Que l’État se contente d’être juste, nous nous chargerons d’être heureux.---- Benjamin Constant
Chaque Québécois doit plus de 34 000 $ au provincial seulement
Vaut mieux en rire!
29 juillet, 2008
Privatiser les risques financiers du gouvernement
Chaque intervention est annoncée en grande pompe par un ministre qui souligne immanquablement la rentabilité et le faible risque de l’investissement consenti.
Dans son texte M. Boyer, vice-président et économiste en chef de l’Institut économique de Montréal, suggère au gouvernement de transférer le risque des contrats de financement du gouvernement à une institution financière privée.
Voilà une excellente suggestion.
Si la rentabilité des projets financés par l’IQ est sans risque, comme le prétendent les politiciens, alors les institutions financières se bousculeront aux portes du ministère des Finances pour les acheter. Dans ce cas, les risques financiers du gouvernement seront transférés au privé à un coût négligeable, voire avec un profit. Les milliards ainsi récupérés pourront être réinvestis dans nos infrastructures en décrépitudes.
Il me semble que le gouvernement a tout à gagner et rien à perdre..... À moins, bien sûr, que le risque des financements consentis soit beaucoup plus élevé que ce que prétendent les politiciens. Dans ce cas, les institutions financières les rachèteraient à rabais et le vrai coût des interventions financières du gouvernement seraient finalement connus.
Cela représente un risque politique considérable. Lorsqu’un politicien peut choisir entre un risque financier et un risque politique, il choisira toujours le risque financier. Ce dernier est à la charge des contribuables, alors que le premier est à la charge des politiciens au pouvoir. Le choix est facile.
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Le mercredi 16 juillet 2008
CSeries: l'envers de la médaille
Marcel Boyer
La Presse
L'annonce par Bombardier du lancement de son avion CSeries et d'investissements de 2,6 milliards est une excellente nouvelle. Mais il y a un envers à cette médaille.
Les gouvernements canadien et québécois investiront près de 470 millions en prêts remboursables sous forme d'une redevance sur chaque avion vendu. Malgré le concert presque unanime de réjouissances, des questions doivent être soulevées à propos de l'aide gouvernementale aux entreprises privées. Le Québec a tout à y gagner sur le plan de l'efficacité et de la transparence. Le cas de Bombardier ne fait pas exception à la règle.
Pourquoi les gouvernements sentent-ils le besoin encore une fois de jouer au banquier d'investissement malgré leur manque d'expertise en cette matière? Quelles sont les modalités de ce «montant remboursable» ? Pourquoi Bombardier a-t-il préféré ce mode de financement aux formes plus traditionnelles que sont les emprunts bancaires, l'émission d'obligations et l'émission d'actions ordinaires ou privilégiées?
En continuant d'alourdir le fardeau fiscal par de telles interventions, le Québec et le Canada n'arrivent pas à se sortir d'un cercle vicieux : les impôts étant généralement trop élevés pour attirer suffisamment d'investissements, il faut toujours hausser la mise grâce à des subventions à la pièce dont le coût important force le gouvernement à maintenir de lourds impôts. Les accords commerciaux internationaux sont le meilleur moyen de mettre fin à cette surenchère nuisible pour les contribuables de tous les pays.
En attendant, une comparaison adéquate des mesures de soutien aux entreprises utilisées par le gouvernement requiert non seulement la divulgation d'informations sur les modalités choisies mais exige qu'on puisse en chiffrer les avantages et les coûts, en particulier dans des marchés à grands risques. Les différentes mesures sont trop souvent justifiées et critiquées à partir d'arguments politiques opportunistes, ce qui constitue un obstacle de taille à la quête d'efficacité et de transparence.
Transférer le risque
Pour qu'on puisse procéder à une évaluation explicite et objective des coûts des contrats de soutien, il faudrait que ces contrats soient transférés au secteur privé à leur valeur concurrentielle. Comment? En organisant une enchère visant à céder le contrat, tant les investissements que les remboursements, au consortium financier qui fera la meilleure offre et qui assumera dorénavant les obligations auxquelles le gouvernement s'était engagé.
Dans le cas de la CSeries de Bombardier, si la meilleure offre reçue exigeait que le gouvernement compense le consortium gagnant pour qu'il prenne à sa charge ses obligations, ce serait pour l'État le montant à inscrire à ses dépenses. Ce prix serait la meilleure évaluation du coût ou du bénéfice net du contrat pour les contribuables. Cette sanction par le marché rassurerait aussi les citoyens sur le fait que leur gouvernement veille à leurs intérêts et ne protège pas les emplois d'aujourd'hui dans certains secteurs au détriment des emplois de demain dans l'ensemble de l'économie.
L'auteur est vice-président et économiste en chef, Institut économique de Montréal et titulaire de la chaire Bell Canada en économie industrielle à l'Université de Montréal
27 juillet, 2008
Naïveté ou machiavélisme?
Sont-ils vraiment naïfs ou sont-ils conscients qu’il leur faut plus de pauvres pour accéder au pouvoir?
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Une devise qui en dit long
Le Journal de Montréal, p. 27 Nathalie Elgrably, 20 mars 2008
Il est devenu fréquent d'entendre les Québécois jalouser les Albertains. On peut comprendre pourquoi.
L'Alberta ne recueille pas de taxe de vente, applique un impôt à taux unique de 10% sur tout revenu à partir de 15 435$, n'a pas de dette, entretient ses infrastructures, enregistre une croissance moyenne de 4,3% par année depuis 10 ans et affiche un taux de chômage enviable de 3,2%. Non seulement l'Alberta est-elle de loin la province canadienne la plus riche avec un revenu par habitant d'environ 70 000$, pratiquement le double du revenu des Québécois, mais, elle serait la 2e économie la plus riche au monde, après le Luxembourg, si elle était un pays.
Au Québec, par contre, le fardeau fiscal est parmi les plus lourds en Amérique du Nord, chaque citoyen doit supporter une dette provinciale d'environ 16 000$, le taux de chômage atteint 7%, la croissance gravite toujours autour d'un maigre 2%, la pauvreté continue d'affliger de 10 à 12% des Québécois et, pour couronner le tout, le niveau de vie du Québec arrive au 54e rang des 60 entités économiques nord-américaines. On peut bien se bercer d'illusions en se comparant fièrement à la moyenne des pays de l'OCDE, la réalité est simple: le Québec est pauvre!
Évidemment, on aime bien attribuer la richesse de l'Alberta au pétrole et la pauvreté du Québec à un mauvais tour du destin. On oublie alors que nous avons l'hydroélectricité, une richesse aussi considérable que le pétrole albertain, sinon plus.
Il est incontestable que le pétrole contribue à la prospérité de l'Alberta, mais à lui seul il n'explique pas tout. La Suisse, le Japon, le Luxembourg et Hong Kong ne disposent ni de pétrole ni de ressources naturelles, pourtant ils sont parmi les plus riches au monde. En revanche, le Niger a vu son niveau de vie diminuer de moitié au cours des quarante dernières années en dépit de la présence abondante d'énergie fossile.
Pour comprendre le succès de l'Alberta, il est intéressant de noter que sa devise est «Fortis et Liber», ce qui signifie «Forte et Libre». Et il faut surtout noter qu'elle est devenue un mode de vie pour les Albertains qui ont construit la 2e économie la plus libre de toute l'Amérique du Nord. Cette province met en évidence un phénomène que les preuves empiriques ne cessent de démontrer, mais que plusieurs refusent obstinément d'accepter, à savoir que les économies libres sont plus prospères que celles où l'État s'ingère dans la société civile. Que cela plaise ou non, si l'Alberta est si riche, c'est essentiellement parce que les gens y sont plus libres de faire leurs propres choix et de prendre leurs propres décisions.
La devise du Québec, «Je me souviens», peut également servir à comprendre notre pauvreté relative. Certes, il est honorable de garder en mémoire son histoire et ses racines. Or, certains interprètent cette devise comme une invitation à vivre dans le passé et continuent à idéaliser un État-nounou qui nous prend en charge du berceau au tombeau. Malheureusement, la poursuite de cet idéal nous a valu tant d'ingérence de l'État que le Québec est aujourd'hui la 2e économie la moins libre d'Amérique du Nord avec les conséquences que nous connaissons! Peut-être faudrait-il repenser notre devise. Pourquoi pas «Je me souviens… des erreurs du passé et je ne les répéterai pas»?
* Cette chronique a aussi été publiée dans Le Journal de Québec.
Nathalie Elgrably est économiste à l'Institut économique de Montréal et auteure du livre La face cachée des politiques publiques.
24 juillet, 2008
Anorexie : La pensée magique extrême
Dès qu’un politicien a besoin d’attention il se paie un voyage aux frais des contribuables et il revient avec des idées plein la tête.
Cette fois c’est au tour de la ministre St-Pierre de rivaliser d’ingéniosité pour imposer une pensée commune à tous les Québécois. Il y a quelques centaines d’anorexiques au Québec et la ministre propose de copier les Français, le modèle interventionniste par excellence, et de se doter d’une charte volontaire contre l’anorexie. Comme si cela ne suffisait pas la ministre nous menace d’une loi si le volontariat ne fonctionne pas.
C’est quoi cette mentalité de débile!!
L’anorexie est une maladie. La priorité doit être de soigner les personnes qui en souffrent. Il est vrai que le système de santé n’est même plus capable de subvenir aux urgences, alors les anorexiques peuvent toujours attendre. Malheureusement, les chartes et lois n’y changeront rien. S’il était possible de légiférer pour faire disparaître une maladie on économiserait des milliards en soin de santé.
Il serait certainement plus utile d’utiliser l’argent qui sera immanquablement gaspiller par ce projet pour donner de meilleurs services aux anorexiques.
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Le mercredi 23 juillet 2008
Le Québec pourrait se doter d'une charte volontaire contre l'anorexie
Michel Dolbec
La Presse Canadienne
Paris
Prenant exemple sur la France, le Québec pourrait se doter d'une charte volontaire contre l'anorexie, que les professionnels de la mode, de la publicité et des médias seraient invités à signer. Toutefois, la ministre de la Culture et de la Condition féminine, Christine Saint-Pierre, n'exclut pas de recourir à la loi, dans un deuxième temps, si cette mesure ne donne pas de résultats satisfaisants.
Au terme d'une visite de quelques à Paris, la ministre Saint-Pierre s'est montrée très intéressée par l'approche française face à l'anorexie.
«Je suis en pleine réflexion, mais ça m'inspire beaucoup», a dit Mme Saint-Pierre, après des rencontres avec des responsables engagés dans la lutte contre l'anorexie, au cabinet de la ministre de la Santé Roselyne Bachelot notamment. On estime que plus de 40 000 personnes - des adolescentes majoritairement - sont touchées en France par cette maladie. En avril dernier, les organisations professionnelles de la mode et de la publicité françaises ont adhéré à une «charte d'engagement volontaire sur l'image du corps et contre l'anorexie». Elles se sont du même souffle engagées à ne plus présenter la maigreur, voire «l'extrême maigreur», comme un canon de la beauté et à promouvoir la «diversité corporelle.»
Il s'agit d'un engagement essentiellement moral, la charte « Anorexie-Image du corps « ne prévoyant aucune mesure contraignante. Contrairement à l'Espagne, par exemple, la France n'a pas décidé de légiférer contre l'anorexie. Un projet de loi visant à punir par de lourdes amendes et même des peines de prison l'apologie de la «maigreur excessive» (sur Internet notamment) a été bien été déposé au printemps à l'Assemblée nationale française, mais il n'a finalement pas été adopté. Le projet était piloté par la député Valérie Boyer, que Christine Saint-Pierre a rencontrée, et qui «continue de pousser le dossier.»
Pour l'instant, la ministre québécoise de la Culture et de Condition féminine préfère la sensibilisation à la coercition, mais elle n'écarte pas la possibilité de durcir le ton si les mesures incitatives ne suffisent pas.
«En France, le message est clair : s'il n'y a pas de progrès dans la lutte contre l'anorexie, on pourrait passer à une deuxième vitesse. Je trouve ça intéressant comme approche. Je suis là-dedans «, a expliqué Mme Saint-Pierre.
Pendant son séjour en France, Mme Saint-Pierre s'est rendue au Festival d'Avignon, où elle a vu «Seuls», la nouvelle pièce de l'auteur, metteur en scène et comédien Wajdi Mouawad. À Paris, elle a eu un entretien avec son homologue de la Culture, Christine Albanel, et une longue rencontre avec l'ancienne ministre Simone Veil. Celle-ci préside un comité chargé par le président Sarkozy de proposer des modifications au préambule de la Constitution française, de manière à y inclure des principes comme l'égalité entre les femmes et les hommes.
23 juillet, 2008
Responsabilité individuelle et droits collectifs
La propreté du centre-ville s’est grandement améliorée. Le syndicat des cols bleus n’a pas apprécié cette humiliation. Il a soumis à l’arbitrage le règlement de la ville. Contre toute logique, l’arbitre a donné raison au syndicat. Selon cet arbitre, les droits collectifs ont préséance sur les responsabilités individuelles.
La plupart des problèmes du Québec découle de la déresponsabilisation des individus. Cette décision arbitrale pousse encore plus loin les limites de la déresponsabilisation individuelle.
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Le samedi 19 juillet 2008
Balayer devant sa porte
Ariane Krol
La Presse
Dénoncé à grands cris lors de son adoption, le fameux règlement sur la propreté au centre-ville commence à porter fruits. Même ses détracteurs le reconnaissent, l'arrondissement de Ville-Marie n'a jamais été aussi bien astiqué. Il ne faudrait pas qu'une décision arbitrale vienne saper ce bel effort.
En obligeant les commerçants et les propriétaires d'immeubles à enlever les détritus qui jonchent le trottoir et les 60 premiers centimètres de chaussée se trouvant devant chez eux, la Ville contreviendrait à la convention collective de ses cols bleus. Incroyable? C'est pourtant ce que vient de conclure l'arbitre chargé d'étudier le grief déposé par le syndicat. On ne peut pas en rester là.
Selon la convention du Syndicat des cols bleus regroupés, Montréal n'a pas le droit de confier à des bénévoles ou à des organismes sans but lucratif (OSBL) des tâches habituellement exécutées par ses employés. Or, nous dit l'arbitre, c'est ce qu'elle cherche à faire indirectement avec son règlement sur la propreté. «Des citoyens, oeuvrant sans rémunération, se trouvent tenus d'accomplir certaines tâches qui relèvent de descriptions d'emplois de cols bleus», explique-t-il.
Avec tout le respect dû au travail de ce spécialiste, c'est une interprétation passablement déconnectée de la réalité. D'abord, les commerçants et les résidants ne sont ni des bénévoles ni des OSBL. Ensuite, ce que la Ville cherche à faire avec ce règlement, c'est atteindre un objectif inaccessible autrement: convaincre les commerçants et les citoyens de ramasser les détritus qui se trouvent devant chez eux.
Ni les appels à la raison ni les campagnes de communication n'y sont parvenus. Sans cette obligation assortie d'amendes salées, le centre-ville serait toujours aussi sale. Ce serait même probablement pire, puisque la quantité de mégots qui jonchent les trottoirs a augmenté de façon phénoménale depuis l'interdiction de fumer dans les restos et les bars.
Cette décision ne menace pas seulement l'effort de propreté au centre-ville. Elle risque de saper la notion même de responsabilité citoyenne. Car comme l'a fait remarquer l'avocat de la Ville lors de l'audience du grief, les citoyens sont requis de poser certains gestes.
Pouvez-vous imaginer un instant vivre dans une municipalité où toutes les activités figurant à la description de tâches des cols bleus seraient interdites aux citoyens? Allez, on commence par les crottes de chiens: interdit aux propriétaires de toutous de les ramasser, puisqu'il y a des employés municipaux qui balaient les trottoirs...
La Ville, heureusement, s'est empressée de contester cette décision, en demandant qu'elle ne soit pas appliquée tant que la Cour supérieure n'aura pas rendu sa décision. Souhaitons que le juge aille au-delà du texte de la convention collective et examine l'ensemble du problème, y compris ses conséquences sur la vie montréalaise.
21 juillet, 2008
Santé : la relation « prix-valeur » est occultée
Les services payés par l’ensemble des contribuables et fournis par un monopole d’État, quel que soit le régime politique, ont tous les mêmes caractéristiques : les coûts sont élevés; la qualité est médiocre; les priorités sont aux mauvais endroits; la demande excède l’offre; etc.
Cela découle du fait que la relation « prix-valeur » est occultée. Dans un marché où plusieurs fournisseurs doivent rivaliser pour attirer les clients la relation « prix-valeur » est le dénominateur commun qui guide les gestionnaires dans leurs décisions. Dans un monopole public il n’y a pas de dénominateur commun, objectif et permanent, pour guider les gestionnaires. Ils sont donc à la merci des priorités des groupes d’intérêt et des politiciens. Un tel système est incapable de s’ajuster aux changements d’une société en évolution et glisse invariablement dans ce qui est convenu d’appeler la soviétisation des services.
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Le Mardi 15 Juillet 2008, 11h04
Comme des bêtes
Catherine Doré, Le Quotidien
6h - RéveilQu’est-ce qui m’a pris de vouloir me lever si tôt…M’semble que j’avais quelque chose…
6h10 - Réveil (prise 2)JGFdhjhlostyhlkhj…. Ah oui, c’est vrai! Il faut que j’aille prendre un rendez-vous sans rendez-vous chez le médecin. Bah…encore cinq minutes…
6h15 - Enweye, réveille!Sur mon bureau, mon cellulaire sonne: j’ai activé l’alarme hier soir. Brillant. Il est beaucoup trop loin pour que je puisse le faire taire et il se met à sonner de plus en plus fort. Bon, ça va, je me lève… Ce que je me hais parfois!
6h50 - Départ
7h - Arrivée(Bon, il n’y avait rien d’intéressant entre les deux, mais je voulais faire une petite pointe à mes amis montréalais…)
Entre 7h et 8h, qu’est-ce que je fais? Je m’écrase devant la porte de la clinique, adossée contre le mur de béton rugueux, et j’attends. Il fait beau, c’est au moins ça. Il y a déjà une dame, comme moi, qui est arrivée plus tôt. Bientôt, soit vers 7h15, nous sommes six à attendre devant cette même porte. Les habitués ont pensé à s’amener un livre.
Une feuille collée dans la porte de verre nous informe que seulement sept personnes auront droit à un rendez-vous à la clinique sans rendez-vous aujourd’hui. Des fois c’est plus, d’autres fois c’est moins… C’est pour cela qu’il faut se lever si tôt. Encore là, vous devez déjà posséder un dossier à cette clinique, sinon, vous ne pouvez pas avoir accès au sans rendez-vous. Too bad.
Ma mère a son médecin de famille, mais pas moi. On pourrait croire naïvement que “de famille” signifie que j’aurais droit au même médecin que ma mère. Ben non.
Même si je n’ai besoin d’y aller qu’une seule fois par an?Oui, parce que si tu viens en avoir besoin, elle ne sera peut-être pas disponible.Ok. Donc, si j’ai besoin d’un médecin un jour, c’est mieux que je n’en aie pas. Ça se tient.
Revenons à mon attente.
Nous sommes maintenant neuf personnes, à dix minutes de l’ouverture des portes. Tout le monde est debout et on surveille les deux intrus. D’instinct, on se place en une seule ligne, par ordre d’arrivée. Les deux en ’surplus’ sont un peu à l’écart. On scrute le moindre mouvement, au cas où l’un d’entre eux serait tenté de doubler les autres. Comme des animaux, on se prépare à l’attaque.
Et puis la porte ouvre.Et puis, j’obtiens finalement un rendez-vous.
JOIE!
Il ne me reste plus que 365 jours avant de recommencer le même manège…Remarquez, c’est partout ainsi, du moins, en région.
À chacun ses avantages!
16 juillet, 2008
Éducation : Plus ça change plus c’est pareil
En réponse à l’interrogation de Mme Collard je me suis posé les questions suivantes :
- Est-ce que les mesures proposées par la ministre Courchesne réduiront la ratio élèves/professeur? Non;
- Permettront-elles d’embaucher plus de spécialistes? Non;
- Imposeront-elles l’abolition de la clause d’ancienneté dans les conventions collectives? Non;
- Réduiront-elles la bureaucratie au profit de la responsabilisation des directeurs d’école, des professeurs et des parents? Non;
- Permettront-elles plus de compétition entre les écoles? Non;
- Etc.
Finalement, je dois conclure que les mesures annoncées par la ministre Courchesne ne changent rien de fondamental. Ce sont des mesures superficielles visant à calmer la grogne populaire. Au mieux, dans dix ans nous ferons les mêmes constatations ou pire, le taux de réussite sera encore plus bas.
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Le lundi 07 juillet 2008
Des résultats décevants
Nathalie Collard
La Presse
Le taux de réussite des élèves du secondaire est décevant. Selon les statistiques rendues publiques la semaine dernière par le ministère de l’Éducation, 60% des jeunes Québécois réussissent leurs études secondaires après cinq ans. Après sept ans, ce taux grimpe à 72%. C’est trop faible.
Il n’est pas question d’être alarmiste, mais plutôt réaliste. Au cours des dernières années, le taux d’obtention du diplôme secondaire au Québec n’a pratiquement pas bougé, oscillant autour de 60%. On le déplore chaque année mais rien ne change. C’est le plus inquiétant.
Quand on compare les données québécoises avec celles des pays de l’OCDE, on se désole. En Norvège, comme en Allemagne ou en Finlande (oui, encore la Finlande!) les taux de réussite oscillent tous autour de 90%. On ne parle pourtant pas de planètes lointaines peuplées de surdoués, mais bien de pays développés, comme le Canada, avec des enfants et des écoles qui ressemblent grosso modo aux nôtres. Qu’est-ce que ces pays ont compris que le Québec ne comprend toujours pas?
En entrevue à La Presse en février 2007, le pédagogue français Philippe Meirieu remarquait que nos pays avaient démocratisé l’accès à l’école, mais pas la réussite scolaire. Cette analyse est tout aussi pertinente aujourd’hui. Au Québec, cela s’est traduit par un nivellement par le bas et une obsession de «faire passer» tous les élèves, alors que des pays comme la Finlande ont fait de la réussite scolaire leur priorité. En outre, ils mettent l’accent sur la formation des enseignants. Or, toujours selon M. Meirieu (ainsi que bon nombre de spécialistes en éducation), la qualité de l’enseignant compte pour beaucoup dans la réussite de l’élève. Au Québec, on l’a souvent répété au cours des dernières années, la formation des enseignants doit être améliorée. En outre, ce sont souvent les classes d’enfants difficiles, en zones défavorisées, qui héritent des enseignants néophytes. Ce cocktail élève difficile-enseignant inexpérimenté ne peut pas donner de bons résultats. Les enfants éprouvant des difficultés ont plutôt besoin de la crème des enseignants pour réussir.
Au cours de l’année scolaire qui vient de se terminer, la ministre de l’Éducation, Michelle Courchesne, a adopté une série de mesures qui, sur papier du moins, semblent cohérentes avec l’objectif de la réussite : aide aux devoirs, aide aux enfants en difficulté, possibilité de redoubler si on rate son année scolaire, etc.
Il faudra attendre quelques mois, voire quelques années, pour constater l’efficacité véritable de ces mesures. D’ici là, rien n’empêche d’explorer d’autres voies afin de maximiser les chances de réussite des élèves québécois.
Une étude récente réalisée par un groupe de chercheurs de Washington a démontré que les initiatives gouvernementales, seules, ne sont pas suffisantes pour régler les problèmes de l’école et que les initiatives non gouvernementales peuvent faire une différence.
Une de ces initiatives, fort originale, est saluée ces jours-ci aux États-Unis : il s’agit de l’organisme Teach for America, une banque de candidats qui recrute les diplômés les plus brillants des collèges américains et les envoie enseigner durant deux ans dans les écoles les plus défavorisées du pays. Le principe du service miliaire appliqué à l’éducation, en quelque sorte!
Ces étudiants ne désirent pas tous faire carrière en enseignement, mais ils désirent aider. Ils sont choisis pour l’excellence de leur dossier d’études et parce qu’ils peuvent représenter un exemple positif aux yeux des élèves en difficulté. Bien sûr, Teach for America n’a pas réglé tous les problèmes de décrochage de l’école américaine. Le programme est l’objet de critiques positives ET négatives. Il a toutefois permis de stimuler la motivation des jeunes qui en ont bénéficié. On a également observé une amélioration des résultats en maths et en sciences dans des écoles qui avaient bénéficié du programme.
Bref, l’idée est audacieuse. Pourquoi ne pas s’en inspirer et offrir une prime aux meilleurs enseignants du système qui accepteraient d’aller travailler un minimum de deux ans dans une école réputée pour ses faibles résultats? Face à nos piètres taux de réussite au secondaire, cette idée devrait être explorée.
14 juillet, 2008
CSeries : Subventions ou Liberté économique?
Malheureusement, ce succès coûte cher aux contribuables québécois. Depuis 1998, l’industrie aéronautique a bénéficié de plus de 400 subventions du gouvernement totalisant 2,5 milliards de dollars. C’est l’équivalent d’un transfert de 2,5 milliards des poches des contribuables à celles des actionnaires.
Les tenants de l’interventionnisme prétendront que les gouvernements québécois et canadien obéissent simplement aux règles qui prévalent ailleurs dans le monde. Cet argument implique que sans cette aide gouvernementale l’industrie aéronautique québécoise se serait déplacée vers des pays plus généreux. Certes, mais les gouvernements pouvaient-ils attirer et garder cette industrie au Québec par des moyens plus efficaces que des programmes de subvention?
Dans un contexte de mondialisation les entreprises peuvent installer leurs usines n’importe où dans le monde. Elles choisiront de s’établir là où les bénéfices sont les plus grands. Les avantages qu’elles recherchent sont nombreux et diversifiés : coût et qualité de la main-d’œuvre, proximité des marchés, le niveau des impôts et des taxes, les charges sociales, les lois du travail et bien entendu les subventions. En d’autres mots, elles installent leurs usines là où les coûts d’exploitation sont les moindre et où le niveau de liberté économique est le plus grand. Dans ce contexte, les subventions représentent un élément relativement peu important dans la prise de décision.
Les subventions gouvernementales servent généralement à compenser des coûts d’exploitation (impôts, taxes, charges sociales) trop élevés et/ou un manque de liberté économique. Hors, malgré la remontée récente du dollar, le Québec demeure une des régions où les coûts d’exploitation sont les plus bas. Malheureusement, le niveau de liberté économique du Québec est aussi le plus bas en Amérique du Nord après celui de l’Ile du Prince-Édouard.
Les bas coûts d’exploitation sont insuffisants pour compenser les risques associés à un manque de liberté économique. Il faut donc utiliser des programmes de subvention pour compenser les entreprises qui installent leurs usines au Québec.
Si les gouvernements s’employaient à améliorer le niveau de liberté économique au lieu de créer des programmes de subvention, ceux-ci ne seraient plus nécessaires. Le Québec serait une région de choix pour les entreprises.
Les contribuables y gagneraient sur tous les plans. Les milliards nécessaires pour financer les programmes d’aide aux entreprises et pour les gérer pourraient servir à réduire les impôts et à améliorer les services.
Malheureusement, cette stratégie a des effets pervers du point de vue des politiciens. L’élimination de centaines de programmes de subvention réduirait d’autant leur pouvoir d’influence.
Enfin, il est permis de rêver!
13 juillet, 2008
Pour une société sans État
L’État est ce qui reste en place suite au passage des gouvernements au pouvoir. Il ne constitue rien de plus que les institutions qui le représentent. Celles-ci varient d’un pays à l’autre non pas tant en fonction de leur richesse respective que de l’idéologie dominante. Malgré les carnages effectués par l’État au cours des siècles un peu partout dans le monde, l’idéologie dominante est de lui donner plus de pouvoir dans l’espoir qu’il en sortira un jour du bien. Dans la mesure où l’on exige de cette idée qu’elle soit universelle, il s’agit d’un espoir vain puisque l’État a pour principe la coercition.
Imposer à autrui son idée du bien relève, au mieux, d’ignorance, au pire, de dictature. Qu’on utilise à cette fin un processus démocratique ou non n’y change rien. Si l’État peut aider certains individus à améliorer leur sort, ce ne peut être qu’en nuisant à d’autres par l’entremise d’actions coercitives. Il s’ensuit que s’en remettre à lui, c’est se faire complice du mal. Une façon plus légitime et plus efficace de rendre service est de mise. Se contenter de dire que l’État est un moindre mal, c’est mal évaluer ce à quoi on le compare.
L’ordre public
Le premier et le plus important service pour vivre en société est celui d’assurer la sécurité physique des gens; veiller à ce que chacun puisse être en mesure de vaquer à ses occupations sans craindre d’être agressé par d’autres individus. Malgré l’importance de ce service, la valeur relative qu’on lui accorde varie néanmoins selon l’individu, ses lieux de travail, de résidence, etc. Pour cette raison, les individus et les entreprises font de plus en plus appel aux services privés de sécurité. Bien qu’ils soient généralement complémentaires aux services publics, les services privés se substituent à eux ici et là. Il suffirait que l’État cesse d’imposer les contribuables pour qu’ils les remplacent définitivement.
Les services de protection de la personne et de la propriété sont comme tous les autres services et il n’y a pas de raison pour l’État d’en maintenir le monopole. Seule la tradition favorise le statu quo. Si plusieurs traditions méritent d’être poursuivies, encore faut-il y trouver des avantages. Or, monopoliser des services par la force de la loi n’en offre aucun. Le monopole de la protection, à l’instar de plusieurs autres monopoles, n’est pas remis en question sous le prétexte de maintenir une certaine égalité entre les gens. En théorie, celle-ci se traduit par l’uniformité du service. La pratique est tout autre. Selon cette façon de voir, l’uniformité du service est le prix à payer pour son universalité, c’est-à-dire pour servir tout le monde. Cette vision est réductrice. L’universalité du service n’est pas remise en cause, mais plutôt son efficacité et sa légitimité. Un service universel et personnalisé est possible dans la mesure où les monopoles d’État sont abolis.
Les soi-disant monopoles établis par la concurrence ne peuvent être considérés à ce titre puisqu’ils ne sont pas protégés par la loi. Ils sont toujours aptes à disparaître, de sorte que leur domination ne peut être que temporaire. Les monopoles, à proprement parler, ne peuvent être établis que par l’État. Bien qu’il existe essentiellement deux façons de les financer, via les pouvoirs fiscaux ou par l’entremise des prix, les consommateurs ne sont pas plus avantagés par l’une que l’autre. En effet, un monopole qui offre ses services via des prix peut, à première vue, laisser plus de choix aux consommateurs, mais on ne doit pas oublier que ces prix sont ou plus élevés ou plus bas qu’ils ne seraient dans un marché concurrentiel. L’État se sert des premiers pour financer les seconds. Autrement dit, à l’intérieur d’un monopole, la capacité des consommateurs à déterminer les prix est inversement proportionnelle aux charges imposées aux contribuables. Seuls les prix d’un marché libre indiquent les préférences de l’ensemble des consommateurs.
Les impôts et les taxes ne permettent pas d’identifier les besoins précis des gens, car ils visent des groupes plutôt que des individus. Ces pouvoirs se traduisent rapidement par une façon d’imposer à autrui ses propres choix. On se contente de relever l’importance des services (sécurité, éducation, santé, etc.) pour conclure que l’État doit les monopoliser. C’est conclure trop vite. Après tout, se nourrir est aussi important que se protéger et ce n’est pas l’État qui s’en occupe. Dieu merci! Plusieurs individus désirent ces services à un moment ou à un autre, mais rares sont ceux qui les désirent tout le temps ou en recherchent la même qualité.
Les besoins des gens changent constamment et personne n’est mieux placé qu’eux-mêmes pour les évaluer et tenter de les satisfaire. Imposer les contribuables pour des services qu’ils n’utilisent pas nécessairement (garderie) ou de manière inégale selon leur âge (santé, éducation), leur résidence (sécurité), et cetera, ne peut satisfaire leurs besoins que partiellement et de façon décroissante. Il ne s’agit donc pas uniquement d’un problème de ressources, mais aussi de moyens utilisés pour les affecter.
Lorsqu’un gouvernement décide de répondre à un besoin plutôt qu’un autre, il n’effectue pas un choix difficile au même titre qu’un individu. L’individu cherche à combler ses besoins d’après ses priorités et, règle générale, sans nuire à personne. Les choix gouvernementaux, pour leur part, favorisent certains besoins et certains individus nécessairement aux dépens d’autres individus. On doit réaliser ici que les mêmes mots, selon qu’ils sont utilisés par un individu ou un gouvernement, renvoient à des réalités tout à fait différentes.
Peu importe les services gouvernementaux offerts, tant et aussi longtemps que les contribuables devront les financer et ne pourront pas les refuser ou les marchander, il sera impossible d’en évaluer la valeur pour chaque individu. Pour connaître celle-ci, il ne suffit pas d’introduire de la concurrence dans l’offre des services, on doit substituer les forces du marché à l’État et conséquemment les consommateurs aux contribuables. On ne peut pas répondre aux besoins de chacun par l’entremise des impôts et des taxes puisqu’ils nuisent aux priorités de plusieurs. En un mot, ces moyens sont inefficaces pour répondre aux besoins des gens.
En introduisant la concurrence au sein des services d’ordre, il y a fort à parier que les assureurs, déjà dans l’évaluation du risque relatif à la vie et à la propriété, prendront la relève de l’État pour affecter les ressources. À l’aide du mécanisme autorégulateur des profits et pertes, la possibilité de répondre aux besoins précis des consommateurs et une révision des principes de justice qui tient compte des choix de chacun plutôt que ceux de la majorité ou de groupes en particulier, on devrait constater à la fois une baisse des coûts relatifs à la protection et une réduction de la criminalité. Utopique? Un libéral propose, mais n’impose pas. À chacun de tirer ses conclusions.
Lorsqu’on peut taxer et imposer les gens, on est enclin à prendre des risques indus pour avancer ses projets, par conséquent on a moins intérêt à préserver les ressources. Au contraire, les assureurs ont tout intérêt à les utiliser judicieusement puisqu’ils n’ont que leur clientèle comme source de financement. En collaboration avec les services d’ordre, ils ont aussi intérêt à offrir une bonne protection à leurs clients puisqu’il s’ensuit moins de réclamation et conséquemment des profits plus élevés. Ceux-ci s’établissent de concert avec des prix plus bas, à l’instar de tous les produits et services offerts librement. Seules les contraintes de l’État et ses monopoles, notamment celui sur la monnaie, empêchent ce résultat d’advenir.
On réduit la criminalité non seulement à l’aide de ressources, mais aussi à la manière dont on s’y prend pour les obtenir et les affecter. En imposant les gens pour offrir des services, ceux-ci sont appelés à utiliser toutes les ruses pour obtenir les bonnes grâces de l’État. Ce processus conduit à la médiocrité plutôt que l’excellence, à la dépendance plutôt que l’autonomie et à la division sociale plutôt que la coopération. Bref, il ramène l’homme peu à peu à l’état sauvage.
Au contraire, l’assureur procède sur une base individuelle et volontaire, ce qui conduit à la responsabilité de chacun. De la même façon qu’il est entendu de ne pas indemniser un individu qui met délibérément le feu à sa maison, un individu reconnu coupable d’agression risque d’être incapable de trouver un assureur prêt à le servir. Celui-ci se retrouve rapidement isolé et vulnérable, d’autant plus que la majorité sera fort probablement assurée et regardera d’un air suspect celui ou celle qui ne l’est pas. Dans un régime de liberté, chaque individu est renvoyé à ses responsabilités sans contraindre personne.
L’État impose ses choix sous le prétexte de parler au nom de la population. C’est non seulement présomptueux, mais impossible. Ce ne sont que des excuses pour maintenir un processus inefficace et illégitime. Une fois la force coercitive admise comme moyen pour arriver à ses fins, l’État a beau jeu d’avancer les projets qu’il veut. Des groupes d’intérêt se forment, mais la plupart d’entre eux s’en remettent à lui dans l’espoir de voir imposer leur idée du bien. L’État se trouve conforté dans ses rôles d’entrepreneur et de pacificateur, alors qu’il est la principale source de conflit et de pauvreté.
Imposer son idée du bien renvoie à une conception de la justice qui ne peut pas être universelle puisque le bien diffère selon chaque individu. Devant ce constat, ou bien on révise sa conception de la justice, ou bien l’État continue à accumuler les pouvoirs sous le prétexte de corriger les problèmes qu’il a lui-même créés.
.....À suivre
12 juillet, 2008
Les règlements qui ne veulent pas mourir
En 1987, le gouvernement Bourassa capitule devant les menaces des producteurs de lait et règlemente la couleur de la margarine. Dorénavant, la margarine sera blanche. Qu’on se le tienne pour dit, au Québec on ne tolère pas que les grosses méchantes compagnies bernent les consommateurs.
Dix ans plus tard, le ministre de l’agriculture péquiste, Guy Julien, croit qu’il est temps de rappeler ce règlement. Il en a assez d’être l’objet des railleries de ses confrères des autres provinces. Mal lui en pris, car les membres de l’UPA montèrent aux barricades et menacèrent le gouvernement qui capitula à nouveau. Lucien Bouchard expliqua à son ministre que les votes des producteurs de lait étaient plus importants que son amour propre.
Enfin, le règlement est abrogé 21 ans plus tard. François Bugingo a résumé avec humour le ridicule de cette situation. Bugingo, africain d’origine, dit avoir choisi d’immigrer au Québec en raison du débat sur la margarine : «S’ils en sont rendus à débattre de la couleur de la margarine, c’est qu’ils ont réglé tous leurs problèmes importants».
La morale de cette pénible histoire est qu’il vaut mieux y réfléchir à deux fois avant de demander un nouveau règlement, car nous en assumerons les effets pervers pendant des décennies.
Alain Dubuc
La Presse, le 5 juillet 2008
Collaboration spéciale
Les Martiens débarquent
Les producteurs de lait ont l'intention de manifester à Québec, le 11 juillet, à l'occasion d'une réunion des ministres canadiens de l'Agriculture. Ils craignent que les changements apportés à l'Accord sur le commerce intérieur, l'ACI, permettent l'annulation du règlement qui interdit de colorer la margarine en jaune au Québec.
Je n'ai pas l'intention de reprendre ici ce débat tout à fait absurde. Mais je m'étonne quand même du fait que des gens en principe sensés soient encore prêts à descendre dans la rue pour défendre une des réglementations les plus imbéciles du Québec contemporain.
Mais surtout, je voudrais souligner un contraste saisissant. La semaine même où les Martiens de la Fédération des producteurs de lait du Québec annonçaient leur invasion de la capitale, sur une autre planète, qu'on appelle Terre, l'Organisation de coopération et de développement économique, l'OCDE, publiait son étude économique du Canada.
L'un de ses cinq chapitres portait sur l'agriculture canadienne, justement pour dire que les politiques de gestion de l'offre, qui se manifestent de façon pittoresque dans le monde du lait, compromettent la viabilité à long terme du secteur. Et pour recommander que l'on abandonne progressivement ces mécanismes de contrôle.
L'OCDE dit la même chose que la Commission sur l'avenir de l'agriculture au Québec. Ce printemps, le rapport Pronovost affirmait que «le secteur agricole et agroalimentaire est en train de se refermer sur lui-même» et l'implorait de sortir du statu quo. Ce rapport n'allait cependant pas aussi loin que l'OCDE et prenait bien soin de ne pas suggérer d'abandonner le fondement du régime agricole, la gestion de l'offre et les plans conjoints.
Si je reviens sur cette manifestation en faveur de la margarine blanche, c'est qu'elle souligne l'attachement au statu quo. L'Union des producteurs agricoles et sa militante fédération laitière ont vertement dénoncé le rapport Pronovost, parce qu'elles se sont indignées d'une de ses recommandations, l'abolition du monopole syndical de l'UPA, mais aussi parce qu'elles n'ont pas du tout apprécié son diagnostic peu flatteur.
Est-ce grave? Oui, parce qu'il y a un prix à payer. Les mécanismes de gestion de l'offre ont pour but de limiter la production, pour assurer des revenus stables aux agriculteurs et éviter les fluctuations trop marquées des prix et de la production. Cela donne, par exemple pour la production laitière, un système de quotas pour contrôler l'offre, des tarifs prohibitifs pour empêcher les importations, et des prix fixés par les autorités. Cela donne des plans conjoints où la mise en marché est centralisée. En soi, l'objectif est louable. Mais les effets pervers sont considérables.
D'abord, parce que c'est le citoyen qui paie la note. L'idée noble s'est transformée en véritable arnaque. En gros, selon l'OCDE, nous payons deux fois ou deux fois et demie plus cher que les Américains pour le poulet, les oeufs, le lait, le beurre et le fromage. C'est une taxe, et elle est régressive, parce qu'elle frappe des biens essentiels.
La logique du système devient par ailleurs indécente, parce qu'au coeur d'une crise alimentaire mondiale, nos politiques agricoles cherchent essentiellement à limiter la production pour maintenir les prix. Joli paradoxe.
Au plan économique, ces mécanismes de contrôle, en créant une sécurité artificielle, mettent les producteurs à l'abri de la concurrence. Cette culture monopolistique amène de la rigidité, empêche la créativité et l'innovation. Et cela encourage l'arrogance, comme dans le dossier de la margarine où le combat corporatiste des producteurs de lait exprime une totale indifférence pour les consommateurs qui les subventionnent.
Rien ne permet donc de croire que cette industrie est capable de changer. Et personne de pourra la forcer. Car pour des raisons historiques et des raisons électorales, le poids considérable des circonscriptions rurales, le pouvoir politique est littéralement l'otage du lobby agricole.
Le gouvernement Charest, le jour même du dépôt du rapport Pronovost, s'est empressé de rejeter sa recommandation de mettre fin au monopole de l'UPA. Et le ministre de l'Agriculture, Laurent Lessard, s'est empressé de dire aux producteurs de lait qu'il ne voulait pas toucher aux règlements sur la margarine.
Morale de l'histoire? Les politiciens ne bougeront pas. Les consommateurs continueront d'être des dindons de la farce. Et les Martiens pourront retourner en paix sur leur planète.
09 juillet, 2008
Les sociétés d’état sont inefficaces
Les principales constatations de la vérificatrice sont :
- 25 % des 37 entreprises vérifiées présentent des lacunes importantes liées aux systèmes et aux pratiques d’entreprise. Ces lacunes importantes avaient trait à l'exécution du mandat de la société. Les causes des problèmes comprenaient : des difficultés de financement, l'absence d'orientation stratégique ou d'attentes claires, et des lacunes importantes dans les données relatives au rendement de la société.
- Dans la plupart des 37 entreprises, le rapport identifie des possibilités d'amélioration dans la gouvernance (notamment la planification stratégique et organisationnelle), la mesure du rendement, la gestion des risques, l'exploitation et la gestion des ressources humaines.
Pour quiconque a travaillé dans une entreprise privée, ces constatations sont renversantes. Si ces sociétés devaient se battre dans un marché compétitif elles auraient toutes disparu depuis longtemps.
Une société d’état efficace cela n’existe pas pour une raison bien simple : l’efficacité n’est pas un critère de décision en politique.
07 juillet, 2008
La gestion de l’offre
Ce système démontre bien que l’interventionisme a des conséquences négatives réelles et tangibles sur la vie de tous les jours.
Dans son texte, Julien Béliveau relate l’historique de cette aberration.
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Julien Béliveau, Canoë, Mise à jour: 20/02/2008 07:26
Millionnaire… au salaire minimum!
Vous ne l’auriez peut-être pas cru, mais il était possible -et même relativement facile - de devenir millionnaire au Québec tout en ne gagnant que le salaire minimum. Je dis était, car je crois que le système en question est en voie de disparition.
Pour y arriver, il fallait être producteur laitier à la fin des années ‘60, car les vannes du ciel gouvernemental devaient alors s’ouvrir pour inonder de richesses les producteurs laitiers. Avant cette ouverture, c’était l’époque de la misère sur les fermes laitières québécoises. Le lait ne se vendait pas cher et les prix des cultures d’appoint avaient la fâcheuse habitude d’être élevés une année et de s’effondrer la saison suivante parce que trop de producteurs s’y étaient lancés. Et il faut se rappeler que politiquement, les agriculteurs avaient du poids à cette époque, peut-être deux fois, trois fois plus que les citadins. Jean Lesage l’apprit chèrement lors de sa cuisante défaite aux mains de l’Union Nationale qui aurait tout aussi bien pu s’appeler l’Union Rurale. Mieux valait plaire aux producteurs agricoles. On remplaça ce beau fouillis de concurrence effrénée par la gestion de l’offre, un euphémisme pour monopole. Il s’agissait d’équilibrer l’offre à la demande pour un produit donné. Pour ce faire, on bloqua les produits concurrentiels à la frontière avec l’aide de tarifs douaniers et on contrôla le volume de production allouée. Les agriculteurs purent enfin respirer : ils pouvaient finalement vivre selon un standard de vie semblable à leurs concitoyens même s’ils étaient toujours liés à leurs vaches sept jours par semaine et 365 jours par année. C’est alors que le système a déraillé. La commission Pronovost notait cette semaine que les tarifs douaniers sur le beurre atteignent désormais un incroyable 299 %, 246 % sur le fromage, 238 % sur le poulet entier etc. Ainsi, quand vous comparez les prix de deux portions de fromage de 250 g, l’une fromage d’ici et l’autre d’ailleurs, et que les prix sont à peu près équivalents, disons à 7,50 $, dites-vous que le producteur européen a réussi à produire son fromage pour moins de la moitié du coût du fromager canadien, prenant en considération les facteurs transports et douanes.
Pour marcher, le système avait besoin d’une deuxième jambe : une limitation de la production sinon étant donné la barrière tarifaire, les prix des produits laitiers auraient chuté. On décida donc de limiter la production individuelle des producteurs par un système de quota; si vous dépassez votre limite de production, impossible de vendre le surplus. Impossible, à moins que vous n’achetiez du quota supplémentaire. D’où le système d’enchère, d’où les prix effarants des quotas. La commission Pronovost estime en effet que sur la valeur moyenne d’une ferme de taille moyenne, soit 2,5 M$, le montant alloué au seul quota serait de 1,5 M$. En d’autres mots, avant même d’avoir une seule vache, vous aurez dû dépenser plus que le coût total de la ferme pour votre permis de production. Le reste s’en suit : le fardeau financier de la ferme laitière devient insupportable, la relève n’y est plus, le stress et l’anxiété deviennent des constantes chez les producteurs qui doivent se contenter du salaire minimum. Leur seule consolation, lors de la vente de la ferme, ils seront millionnaires, grâce au quota, même s’ils n’ont travaillé toute leur vie qu’au salaire minimum!
Le problème de la valeur des quotas met en jeu la survie même de l’agriculture québécoise, selon la Commission. La chose est cependant tellement délicate politiquement que les trois commissaires ne peuvent, en guise de mesure de survie, que recommander des actions structurantes. J’espère que tous comprendront que c’était là une façon de dire scrapper ça, un mot que nos producteurs comprennent bien. Le hic, c’est que la valeur de tous ces bouts de papier serait présentement de près de 10 milliards. Demain n’est donc pas la veille de la mise au rancart qu’on n’ose pas recommander, car si le gouvernement a eu peur de l’UPA, c’était de la p’tite bière à côté des quotas!