici donc, mais un style solide, direct, presque épuré ; ce qui n’enlève rien à la poésie, car Germaine Guèvremont en possède l’essentiel, notamment avec ce roman de la vieille paroisse canadienne : « Le Survenant ». Ainsi, avec ce don de savoir recréer toute une ambiance, de dessiner la trame narrative d’un trait net, elle fait sourire au détour de chaque ligne. Elle a toujours une source amusée, qu’elle joint au récit des évènements de la vie quotidienne de ses personnages, qu’elle évoque toujours avec un humour de bon aloi.
Toutefois, les plus grandes émotions de la vie ne se disent pas avec des mots. Et c’est là, je pense, que se révèle son génie, à savoir faire parler les silences. Un écrivain qui réussit cela possède le talent qui fait soulever les montagnes. Et précisément, Germaine Guèvremont le fait de brillante façon, en laissant le lecteur tout à fait libre de deviner, au détour des mots, ce qui étreint le cœur de chacun des personnages.
Les romans de Germaine Guèvremont ont été adaptés à la radio, et ensuite à la télévision. Ainsi, des milliers de foyers ont été marqués par « Le Survenant » , « Marie-Didace », et « les Belles Histoires des Pays d’en Haut ». Le radio roman « Le Survenant » est diffusé de 1952 à 1955 ; il devient ensuite un téléroman, de 1954 à 1960. Finalement, un film est réalisé en 1957.
Est-ce parce que j’habite une rue de Montréal exceptionnelle, assoupie de neige en hiver et rafraîchie de verdure et de l’air de la montagne en été, que les romans de Germaine Guèvremont parlent ainsi à mon être tout entier, et de manière si subtile ? Quoi qu’il en soit, je pense souvent à Germaine Guèvremont, à son sourire énigmatique, et à ses personnages, passionnés, hauts de stature et de couleurs. Pourtant, est-ce une sorte de dépit qui se devine derrière les yeux tristes de cette auteure extraordinaire ? Certes, les occupations harassantes causées par l’adaptation du « Survenant » à la télévision, aura sans doute demandé un surcroît de travail, afin de ne pas laisser son œuvre littéraire en plan. En effet, en 1954, « continuer d’écrire » est pour cette femme, un défi, tant l’impact du « Survenant » à la radio, puis à la télévision, est important. À la radio, Germaine Guèvremont fut insatisfaite, et cela en dépit d’une excellente interprétation et réalisation. C’est que le roman radiophonique possède ses propres lois, lesquelles, à la longue, imposent à un auteur d’exhiber les petits à côté de la vie, tandis que le roman laisse libre de faire un choix. La télévision exige moins de concessions de la part de l’auteur, alors qu’à la radio, pour suppléer à la présence réelle, le scripteur doit exagérer certains effets. La télévision permet à l’auteur de demeurer fidèle à ses personnages. Toutefois, la radio, il est vrai, a contribué, et beaucoup, à propager l’œuvre de Germaine Guèvremont, laquelle connut une éclatante célébrité.
Le 2 novembre 1954, à 20heures 30, débute donc la première émission télévisée du « Survenant ». Après son premier essai raté à « Théâtre d’été », la déception jongle encore avec la crainte, mais l’auteure a su tirer profit de cette expérience. Ainsi, Germaine Guèvremont écrit elle-même l’adaptation à la télévision du « Survenant », et travaille en étroite collaboration avec un réalisateur débutant, mais très compétent, Maurice Leroux, lequel arrive des meilleures écoles de cinéastes d’Europe. Les décors sont signés par Jacques Pelletier, et le choix des interprètes va bon train. En effet, l’inoubliable Jean Coutu reprendra à la télévision le rôle du « Survenant », qu’il a interprété avec tant de bonheur à la radio. C’est donc avec enthousiasme que Germaine Guèvremont accède à la télévision, suite logique de la radio pour elle, tant il lui semble que l’image rapprochera encore davantage ses personnages du grand public. Toutefois, elle est bien consciente que « Le Survenant » de la télévision ne sera pas exactement son « Survenant », car chaque émission télévisée doit être un tout, afin de permettre à l’auditeur nouveau de s’y retrouver sans peine. Le défi est donc de faire du « Survenant » le pivot de chacune de ses émissions et de suivre, du moins dans les grandes lignes, l’œuvre initiale.
Et l’histoire démontre bien que l’auditoire ne sera pas déçu, tant « Le Survenant » conserve, à la télévision, toute sa poésie, et tout l’art de son personnage, côté littéraire. Les dernières pages du beau roman télévisé « Le Survenant » furent tournées définitivement, le 23 juin 1960, après que son auteure, Germaine Guèvremont, incomparable écrivain, reçoive un doctorat ès lettres « honoris causa », de l’Université d’Ottawa et l’Université Laval. Pour l’été, Radio-Canada offre à l’auteure de participer aux romans radiophoniques « Trio », qui remplacera « Quatuor », au cours de la prochaine saison. Toutefois, celle-ci préfère décliner cette invitation, afin de se reposer quelque temps. Il est possible, malgré tout, qu’elle écrive un « télé-théâtre », mais sans hâte et sans précipitation, sachant qu’elle dispose du temps nécessaire devant elle. Ce serait aussi là une belle occasion de voyager, prendre l’air, et le large, et bien non, l’auteure n’est intéressée, de son propre aveu, qu’à son Chenail du Moine. Une de ses filles se mariera l’été prochain, et une autre,( avec son petit-fils), viendront passer l’été avec elle, au fameux Chenail du Moine. Cet endroit est, pour l’auteure, son havre de paix. Elle y habite une maison, en forme de lune, très jolie, avec une porte sans clé, perpétuellement ouverte à tous, et ses enfants y débarquent ainsi, sans crier gare, préparés à s’accommoder « de la fortune du pot ». Elle ne veut pas y installer le téléphone, pour y être plus tranquille, mais révisera rapidement sa position, tant traverser deux à trois fois par jour, à la chaloupe, le chenail, pour aller prendre ses messages téléphoniques au restaurant, qui ne valent pas, souvent, ce dérangement.
Plus tard, elle commencera à écrire un nouveau livre, dont un passage a été confié, pour son Cahier de l’Académie, à ce très sévère critique de l’époque : Victor Barbeau. Des commentaires élogieux ont accompagné cette parution.
Les « Belles Histoires des pays d’en haut » et « Marie Didace », sont, avec «Le Survenant », le conservatoire d’images rurales et villageoises qui recréent un passé québécois lointain, avec précision et fidélité, et par conséquent pittoresque, avec une autre temporalité sous-jacente, un passé qui est presque un présent, avec son évocation implacable des dures années de crise. Toutefois, le générique des « Belles Histoires des pays d’en Haut », conserve la douce tranquillité des paysages de fin d’été, bercés par un bel andante de Alexandre Glazounov. Pourquoi faut-il alors qu’un message commercial agressif vienne tapageusement briser le charme si reposant de « Marie-Didace » ? C’était le commentaire récurrent du téléspectateur de l’époque, qui avait bien du mal à établir un lien entre « l’explosion hystérique » du « commercial », et les images, généralement paisibles, du Chenal du Moine. En effet, se remettre ensuite dans l’atmosphère, pour bien se convaincre que l’on est, par exemple, au presbytère de Ste-Anne-de-Sorel, chez le bon curé provençal, ou bien dans l’intérieur suranné et désuet de Mélodie, où le phonographe invite doucement à rêver, en écoutant la voix inimitable de Lucienne Boyer. Cet effort qu’il faut déployer, donc, va à l’inverse de la philosophie des « Belles Histoires des Pays d’en Haut », où chaque personnage est si bien typé, et depuis si longtemps, que le temps de deux années n’y change pas grand-chose. Plusieurs nouveaux personnages sont donc apparus, tout à coup, permettant de donner du ressort, pour faire redémarrer l’action plus aisément, dans des tableaux pleins de vitalités, des oppositions de personnages et des images éloquentes. C’est qu’il faut dire aussi que la difficulté de s’abstraire à la réalité audio du roman radiophonique est aussi éprouvante que de s’habituer aux messages publicitaires, pour bon nombre de spectateurs.
Bref, il pourrait être tentant de conclure qu’il est dommage que les exigences presque surhumaines de la radio, et dans son continuum, de la télévision, aient empêché Germaine Guèvremont de produire une œuvre littéraire plus volumineuse. En lisant des œuvres de cette trempe, comment, en effet, ne pas se rendre compte que la littérature québécoise est bel et bien habituée par des textes de haute qualité ? Bien qu’il n’y en ait pas de très grandes quantités, il reste qu’ils représentent un aspect important de la littérature québécoise et canadienne. À défaut d’avoir eu une influence réelle sur le milieu, ils inspirent réellement la lecture et nous réconcilient avec nous-mêmes, en obligeant un regard sur soi (et sur le monde) véritable. « Le Survenant », ce grand « fend-le-vent » est l’incarnation de ce type de québécois prenant sa vie en main. Il nous oblige à la confiance en soi, à nous savoir capable de nous bâtir sans avoir recours obligatoirement aux autres. Évidemment, les gens du Chenail du Moine n’ont pas compris la signification de ses gestes, de sa vie, et l’ont finalement à peine connu, tant ils sont demeurés à l’étroit, mais bien confortables, dans le cœur de leurs peurs séculaires. Heureusement, de plus en plus de gens, gardant en mémoire « Le Survenant », conservent toute la vitalité et l’inspiration de ce personnage. Et si « Le Survenant » revenait au Chenal-du Moine, ou ailleurs, je suis presque certaine qu’il ne repartirait pas sans laisser d’adresse.
La réflexion du jour
« Des connaissances financières de base comme savoir respecter un budget, disposer de fonds suffisants pour payer ses factures, et mettre de l'argent de côté sont des notions essentielles pour assurer son avenir financier. » M. Lelièvre, vice-président de district, Métropole Ouest, TD Canada Trust
(NDLR : ....et les gougrous du MÉLS croient toujours inutile de transmettre ces notions aux élèves québécois!!!)
(NDLR : ....et les gougrous du MÉLS croient toujours inutile de transmettre ces notions aux élèves québécois!!!)
Le chiffre du jour : 35 %
Selon le Rapport sur l'épargne 2011 publié aujourd'hui par TD Canada Trust, plus du tiers des Québécois (35 %) ne disposent d'aucune économie en cas d'urgence, 54 % d'entre eux estimant qu'il est extrêmement difficile, voire impossible, de mettre de l'argent de côté.
24 avril, 2011
La réflexion du jour
La SAQ est un monopole d'État. C'est assez facile de faire des profits quand vous n'avez pas de concurrents. Or, il est clair que ce monopole s'écroulerait comme un château de cartes s'il était soumis aux lois de la concurrence. --- Claude Piché
Le chiffre du jour : 19 %
Effectivement, depuis le 8 avril, les consommateurs américains peuvent acheter du vin auprès du distributeur en ligne JJ Buckley, toute nouvelle acquisition de la SAQ. Ironiquement, selon une enquête de mes collègues, les clients américains paient en moyenne 19% moins cher que les clients québécois de la SAQ, pour des produits identiques.
23 avril, 2011
La réflexion du jour
Comment le Québec fait-il alors pour offrir des services publics plus étendus qu'ailleurs au pays même si son PIB par habitant était au septième rang des provinces canadiennes ? En empruntant davantage, en prélevant plus d'impôts et de taxes et en bénéficiant de la péréquation. Il n'y a pas de miracle dans ce modèle.--- Pierre Duhamel
Le chiffre du jour : 24,2 %
En 2008, il n'y avait que 24,2 % des familles ou des personnes seules au Québec qui gagnaient plus de 80 000 dollars par année. En Ontario, 35,1 % des familles ou personnes seules atteignent ce niveau de revenus et 31,8 % dans l'ensemble du Canada.
22 avril, 2011
La réflexion du jour
Les plus grands ennemis de Montréal se trouvent majoritairement parmi ceux qui lui veulent du bien. Ils font de leur ville une cigale paresseuse, lymphatique, neurasthénique, qui essaie de se convaincre qu'elle est une fourmi. --- François Pratte, rédacteur et écrivain
Le chiffre du jour : 4,6 G$
Alors que la Ville estimait qu'il faudrait des investissements de 2,6 milliards $ d'ici 2020 dans le réseau d'eau potable, ce chiffre est maintenant passé à 4,6 milliards $, l'état du réseau s'est avéré pire que prévu.
(NDLR : Plus ça change, plus c'est pareil!)
(NDLR : Plus ça change, plus c'est pareil!)
21 avril, 2011
La réflexion du jour
Les Québécois devraient cesser d'éprouver un «malaise» face aux riches et se montrer aussi fiers de leurs entrepreneurs que de leurs artistes. --- Cl.ment Gignac, ministre du Développement économique.
Le chiffre du jour : 17 000 $
Le «problème» du Québec, ce n'est pas tant la générosité de ses programmes sociaux, ni même la taille de son État, mais la faiblesse de son produit intérieur brut (PIB) par rapport à celui du reste du Canada et des États-Unis, a martelé Clément Gignac. En riant, il a confié à l'auditoire qu'il ne se plaindrait pas de se faire surnommer «le ministre du PIB».
Au Québec, le PIB par habitant est 5000 $ inférieur à celui de l'Ontario, 7000 $ moins élevé que celui du Canada et 17 000 $ en deçà de celui des États-Unis, a énuméré le ministre.
Au Québec, le PIB par habitant est 5000 $ inférieur à celui de l'Ontario, 7000 $ moins élevé que celui du Canada et 17 000 $ en deçà de celui des États-Unis, a énuméré le ministre.
20 avril, 2011
Déficit budgétaire américain : 1 645 000 000 000 $
Le déficit budgétaire du gouvernement américain est devenu un monstre en voie de détruire la plus grande économie du monde. Le déficit projeté en 2011 est de 1 645 milliards ou plus de 4 000 $ par habitant. Pour mieux comprendre l’ampleur du déficit, il est utile de se rappeler ce que représente 1 milliard.
Robert V. Green explique pourquoi le problème semble insoluble : une augmentation de 50 % de l’impôt personnel laisserait un immense défict de 1 000 milliards en 2011; une réduction de 50 % des dépenses discrétionnaires laisserait aussi un déficit de plus de 1 000 milliards en 2011. La combinaison des deux laisserait quand même un énorme déficit de 500 milliards en 2011.
En tenant compte du peu d’empressement des politiciens pour les décisions difficiles, l’avenir de l’économie américaine est plutôt sombre. Il est probable qu’ils opteront pour la solution qui leur semblera la moins dommageable du point de vue politique : laissez l’inflation réduire l’importance relative de la dette. Ainsi, il ne sera pas nécessaire d’augmenter les impôts ni de réduire les dépenses. Il n’est donc pas surprenant que l’agence de notation de crédit S&P ait récemment abaissé la perspective des États-Unis de stable à négative.
_______________
Updated: 18-Apr-11 09:08 ET
The Spending Authorization Misses the Point
[BRIEFING.COM - Robert V. Green] The debate over the government funding bill, particularly how it is portrayed in the media, is ironic at best. The bill, passed on Thursday, supposedly cuts $38 billion in government spending. This amounts to only 2.3% of the projected deficit for fiscal year 2011. The real problem is entitlement programs, which no party seems willing to address.
The 2011 Budget
There is no official 2011 budget.
None was ever passed in Congress last year (fiscal 2011 began on Oct. 1, 2010), which makes the temporary spending bill authorizations necessary.
The 2012 budget offered by the President in January shows a projected $1,645 billion deficit for the current fiscal 2011 year.
There is little reason to believe in projected deficits, however, even in the short term.
The 2010 Budget submitted by the White House had shown a projected a deficit of just $912 billion for the current fiscal year. This means that just 24 month ago, the federal government had projected $500 billion less in spending this year than will actually happen.
Try finding someone in the media discussing the $500 billion difference in 2011 spending between the 2010 budget and the 2012 budget.
The spending cuts put forth in the recently passed authorization total just $38 billion. This is just 2.3% of the projected deficit for this year.
The problem is that these budget cuts addressed only discretionary budget items. The true debate over the federal deficit must become much larger.
The Debate over the Deficit
Everyone recognizes that the deficit is an increasingly important problem.
However, no one seems willing to admit the basic facts about the deficit:
• Discretionary spending is too small to solve the problem
• The tax base is not large enough to solve the problem
• Mandatory entitlement programs are the real problem
One way to think about the scale of this problem is the following:
• Even if all discretionary spending were cut by 50%, there would still be a $1 trillion deficit in 2011
• Even if all current taxes were increased by 50%, there would still be a $1 trillion deficit in 2011
When you examine both of these ideas, it becomes clear that mandatory programs are the real problem.
The Tax Base
The federal government receives taxes in three basic ways:
• Individual income tax
• Corporation income tax
• Payroll taxes
Other sources, such as estate taxes, excise taxes, customs duties, and Federal Reserve earnings are less than 10% of all receipts.
Here is a breakdown of those tax receipts as detailed in the FY2012 budget presented by President Obama in February.
With these data in mind, it is helpful to ponder whether raising individual income taxes actually accomplishes any significant reduction in the federal deficit.
The projected federal deficit in the 2012 budget is 1,101 billion. This is significantly lower than the deficit of 2011, which is estimated (in the 2012 budget) to wind up as $1,645.
Leaving aside the issues of how raised taxes affect behavior, it is interesting to make some assumptions on how raised taxes might affect the deficit. Just assuming that taxes could be doubled presents an interesting perspective on the deficit problem.
If the entire individual income tax were doubled, the projected 2012 deficit could be bridged. The 2011 deficit would still be over $500 billion.
The damage to the economy, however, would be immense, as it would drop consumer spending significantly.
What if taxes were raised only on the so-called rich?
Using data from 2008, the most recently available data from the IRS, we can roughly calculate the potential of raising taxes on the richest individuals in America.
In 2008, the top 1% of all earners in the US paid taxes of $392 billion, or roughly 38% of all individual income taxes paid. Persons earning income (reporting Adjusted Gross Incomes, AGI) of $380,000 or more are in the top 1%.
If taxes on these individuals were doubled, $400 billion in new revenue might be raised, clearly not enough to bridge the deficit gap.
The top 5% of all earners paid taxes of $605 billion, or roughly 59% of income taxes raised. Persons earning income of $159,000 or more are in the top 5%.
If taxes on these people were doubled, $600 billion could be raised.
If taxes on the top 25% of all tax filers were doubled, an additional $809 billion could be raised. To be in the top 25% of tax filers, an income of just $67,000 is required.
Since the top 25% of all tax payers paid 86% of all income taxes, it seems obvious that doubling their income tax would have just as much harmful impact on the economy as doubling taxes for everyone.
Instantly doubling taxes is, of course, impractical. The impact on personal behavior would drastically change the actual results, as the richest Americans are often able to control just how much wealth is converted to income and thereby taxed.
But by assuming that individual taxes could be doubled, it becomes apparent that even such a doubling is not enough.
The conclusion, therefore, is that the deficit is not simply a result of "rich-people-not-paying-their-fair-share."
Increased corporate taxes are actually in the current 2012 budget.
Corporations paid $191 billion in corporate tax in 2010, with $198 billion projected in 2011. The 2012 budget projects corporate taxes at $329 billion, an increase of 73% over 2010.
Yet, even a 70% increase in corporate taxes still creates a $1.1 trillion deficit in 2012.
It is clear that the federal government deficit problems can never be solved by income tax solutions alone. At best, we think only about 20% of the deficit problem could be attacked through higher taxes.
This leaves government spending as the only way to control deficits.
Government Spending -- Discretionary and Mandatory
The biggest problem with controlling government spending, however, is that much of the spending occurs on entitlement programs, where the spending is mandated by a federal law.
Mandatory programs, as they are called in the federal budget, are those where no discretionary spending is possible by Congress. The laws themselves dictate what must be spent, based upon the entitlement criteria in the law. If a citizen meets the criteria, the government must make the payment.
Social Security is the largest mandatory entitlement program, with Medicare and Medicaid the second largest components.
The following table breaks out federal spending into its largest categories, as detailed in the White House 2012 Budget.
It is worth examining each of these in detail.
Discretionary Spending
Discretionary spending is broken up into two portions, Security and Non-Security, as shown in the following table :
Security includes both Defense Spending, Homeland Security, National Nuclear Security Administration, and Veteran's Administration programs.
Non-security spending includes all of the basic governmental agencies that function in the US, many of which are represented as cabinet positions.
The largest of these are, in order:
• Health and Human Services
• Education
• HUD
• Justice Department
• Department of Agriculture
• Department of Energy
• NASA
• The Treasury
• Transportation Department
• Department of Labor
• Department of Interior
The agencies listed above account for 85% of all non-security discretionary spending.
Most of them have already had their funding levels cut from prior-year levels, some continually year after year; Health and Human Services has had their budget cut every year for the past four years.
Short of closing down one of these agencies entirely, there is little to be gained from trimming spending in these governmental agencies. The entire budget of the Health and Human Services department, for example, is just 7% of the entire federal deficit projected for 2012.
Mandatory Programs are the Problem
The real problem with government spending are the mandatory programs, primarily Social Security.
The retirement and health programs of the US are primarily funded by payroll taxes, yet the spending on these programs greatly exceeds the receipts generated by the payroll taxes.
The following table illustrates where mandatory spending is expected to occur, as listed in the 2012 Budget.
Since the total spending of mandatory programs is $2,127, but payroll taxes assigned to cover them are only $925, you could reasonably view the social security and other entitlement programs as operating at a deficit of $1,202.
The total deficit projected on the 2012 budget is $1,101. If the mandatory programs are viewed as a deficit of $1,202, it seems clear that the deficit problem has been found.
The entitlement programs -- by themselves -- are the real problems with federal deficits.
In fact, if the entitlement programs, along with the payroll taxes, were simply eliminated, the deficit problem would turn into a surplus. This possibility, however, is just as unlikely as doubling the total income tax from individuals.
Should the payroll taxes be increased to pay for Social Security? Perhaps, but the current 2011 tax laws actually cut payroll taxes by 2%.
Little Chance of Real Budgetary Discipline
The media tends to paint the budget issues as a Republican versus Democratic political battle.
This posturing completely misses the point, however.
The real federal deficit spending issue is Politicians versus Entitlement Programs. So far, no politician has even shown up for the fight.
When will the two parties form a united front to attempt to control the runaway spending of entitlement programs? The only reasonable projection from current trends is "never."
While both parties posture with plans labeled as attacking the deficit, until a plan that addresses mandatory entitlement programs comes out, all other plans should be viewed skeptically.
Any attempt to deal with the federal budget deficit issues has to address the entitlement program problems.
Any type of budget that does not address this issue is myopic at best and deliberately deceitful at worst.
From this perspective, all of the media attention and political focus on the details of budget cuts in the current 2011 spending authorization seem like much ado about nothing.
Comments may be emailed to the author, Robert V. Green, at aheadofthecurve@briefing.com
Robert V. Green explique pourquoi le problème semble insoluble : une augmentation de 50 % de l’impôt personnel laisserait un immense défict de 1 000 milliards en 2011; une réduction de 50 % des dépenses discrétionnaires laisserait aussi un déficit de plus de 1 000 milliards en 2011. La combinaison des deux laisserait quand même un énorme déficit de 500 milliards en 2011.
En tenant compte du peu d’empressement des politiciens pour les décisions difficiles, l’avenir de l’économie américaine est plutôt sombre. Il est probable qu’ils opteront pour la solution qui leur semblera la moins dommageable du point de vue politique : laissez l’inflation réduire l’importance relative de la dette. Ainsi, il ne sera pas nécessaire d’augmenter les impôts ni de réduire les dépenses. Il n’est donc pas surprenant que l’agence de notation de crédit S&P ait récemment abaissé la perspective des États-Unis de stable à négative.
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Updated: 18-Apr-11 09:08 ET
The Spending Authorization Misses the Point
[BRIEFING.COM - Robert V. Green] The debate over the government funding bill, particularly how it is portrayed in the media, is ironic at best. The bill, passed on Thursday, supposedly cuts $38 billion in government spending. This amounts to only 2.3% of the projected deficit for fiscal year 2011. The real problem is entitlement programs, which no party seems willing to address.
The 2011 Budget
There is no official 2011 budget.
None was ever passed in Congress last year (fiscal 2011 began on Oct. 1, 2010), which makes the temporary spending bill authorizations necessary.
The 2012 budget offered by the President in January shows a projected $1,645 billion deficit for the current fiscal 2011 year.
There is little reason to believe in projected deficits, however, even in the short term.
The 2010 Budget submitted by the White House had shown a projected a deficit of just $912 billion for the current fiscal year. This means that just 24 month ago, the federal government had projected $500 billion less in spending this year than will actually happen.
Try finding someone in the media discussing the $500 billion difference in 2011 spending between the 2010 budget and the 2012 budget.
The spending cuts put forth in the recently passed authorization total just $38 billion. This is just 2.3% of the projected deficit for this year.
The problem is that these budget cuts addressed only discretionary budget items. The true debate over the federal deficit must become much larger.
The Debate over the Deficit
Everyone recognizes that the deficit is an increasingly important problem.
However, no one seems willing to admit the basic facts about the deficit:
• Discretionary spending is too small to solve the problem
• The tax base is not large enough to solve the problem
• Mandatory entitlement programs are the real problem
One way to think about the scale of this problem is the following:
• Even if all discretionary spending were cut by 50%, there would still be a $1 trillion deficit in 2011
• Even if all current taxes were increased by 50%, there would still be a $1 trillion deficit in 2011
When you examine both of these ideas, it becomes clear that mandatory programs are the real problem.
The Tax Base
The federal government receives taxes in three basic ways:
• Individual income tax
• Corporation income tax
• Payroll taxes
Other sources, such as estate taxes, excise taxes, customs duties, and Federal Reserve earnings are less than 10% of all receipts.
Here is a breakdown of those tax receipts as detailed in the FY2012 budget presented by President Obama in February.
Tax Type, $ Billions | 2012 budget | % of total |
Individual income Tax | 1,141 | 43.4 |
Corporate Tax | 329 | 12.5 % |
Payroll Tax | 925 | 35.2 % |
All Other | 233 | 8.9 % |
With these data in mind, it is helpful to ponder whether raising individual income taxes actually accomplishes any significant reduction in the federal deficit.
The projected federal deficit in the 2012 budget is 1,101 billion. This is significantly lower than the deficit of 2011, which is estimated (in the 2012 budget) to wind up as $1,645.
Leaving aside the issues of how raised taxes affect behavior, it is interesting to make some assumptions on how raised taxes might affect the deficit. Just assuming that taxes could be doubled presents an interesting perspective on the deficit problem.
If the entire individual income tax were doubled, the projected 2012 deficit could be bridged. The 2011 deficit would still be over $500 billion.
The damage to the economy, however, would be immense, as it would drop consumer spending significantly.
What if taxes were raised only on the so-called rich?
Using data from 2008, the most recently available data from the IRS, we can roughly calculate the potential of raising taxes on the richest individuals in America.
In 2008, the top 1% of all earners in the US paid taxes of $392 billion, or roughly 38% of all individual income taxes paid. Persons earning income (reporting Adjusted Gross Incomes, AGI) of $380,000 or more are in the top 1%.
If taxes on these individuals were doubled, $400 billion in new revenue might be raised, clearly not enough to bridge the deficit gap.
The top 5% of all earners paid taxes of $605 billion, or roughly 59% of income taxes raised. Persons earning income of $159,000 or more are in the top 5%.
If taxes on these people were doubled, $600 billion could be raised.
If taxes on the top 25% of all tax filers were doubled, an additional $809 billion could be raised. To be in the top 25% of tax filers, an income of just $67,000 is required.
Since the top 25% of all tax payers paid 86% of all income taxes, it seems obvious that doubling their income tax would have just as much harmful impact on the economy as doubling taxes for everyone.
Instantly doubling taxes is, of course, impractical. The impact on personal behavior would drastically change the actual results, as the richest Americans are often able to control just how much wealth is converted to income and thereby taxed.
But by assuming that individual taxes could be doubled, it becomes apparent that even such a doubling is not enough.
The conclusion, therefore, is that the deficit is not simply a result of "rich-people-not-paying-their-fair-share."
Increased corporate taxes are actually in the current 2012 budget.
Corporations paid $191 billion in corporate tax in 2010, with $198 billion projected in 2011. The 2012 budget projects corporate taxes at $329 billion, an increase of 73% over 2010.
Yet, even a 70% increase in corporate taxes still creates a $1.1 trillion deficit in 2012.
It is clear that the federal government deficit problems can never be solved by income tax solutions alone. At best, we think only about 20% of the deficit problem could be attacked through higher taxes.
This leaves government spending as the only way to control deficits.
Government Spending -- Discretionary and Mandatory
The biggest problem with controlling government spending, however, is that much of the spending occurs on entitlement programs, where the spending is mandated by a federal law.
Mandatory programs, as they are called in the federal budget, are those where no discretionary spending is possible by Congress. The laws themselves dictate what must be spent, based upon the entitlement criteria in the law. If a citizen meets the criteria, the government must make the payment.
Social Security is the largest mandatory entitlement program, with Medicare and Medicaid the second largest components.
The following table breaks out federal spending into its largest categories, as detailed in the White House 2012 Budget.
US Federal Spending Category | 2012 Budget, $ Billions | % of Total |
Discretionary Spending | 1,340 | 35.9 % |
Mandatory Programs | 2,140 | 40.6 % |
Net Interest | 242 | 6.5 % |
All Other | 6 | 0.5 % |
It is worth examining each of these in detail.
Discretionary Spending
Discretionary spending is broken up into two portions, Security and Non-Security, as shown in the following table :
US Fed. Discr. Spending | 2012 Budget, $ Billions | % of Total |
Security | 884 | 66.0 % |
Non-security | 456 | 34.0 % |
Security includes both Defense Spending, Homeland Security, National Nuclear Security Administration, and Veteran's Administration programs.
Non-security spending includes all of the basic governmental agencies that function in the US, many of which are represented as cabinet positions.
The largest of these are, in order:
• Health and Human Services
• Education
• HUD
• Justice Department
• Department of Agriculture
• Department of Energy
• NASA
• The Treasury
• Transportation Department
• Department of Labor
• Department of Interior
The agencies listed above account for 85% of all non-security discretionary spending.
Most of them have already had their funding levels cut from prior-year levels, some continually year after year; Health and Human Services has had their budget cut every year for the past four years.
Short of closing down one of these agencies entirely, there is little to be gained from trimming spending in these governmental agencies. The entire budget of the Health and Human Services department, for example, is just 7% of the entire federal deficit projected for 2012.
Mandatory Programs are the Problem
The real problem with government spending are the mandatory programs, primarily Social Security.
The retirement and health programs of the US are primarily funded by payroll taxes, yet the spending on these programs greatly exceeds the receipts generated by the payroll taxes.
The following table illustrates where mandatory spending is expected to occur, as listed in the 2012 Budget.
US Fed. Mandatory Spending | 2012 Budget, $ Billions | % of Total |
Social Security | 761 | 35.8 % |
Medicare | 485 | 22.8 % |
Medicaid | 269 | 12.6 % |
All Other | 612 | 28.8 % |
Total | 2,127 | 100 % |
Since the total spending of mandatory programs is $2,127, but payroll taxes assigned to cover them are only $925, you could reasonably view the social security and other entitlement programs as operating at a deficit of $1,202.
The total deficit projected on the 2012 budget is $1,101. If the mandatory programs are viewed as a deficit of $1,202, it seems clear that the deficit problem has been found.
The entitlement programs -- by themselves -- are the real problems with federal deficits.
In fact, if the entitlement programs, along with the payroll taxes, were simply eliminated, the deficit problem would turn into a surplus. This possibility, however, is just as unlikely as doubling the total income tax from individuals.
Should the payroll taxes be increased to pay for Social Security? Perhaps, but the current 2011 tax laws actually cut payroll taxes by 2%.
Little Chance of Real Budgetary Discipline
The media tends to paint the budget issues as a Republican versus Democratic political battle.
This posturing completely misses the point, however.
The real federal deficit spending issue is Politicians versus Entitlement Programs. So far, no politician has even shown up for the fight.
When will the two parties form a united front to attempt to control the runaway spending of entitlement programs? The only reasonable projection from current trends is "never."
While both parties posture with plans labeled as attacking the deficit, until a plan that addresses mandatory entitlement programs comes out, all other plans should be viewed skeptically.
Any attempt to deal with the federal budget deficit issues has to address the entitlement program problems.
Any type of budget that does not address this issue is myopic at best and deliberately deceitful at worst.
From this perspective, all of the media attention and political focus on the details of budget cuts in the current 2011 spending authorization seem like much ado about nothing.
Comments may be emailed to the author, Robert V. Green, at aheadofthecurve@briefing.com
La réflexion du jour
C'est avec plaisir que j'ai accepté l'invitation audacieuse de gens qui savaient que je ne ferais pas qu'entériner dans ma présentation ce dont le RLQ est porteur. L'idée est d'essayer d'influencer un groupe encore jeune, porteur de certaines idées fortes dont le Québec a besoin, à partir de cette puissante valeur qu'est la liberté. Me touche tout particulièrement la critique de la déresponsabilisation systématique des Québécois, en lien avec la bureaucratisation et la réglementation excessives de notre société.--- Christian Dufour
Le chiffre du jour : 89 %
Le site de carrière en ligne Monster.ca a commandé une enquête, menée à l'échelle nationale par Harris/Decima, demandant aux Canadiens de percevoir le Premier ministre comme étant le PDG du Canada et d'identifier les qualités qu'ils jugent les plus importantes. Le sondage a révélé que:
• neuf Canadiens sur 10 (89 %) estiment que la vision et le leadership sont les qualifications les plus importantes.
• les qualifications les moins importantes sont: savoir établir un consensus (67 %) et être axé sur le service à la clientèle (66 %);
• près des trois quarts (73 %) des personnes interrogées ont indiqué qu'une longue carrière politique constitue un atout important.
• neuf Canadiens sur 10 (89 %) estiment que la vision et le leadership sont les qualifications les plus importantes.
• les qualifications les moins importantes sont: savoir établir un consensus (67 %) et être axé sur le service à la clientèle (66 %);
• près des trois quarts (73 %) des personnes interrogées ont indiqué qu'une longue carrière politique constitue un atout important.
19 avril, 2011
Subventions : les perles du 9 au 15 avril 2011
Chaque semaine, le blogue de Mathieu Turbide et de Serge Laplante, Où vont vos impôts, publie la liste des subventions annoncées par le gouvernement.
Invariablement, cette liste contient des perles qui démontrent bien la culture de « gaspillage » qui prévaut chez nos élites politiques.
La parade des subventions continue de plus bel, mais les réductions de dépenses promises par le ministre Bachand ne sont toujours pas au rendez-vous.
Cette semaine, le gouvernement annonce encore un nouveau programme : Programme pilote d’appui à la multifonctionnalité de l’agriculture. Mais ne vous inquiétez pas le ministre Bachand va certainement annuler un autre programme pour financer celui-ci. Quoi? Vous osez douter de sa parole? Vous êtes des cyniques finis qui ne mérités pas les bons soins dispensés par notre gouvermaman!
Mais, cette semaine, la perle des perles est la subvention à l’organisme Contact Nature Rivière-à-mars pour compléter l'importante (sic) recherche de l’UQAC sur l’impact du nourrissage des ours sur leur comportement en regard de la sécurité publique. J’espère au moins que les ours recevront leur part!
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Invariablement, cette liste contient des perles qui démontrent bien la culture de « gaspillage » qui prévaut chez nos élites politiques.
La parade des subventions continue de plus bel, mais les réductions de dépenses promises par le ministre Bachand ne sont toujours pas au rendez-vous.
Cette semaine, le gouvernement annonce encore un nouveau programme : Programme pilote d’appui à la multifonctionnalité de l’agriculture. Mais ne vous inquiétez pas le ministre Bachand va certainement annuler un autre programme pour financer celui-ci. Quoi? Vous osez douter de sa parole? Vous êtes des cyniques finis qui ne mérités pas les bons soins dispensés par notre gouvermaman!
Mais, cette semaine, la perle des perles est la subvention à l’organisme Contact Nature Rivière-à-mars pour compléter l'importante (sic) recherche de l’UQAC sur l’impact du nourrissage des ours sur leur comportement en regard de la sécurité publique. J’espère au moins que les ours recevront leur part!
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- Le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation annonce la création du Programme pilote d’appui à la multifonctionnalité de l’agriculture, qui comporte une enveloppe budgétaire de dix millions de dollars pour une période de quatre ans.
- Télé-Québec lance sa nouvelle émission jeunesse 1, 2, 3… Géant, qui sera diffusée dès l’automne prochain. La série quotidienne, qui cible les enfants de 2 à 5 ans, vise à mieux préparer les jeunes à entrer dans le réseau scolaire. Et comme cette série s’inscrit dans la foulée de la stratégie d’action Tous ensemble pour la réussite scolaire « L’école, j’y tiens! », elle aura droit, pour sa production, à un soutien financier de 900 000 dollars, répartie sur trois années, accordée par le ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport.
- Au Saguenay, l’organisme Contact Nature Rivière-à-Mars reçoit une subvention de 17 000 $ qui lui permettra de compléter le financement de l’importante recherche, menée avec la Direction générale du ministère des Ressources naturelles et de la Faune du Saguenay-Lac-Saint-Jean et de l’Université du Québec à Chicoutimi, concernant l’impact du nourrissage des ours sur leur comportement en regard de la sécurité du public.
- Québec accorde une subvention de 3,45 M$ à FPInnovations et à l’entreprise Tembec pour la construction d’une usine pilote de matériau composite à Témiscaming.
- Le ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine accorde une subvention de 153 600 $ à l’Association pour la création et la recherche électro-acoustiques du Québec pour la tenue de la 12e édition du festival international d’arts numériques Elektra, qui aura lieu à Montréal du 4 au 8 mai 2011, et à celle du Marché international de l’art numérique, qui se déroulera au cours du festival.
- Le Salon international du livre de Québec reçoit, pour son fonctionnement, une aide financière de 92 500 $ à laquelle s’ajoute une aide ponctuelle de 17 000 $ pour la présentation de l’Espace de la diversité.
- Le gouvernement a donné son accord de principe au projet de relance de la mine Jeffrey, et celui-ci sera assorti de la mise en place d’un fonds de diversification économique pour la MRC des Sources de 7,5 M$.
- Québec annonce le renouvellement de l’Entente sur le développement de la culture au Bas-Saint-Laurent entre le ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine et la CRE du Bas-Saint-Laurent. …… L’Entente, d’une durée d’un an, est dotée d’une enveloppe de 210 000 $.
- La ministre de la Culture, des Communications et de la Condition féminine, Christine St-Pierre, a profité de la 16e édition des Rencontres québécoises de l’industrie de la musique pour annoncer des subventions de 3,5 M$ dans le secteur de la musique et des variétés.
- De même, notre Protectrice des Arts et des Lettres, Christine St-Pierre, a profité de l’ouverture de la foire d’art contemporain Papier11, pour annoncer un investissement supplémentaire de 450 000 $ pour les galeries d’art contemporain et les artistes en arts visuels.
- Présenté à Québec du 25 juillet au 6 août 2011, le Festival d’opéra de Québec, premier festival d’art lyrique au Canada, bénéficie d’un financement à la hauteur de 775 000 $, dont 415 000 $ provenant du Conseil des arts et des lettres du Québec, 83 000 $, du Bureau de la Capitale-Nationale et 277 000 $, de la Ville de Québec.
- La Fédération des clubs de motoneigistes du Québec reçoit une subvention de 49 500 $ pour soutenir la patrouille spéciale d’agents de surveillance de sentiers fédérés et de 10 000 $ pour la Semaine internationale de sécurité à motoneige.
La réflexion du jour
Pourquoi les politiciens d’ici ou d’Ottawa manque-t-il de courage pour réduire les dépenses de l’État, ou d’entreprendre des réformes pour améliorer les services? Parce que cela exposerait une vérité dérangeante : les groupes d’intérêt sont partout. Dans notre système d’éducation, de santé, notre système bancaire, de transport, dans l’agriculture… Partout des cliques, des corporations, des lobbys de toute sorte tiennent le gros bout du bâton devant les politiciens. L’État est gangrené. --- David Descôteaux
Le chiffre du jour : 20,4 %
Une autre étude confirme ce que nous savons tous : les mêmes biens sont plus cher au Canada qu'aux États-Unis. Douglas Porter, économiste à la BMO, évalue la différence de prix à 20,4 % en faveur des consommateurs américains.
18 avril, 2011
Darwin c’est tout bête!
Revue de livre par Louise Labrecque
Charles Darwin avec ses publications sur la sélection naturelle et ses travaux sur l'origine des espèces fut faussement accusé d'antisémitisme, ce qui relève d'une véritable imposture intellectuelle. J'aime beaucoup Darwin et je le propose souvent comme référence à mes élèves.
DARWIN: C'est tout bête ?
La sélection naturelle, l’adaptation au milieu, l’évolution des espèces, et quoi d’autres encore ? Ah oui : les histoires de fous aux Galapagos, les singes qui parlent (on en connaît tous !), l’architecture de l’embryon, les fleurs musicales, les hirondelles de Tchernobyl, et les batailles de mouches, constituent quelques exemples figurant au palmarès de ce livre extraordinaire : C’est tout bête, et relatant, avec un humour imparable, la vie du naturaliste et célèbre scientifique, Charles Darwin. L’auteur, Marc Giraud, a frappé dans le mille, en proposant aux néophytes en la matière, toute la rigueur de l’activité cérébrale de Darwin, mais sous une forme ludique particulière, où l’interrogation se dresse de tous bords, tous côtés.
Je conseille vivement ce livre à tous : il s’agit d’un ouvrage fort instructif et réjouissant, truffé de mille anecdotes sur la vie de Charles Darwin et ses travaux. En effet, impossible de résister à un livre pareil, tant tout y est intelligent, lumineux, cohérent, savoureux ! On imagine souvent Darwin comme un être austère, un peu fou, coupé du monde, et avec un caractère de chien. Or, il n’en est rien : Darwin était un tendre, un doux, un passionné, un être d’une extrême sensibilité, à la larme facile, et rempli de bonté et d’amour pour tout ce qui l’entourait ! Il avait également un humour communicatif, doublé d’un esprit scientifique rigoureux, pointilleux sur les détails, en somme, des caractéristiques ayant fait de lui un génie universel. Ce livre, en plus d’explorer la théorie darwinienne, propose de dépasser les préjugés visant à figer la pensée d’un seul homme, tel un gourou dogmatique, pour chercher les contradictions - et les richesses- de la théorie initiale. En effet, le darwinisme a dépassé Darwin; ainsi l’expression des gènes est passé au peigne fin dans ce livre captivant. Aussi, au fur et à la mesure de notre lecture, nous prenons concrètement conscience de l’importance à défendre courageusement la mémoire de Charles Darwin et de ses héritiers, à l’heure où les fondamentalistes religieux, fort nombreux, s’en prennent à lui afin de le caricaturer grossièrement, déformer ses propos, le ridiculiser, et le trahir lâchement. Pour se faire, son génie a été trainé dans la boue, qualifié blasphématoire par les créationnistes, ne pouvant supporter l’hypothèse que l’homme n’est pas LA création de Dieu. De ce fait, la théorie de Darwin n’est plus au programme dans les écoles et son enseignement, qui faisait figure d’autorité dans le monde de l’éducation, ne va plus de soi. De toutes manières, au dépend de l’orgueil crasse des hommes et de la bête,- ironie sois disant bien fondée-, Darwin a choisi son camp : les bêtes ! Ainsi, sous un rapport objectal extrêmement ténu, il reste un fil d’humeur : son amour pour les animaux, lesquels le lui rendent bien, en lui permettant, en attendant de devenir célèbre, de s’amuser follement de ses observations, qu’il note dans son journal personnel. Ainsi, il jouait du piano pour des vers de terre, afin d’observer leurs réactions, il découvre également des fossiles spectaculaires, qui furent des éléments-clés de sa renommé naissante. De plus, il va jusqu’à mettre un scarabée dans sa bouche, lequel lui brûle immédiatement la langue, en expulsant des substances chimiques, par mécanisme de défense. En somme, l’originalité de ses observations laisse sans voix, tant il va loin dans l’expérimentation. Ainsi, on comprend parfaitement que la loi du plus fort n’est pas toujours la meilleure. De la même manière, il est d’une évidence cartésienne que le sexe constitue le moteur de l’évolution. En effet, la sexualité, cette machine « à faire du différent », donnerait un avantage dans la lutte pour la vie. Dans ce même raisonnement, elle ne mérite pas le nom de reproduction, parce qu’au contraire, chaque être né de deux parents est entièrement nouveau et original. Aussi, des comportements homosexuels ont été recensés chez quatre cent cinquante espèces animales différentes, dont trois cents de mammifères et d’oiseaux. De plus, certains animaux sont bisexuels et multisexuels, dont l’exemple le plus célèbre demeure les bonobos. En somme, les animaux homos perturbent la théorie de Darwin, et il a fallu attendre jusqu’à 1999 pour que des chercheurs signent de nouvelles conclusions. Finalement, dans l’expression des comportements, on comprend que la science de Darwin est toute faite de mouvement et de vie. Les animaux s’expriment, de même que les végétaux, et cela est fascinant. Moins connu que L’Origine des espèces, mais fabuleusement innovant pour son époque, Darwin signa un livre : L’Expression des émotions chez l’homme et chez les animaux/The Expression of the emotions in man and animals, dont le contenu fait littéralement hisser les cheveux sur la tête, lequel exemple renvoie à la troublante animalité de l’homme.
Bref, dépasser la loi de la jungle, c’est la capacité pour l’homme de sortir de ses affects, pour entrer de plain-pied dans la raison. Si on aime les droits et libertés, il faut sortir de la loi de la jungle, afin de permettre à la diversité humaine de cohabiter de façon pacifique. Certes, la barbarie n'est jamais bien loin, à chercher à pénétrer, à défoncer les portes, mais nous sommes des êtres humains, et ce qui est le propre de l'Homme n'ignore pas le jour exceptionnel où s'opérera la symbiose entre tous les peuples de la Terre. En effet, aussi anarchique soit notre organisation sociale et cosmogonique, nous sommes obligés de prendre conscience de l'importance d'un échange constructif avec autrui, non seulement de civilité, mais pour la sauvegarde de la civilisation, à plus long terme. Tous les animaux vivent dans les affects, dans un mode “action/réaction”, sans Histoire, ainsi que l'étaient jadis quelques peuplades primitives.
Bref, travail de vulgarisation scientifique remarquable, ce livre : Darwin c’est tout bête !, de Marc Giraud, mérite une place de choix dans les bibliothèques, tant personnelles et scolaires.
GIRAUD, Marc, Darwin c’est tout bête!, Éditions Robert Laffont, France, 344 pages.
Charles Darwin avec ses publications sur la sélection naturelle et ses travaux sur l'origine des espèces fut faussement accusé d'antisémitisme, ce qui relève d'une véritable imposture intellectuelle. J'aime beaucoup Darwin et je le propose souvent comme référence à mes élèves.
DARWIN: C'est tout bête ?
La sélection naturelle, l’adaptation au milieu, l’évolution des espèces, et quoi d’autres encore ? Ah oui : les histoires de fous aux Galapagos, les singes qui parlent (on en connaît tous !), l’architecture de l’embryon, les fleurs musicales, les hirondelles de Tchernobyl, et les batailles de mouches, constituent quelques exemples figurant au palmarès de ce livre extraordinaire : C’est tout bête, et relatant, avec un humour imparable, la vie du naturaliste et célèbre scientifique, Charles Darwin. L’auteur, Marc Giraud, a frappé dans le mille, en proposant aux néophytes en la matière, toute la rigueur de l’activité cérébrale de Darwin, mais sous une forme ludique particulière, où l’interrogation se dresse de tous bords, tous côtés.
Je conseille vivement ce livre à tous : il s’agit d’un ouvrage fort instructif et réjouissant, truffé de mille anecdotes sur la vie de Charles Darwin et ses travaux. En effet, impossible de résister à un livre pareil, tant tout y est intelligent, lumineux, cohérent, savoureux ! On imagine souvent Darwin comme un être austère, un peu fou, coupé du monde, et avec un caractère de chien. Or, il n’en est rien : Darwin était un tendre, un doux, un passionné, un être d’une extrême sensibilité, à la larme facile, et rempli de bonté et d’amour pour tout ce qui l’entourait ! Il avait également un humour communicatif, doublé d’un esprit scientifique rigoureux, pointilleux sur les détails, en somme, des caractéristiques ayant fait de lui un génie universel. Ce livre, en plus d’explorer la théorie darwinienne, propose de dépasser les préjugés visant à figer la pensée d’un seul homme, tel un gourou dogmatique, pour chercher les contradictions - et les richesses- de la théorie initiale. En effet, le darwinisme a dépassé Darwin; ainsi l’expression des gènes est passé au peigne fin dans ce livre captivant. Aussi, au fur et à la mesure de notre lecture, nous prenons concrètement conscience de l’importance à défendre courageusement la mémoire de Charles Darwin et de ses héritiers, à l’heure où les fondamentalistes religieux, fort nombreux, s’en prennent à lui afin de le caricaturer grossièrement, déformer ses propos, le ridiculiser, et le trahir lâchement. Pour se faire, son génie a été trainé dans la boue, qualifié blasphématoire par les créationnistes, ne pouvant supporter l’hypothèse que l’homme n’est pas LA création de Dieu. De ce fait, la théorie de Darwin n’est plus au programme dans les écoles et son enseignement, qui faisait figure d’autorité dans le monde de l’éducation, ne va plus de soi. De toutes manières, au dépend de l’orgueil crasse des hommes et de la bête,- ironie sois disant bien fondée-, Darwin a choisi son camp : les bêtes ! Ainsi, sous un rapport objectal extrêmement ténu, il reste un fil d’humeur : son amour pour les animaux, lesquels le lui rendent bien, en lui permettant, en attendant de devenir célèbre, de s’amuser follement de ses observations, qu’il note dans son journal personnel. Ainsi, il jouait du piano pour des vers de terre, afin d’observer leurs réactions, il découvre également des fossiles spectaculaires, qui furent des éléments-clés de sa renommé naissante. De plus, il va jusqu’à mettre un scarabée dans sa bouche, lequel lui brûle immédiatement la langue, en expulsant des substances chimiques, par mécanisme de défense. En somme, l’originalité de ses observations laisse sans voix, tant il va loin dans l’expérimentation. Ainsi, on comprend parfaitement que la loi du plus fort n’est pas toujours la meilleure. De la même manière, il est d’une évidence cartésienne que le sexe constitue le moteur de l’évolution. En effet, la sexualité, cette machine « à faire du différent », donnerait un avantage dans la lutte pour la vie. Dans ce même raisonnement, elle ne mérite pas le nom de reproduction, parce qu’au contraire, chaque être né de deux parents est entièrement nouveau et original. Aussi, des comportements homosexuels ont été recensés chez quatre cent cinquante espèces animales différentes, dont trois cents de mammifères et d’oiseaux. De plus, certains animaux sont bisexuels et multisexuels, dont l’exemple le plus célèbre demeure les bonobos. En somme, les animaux homos perturbent la théorie de Darwin, et il a fallu attendre jusqu’à 1999 pour que des chercheurs signent de nouvelles conclusions. Finalement, dans l’expression des comportements, on comprend que la science de Darwin est toute faite de mouvement et de vie. Les animaux s’expriment, de même que les végétaux, et cela est fascinant. Moins connu que L’Origine des espèces, mais fabuleusement innovant pour son époque, Darwin signa un livre : L’Expression des émotions chez l’homme et chez les animaux/The Expression of the emotions in man and animals, dont le contenu fait littéralement hisser les cheveux sur la tête, lequel exemple renvoie à la troublante animalité de l’homme.
Bref, dépasser la loi de la jungle, c’est la capacité pour l’homme de sortir de ses affects, pour entrer de plain-pied dans la raison. Si on aime les droits et libertés, il faut sortir de la loi de la jungle, afin de permettre à la diversité humaine de cohabiter de façon pacifique. Certes, la barbarie n'est jamais bien loin, à chercher à pénétrer, à défoncer les portes, mais nous sommes des êtres humains, et ce qui est le propre de l'Homme n'ignore pas le jour exceptionnel où s'opérera la symbiose entre tous les peuples de la Terre. En effet, aussi anarchique soit notre organisation sociale et cosmogonique, nous sommes obligés de prendre conscience de l'importance d'un échange constructif avec autrui, non seulement de civilité, mais pour la sauvegarde de la civilisation, à plus long terme. Tous les animaux vivent dans les affects, dans un mode “action/réaction”, sans Histoire, ainsi que l'étaient jadis quelques peuplades primitives.
Bref, travail de vulgarisation scientifique remarquable, ce livre : Darwin c’est tout bête !, de Marc Giraud, mérite une place de choix dans les bibliothèques, tant personnelles et scolaires.
GIRAUD, Marc, Darwin c’est tout bête!, Éditions Robert Laffont, France, 344 pages.
La réflexion du jour
Quand un gouvernement veut donner un cadeau à une entreprise, il a deux choix : baisser ses impôts, ou lui signer un gros chèque (une subvention ou un prêt sans intérêt, par exemple). Les partis plus à gauche comme le Bloc, le NPD ou même le Parti libéral, veulent « faire payer les multinationales ». OK. Mais dans ce cas, pourquoi ne pas maintenir les baisses d’impôts promises, et diminuer à la place les subventions aux entreprises? --- David Descôteaux
Le chiffre du jour : 61 G$
L’Institut Fraser calcule qu’entre 1994 et 2006, le gouvernement fédéral a versé 61 milliards en subventions aux entreprises. C’est un peu plus de 5 milliards par année.
17 avril, 2011
La réflexion du jour
Alors, l’intention est louable (NDLR : programme de subvention de l'industrie des véhicules électriques), mais le premier ministre s’est laissé emporter par un enthousiasme écologique irréaliste. Avant de promettre de tels niveaux de réussite, un peu de réalisme s’impose. Surtout que, parmi les partenaires concernés, vous avez oublié de mentionner les manufacturiers d’automobiles qui auront la tâche de nous approvisionner.
Désolé monsieur le Premier ministre, mais sur celle-ci, je ne peux pas vous croire. Même si je le souhaitais très fort! À moins, bien sûr, que vous n’ayez l’aide du Lapin de Pâques et de la Fée des dents. Mais en eux aussi, je crois un peu moins…--- Marc Bouchard
Désolé monsieur le Premier ministre, mais sur celle-ci, je ne peux pas vous croire. Même si je le souhaitais très fort! À moins, bien sûr, que vous n’ayez l’aide du Lapin de Pâques et de la Fée des dents. Mais en eux aussi, je crois un peu moins…--- Marc Bouchard
Le chiffre du jour : 8 000 $
Imaginez, au moment où vous lisez ces lignes AUCUNE voiture électrique n’est disponible dans les rues du Québec. Zéro, comme dans rien du tout! Les premières doivent être disponibles en novembre prochain. Mais encore une fois, la contrainte est de taille : leur prix varie de 38 000 $ à 45 000 $ environ!
Je sais, vous me direz que le gouvernement vous remet 8000 $ à l’achat, ce qui est vrai pour un nombre limité d’acheteurs, et pour une durée limitée seulement. Malgré tout, seriez-vous prêt à dépenser ce genre de montant pour un véhicule de la taille d’une compacte?
Je sais, vous me direz que le gouvernement vous remet 8000 $ à l’achat, ce qui est vrai pour un nombre limité d’acheteurs, et pour une durée limitée seulement. Malgré tout, seriez-vous prêt à dépenser ce genre de montant pour un véhicule de la taille d’une compacte?
16 avril, 2011
La réflexion du jour
Les MRC ne sont qu'une autre forme de gouvernement futile qui ne devait servir, au départ, qu'à l'aménagement du territoire en concertation régionale avec les municipalités membres. Maintenant, la MRC est devenue la chasse gardée de quelques roitelets directeurs généraux qui souffrent d'obésité morbide sur le plan administratif tout en s'encrassant les ouïes avec l'argent des municipalités, sans même avoir le courage d'émettre un compte de taxes ou d'affronter la population en élection générale. --- Stéphane Gendron
Le chiffre du jour : 4,6 millions
Avec 4,6 millions d'internautes réguliers en 2010, les statistiques montrent que le Québec est en bonne position puisque la moyenne mondiale est de 29 %, la moyenne nord-américaine de 77 %, et la moyenne européenne de 58 %1.
15 avril, 2011
La révolte d’Atlas
« Une société qui s’écroule, une économie qui régresse, des appels à toujours plus de contrôles politiques pour juguler ce déclin, la situation actuelle a un goût de déjà-vu. Bien sûr on pense à la crise 1929. Mais c’est en fait à un livre - et désormais un film - qu’il est fait référence ici. Il s’agit d’Atlas Shrugged (la révolte d'Atlas) de la philosophe russo-américaine Ayn Rand, publié en 1957. » --- Emmanuel Martin
Une traduction en français du livre d’Ayn Rand La révolte d’Atlas est offerte gratuitement ici. Toutefois, la qualité de la traduction laisse à désirer. Si vous connaissez la langue de Shakespeare je vous recommande de le lire en anglais. (Voir la revue d’Emmanuel Martin ici-bas.)
La partie 1 du livre a été portée au grand écran par Paul Johansson. Voici la bande-annonce en anglais :
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Un film très attendu
Une société qui s’écroule, une économie qui régresse, des appels à toujours plus de contrôles politiques pour juguler ce déclin, la situation actuelle a un goût de déjà-vu. Bien sûr on pense à la crise 1929. Mais c’est en fait à un livre - et désormais un film - qu’il est fait référence ici. Il s’agit d’Atlas Shrugged (la révolte d'Atlas) de la philosophe russo-américaine Ayn Rand, publié en 1957. Ce livre est devenu un classique pour des millions de lecteurs qui vont donc se réjouir de la sortie du film tant attendu (première partie), tiré de l’ouvrage, ce 15 avril 2011.
Atlas shrugged est une fiction politico-philosophique. Il décrit l’écroulement d’une société par la corruption du politique mais surtout ... de la philosophie. On y voit en effet des philosophes verbeux bavasser et distiller des théories incohérentes où les notions de vérité et de réalité n’ont finalement plus leur place. A bien des égards, l’influence philosophique de Rand, qui se fait la critique de ces mouvements philosophiques que l’on nommerait aujourd’hui « post-modernes », vient d’Aristote et du réalisme : l’idée que, dans les sciences humaines et la politique, l’on ne peut pas ignorer certaines lois de réalité, que l’on ne peut pas ignorer qu’une cause produira un effet, que détruire certaines institutions permettant de donner les incitations aux hommes de se conduire en êtres responsables empêchera la société de fonctionner.
Dans Atlas shrugged, le collectivisme qui entend régenter la société et imposer un ordre moral supérieur a pour effet de miner le principe de responsabilité individuelle, qui est le plus sûr guide pour orienter la coordination sociale dans son ensemble – et pas simplement l’activité économique. La triste ironie c’est que le collectivisme et ses partisans mettent leurs échecs patents sur le dos du système même qu’ils empêchent de fonctionner, et le régentent d’autant pour en corriger les « défauts ». Au prétexte de l’égalitarisme les prix sont contrôlés, et ne véhiculent plus les signaux sur la réalité des raretés, entraînant ici des surproductions, là des pénuries. Les décisions d’investissements sont orientées par la « sagesse » politique et débouchent en fait sur le copinage, la mauvaise gestion et les gaspillages. Peu à peu les entrepreneurs, boucs émissaires par excellence, fuient le pays. Ce sont eux les « Atlas » qui font bouger le monde, qui créent la valeur en innovant dans des techniques et services. Lorsqu’ils fuient, le monde s’écroule.
Rand trouve sans nul doute son inspiration dans son expérience personnelle puisqu’elle avait fui l’URSS dans les années 20. On pourrait la critiquer sur certains côtés caricaturaux de ces personnages, mais au fil du récit ils apparaissent peu à peu plus complexes. Tel Balzac elle capture l’essence d’une comédie humaine moderne, ou « post-moderne » : on y voit des pseudo-intellectuels à la recherche de statut, des politiciens en quête de pouvoir usant d'arguments soi-disant altruistes, des entrepreneurs véreux qui cherchent à se protéger de leurs concurrents grâce à leurs amis politiciens, et au milieu des entrepreneurs intègres qui ont parfois du mal à comprendre ce qui se passe. C'est finalement l'histoire de ces derniers que l'on suit, tels des héros se battant contre un ennemi qu'ils mettent du temps à définir.
Les peintures psychologiques dans le récit rendent explicites des intuitions que nous éprouvons tous un jour ou l’autre. Chez Rand, la défense de l’égoïsme contre l’altruisme imposé ne doit pas choquer : elle est en réalité fondamentalement morale. Cette conception de l’égoïsme, bien plus riche qu’il n’y paraît au premier abord, est étonnamment moderne puisqu’on la retrouve chez certains psychologues actuels qui voient les causes de nombreuses pathologies dans la négation de l'individualité autonome. Cette conception se recoupe largement avec la responsabilité personnelle, qui est le socle le plus solide de l’esprit de service. Il y a donc aussi une dimension qui rapproche ici Rand d’Adam Smith : c’est en se concentrant sur soi-même, non par nombrilisme mais par construction de son individualité responsable, qu’on rend bien souvent le mieux service aux autres.
Le parallèle entre la société collectivisée en déclin dépeinte par Rand et la situation actuelle n’est pas si osé qu’on peut le croire.
A bien des égards en effet la crise de 2008 trouve ses sources dans la politisation de relations économiques, dans le détournement de la responsabilité individuelle, notamment aux Etats-Unis. On pense ici bien sûr à Fannie Mae et Freddie Mac, ces institutions de refinancement hypothécaire qui avaient des objectifs politisés, au delà de toute rationalité économique. On pense aussi au Community Reinvestment Act qui pouvait forcer des institutions de crédit à prêter aux moins favorisés, sous peine d’être poursuivis pour discrimination. Au nom de l’altruisme forcé on a faussé les règles du jeu économique et créé le chaos. De même en corrompant le concept même de monnaie, on a manipulé les taux d’intérêt pour doper l’économie, faisant fi des lois de la réalité qui veut que cela soit l’épargne qui finance la croissance et pas le crédit ex nihilo. Avec des messages répétés de dirigeants de la politique monétaire expliquant que si les gains sont privatisés lorsque tout va bien, les pertes seront mutualisées en cas d’éclatement de bulle (ce qui s’est par la suite effectivement passé), on a gommé la responsabilité professionnelle, essentielle à la finance, et facilité la prise de risque déraisonnable et irresponsable. Et ce d’autant que les décideurs US au Trésor (Hank Paulson, Tim Geithner) venaient eux-mêmes... de la finance.
Malheureusement c'est avec une dose supplémentaire de déresponsabilisation que l'on répond aujourd'hui à ces erreurs de déresponsabilisation.
Ainsi, alors que dans de nombreux pays dans le monde on s’enfonce dans le refus des lois de la réalité et dans la promotion accrue de l’irresponsabilité, relire Atlas shrugged de Rand est sans doute salutaire. Cet ouvrage majeur a été traduit en français il y a fort longtemps et n’est malheureusement plus édité dans cette langue (un pdf a circulé sur le net cependant). Pour ceux qui ne lisent pas l’anglais, La vertu d'égoïsme (éditions les belles lettres) pourra toujours s'avérer utile. La sortie du film Atlas Shrugged est donc une bonne nouvelle.
Emmanuel Martin est analyste sur UnMondeLibre.org. Une version de cette présentation avait été publiée en 2009.
Une traduction en français du livre d’Ayn Rand La révolte d’Atlas est offerte gratuitement ici. Toutefois, la qualité de la traduction laisse à désirer. Si vous connaissez la langue de Shakespeare je vous recommande de le lire en anglais. (Voir la revue d’Emmanuel Martin ici-bas.)
La partie 1 du livre a été portée au grand écran par Paul Johansson. Voici la bande-annonce en anglais :
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Un film très attendu
Une société qui s’écroule, une économie qui régresse, des appels à toujours plus de contrôles politiques pour juguler ce déclin, la situation actuelle a un goût de déjà-vu. Bien sûr on pense à la crise 1929. Mais c’est en fait à un livre - et désormais un film - qu’il est fait référence ici. Il s’agit d’Atlas Shrugged (la révolte d'Atlas) de la philosophe russo-américaine Ayn Rand, publié en 1957. Ce livre est devenu un classique pour des millions de lecteurs qui vont donc se réjouir de la sortie du film tant attendu (première partie), tiré de l’ouvrage, ce 15 avril 2011.
Atlas shrugged est une fiction politico-philosophique. Il décrit l’écroulement d’une société par la corruption du politique mais surtout ... de la philosophie. On y voit en effet des philosophes verbeux bavasser et distiller des théories incohérentes où les notions de vérité et de réalité n’ont finalement plus leur place. A bien des égards, l’influence philosophique de Rand, qui se fait la critique de ces mouvements philosophiques que l’on nommerait aujourd’hui « post-modernes », vient d’Aristote et du réalisme : l’idée que, dans les sciences humaines et la politique, l’on ne peut pas ignorer certaines lois de réalité, que l’on ne peut pas ignorer qu’une cause produira un effet, que détruire certaines institutions permettant de donner les incitations aux hommes de se conduire en êtres responsables empêchera la société de fonctionner.
Dans Atlas shrugged, le collectivisme qui entend régenter la société et imposer un ordre moral supérieur a pour effet de miner le principe de responsabilité individuelle, qui est le plus sûr guide pour orienter la coordination sociale dans son ensemble – et pas simplement l’activité économique. La triste ironie c’est que le collectivisme et ses partisans mettent leurs échecs patents sur le dos du système même qu’ils empêchent de fonctionner, et le régentent d’autant pour en corriger les « défauts ». Au prétexte de l’égalitarisme les prix sont contrôlés, et ne véhiculent plus les signaux sur la réalité des raretés, entraînant ici des surproductions, là des pénuries. Les décisions d’investissements sont orientées par la « sagesse » politique et débouchent en fait sur le copinage, la mauvaise gestion et les gaspillages. Peu à peu les entrepreneurs, boucs émissaires par excellence, fuient le pays. Ce sont eux les « Atlas » qui font bouger le monde, qui créent la valeur en innovant dans des techniques et services. Lorsqu’ils fuient, le monde s’écroule.
Rand trouve sans nul doute son inspiration dans son expérience personnelle puisqu’elle avait fui l’URSS dans les années 20. On pourrait la critiquer sur certains côtés caricaturaux de ces personnages, mais au fil du récit ils apparaissent peu à peu plus complexes. Tel Balzac elle capture l’essence d’une comédie humaine moderne, ou « post-moderne » : on y voit des pseudo-intellectuels à la recherche de statut, des politiciens en quête de pouvoir usant d'arguments soi-disant altruistes, des entrepreneurs véreux qui cherchent à se protéger de leurs concurrents grâce à leurs amis politiciens, et au milieu des entrepreneurs intègres qui ont parfois du mal à comprendre ce qui se passe. C'est finalement l'histoire de ces derniers que l'on suit, tels des héros se battant contre un ennemi qu'ils mettent du temps à définir.
Les peintures psychologiques dans le récit rendent explicites des intuitions que nous éprouvons tous un jour ou l’autre. Chez Rand, la défense de l’égoïsme contre l’altruisme imposé ne doit pas choquer : elle est en réalité fondamentalement morale. Cette conception de l’égoïsme, bien plus riche qu’il n’y paraît au premier abord, est étonnamment moderne puisqu’on la retrouve chez certains psychologues actuels qui voient les causes de nombreuses pathologies dans la négation de l'individualité autonome. Cette conception se recoupe largement avec la responsabilité personnelle, qui est le socle le plus solide de l’esprit de service. Il y a donc aussi une dimension qui rapproche ici Rand d’Adam Smith : c’est en se concentrant sur soi-même, non par nombrilisme mais par construction de son individualité responsable, qu’on rend bien souvent le mieux service aux autres.
Le parallèle entre la société collectivisée en déclin dépeinte par Rand et la situation actuelle n’est pas si osé qu’on peut le croire.
A bien des égards en effet la crise de 2008 trouve ses sources dans la politisation de relations économiques, dans le détournement de la responsabilité individuelle, notamment aux Etats-Unis. On pense ici bien sûr à Fannie Mae et Freddie Mac, ces institutions de refinancement hypothécaire qui avaient des objectifs politisés, au delà de toute rationalité économique. On pense aussi au Community Reinvestment Act qui pouvait forcer des institutions de crédit à prêter aux moins favorisés, sous peine d’être poursuivis pour discrimination. Au nom de l’altruisme forcé on a faussé les règles du jeu économique et créé le chaos. De même en corrompant le concept même de monnaie, on a manipulé les taux d’intérêt pour doper l’économie, faisant fi des lois de la réalité qui veut que cela soit l’épargne qui finance la croissance et pas le crédit ex nihilo. Avec des messages répétés de dirigeants de la politique monétaire expliquant que si les gains sont privatisés lorsque tout va bien, les pertes seront mutualisées en cas d’éclatement de bulle (ce qui s’est par la suite effectivement passé), on a gommé la responsabilité professionnelle, essentielle à la finance, et facilité la prise de risque déraisonnable et irresponsable. Et ce d’autant que les décideurs US au Trésor (Hank Paulson, Tim Geithner) venaient eux-mêmes... de la finance.
Malheureusement c'est avec une dose supplémentaire de déresponsabilisation que l'on répond aujourd'hui à ces erreurs de déresponsabilisation.
Ainsi, alors que dans de nombreux pays dans le monde on s’enfonce dans le refus des lois de la réalité et dans la promotion accrue de l’irresponsabilité, relire Atlas shrugged de Rand est sans doute salutaire. Cet ouvrage majeur a été traduit en français il y a fort longtemps et n’est malheureusement plus édité dans cette langue (un pdf a circulé sur le net cependant). Pour ceux qui ne lisent pas l’anglais, La vertu d'égoïsme (éditions les belles lettres) pourra toujours s'avérer utile. La sortie du film Atlas Shrugged est donc une bonne nouvelle.
Emmanuel Martin est analyste sur UnMondeLibre.org. Une version de cette présentation avait été publiée en 2009.
La réflexion du jour
Le problème, c'est qu'en y regardant de plus près, la bataille des étudiants est rétrograde et vise essentiellement à perpétuer une injustice. Les droits de scolarité au Québec sont, de loin, les plus bas au Canada.--- Claude Picher
Le chiffre du jour : 16 %
Or, sur ce point, le Québec ressort vraiment comme une société distincte. Le gouvernement québécois fournit 70% du budget des universités, et les étudiants, 16%. En Ontario, les proportions semblables sont 49% et 35%. Dans l'ensemble du Canada, 57% et 29%. Évidemment, les subventions du gouvernement sont financées par les impôts de l'ensemble des contribuables. À cet égard, il saute aux yeux que les contribuables québécois paient plus cher qu'ailleurs.
14 avril, 2011
Éducation : la concurrence, essentielle au succès des réformes
Il fallait s’y attendre. Tous les groupes d’intérêts qui profitent amplement du système d’éducation se sont levés en bloc pour dénoncer les réformes proposées par la Coalition pour l’avenir du Québec.
Ils prétendent tous qu’il suffirait d’allouer plus de ressources pour que les problèmes disparaissent comme par magie. C’est pourtant ce que les gouvernements successifs font depuis plusieurs décennies et les résultats se font toujours attendre. Le système semble posséder une capacité illimitée pour absorber les fonds additionnels alloués avant que ceux-ci n’atteignent les écoles.
Il faut donc changer le système et c’est ce que propose la CAQ.
Essentiellement, elle recommande deux changements importants : la valorisation de la profession d’enseignant et la responsabilisation des directions d’établissements (parents et directeurs).
Les changements préconisés pour valoriser la profession sont un premier pas dans la bonne direction. Un système d’évaluation du rendement des enseignants, aussi imparfait soit-il, sera toujours plus performant et plus juste que le régime d’ancienneté calqué sur les besoins d’une autre époque.
Toutefois, la décentralisation des pouvoirs au profit des directions d’établissement représente vraiment le changement fondamental préconisé par la CAQ. D’ailleurs, sans un minimum de décentralisation, l’objectif de valorisation des enseignants ou de tout autres objectifs d’amélioration du système de l’éducation seront voués à l’échec.
L’expérience démontre qu’il est impossible de gérer efficacement des systèmes complexes comme l’éducation ou la santé à partir d’un point central. Une fois le « quoi » définit par une autorité centrale (le ministère) il faut déléguer le « comment » à ceux à qui on a demandé de livrer la marchandise, donc aux directions d’établissements et aux enseignants.
Mais pour que la décentralisation donne les résultats escomptés, les intervenants doivent être adéquatement motivés. Là, il me semble que les propositions de la CAQ sont beaucoup trop timides, voire vont à l’encontre des objectifs.
En effet, la concurrence demeure le meilleur moyen de pousser les individus et les organisations à innover et à se dépasser. Or, en proposant de geler les subventions aux écoles privées, la CAQ propose de renforcer le monopole public au détriment d’une saine concurrence.
Il faudrait plutôt subventionner toutes les écoles également, mais en retour imposer les mêmes règles de fonctionnement, plus particulièrement mettre fin aux pratiques de sélection des élèves dans les écoles privées. Si ce régime est bon pour des pays comme la Suède, le Danemark ou l’Angleterre, pourquoi ne le serait-il pas pour le Québec?
Malgré tout, je dis bravo à l’équipe de la Coalition, car il faut une bonne dose de courage pour remettre en question les vaches sacrées québécoises.
Ils prétendent tous qu’il suffirait d’allouer plus de ressources pour que les problèmes disparaissent comme par magie. C’est pourtant ce que les gouvernements successifs font depuis plusieurs décennies et les résultats se font toujours attendre. Le système semble posséder une capacité illimitée pour absorber les fonds additionnels alloués avant que ceux-ci n’atteignent les écoles.
Il faut donc changer le système et c’est ce que propose la CAQ.
Essentiellement, elle recommande deux changements importants : la valorisation de la profession d’enseignant et la responsabilisation des directions d’établissements (parents et directeurs).
Les changements préconisés pour valoriser la profession sont un premier pas dans la bonne direction. Un système d’évaluation du rendement des enseignants, aussi imparfait soit-il, sera toujours plus performant et plus juste que le régime d’ancienneté calqué sur les besoins d’une autre époque.
Toutefois, la décentralisation des pouvoirs au profit des directions d’établissement représente vraiment le changement fondamental préconisé par la CAQ. D’ailleurs, sans un minimum de décentralisation, l’objectif de valorisation des enseignants ou de tout autres objectifs d’amélioration du système de l’éducation seront voués à l’échec.
L’expérience démontre qu’il est impossible de gérer efficacement des systèmes complexes comme l’éducation ou la santé à partir d’un point central. Une fois le « quoi » définit par une autorité centrale (le ministère) il faut déléguer le « comment » à ceux à qui on a demandé de livrer la marchandise, donc aux directions d’établissements et aux enseignants.
Mais pour que la décentralisation donne les résultats escomptés, les intervenants doivent être adéquatement motivés. Là, il me semble que les propositions de la CAQ sont beaucoup trop timides, voire vont à l’encontre des objectifs.
En effet, la concurrence demeure le meilleur moyen de pousser les individus et les organisations à innover et à se dépasser. Or, en proposant de geler les subventions aux écoles privées, la CAQ propose de renforcer le monopole public au détriment d’une saine concurrence.
Il faudrait plutôt subventionner toutes les écoles également, mais en retour imposer les mêmes règles de fonctionnement, plus particulièrement mettre fin aux pratiques de sélection des élèves dans les écoles privées. Si ce régime est bon pour des pays comme la Suède, le Danemark ou l’Angleterre, pourquoi ne le serait-il pas pour le Québec?
Malgré tout, je dis bravo à l’équipe de la Coalition, car il faut une bonne dose de courage pour remettre en question les vaches sacrées québécoises.
La réflexion du jour
Un régime fiscal concurrentiel, une qualité de vie enviable et une main-d’œuvre éduquée et travaillante, voilà les raisons qui expliquent les succès économiques du New Hampshire.--- John Lynch, gouverneur du New Hampshire.
Le chiffre du jour : 48e
Pour boucler son budget, le New Hampshire dépend exclusivement des transferts fédéraux, des taxes à la propriété et des taxes sur les revenus de dividende et d’intérêts, une situation difficile à imaginer au Québec. Avec une population de 1,3 million, le New Hampshire a prévu en 2011 un budget de 10,2 G$ US, et il se situe au 48e sur 50 parmi les États les moins dépensiers.
(NDLR : Nous devrions inviter le gouverneur du New Hampshire à venir gérer le Québec!)
(NDLR : Nous devrions inviter le gouverneur du New Hampshire à venir gérer le Québec!)
13 avril, 2011
Le gouvernement se serre la ceinture. Vraiment?
Lors de l’annonce des budgets 2010-2011 et 2011-2012, le ministre Bachand s’est engagé à restreindre la croissance des dépenses de l’État. On était en droit de croire que l’âge d’or des subventions tirait à sa fin.
Pourtant, les annonces se succèdent à un rythme effarant. Entre le 21 mars et le 11 avril, le gouvernement a généreusement accordé 63,8 M$ de subventions à quatre entreprises qui engrangent un total de près de 2,2 G$ de profit.
Le gouvernement distribue des subventions à des entreprises rentables tout en accumulant les déficits et en laissant croître la dette au point de mettre en danger la cote de crédit de la province.
Au minimum, un organisme indépendant, le Vérificateur général par exemple, devrait avoir pour mandat de suivre systématiquement tous les programmes de subventions. Dans ce cas, on pourrait au moins se consoler en pensant que les programmes bidon seraient rapidement abandonnés.
Oui, je sais, ces subventions sont accordées en respectant religieusement les critères des programmes en cause. Justement, tout le problème est là : des programmes mur-à-mur sans égard aux besoins ni au moyen de payer des contribuables.
C’est franchement indécent.
Pourtant, les annonces se succèdent à un rythme effarant. Entre le 21 mars et le 11 avril, le gouvernement a généreusement accordé 63,8 M$ de subventions à quatre entreprises qui engrangent un total de près de 2,2 G$ de profit.
Date | Subven. | Revenu | Profit | Remarque | |
Gouvernement | 62,4 G$ | (4,2 G$) | 2010-2011 | ||
Tembec | 11 avr. 2011 | 8,4 M$ | 1,9 G$ | 52 M$ | |
Doral | 8 avr. 2011 | 2 M$ | ND | ND | |
Süd Chemie | 8 avr. 2011 | 7,4 M$ | 1,7 G$ | 112 M$ | Phostech Lithium |
Bolloré | 25 mars 2011 | 16 M$ | 10 G$ | 500 M$ | Bathium Canada |
Rolls-Royce | 21 mars 2011 | 30 M$ | 17,4 G$ | 1,5 G$ | |
Cum. | 63,4 M$ | 2,16 G$ |
Le gouvernement distribue des subventions à des entreprises rentables tout en accumulant les déficits et en laissant croître la dette au point de mettre en danger la cote de crédit de la province.
Au minimum, un organisme indépendant, le Vérificateur général par exemple, devrait avoir pour mandat de suivre systématiquement tous les programmes de subventions. Dans ce cas, on pourrait au moins se consoler en pensant que les programmes bidon seraient rapidement abandonnés.
Oui, je sais, ces subventions sont accordées en respectant religieusement les critères des programmes en cause. Justement, tout le problème est là : des programmes mur-à-mur sans égard aux besoins ni au moyen de payer des contribuables.
C’est franchement indécent.
La réflexion du jour
Les jeunes, les enfants, les familles… c’est beau. Mais j’ai une question pour tous les partis : si vous voulez aider les enfants et les jeunes familles, ça ne vous tente pas de dépenser… moins? --- David Descôteaux
Le chiffre du jour : 31 G$
Au moment où vous lisez ces lignes, une dette fédérale de 560 milliards $ pend au-dessus de nos têtes. C’est 16 340 $ par citoyen. 16 340 $ sur la tête de chaque enfant canadien, et sur les prochains.
Nous avons tendance à trouver ces chiffres abstraits. À nous dire : « pas grave! C’est normal. On payera plus tard. » Mais nous payons déjà. Toute la TPS que vous payerez cette année ira au paiement des intérêts de la dette. Ça veut dire plus de 31 milliards $ « dans le vide », juste cette année. Des milliards qu’on pourrait investir ailleurs — dans les familles et les enfants, par exemple…
Nous avons tendance à trouver ces chiffres abstraits. À nous dire : « pas grave! C’est normal. On payera plus tard. » Mais nous payons déjà. Toute la TPS que vous payerez cette année ira au paiement des intérêts de la dette. Ça veut dire plus de 31 milliards $ « dans le vide », juste cette année. Des milliards qu’on pourrait investir ailleurs — dans les familles et les enfants, par exemple…
12 avril, 2011
Subventions : les perles du 2 au 8 avril 2011
Chaque semaine, le blogue de Mathieu Turbide et de Serge Laplante, Où vont vos impôts, publie la liste des subventions annoncées par le gouvernement.
Invariablement, cette liste contient des perles qui démontrent bien la culture de « gaspillage » qui prévaut chez nos élites politiques.
La parade des subventions continue de plus bel, mais les réductions de dépenses promises par le ministre Bachand ne sont toujours pas au rendez-vous.
Cette semaine, la Ville de Montréal et le gouvernement du Québec pigent 4,75 M$ dans nos poches et les donnent au propriétaire du Cinéma Parallèle pour acquérir les salles de cinéma de l’eXcentris.
Ça ne vous choque pas? He bien!!
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Invariablement, cette liste contient des perles qui démontrent bien la culture de « gaspillage » qui prévaut chez nos élites politiques.
La parade des subventions continue de plus bel, mais les réductions de dépenses promises par le ministre Bachand ne sont toujours pas au rendez-vous.
Cette semaine, la Ville de Montréal et le gouvernement du Québec pigent 4,75 M$ dans nos poches et les donnent au propriétaire du Cinéma Parallèle pour acquérir les salles de cinéma de l’eXcentris.
Ça ne vous choque pas? He bien!!
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- Jean Charest est le ministre responsable du dossier Jeunesse, mais il semble avoir également adopté la cause des aînés. Il accompagnait, à Victoriaville, la ministre responsable des Aînés, Marguerite Blais, lors de l’annonce de l’octroi de 501 465 $ pour le financement de 7 projets d’autant d’organismes du Centre-du-Québec.
- Le ministère du Développement économique, de l’Innovation et de l’Exportation annonce l’inauguration du projet BNQ 21000, piloté par Neuvaction ainsi que le lancement du guide BNQ 21000, publié par le Bureau de normalisation du Québec. Le gouvernement supporte la démarche BNQ 21 000 par une subvention de 870 370 $ sur trois ans.
- Le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation verse 75 000 dollars au 31e Salon Rest-Hôte 2011.
- Le MAPAQ accorde aussi une aide financière de 50 000 dollars à l’organisation de la Coupe des Nations 2011.
- Le Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ) accorde un soutien financier totalisant 3 018 770 $ à 183 organismes artistiques et littéraires au terme de la période d’inscription à ses programmes de subventions s’échelonnant du 1er septembre au 31 décembre 2010.
- La ministre de l’Éducation, du Loisir et du Sport, Line Beauchamp, s’est rendue à Trois-Rivières pour réitérer l’importance de lutter contre la violence au hockey en rendant public le projet « Engagement et attitude responsable ». Ce dernier vise principalement à maintenir un environnement sportif sain et sécuritaire dans les arénas du Québec. Ce projet bénéficiera d’une aide gouvernementale de 250 000 $ sur trois ans et s’adresse à toute personne qui prend part ou assiste à des matchs de hockey mineur.
- Au terme d’une démarche engagée il y a maintenant près de deux ans, suite à la fermeture des salles opérées par eXcentris, le Cinéma Parallèle annonce une entente de financement lui permettant d’acquérir cet équipement culturel. Pour la réalisation de ce projet d’acquisition, la Ville de Montréal contribue par une subvention de 2,75 millions de dollars. Le montage financier comprend également un don exceptionnel de 1 million de dollars de la Fondation Daniel Langlois. L’objectif de ce don est principalement pour la remise en place des sièges de cinéma dans la salle 3 et l’installation de nouveaux équipements de pointe dans les régies. Un apport du ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine, via les programmes de la SODEC, sous la forme d’un prêt d’un minimum de 2 millions de dollars, vient s’ajouter au financement.
- Québec accorde un prêt de 2 M$ pour la relance de Doral, important fabricant de bateaux de plaisance de Grand-Mère.
- Québec accorde une subvention de 7,4 M$ à Phostech Lithium pour l’implantation de la première usine commerciale québécoise de phosphate de fer lithié (PFL). À ce montant s’ajoute une contribution d’Emploi-Québec de plus de 250 000 $, pour un plan de formation qui permettra de maintenir et créer de nouveaux emplois.
La réflexion du jour
Bref il est facile de promettre ou d’exiger un nouveau pont (NDLR : Pont Champlain). C’est une fois la décision prise que les difficultés commenceront. Quand on regarde le temps que prennent Québec et Montréal pour entreprendre le réaménagement de la rue Notre-Dame, on se demande combien de décennies il faudra attendre pour que Québec, Montréal, Ottawa, Brossard, la CMM et l’AMT s’entendent sur les plans d’un nouveau pont Champlain.--- André Pratte
Le chiffre du jour : 1 sur 2
Bien que 78 % des Québécois se disent à l'abri de la fraude, moins d'un Québécois sur deux se méfierait d'une offre d'investissement offrant un rendement de 2 % par mois, soit près de 27 % sur une base annuelle. Ces constatations pour le moins paradoxales sont tirées des données d'un sondage SOM - Autorité des marchés financiers mené par Internet auprès de 1 006 répondants entre le 4 et le 7 mars 2011.
(NDLR : ...et les gourous du ministère de l'éducation pensent que l'éducation économique et financière est inutile!!!)
(NDLR : ...et les gourous du ministère de l'éducation pensent que l'éducation économique et financière est inutile!!!)
11 avril, 2011
La réflexion du jour
Les économies d'impôt permises par la baisse de leur taux d'imposition (impôts des entreprises) se traduisent immanquablement par de nouveaux investissements, de l'embauche et le paiement de salaires plus élevés. La taille de l'économie augmente et cela génère de nouveaux bénéfices imposables. Cette augmentation des bénéfices compense en partie la réduction du taux d'imposition, de sorte que le gouvernement récupère une part importante de son investissement initial. --- Martin Coiteux, professeur au service de l'enseignement des affaires internationales à HEC Montréal.
Le chiffre du jour : 0,3 %
L'exemple suivant est éclatant. De 2000 à 2004, le gouvernement libéral a réduit le taux d'imposition des sociétés de 28 à 21% sans que la contribution de cet impôt, mesurée en pourcentage du PIB, ne bouge d'un cran. En d'autres termes, la dernière grande réduction du taux d'imposition des sociétés, oeuvre d'un gouvernement libéral et non conservateur, n'a absolument rien coûté au Trésor public. Si l'on incorpore la plus récente baisse mise en place par les conservateurs (de 21 à 18%), l'apport de l'impôt des sociétés n'aura finalement fléchi que de 0,3% du PIB entre 2000 et aujourd'hui. Une goutte d'eau dans l'océan.
10 avril, 2011
La réflexion du jour
Un éléphant se tient là, dans notre salon. Et nous faisons semblant de ne pas le voir. Il s’appelle : régimes de retraite. --- David Descôteaux
Le chiffre du jour : 71 G$
Dans le dernier budget du gouvernement du Québec, il manque 71 milliards $ pour payer les prestations de retraite promises aux fonctionnaires. Le gouvernement possède un fonds d’amortissement d’une quarantaine de milliards pour payer cette somme. Sauf qu’il s’agit d’argent emprunté. Ce qui fait que le « trou » des régimes de retraite du gouvernement ajoute à lui seul 71 milliards sur notre dette. Dette que devront payer, je le répète, tous les contribuables — dont deux sur trois ne possèdent aucun régime de retraite.
09 avril, 2011
Old Harry : heureusement, Terre-Neuve nous pousse dans le dos
Depuis trop longtemps, le Québec, paradis des moratoires et des consensus, fait du surplace, voire recule : la santé et l’éducation périclitent depuis des décennies; après vingt ans de planification, on ne sait toujours pas quoi faire avec le boulevard Notre-Dame; après une demi-douzaine de faux départs, le CHUM commence à peine à montrer le bout du nez d’un semblant de mouvement; les lois régissant l’exploration et l’exploitation de nos richesses naturelles datent d’une autre époque; les lois du travail nous cantonnent dans l’ère industrielle; etc.
Dans le plus pur style de nivellement par le bas, au lieu de relever les défis de la concurrence et de la mondialisation, les politiciens et les groupes d’intérêt préfèrent ralentir nos compétiteurs: incapables de démarrer le projet du CHUM, les politiciens ont tout fait pour retarder celui de McGill; incapable d’exploiter nos ressources gazières et pétrolières, le bloc, grand défenseur des valeurs québécoises, exige d’imposer un moratoire à TNL dans le dossier du gisement pétrolier Old Harry; la pauvreté augmente au Québec et décroît en Alberta, les écolos militent contre l’exploitation des sables bitumineux pour appauvrir les Albertains; etc.
Le but, appauvrir les autres pour camoufler les retards qui s’accumulent au Québec.
Les valeurs québécoises sont devenues: l’immobilisme, la pauvreté et l’interventionnisme. Pourtant, il fut un temps où nos valeurs étaient plus nobles.
Si le Québec bouge à la vitesse d’un glacier, nous devons nous en prendre qu’à nous-mêmes. Un jour nous retrouverons nos valeurs de bâtisseurs. En attendant, tant mieux si nos concurrents nous poussent dans le dos, les retards seront moindres et le rattrapage plus facile.
Dans le plus pur style de nivellement par le bas, au lieu de relever les défis de la concurrence et de la mondialisation, les politiciens et les groupes d’intérêt préfèrent ralentir nos compétiteurs: incapables de démarrer le projet du CHUM, les politiciens ont tout fait pour retarder celui de McGill; incapable d’exploiter nos ressources gazières et pétrolières, le bloc, grand défenseur des valeurs québécoises, exige d’imposer un moratoire à TNL dans le dossier du gisement pétrolier Old Harry; la pauvreté augmente au Québec et décroît en Alberta, les écolos militent contre l’exploitation des sables bitumineux pour appauvrir les Albertains; etc.
Le but, appauvrir les autres pour camoufler les retards qui s’accumulent au Québec.
Les valeurs québécoises sont devenues: l’immobilisme, la pauvreté et l’interventionnisme. Pourtant, il fut un temps où nos valeurs étaient plus nobles.
Si le Québec bouge à la vitesse d’un glacier, nous devons nous en prendre qu’à nous-mêmes. Un jour nous retrouverons nos valeurs de bâtisseurs. En attendant, tant mieux si nos concurrents nous poussent dans le dos, les retards seront moindres et le rattrapage plus facile.
La réflexion du jour
Pendant que le décrochage atteint des niveaux alarmants et que les contribuables se serrent la ceinture, les bonis versés aux dirigeants des commissions scolaires explosent. --- JdeM
Le chiffre du jour : 961 450 $
Selon ce qu'a appris le Journal, 110 hauts dirigeants des commissions scolaires se sont partagé pas moins de 961 450 $ en bonis de toutes sortes l'an dernier. Il s'agit vraisemblablement d'un record.
08 avril, 2011
La réflexion du jour
Dans 96 % des cas, les déclarations (des assistés sociaux) sont exactes. Seulement un petit nombre de personnes remplissent de fausses déclarations. --- François Lefebvre, le porte-parole du ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale
Le chiffre du jour : 68,3 M$
Selon des données compilées par le ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale, au moins 18 047 bénéficiaires de l’aide sociale ont envoyé des déclarations inexactes pour des montants à récupérer de 68,3 millions $.
............
Il rappelle que 150 enquêteurs et 100 agents de conformité sont employés pour procéder à toutes les vérifications qui s’imposent.
(NDLR : Le gouvernement met plus d'effort à contrôler les fraudeurs de l'assistance sociale que ceux de l'industrie de la construction. Pourtant, les sommes en jeux sont beaucoup plus importantes, mais les assistés sociaux ne contribuent pas aux caisses électorales.)
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Il rappelle que 150 enquêteurs et 100 agents de conformité sont employés pour procéder à toutes les vérifications qui s’imposent.
(NDLR : Le gouvernement met plus d'effort à contrôler les fraudeurs de l'assistance sociale que ceux de l'industrie de la construction. Pourtant, les sommes en jeux sont beaucoup plus importantes, mais les assistés sociaux ne contribuent pas aux caisses électorales.)
07 avril, 2011
The Tragedy of the Euro
Minarchiste
« The Tragedy of the Euro », Philipp Bagus, Ludwig Von Mises Institute, 2010, 149 pages. (Disponible gratuitement en pdf.)
Bagus débute par exposer les circonstances dans lesquelles la Zone Euro a été créée. Il présente deux visions distinctes de l’Union Européenne : la vision libérale classique et la vision socialiste.
Le Traité de Rome de 1957 fut un pas important vers la vision libérale, établissant quatre libertés de base : liberté de circulation des biens, liberté d’offre de services, liberté de mouvements de capitaux et liberté de migration. Ce traité mettait en quelque sorte fin à l’ère de national-socialisme qui avait prévalu dans la première moitié du siècle, avec les conséquences dévastatrices qu’on lui connaît. La vision libérale de l’Europe n’implique aucunement la création d’un « super-État » pan-européen. Cette vision souhaite plutôt la saine concurrence entre différents systèmes politiques. Dans une telle Europe, le capital bouge des pays où les salaires sont élevés (les faisant ainsi diminuer) vers les pays où les salaires sont bas (les faisant augmenter). À l’inverse, les travailleurs migrent des pays où les salaires sont bas vers ceux où les salaires sont plus élevés. Ces migrations du capital et des travailleurs sont orientées des pays où les impôts sont plus élevés vers ceux où les impôts sont moindres, assurant une certaine discipline fiscale de la part des gouvernements. Les monnaies sont aussi en concurrence dans ce système libéral; les monnaies moins solides voyant leur pouvoir d’achat diminuer.
En revanche, la vision socialiste de l’Europe était, à une certaine époque, défendue par les Jacques Delors et François Mitterrand de ce monde. Ceux-ci voulaient voir une Europe protectionniste et interventionniste, gérée par un État central. Ils désiraient un État-providence européen assurant la redistribution de la richesse au sein de l’Union, la règlementation uniforme des pays membres et l’harmonisation de la législation dans toute l’Europe, incluant les niveaux de taxation. Plusieurs personnages ont véhiculé cette vision de l’Europe dans le passé, incluant Charlemagne, Napoléon, Staline et Hitler.
Selon Philipp Bagus, l’introduction de la devise unique, l’Euro, était un premier pas vers la création d’un État européen central. À preuve, dans l’article 3 du Traité de Lisbonne, on peut lire que l’Union Européenne s’engage à « combattre l’exclusion sociale et la discrimination », laissant la porte toute grande ouverte à l’interventionnisme étatique. D’ailleurs, aucune union monétaire n’est possible sans coordination des politiques fiscales. L’Euro avait donc un effet centralisateur indéniable dès le départ. Ceci étant dit, il est possible d’assurer les quatre libertés énoncées ci-haut sans pour autant former une union monétaire. À preuve, le Royaume-Uni, la Suède, le Danemark et la République Tchèque ne font pas partie de la zone Euro, mais font partie du marché commun européen.
D’autre part, les mouvements de devises entre les pays européens pouvaient parfois être très embarrassants pour les politiciens dirigeant les pays les plus inflationnistes, qui voyaient leur devise constamment se déprécier face au Mark allemand. Ceux-ci recherchaient une manière de coordonner l’inflation entre les différents pays d’Europe pour pouvoir s’endetter sans contrainte. À cet égard, le Système Monétaire Européen (SME), mis en place en 1979, devait être une solution à ce problème. Quand un taux de change menaçait de sortir de son corridor, les banques centrales intervenaient pour le ramener dans son corridor. Pour cela, celles-ci devaient créer de la monnaie ex nihilo pour acheter des devises étrangères pour faire baisser la valeur de leur devise lorsque celle-ci s’appréciait trop. Le problème est que lorsque la valeur d’une devise diminuait, le pays concerné ne pouvait forcer les autres pays à créer de la monnaie pour acheter sa devise. Ce pays devait utiliser ses propres réserves de devises étrangères pour acheter sa propre devise sur les marchés et l’amener à s’apprécier…jusqu’à ce que ces réserves soient épuisées.
La banque centrale allemande, la Bundesbank, était la plus récalcitrante face à ce système parce qu’elle ne créait pas suffisamment d’inflation comparativement aux autres pays. Il faut se rappeler qu’en Allemagne, une génération entière avaient vu ses épargnes s’évaporer deux fois suite aux deux guerres mondiales menant à des périodes d’hyperinflation et à des réformes monétaires (1923 et 1949). Contrairement à plusieurs autres pays, la Bundesbank était indépendante du gouvernement. Elle ne pouvait donc pas être utilisée à outrage pour financer les déficits du gouvernement. Ainsi, le SME ne pouvait fonctionner à long terme que si l’ensemble des pays membres ne créaient d’inflation à la même vitesse que la Bundesbank et son alliée des Pays-Bas, la De Nederlandsche Bank. En fait, plusieurs réajustements des corridors dans lesquels devaient fluctuer les devises furent requis durant l’histoire du SME pour refléter les déséquilibres inflationnistes entre les pays membres (sept fois entre 1979 et 1983 seulement). La crise finale du SME est survenue en 1992, lorsque le Peso Espagnol et la Livre Irlandaise furent réajustés à la baisse. Ceci étant dit, bien que le Mark Allemand semblait stable relativement aux autres devises Européennes, il était tout de même très inflationniste, perdant près de 90% de son pouvoir d’achat entre 1949 et la fin du SME.
La devise européenne unique apparaissait donc comme la solution pour les États inflationnistes d’Europe car celle-ci pourrait leur permettre de se débarrasser de l’embarrassante Bundesbank et de sa solide monnaie, le Mark. Ainsi, le Traité de Maastricht, signé en décembre 1992, établissait l’introduction d’une devise unique en Europe le 1er janvier 1999.
En signant ce traité, le gouvernement Allemand a agi contre la volonté du peuple qu’il représente, celui-ci voulant conserver le Mark. La constitution a d’ailleurs dû être modifiée pour que ce transfert de pouvoir à une autorité supra-nationale soit possible, et ce sans que le peuple ne soit consulté. Les politiciens ont défendu leur décision en amenant l’argument selon lequel l’Euro était nécessaire au maintient de la paix en Europe. Pour certains, dont François Mittérrand, l’Euro ne fut rien d’autres que le « prix de la réunification de l’Allemagne ».
Il est facile de comprendre pourquoi l’élite allemande, c’est-à-dire les politiciens, les banquiers et les exportateurs, ont favorisé l’introduction de l’Euro. Pour les politiciens, une Banque Centrale Européenne plus inflationniste leur permettrait de dépenser davantage en s’endettant. Pour les banquiers, une augmentation du rythme de création de monnaie leur permettrait de faire plus de profit. D’autre part, les banques allemandes détenaient de grandes quantités d’obligations de pays européens en situation financière précaire. L’introduction de la zone Euro a en quelque sorte agi comme un sauvetage de ces pays, au grand bénéfice de ces banques qui détenaient leurs titres de dette. Finalement, les exportateurs pourraient plus facilement préserver leur compétitivité étant donné qu’il serait impossible aux autres pays européens de dévaluer leur devise.
Bien que la BCE devait être élaborée similairement à la Bundesbank, il y avait des différences fondamentales entre les deux. En ce sens, la Bundesbank se concentrait uniquement sur la masse monétaire. La BCE quant à elle possède un second pilier, soit l’analyse d’indicateurs économiques, ce qui lui donne plus de marge de manoeuvre dans ses décisions, lui permettant de justifier une politique monétaire plus inflationniste. Il ne faut pas non plus oublier qu’aucun président de la BCE ne voudrait être étiqueté comme celui ayant déclenché une récession en haussant le taux d’intérêt directeur, même si cette politique monétaire est appropriée dans les circonstances.
L’indépendance de la BCE a toujours été douteuse puisqu’avant l’introduction de l’Euro et sa nomination comme président de la BCE, Jean-Claude Trichet s’était ouvertement opposé à l’indépendance de la BCE. Il était donc évident que la BCE serait utilisée à des fins politiques. L’autre faille de la BCE est qu’elle est contrôlée par les pays inflationniste puisque chaque pays n’a qu’un vote, peu importe sa population. Les pays inflationnistes sont nettement plus nombreux que les pays austères et responsables.
Ainsi, lors de l’introduction de l’Euro, les primes de risque et d’inflation des nations inflationnistes ont chuté, ce qui a fait baissé leurs taux d’intérêt nominaux. Cette situation a engendré une bulle, notamment au niveau de l’immobilier, surtout dans les pays inflationnistes. L’endettement ainsi facilité a aussi permis de financer des déficits gouvernementaux insoutenables. Bagus démontre que la masse monétaire a cru beaucoup plus vite dans les pays méditerranéens, notamment l’Espagne, le Portugal, l’Italie et la Grèce. Lorsque la bulle a éclaté et que la récession s’est pointée le bout du nez, la liquidation des mauvais investissements faits durant le boum a gravement affecté la solvabilité banques.
Comment ce différentiel d’inflation était-il possible sous l’Euro? Dans la zone Euro, les banques commerciales créent de la monnaie grâce aux réserves fractionnaires, ce qui fait gonfler leurs réserves. Celles-ci sont utilisées pour acquérir des titres de dette des gouvernements, qui s’endettent pour financer leurs déficits. Ces titres sont déposés en garantie à la BCE pour l’obtention de financement octroyé grâce à de la monnaie créée ex nihilo. La BCE, contrairement à la Federal Reserve, acceptait un large éventail de titres, coté au minimum A-. Notez que ce minimum fut réduit à BBB- durant la crise et à néant concernant les obligations grecques.
Vu l’ampleur de son déficit prévu en 2010 (12.7%), la cote de crédit de la Grèce menaçait d’être abaissée sous le minimum. Le 8 décembre 2009, Fitch l’abaissait à BBB+. Les obligations grecques risquaient donc de ne plus être acceptées en garantie à la BCE, ce qui ferait en sorte que les banques ne voudraient plus les acheter. Dans cette situation, le gouvernement grec n’arriverait pas à émettre les titres de dettes nécessaires à financer son déficit fiscal et à renouveler ses dettes venant à échéance. Cela signifiait donc un défaut de paiement et la faillite…
En février 2010, nous apprenions que Goldman Sachs avait aidé la Grèce à camoufler son déficit et son niveau réel d’endettement. En fait, la Grèce ne se serait jamais qualifiée pour joindre la zone Euro. En avril 2010, un premier sauvetage de $45 milliards fut annoncé, mais la cote de crédit de la Grèce fut quand même abaissée au niveau de pacotille. En mai, un nouveau sauvetage de l’ordre de $110 milliard fut annoncé. La BCE déclara qu’elle accepterait les obligations grecques en garantie peu importe leur cote de crédit. Pour l’ensemble des PIIGS, un « parachute d’urgence » de $750 milliard fut annoncé. De plus, la BCE allait franchir une ligne qu’elle ne devait jamais franchir : elle allait acheter des obligations gouvernementales directement sur les marchés pour soutenir leur valeur. L’indépendance de la BCE venait d’en prendre un coup! Le vrai visage du projet-Euro fut alors dévoilé…
La “tragédie” de l’Euro a résulté de l’incitatif qu’ont les gouvernements membres à générer des déficits, s’endetter pour les financer et faire subir les conséquences inflationnistes aux autres pays membres. Pourquoi les politiciens financeraient leurs dépenses exorbitantes de façon impopulaire en augmentant les impôts quand ils peuvent le faire de manière discrète par l’endettement? En émettant de la nouvelle monnaie en échange des obligations des PIIGS, la BCE a monétisé les déficits fiscaux de ces pays et a redistribué la perte de pouvoir d’achat de l’Euro à l’ensemble des pays de la zone. L’Euro n’est pas un échec parce que les pays membres ont une différente structure, mais bien parce que le système permet la monétisation des déficits des pays les plus dépensiers, au détriment des pays plus responsables fiscalement.
En conclusion, ce livre est concis, lucide et basé sur les faits. Il présente efficacement le processus qui a mené à la création de l’Euro et explique bien de quelle façon la crise s’est déroulée. Le point de vue économique autrichien est évidemment omniprésent. Je recommande fortement cette lecture à quiconque veut véritablement comprendre la nature de la crise financière qui frappe l’Europe présentement.
« The Tragedy of the Euro », Philipp Bagus, Ludwig Von Mises Institute, 2010, 149 pages. (Disponible gratuitement en pdf.)
Bagus débute par exposer les circonstances dans lesquelles la Zone Euro a été créée. Il présente deux visions distinctes de l’Union Européenne : la vision libérale classique et la vision socialiste.
Le Traité de Rome de 1957 fut un pas important vers la vision libérale, établissant quatre libertés de base : liberté de circulation des biens, liberté d’offre de services, liberté de mouvements de capitaux et liberté de migration. Ce traité mettait en quelque sorte fin à l’ère de national-socialisme qui avait prévalu dans la première moitié du siècle, avec les conséquences dévastatrices qu’on lui connaît. La vision libérale de l’Europe n’implique aucunement la création d’un « super-État » pan-européen. Cette vision souhaite plutôt la saine concurrence entre différents systèmes politiques. Dans une telle Europe, le capital bouge des pays où les salaires sont élevés (les faisant ainsi diminuer) vers les pays où les salaires sont bas (les faisant augmenter). À l’inverse, les travailleurs migrent des pays où les salaires sont bas vers ceux où les salaires sont plus élevés. Ces migrations du capital et des travailleurs sont orientées des pays où les impôts sont plus élevés vers ceux où les impôts sont moindres, assurant une certaine discipline fiscale de la part des gouvernements. Les monnaies sont aussi en concurrence dans ce système libéral; les monnaies moins solides voyant leur pouvoir d’achat diminuer.
En revanche, la vision socialiste de l’Europe était, à une certaine époque, défendue par les Jacques Delors et François Mitterrand de ce monde. Ceux-ci voulaient voir une Europe protectionniste et interventionniste, gérée par un État central. Ils désiraient un État-providence européen assurant la redistribution de la richesse au sein de l’Union, la règlementation uniforme des pays membres et l’harmonisation de la législation dans toute l’Europe, incluant les niveaux de taxation. Plusieurs personnages ont véhiculé cette vision de l’Europe dans le passé, incluant Charlemagne, Napoléon, Staline et Hitler.
Selon Philipp Bagus, l’introduction de la devise unique, l’Euro, était un premier pas vers la création d’un État européen central. À preuve, dans l’article 3 du Traité de Lisbonne, on peut lire que l’Union Européenne s’engage à « combattre l’exclusion sociale et la discrimination », laissant la porte toute grande ouverte à l’interventionnisme étatique. D’ailleurs, aucune union monétaire n’est possible sans coordination des politiques fiscales. L’Euro avait donc un effet centralisateur indéniable dès le départ. Ceci étant dit, il est possible d’assurer les quatre libertés énoncées ci-haut sans pour autant former une union monétaire. À preuve, le Royaume-Uni, la Suède, le Danemark et la République Tchèque ne font pas partie de la zone Euro, mais font partie du marché commun européen.
D’autre part, les mouvements de devises entre les pays européens pouvaient parfois être très embarrassants pour les politiciens dirigeant les pays les plus inflationnistes, qui voyaient leur devise constamment se déprécier face au Mark allemand. Ceux-ci recherchaient une manière de coordonner l’inflation entre les différents pays d’Europe pour pouvoir s’endetter sans contrainte. À cet égard, le Système Monétaire Européen (SME), mis en place en 1979, devait être une solution à ce problème. Quand un taux de change menaçait de sortir de son corridor, les banques centrales intervenaient pour le ramener dans son corridor. Pour cela, celles-ci devaient créer de la monnaie ex nihilo pour acheter des devises étrangères pour faire baisser la valeur de leur devise lorsque celle-ci s’appréciait trop. Le problème est que lorsque la valeur d’une devise diminuait, le pays concerné ne pouvait forcer les autres pays à créer de la monnaie pour acheter sa devise. Ce pays devait utiliser ses propres réserves de devises étrangères pour acheter sa propre devise sur les marchés et l’amener à s’apprécier…jusqu’à ce que ces réserves soient épuisées.
La banque centrale allemande, la Bundesbank, était la plus récalcitrante face à ce système parce qu’elle ne créait pas suffisamment d’inflation comparativement aux autres pays. Il faut se rappeler qu’en Allemagne, une génération entière avaient vu ses épargnes s’évaporer deux fois suite aux deux guerres mondiales menant à des périodes d’hyperinflation et à des réformes monétaires (1923 et 1949). Contrairement à plusieurs autres pays, la Bundesbank était indépendante du gouvernement. Elle ne pouvait donc pas être utilisée à outrage pour financer les déficits du gouvernement. Ainsi, le SME ne pouvait fonctionner à long terme que si l’ensemble des pays membres ne créaient d’inflation à la même vitesse que la Bundesbank et son alliée des Pays-Bas, la De Nederlandsche Bank. En fait, plusieurs réajustements des corridors dans lesquels devaient fluctuer les devises furent requis durant l’histoire du SME pour refléter les déséquilibres inflationnistes entre les pays membres (sept fois entre 1979 et 1983 seulement). La crise finale du SME est survenue en 1992, lorsque le Peso Espagnol et la Livre Irlandaise furent réajustés à la baisse. Ceci étant dit, bien que le Mark Allemand semblait stable relativement aux autres devises Européennes, il était tout de même très inflationniste, perdant près de 90% de son pouvoir d’achat entre 1949 et la fin du SME.
La devise européenne unique apparaissait donc comme la solution pour les États inflationnistes d’Europe car celle-ci pourrait leur permettre de se débarrasser de l’embarrassante Bundesbank et de sa solide monnaie, le Mark. Ainsi, le Traité de Maastricht, signé en décembre 1992, établissait l’introduction d’une devise unique en Europe le 1er janvier 1999.
En signant ce traité, le gouvernement Allemand a agi contre la volonté du peuple qu’il représente, celui-ci voulant conserver le Mark. La constitution a d’ailleurs dû être modifiée pour que ce transfert de pouvoir à une autorité supra-nationale soit possible, et ce sans que le peuple ne soit consulté. Les politiciens ont défendu leur décision en amenant l’argument selon lequel l’Euro était nécessaire au maintient de la paix en Europe. Pour certains, dont François Mittérrand, l’Euro ne fut rien d’autres que le « prix de la réunification de l’Allemagne ».
Il est facile de comprendre pourquoi l’élite allemande, c’est-à-dire les politiciens, les banquiers et les exportateurs, ont favorisé l’introduction de l’Euro. Pour les politiciens, une Banque Centrale Européenne plus inflationniste leur permettrait de dépenser davantage en s’endettant. Pour les banquiers, une augmentation du rythme de création de monnaie leur permettrait de faire plus de profit. D’autre part, les banques allemandes détenaient de grandes quantités d’obligations de pays européens en situation financière précaire. L’introduction de la zone Euro a en quelque sorte agi comme un sauvetage de ces pays, au grand bénéfice de ces banques qui détenaient leurs titres de dette. Finalement, les exportateurs pourraient plus facilement préserver leur compétitivité étant donné qu’il serait impossible aux autres pays européens de dévaluer leur devise.
Bien que la BCE devait être élaborée similairement à la Bundesbank, il y avait des différences fondamentales entre les deux. En ce sens, la Bundesbank se concentrait uniquement sur la masse monétaire. La BCE quant à elle possède un second pilier, soit l’analyse d’indicateurs économiques, ce qui lui donne plus de marge de manoeuvre dans ses décisions, lui permettant de justifier une politique monétaire plus inflationniste. Il ne faut pas non plus oublier qu’aucun président de la BCE ne voudrait être étiqueté comme celui ayant déclenché une récession en haussant le taux d’intérêt directeur, même si cette politique monétaire est appropriée dans les circonstances.
L’indépendance de la BCE a toujours été douteuse puisqu’avant l’introduction de l’Euro et sa nomination comme président de la BCE, Jean-Claude Trichet s’était ouvertement opposé à l’indépendance de la BCE. Il était donc évident que la BCE serait utilisée à des fins politiques. L’autre faille de la BCE est qu’elle est contrôlée par les pays inflationniste puisque chaque pays n’a qu’un vote, peu importe sa population. Les pays inflationnistes sont nettement plus nombreux que les pays austères et responsables.
Ainsi, lors de l’introduction de l’Euro, les primes de risque et d’inflation des nations inflationnistes ont chuté, ce qui a fait baissé leurs taux d’intérêt nominaux. Cette situation a engendré une bulle, notamment au niveau de l’immobilier, surtout dans les pays inflationnistes. L’endettement ainsi facilité a aussi permis de financer des déficits gouvernementaux insoutenables. Bagus démontre que la masse monétaire a cru beaucoup plus vite dans les pays méditerranéens, notamment l’Espagne, le Portugal, l’Italie et la Grèce. Lorsque la bulle a éclaté et que la récession s’est pointée le bout du nez, la liquidation des mauvais investissements faits durant le boum a gravement affecté la solvabilité banques.
Comment ce différentiel d’inflation était-il possible sous l’Euro? Dans la zone Euro, les banques commerciales créent de la monnaie grâce aux réserves fractionnaires, ce qui fait gonfler leurs réserves. Celles-ci sont utilisées pour acquérir des titres de dette des gouvernements, qui s’endettent pour financer leurs déficits. Ces titres sont déposés en garantie à la BCE pour l’obtention de financement octroyé grâce à de la monnaie créée ex nihilo. La BCE, contrairement à la Federal Reserve, acceptait un large éventail de titres, coté au minimum A-. Notez que ce minimum fut réduit à BBB- durant la crise et à néant concernant les obligations grecques.
Vu l’ampleur de son déficit prévu en 2010 (12.7%), la cote de crédit de la Grèce menaçait d’être abaissée sous le minimum. Le 8 décembre 2009, Fitch l’abaissait à BBB+. Les obligations grecques risquaient donc de ne plus être acceptées en garantie à la BCE, ce qui ferait en sorte que les banques ne voudraient plus les acheter. Dans cette situation, le gouvernement grec n’arriverait pas à émettre les titres de dettes nécessaires à financer son déficit fiscal et à renouveler ses dettes venant à échéance. Cela signifiait donc un défaut de paiement et la faillite…
En février 2010, nous apprenions que Goldman Sachs avait aidé la Grèce à camoufler son déficit et son niveau réel d’endettement. En fait, la Grèce ne se serait jamais qualifiée pour joindre la zone Euro. En avril 2010, un premier sauvetage de $45 milliards fut annoncé, mais la cote de crédit de la Grèce fut quand même abaissée au niveau de pacotille. En mai, un nouveau sauvetage de l’ordre de $110 milliard fut annoncé. La BCE déclara qu’elle accepterait les obligations grecques en garantie peu importe leur cote de crédit. Pour l’ensemble des PIIGS, un « parachute d’urgence » de $750 milliard fut annoncé. De plus, la BCE allait franchir une ligne qu’elle ne devait jamais franchir : elle allait acheter des obligations gouvernementales directement sur les marchés pour soutenir leur valeur. L’indépendance de la BCE venait d’en prendre un coup! Le vrai visage du projet-Euro fut alors dévoilé…
La “tragédie” de l’Euro a résulté de l’incitatif qu’ont les gouvernements membres à générer des déficits, s’endetter pour les financer et faire subir les conséquences inflationnistes aux autres pays membres. Pourquoi les politiciens financeraient leurs dépenses exorbitantes de façon impopulaire en augmentant les impôts quand ils peuvent le faire de manière discrète par l’endettement? En émettant de la nouvelle monnaie en échange des obligations des PIIGS, la BCE a monétisé les déficits fiscaux de ces pays et a redistribué la perte de pouvoir d’achat de l’Euro à l’ensemble des pays de la zone. L’Euro n’est pas un échec parce que les pays membres ont une différente structure, mais bien parce que le système permet la monétisation des déficits des pays les plus dépensiers, au détriment des pays plus responsables fiscalement.
En conclusion, ce livre est concis, lucide et basé sur les faits. Il présente efficacement le processus qui a mené à la création de l’Euro et explique bien de quelle façon la crise s’est déroulée. Le point de vue économique autrichien est évidemment omniprésent. Je recommande fortement cette lecture à quiconque veut véritablement comprendre la nature de la crise financière qui frappe l’Europe présentement.
La réflexion du jour
Les subventions impliquent toujours en fin de compte un «malinvestissement» correspondant au fait que des ressources économiques sont détournées de leur usage le plus rentable et ne sont plus disponibles pour être investies ailleurs dans l'économie. Les contribuables sont forcés de miser leur argent sur le succès plus ou moins probable de projets subventionnés risqués, déterminés pour des raisons qui peuvent relever plus de la rentabilité politique qu'économique. --- Adrien Pouliot
Le chiffre du jour : 4,93 G$
Le gouvernement québécois a en effet octroyé en 2010 quelque 1,8 milliard de dollars en subventions directes aux entreprises, excluant les transferts de 630 millions à la Financière agricole. Il a de plus accordé 2,5 milliards d'aide fiscale ciblée aux entreprises.
06 avril, 2011
L'autre Montréal, celui dont les artistes ne parlent pas
La conférence du RLQ du 16 avril est l’occasion de laisser savoir à la population que Montréal ce n’est pas le Plateau. Il existe à Montréal des centaines de milliers de travailleurs et d’entrepreneurs qui chaque jour se battent pour sortir Montréal de l’immobilisme imposé par les groupes d’intérêt et les politiciens.
Ces travailleurs et entrepreneurs tiennent à bout de bras l’économie montréalaise et québécoise. Ce sont eux qui financent les trop nombreux programmes dont bénéficient les innombrables groupes d’intérêt. Malgré tout, ces derniers n’ont souvent que du mépris pour ces créateurs de richesses sans lesquels il n’y aurait pas de richesse à redistribuer.
Un petit rappel, il ne reste plus que deux semaines pour vous inscrire à la 2e conférence du Réseau Liberté-Québec au Hilton Bonaventure, le 16 avril prochain. Dépêchez-vous, j’ai entendu dire qu’il ne reste plus beaucoup de places. Le coût d’inscription est de 45 $ pour les adhérents et 50 $ pour les non adhérents, repas du dîner inclus. Réservez maintenant!
Ces travailleurs et entrepreneurs tiennent à bout de bras l’économie montréalaise et québécoise. Ce sont eux qui financent les trop nombreux programmes dont bénéficient les innombrables groupes d’intérêt. Malgré tout, ces derniers n’ont souvent que du mépris pour ces créateurs de richesses sans lesquels il n’y aurait pas de richesse à redistribuer.
Un petit rappel, il ne reste plus que deux semaines pour vous inscrire à la 2e conférence du Réseau Liberté-Québec au Hilton Bonaventure, le 16 avril prochain. Dépêchez-vous, j’ai entendu dire qu’il ne reste plus beaucoup de places. Le coût d’inscription est de 45 $ pour les adhérents et 50 $ pour les non adhérents, repas du dîner inclus. Réservez maintenant!
La réflexion du jour
C'est facile de pointer du doigt un entrepreneur et de l'accuser d'évasion fiscale. Mais dans les faits, c'est plutôt la difficulté de se conformer aux lois et aux exigences fiscales qui est souvent la cause d'erreurs. Or, celui qui était responsable d'aider les contribuables et de les guider, soit Revenu Québec, ne semblait pas toujours avoir été à la hauteur des attentes et des besoins des dirigeants de PME qui désirent des améliorations au service à la clientèle. --- Mme Martine Hébert, vice-présidente, Québec, de la FCEI.
Le chiffre du jour : 81 %
La grande majorité des dirigeants de PME ne sont ni comptables, ni fiscalistes. Ce sont des chefs d'orchestre de l'économie, qui doivent composer avec la vente de leurs produits et de leurs services, la gestion du personnel, la paperasserie gouvernementale et répondre aux multiples exigences de deux ordres de gouvernement en plus de régler des enjeux qui relèvent de la municipalité. Sans une simplification des règlements en vigueur (81 %), la réduction de leur nombre (73 %), une communication plus claire des nouveaux règlements (72 %) et l'amélioration du service à la clientèle (61 %), on ne donnera pas les outils nécessaires pour permettre aux PME de se conformer à la réglementation.
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