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Avant de couper des centaines de millions dans les services, est-ce qu’on peut avoir les services ? - Michel Beaudry

13 janvier, 2009

Concours Bastiat

Essais des gagnants du concours Bastiat -->

Le 13 janvier 2009 - Nous diffusons aujourd’hui l’essai d'Adam Liska qui est arrivé à la troisième place du concours Bastiat organisé par unmondelibre.org.

"Le capitalisme touche à sa fin."

Immanuel Wallerstein, Le Monde, le 11 octobre 2008

"Seul un groupe qui peut compter sur l'approbation des gouvernés est en mesure d'instituer un régime gouvernemental durable. Quiconque veut voir le monde gouverné à son idée doit tendre à s'assurer la domination des esprits. Il est impossible de soumettre longtemps les hommes à un système qu'ils repoussent de toute leur volonté."

Ludwig von Mises, Le Libéralisme

Nous sommes en crise. Il y a quelques jours, les leaders mondiaux se sont accordés pour agir de concert contre celle-ci. Mais cette crise, c'est quoi? De toutes les cotés, on entend que l'on doit renverser le système mondial et financier d'aujourd'hui, mettre fin à la cupidité des patrons et des capitalistes. Il faut faire en sorte que cette fois, on ne loupera pas l'opportunité de rendre le monde un peu plus juste. Ce cri se présente sous des formes innombrables. Mais ce qui ces divers incarnations ont en commun, c'est la personnification de l'état. Ils réclament un état activiste, un état qui s'occupe de son peuple.

Cependant, ces appels sont souvent plutôt fallacieux. J'ai choisi la citation d'Immanuel Wallerstein parce que si on regarde les médias aujourd'hui, c'est exactement cette phrase qui nous est présenté. Elle peint notre système comme celle du pur capitalisme - et les fautes comme les fautes intrinsèques au capitalisme. Néanmoins, on est loin d'y être. D'après von Mises, on "appelle habituellement société capitaliste une société où les principes libéraux sont appliqués." (Le Libéralisme, 1927) En regardant la société occidentale, on voit que la régulation touche nos vies gravement et le revenu est imposé à un taux plus élevé que jamais.

Comment peut-on faire nos opinions au milieu de ce tumulte? Je propose une solution fructueuse - et c'est de lire de grandes oeuvres libérales.

J'ai "rencontré" Frédéric Bastiat pour la première fois il y a sept ans quand j'ai commencé à assister aux séminaires du Centre d'études économiques et politiques à Prague. C'était une période très enrichissante, j'étais encore au lycée et mes idées se formaient. Pendant cette année, on a célèbré le bicentenaire de la naissance de Bastiat et le Centre, pour lui rendre hommage, a organisé un séminaire consacré à ce philosophe, économiste, journaliste et ex-député français. Le "Dossier Bastiat" suivant, avec de nouvelles traductions de ses oeuvres classiques en tchèque, ont changé ma perception du monde et de l'état.

Ce qui m'a fasciné et me fascine le plus, c'est la clarté et l'intemporalité de ses idées. Quand on lit un journal ou regarde des débats politiques, on peut toujours se servir de son argumentation.Ou inversement, ce qui est peut-être plus étonnant, c'est quand on lit des oeuvres de Bastiat, on a l'impression que le monde n'a pas changé. Le contenu des discussions aux Palais législatifs à travers le monde est pareil. Seulement le degré est différent. Mais qu'est-ce que ça signifie? Et que peut-on en retirer?

Le thème central de l'oeuvre de Frédéric Bastiat, c'est le rôle de l'état dans la vie privée et professionnelle. En général, l'état, c'est un concept très délicat. Si vous demandez à dix personnes de vous fournir leurs définitions, vous aurez dix caractérisations tout à fait différentes. Prenant en compte que l'état est omniprésent dans la vie moderne, ce manque de clarté est assez surprenant. Dans "L'État" (1848), Bastiat dit:

"Quant à nous, nous pensons que l'État, ce n'est ou ce ne devrait être autre chose que la force commune instituée, non pour être entre tous les citoyens un instrument d'oppression et de spoliation réciproque, mais, au contraire, pour garantir à chacun le sien, et faire régner la justice et la sécurité."

Le monde de nos jours, est-il conséquent avec cette définition?

Pendant la campagne présidentielle américaine de 2008, j'ai souvent pensé à Bastiat. Il a bien remarqué que la loi était pervertie - "la Loi, dis-je, non seulement détournée de son but, mais appliquée à poursuivre un but directement contraire. La loi devenue l'instrument de toutes les cupidités, au lieu d'en être le frein!" Un des effets "de cette déplorable perversion de la Loi, c'est de donner aux passions et aux luttes politique, et, en général, à la politique proprement dite, une prépondérance exagérée." (La Loi, 1850)

A-t-il pu être plus juste? Aux États-Unis, nous avons vu la campagne la plus longue et la plus coûteuse de l'histoire du pays. Les deux candidats présidentiels ne cessaient pas de proposer de nouvelles mesures législatives et monétaires afin de gagner des électeurs ignorants. Ces électeurs ne voient que les effets directs des politiques proposées. D'après Bastiat, l'état a toujours deux mains. Une main douce et une main rude. S'il donne quelque chose à quelqu'un, il doit aussi entrer dans les poches des autres pour s'approprier leurs gains. Le métier d'un politicien est de présenter la première et de cacher la deuxième. C'est la raison pourquoi les électeurs toujours croient que la main douce peut être plus grande que la main rude. Mais cette illusion est très dangereuse. À cause d'elle, on ne peut pas sortir du cercle vicieux décrit par Bastiat. Le gouvernement ancien est remplacé par un gouvernement nouveau. Mais, malheureusement, le gouvernement nouveau "n'est pas moins embarrassé que l'État ancien, car, en fait d'impossible, on peut bien promettre, mais non tenir." (L'État) On doit toujours reconnaître les effets indirects comme les effets directs.

La même logique se répète dans d'autres situations. Considérons, par exemple, le sauvetage des trois constructeurs automobile américains, General Motors, Chrysler et Ford. Pour que l'état puisse les sauver, il doit avoir de l'argent. Mais comment peut-il gagner de l'argent? Il n'y a que deux sources - élever les impôts ou imprimer de l'argent. Et tous les deux ne sont, en effet, que deux formes d'impôts.

Ce serait intéressant si Frédéric Bastiat avait la possibilité de voir et de commenter sur le monde d'aujourd'hui. Serait-il surpris que les étatistes emploient les mêmes instruments pour garder leurs positions? Serait-il étonné par le développement aux États-Unis?

Dans l'essai-pamphlet "L'État", de nouveau, il a comparé les articles principaux de deux constitutions - celle de la France de 1848 et celle des États-Unis. Si l'on les regarde, on voit une différence de conception. Les Français invoquent l'état pour "faire parvenir tous les citoyens [...], par l'action successive et constante des institutions et des lois, à un degré toujours plus élevé de moralité, de lumières et de bien-être." Par contre, les Américains disent: "Nous, le peuple des États-Unis, pour former une union plus parfaite, établir la justice, assurer la tranquillité intérieure, pourvoir à la défense commune, accroître le bien-être général et assurer les bienfaits de la liberté à nous-mêmes et à notre postérité, décrétons, etc." Dans ce dernier, il n'y a point de "création chimérique" d'un état tout-puissant. Mais quel est le résultat réel? Bastiat, dans un autre oeuvre, La Loi (1850), décrit les États-Unis comme un pays "où la Loi reste le plus dans son rôle, qui est de garantir à chacun sa liberté et sa propriété." Malheureusement, ça fait beaucoup de temps depuis que cette situation avait été renversé. Même la constitution restrictive n'a pas empêché des partisans de l'étatisme et de la régulation d'atteindre leur but.

Est-ce qu'il y a une solution durable? Qu'est-ce que Bastiat proposerait? C'est une tâche pour nous parce que la solution est dans les gens eux-mêmes. Hélas, ce qui nous manque aujourd'hui, c'est un combattant pour la liberté comme Frédéric Bastiat. Sa force extraordinaire d'expliquer les notions essentielles en langue claire et de manière humoristique n'est pas présente.

Néanmoins, cela n'est pas un obstacle insurmontable. On doit apercevoir que la société reste sur la base des ingrédients qui ne sont ni complexes ni cachés. Au centre, il y a un homme qui agit - qui agit librement par l'application de ses facultés sur son environnement et qui a le droit de protéger lui-même et ses productions. Et c'était lui qui fait l'objet des oeuvres de Frédéric Bastiat. Il est mort. Mais ses idées sont toujours vivantes et actuelles. Est-ce qu'on peut dire la même chose du combat pour la liberté?

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