Chaque Québécois doit plus de 34 000 $ au provincial seulement

Vaut mieux en rire!

Avant de couper des centaines de millions dans les services, est-ce qu’on peut avoir les services ? - Michel Beaudry

31 août, 2012

Radio-Canada, le média de la propagande sociosouverainiste

Il est bien connu et reconnu par l'ex-ombudsman des services français, Julie Miville-Dechênes, que radio -Canada est le média de propagande de la gauche souverainiste.

Jean-François Dumas d’Influence communication a compilé le temps d’antenne accordé à chacun des partis pour la journée de mardi 14 août 2012. Le PQ obtient deux fois plus de temps d’antenne que le PLQ et près de trois fois plus que la CAQ. Pire, QS, un parti qui n’a aucune chance d’accéder au pouvoir en cent ans, obtient presque le même temps d’antenne que la CAQ.

La subvention annuelle d’un milliard de dollars remise à Radio-Canada est payée par tous les contribuables canadiens. Donc, pourquoi permet-on à Radio-Canada de privilégier un seul parti politique?

Qu’attend le ministre James Moore pour discipliner Radio-Canada français en réduisant sa subvention proportionnellement au pourcentage de la population qu’il représente?



Le chiffre du jour : 8 G$

Michel (Michel Lafontaine, économiste à la retraite) a découvert que la filière éolienne coûtait une petite fortune à Hydro-Québec (jusqu'à 8 milliards de dollars, en valeur actuelle nette sur vingt ans) et qu'elle constituait une façon extraordinairement coûteuse (et totalement non-économique) de réduire les gaz à effets de serre (plus de 220$ la tonne, alors que le prix «spot» d'une tonne de CO2 n'atteint même pas 10$ sur une bourse du carbone comme la European Energy Exchange).--- Martin Coiteux

30 août, 2012

La réflexion du jour

Les maires de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) ont plein de beaux projets de transport en commun. Et c’est encore vous, automobilistes, qui allez payer la facture.--- David Descôteaux

Le chiffre du jour : 17,6 %

Les organismes eux-mêmes (comme la STM à Montréal) dépensent-ils l’argent des contribuables avec une efficacité optimale? La question se pose, surtout quand on parcourt les conventions collectives béton de ces organismes. Et qu’on y lit, entre autres, que la société « s’engage à ne pas effectuer de mise à pied d’employé régulier pendant toute la durée de la présente convention collective ». Peu importe la demande, les améliorations technologiques et les gains d’efficacité qui en découleraient?

Ou quand on apprenait, en 2011, que le nombre de cadres à la STM allait passer de 37 à 41. Et leur masse salariale augmenter de 17,6 %. Pendant que le coût de la « passe » de métro augmente tous les six mois ou presque…

29 août, 2012

Comment éviter la prochaine crise économique?


Selon l’économiste Pascal Gray, le keynésianisme est la principale cause des crises économiques. Malheureusement, les politiciens continuent de s’en inspirer parce que c’est politiquement rentable.
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Comment éviter la crise qui vient ? Ou plutôt comment sortir des solutions qui nous ont conduits à la crise de la dette souveraine ? Dans les semaines qui viennent, un grand nombre de décideurs publics vont nous expliquer que la sortie de la Grèce de l’euro n’est pas si grave et que cette issue était prévue. Ils vont nous dire que la situation est maîtrisée et que les politiques qu’ils vont mettre en œuvre à l’avenir vont nous sauver.

Le problème est que depuis qu’une grande majorité de nos décideurs politiques sont convertis au keynésianisme ils ont toujours affirmé des lois économiques erronées :

1. Les crises que traverse le capitalisme sont le fruit d’une insuffisance de la demande globale.

2. Seule une relance de cette demande globale peut éviter à l’économie d’un pays de sombrer dans une dépression et/ou récession.

3. Seul le gouvernement est capable de pratiquer la politique budgétaire et le dosage monétaire pour atteindre cet objectif de croissance de la demande globale.

4. La coordination des politiques économiques entre les pays d’une même zone économique peut permettre à ces pays de traverser une crise en atténuant les effets néfastes de celle-ci.

Nous le voyons le schéma économique utilisé par l’ensemble des gouvernants du monde entier est totalement biaisé.

Revenons sur un point d’histoire. Keynes dans les années 1920 ayant perdu une fortune en Bourse a voulu en quelque sorte prendre sa revanche en tentant de bâtir une théorie qui lui permettrait de récupérer sa fortune en devenant le serviteur zélé des décideurs politiques en leur permettant de justifier l’interventionnisme politique dans l’économie. Pour Keynes l’épargne était une fuite dans le circuit économique et constituait un frein à l’augmentation de la demande globale. Il fallait, selon lui, tout faire pour augmenter la propension à consommer. Les gouvernements pouvaient alors mettre en place une politique de relance de la demande globale en dépensant l’argent du contribuable dans les politiques de soutien à la consommation, de soutien à l’investissement. Ces politiques permettaient à ceux qui en bénéficiaient de dépenser plus et par conséquent de soutenir la croissance de l’économie.

Ne croit-on pas entendre là les partisans actuels de la mise en place de politiques de relance en Europe ? Est-il bien raisonnable de présenter les faits aussi simplement et surtout sans voir que dès le départ le raisonnement est vicié !!

En fait Keynes a tout simplement oublié que l’épargne n’était qu’un renoncement à une consommation présente et était réservée à une consommation future. Ce partage entre consommation présente et consommation future est capital, car il est la base sur laquelle va se former le taux d’intérêt originaire. Si la préférence pour la consommation présente est forte alors l’épargne est peu abondante. L’offre de fonds prêtables est faible par rapport à la demande de fonds prêtables qui n’est autre que la demande d’investissement pour l’avenir. La productivité ne va pas augmenter significativement dans ces phases où les investissements ne peuvent pas être financés. La rentabilité attendue pour les investissements sera donc élevée et par conséquent un grand nombre d’investissements ne remplissant pas ces conditions de rentabilité seront reportés.

Mais au fur et à mesure les décisions des acteurs de l’économie se modifieront et l’épargne augmentera à nouveau permettant un abaissement du taux d’intérêt originaire qui entraînera dans son sillage la réalisation d’investissements reportés précédemment, la productivité augmentera et le prix de certains biens jusque-là élevé finira par baisser. Cette baisse du taux d’intérêt et cette élévation de la productivité permettront le déclenchement de cette fameuse croissance que tout le monde attend. On le voit le schéma ici est plus conforme à ce que connaissent les vrais acteurs de l’économie : les entrepreneurs, les consommateurs, les épargnants.

Les crises que nous avons traversées depuis la Première Guerre mondiale n’ont jamais résulté d’une insuffisance de la demande globale mais plutôt d’une manipulation de la monnaie et du crédit à des fins politiques de guerre ou de relance. Car en abaissant artificiellement le taux d’intérêt les autorités monétaires envoient de faux signaux aux investisseurs qui vont alors prendre des décisions fondées sur ces faux signaux. Une fois que ces autorités monétaires penseront que nous allons entrer dans une phase de « surchauffe », elles vont procéder à une élévation du taux d’intérêt : cela aura pour effet de révéler la fausseté des décisions prises dans la phase précédente. Les crises récentes de la Bulle internet dans les années 2000 et de la crise dite des « subprimes » relèvent de ces schémas. La crise de la dette souveraine n’est que l’aboutissement de ces politiques budgétaires et monétaires laxistes.

Rappelons-nous aussi de Keynes qui parlait de l’Or comme une « relique barbare ». Là encore c’était une erreur, car pendant l’étalon or véritable entre 1880 et 1914 l’économie se développait en adéquation avec ce partage épargne / consommation. A partir de 1914 et le passage à l’étalon de change or où seuls la livre sterling et le dollar étaient convertibles, les choses ont commencé à se compliquer et les autorités monétaires ont commencé à s’organiser afin de mettre en place le système de réserves fractionnaires à l’origine de l’effondrement actuel de l’économie mondiale.

Pour en finir définitivement avec les crises, il est impératif de revenir à des bases saines : un étalon or et une concurrence monétaire ainsi qu’un équilibre permanent des finances publiques sans recours à l’endettement et sans recours à l’inflation.

Dire qu’une solution à la crise actuelle n’existe pas relève tout simplement analyse économique erronée et prétendre que la solution de l’étalon-or n’est pas possible fait tout simplement preuve de la mauvaise foi des décideurs politiques.

Nous pouvons sortir de la crise et nous pouvons le faire par le haut en rétablissant l’étalon-or avec pour conséquence des finances publiques assainies et des acteurs économiques pouvant fonder à nouveau leurs décisions sur de vrais signaux pour leur épargne et pour leur consommation.

Alors si nous souhaitons véritablement sortir de la crise mobilisons-nous pour un retour rapide à l’étalon or et pour une vraie économie de marché au service de tous.

Pascal Dray - Le 3 juillet 2012. Pascal Dray est chef d'entreprise et docteur en économie. Cet article a été initialement publié sur Le cercle des échos.

La réflexion du jour

Le Conseil du patronat a attribué la note «C» au Québec dans son bulletin de la prospérité, soit la même note que l'année dernière.
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Plus précisément, le Québec a mérité un «C» pour la disponibilité et la qualité de la main-d'oeuvre, l'état des finances publiques et l'environnement d'affaires, un «C-» pour les coûts de la main-d'oeuvre et un «D» pour la réglementation. ----  Yves-Thomas Dorval,président du Conseil du patronat du Québec

Le chiffre du jour : 29 documents

Plus précisément, le Québec a mérité un «C» pour la disponibilité et la qualité de la main-d'oeuvre, l'état des finances publiques et l'environnement d'affaires, un «C-» pour les coûts de la main-d'oeuvre et un «D» pour la réglementation.

Les entreprises québécoises doivent produire en moyenne 29 documents différents pour se conformer à la réglementation, comparativement à 23 pour les entreprises ontariennes.

28 août, 2012

La réflexion du jour

« Nous parlons maintenant d’une seule voix, et nous allons identifier rapidement les projets prioritaires (ndlr : transport en commun) », dit le maire de Montréal, Gérald Tremblay.

Donnez-nous l’argent d’abord, nous déciderons de quoi faire avec ensuite ? De quoi on parle, ici, de leadership, ou d’arnaque ?---- Benoît Aubin

Le chiffre du jour : 260 M$

Leur recette (ndlr : pour financer le transport en commun) est relativement simple. Il s’agit de taxer tous les automobilistes du Québec pour 260 millions de dollars de plus par année qu’ils ne paient déjà. Principalement en haussant de 2 cents le litre la taxe sur l’essence partout au Québec, avec une hausse supplémentaire d’un demi-cent le litre à Montréal.

Les villes recommandent aussi de hausser les frais d’immatriculation des véhicules, modulant cette hausse en fonction du poids et de la cylindrée.

27 août, 2012

Québec : la grande hypocrisie de la transparence


Dans le texte qui suit, Emmanuel Martin dénonce l’hypocrisie des politiciens français. Le texte s’applique aussi aux politiciens québécois et pourrait s’intituler « Québec : la grande hypocrisie de la transparence ».
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Alors que la hausse du prix du pétrole combinée à une baisse de l’Euro  fait augmenter les prix à la pompe, le Ministre français de l’Économie Pierre Moscovici a annoncé le 9 août  la création d’une« mission d’analyse et d’inspection sur la formation et la transparence des prix de la filière pétrolière ».  Le Ministre a pu ajouter dans son entretien au quotidien Nice-Matin que « Les Français peuvent avoir confiance, nous agirons dans leur intérêt avec comme préoccupation leur pouvoir d'achat ». Quand on sait que les taxes constituent en gros les deux tiers du prix à la pompe et, donc, si l’on compte bien, que le niveau de taxation sur le carburant tourne autour de… 200% (!), les propos du ministre prennent un caractère assez comique : l’État se fiche-t-il de nous ?

Du carburant aux indemnités parlementaires…

Avant de chercher à incriminer des acteurs de la filière, producteurs de service, et qui au total ne récupèrent qu’un tiers du prix à la pompe, l’État ferait bien de balayer devant sa porte. Si le Ministre voulait vraiment la transparence, il commencerait sans doute par demander aux pompistes d’indiquer sur le ticket de caisse la part « taxes » dans le prix du carburant. Voilà une grande avancée vers la transparence :que le consommateur sache que sur chaque plein d’essence qui lui coûte 60€, en gros 40€ sont des taxes. Avec cette information, le réflexe naturel de l’automobiliste serait alors de se dire que pour protéger son pouvoir d’achat, avant de discuter de blocage des prix, l’État ferait bien par commencer à baisser les taxes sur le carburant, disons… à « seulement » 100%.

Mais on sait depuis Colbert que « l’art de la taxation c’est de plumer l’oie sans qu’elle ne criaille ». Que la formule ait marché sous l’absolutisme royal passe encore. Mais de nos jours, ce maintien délibéré des citoyens dans l’ignorance est parfaitement anti-démocratique. La démocratie suppose la reddition des comptes. Elle est une forme de contrat « impôts contre service public ». Si le contrat est illisible, le contrôle citoyen ne peut se faire. C’est une dérive absolutiste qui ne dit pas son nom. Et quand d’ailleurs, parallèlement, moins de 5% de nos députés votent pour la transparence des indemnités parlementaires, on voit la « confiance » que les français peuvent avoir dans leur représentants et leurs dirigeants... Faut-il alors s’étonner de la désaffection générale pour le politique ?

… À la fiche de paie

Cette tactique de la non-transparence est aussi un grand classique de la protection sociale monopolistique. Il est presqu’impossible aujourd’hui au salarié ordinaire (c’est à dire qui n’est pas expert-comptable) de savoir, en lisant sa fiche de paie, combien il ou elle coûte à son entreprise et quelle est la part de la sécurité sociale dans le coût total de son travail. Pour un salaire moyen, c’est en fait près de 100% du net : l’employé coûte donc en réalité à l’entreprise près de deux fois son salaire net. Évidemment cacher ce coût permet d’empêcher les salariés d’aller comparer avec des assurances privées ou des système d’épargne-retraite alternatifs. Maintenir les gens dans l’ignorance garantit que le monopole de la protection sociale ne soit pas remis en cause. Belle leçon d’anti-démocratie de la part des gouvernements et des syndicats.

Les hommes politiques se plaisent à arborer le costume du chevalier blanc qui vient soulager les souffrances de la plèbe. Sauf que s’ils nous tendent une subvention d’une main, ils nous ont pris une taxe de l’autre. Dans le cas du carburant, on nous parle de « bloquer les prix », mais, on l’a vu, quand 60% du prix final est constitué de taxes, ce soi-disant blocage relève de la mauvaise blague. Le prix exorbitant à la pompe est d’abord le résultat d’un choix délibéré des hommes politiques.

Les missions de transparence visant à pointer du doigt les « méchants producteurs » qui font des « vilains profits » permettent de rassurer l’électeur et de le caresser dans le sens du poil (évidemment anti-capitaliste). Elles n’en sont pas moins d’une profonde hypocrisie.

Emmanuel Martin – Le 9 août 2012.
Emmanuel Martin est économiste, analyste sur www.UnMondeLibre.org.

La réflexion du jour

En d'autres termes, loin de favoriser l'injustice économique comme le prétend le Parti Québécois, notre système fiscal neutralise au contraire toute tendance à la croissance des inégalités de revenu. Le Parti Québécois semble donc voir un problème là où il n'y en a jamais eu, du moins depuis 1976. Le mal décrié est donc imaginaire.

Le problème, c'est que l'on peut créer de vrais problèmes en voulant combattre un mal imaginaire. J'y reviendrai...--- Martin Coiteux

Le chiffre du jour : 31 %

Les contribuables qui gagnent entre 130 000 $ à 250 000 $ verraient leur taux d'imposition augmenter de quatre points de pourcentage, passant de 24 à 28 %. Au-delà de 250 000 $, il serait fixé à 31 %. «Il est grand temps, à mon avis, d'injecter plus de justice économique dans notre fiscalité», a déclaré le critique en matière de finances, Nicolas Marceau, qui accompagnait Mme Marois.--- Via le blogue de Martin Coiteux (NDLR : une belle façon d'encourager les Québécois à aller voir ailleurs!)

26 août, 2012

La politique québécoise en caricatures

La réflexion du jour

Le Parti québécois a pour ambition de faire du Québec province un Québec pays. Compte tenu des énormes défis que cela suppose pour une province endettée et abonnée chronique à la péréquation, on s'attendrait à ce que ce parti offre aux Québécois une stratégie solide en matière de développement économique.--- Martin Coiteux

Le chiffre du jour: 600 à 800 M$

La perle des mesures coûteuses (ndlr : promesse électorale du PQ) reste toutefois l'intention de rapatrier la caisse d'assurance emploi alors que nous en retirons actuellement de 600 à 800 millions de dollars de plus que nous y cotisons chaque année. Mais qu'importent les chiffres, c'est le geste de gouvernance souverainiste qui compte.

25 août, 2012

La réflexion du jour

Peu importe qui sera élu le 4 septembre, il est fort possible que la dette du Québec augmente à un rythme accéléré, en raison de coûteuses promesses faites par les trois partis ayant une chance de se faire élire, soutiennent des experts.--- JdM

(NDLR : ...mais au moins dans le cas de la CAQ, il y aura (peut-être!!) une baisse d'impôt.)

Le chiffre du jour : 191,7 G$

Or, selon les projections budgétaires dévoilées lors du budget du Québec en mars, même en excluant toute nouvelle promesse de dépenses, la dette du Québec va augmenter dans les prochaines années.

En 2013, la dette bondira de 8 G $ additionnels, pour atteindre 55,3 % du PIB, ce qui confirme une tendance haussière continue observée depuis 2009.

La dette brute du Québec devrait passer de 157,6 G$ au début 2009 à 191,7 G$ en mars 2014, ce qui représente une augmentation de 14,2% sur trois ans.

(NDLR: le montant de 191,7 G$ exclus les dettes des municipalités, de l'Hydro-Québec, etc. )

24 août, 2012

Give me a break


Revue de livre par minarchiste

“Give Me a Break”, par John Stossel.

John Stossel est un journaliste qui a débuté sa carrière au bas de l’échelle, en tant que journaliste de consommation. Il s’est taillé une solide réputation en dénonçant les fraudeurs et les tricheurs ainsi qu’en défendant les gens qui se sont fait avoir. Son succès fut retentissant; tel que démontré par la croissance de son auditoire et par les nombreux prix qu’il a remportés (19 Emmys).

Au fil du temps, parfois en réaction à certains de ses reportages percutants, le gouvernement a augmenté ses activités de protection du consommateur. Ces dernières décennies ont été marquées par une croissance exponentielle de la réglementation aux États-Unis. Est-ce que cela a permis de mieux protéger la population? Pour Stossel, la réponse est non! L’intervention accrue du gouvernement et la croissance de la règlementation n’ont fait que faire augmenter les coûts pour les consommateurs et mettre des bâtons dans les roues des entrepreneurs. Pour Stossel, « toute règlementation semble avoir des conséquences inattendues. L’argent des contribuables fini dans les poches des riches plutôt que des pauvres. Des règlementations bien intentionnées visant à protéger les consommateurs font plutôt en sorte de leur nuire en faisant augmenter les prix et en réduisant leurs choix de consommation. »

Stossel a alors commencé à critiquer les gouvernements et à dénoncer leurs abus. C’est à ce moment qu’il s’est fait beaucoup d’ennemis, dont notamment le démocrate Ralph Nader. Dans un des chapitres, Stossel s’insurge d’ailleurs contre ce qu’il appelle la « gauche totalitaire », des individus qui non seulement désapprouvent ses idées libertariennes, mais qui en plus n’hésitent pas à utiliser la violence pour le faire taire. Pour ces gens, la liberté d’expression ne s’applique pas aux gens qui ne pensent pas comme eux.

Au fil du livre, Stossel relate les histoires les plus intéressantes qui ont marqué sa carrière. Par exemple, il a enquêté sur la fameuse histoire d’Erin Brockovich. Il note qu’il n’a jamais été démontré que l’entreprise d’électricité en question a rendu quiconque malade. L’entreprise a semblé coupable simplement parce qu’elle a fait ce que les entreprises font généralement dans ces cas : régler à l’amiable pour éviter les frais légaux et la mauvaise presse. L’EPA affirme qu’aucune donnée ne démontre que le chromium cause le cancer. Le California Cancer Registry a analysé les statistiques de cancer de la région et des employés de l’entreprise (50,000 sujets) et a relevé que ces gens étaient en meilleure santé que la moyenne. L’histoire d’Erin Brockovich n’est qu’une fable cinématographique. Cette histoire démontre bien l’un des points principaux de Stossel dans ce livre : les avocats ont beaucoup trop de pouvoir aux Etats-Unis. Même s’ils ont tort, les avocats peuvent soutirer beaucoup d’argent aux entreprises (et donc aux consommateurs). Stossel dénonce d’ailleurs le fait qu’aux Etats-Unis, si vous poursuivez quelqu’un et que vous perdez, vous n’avez pas à payer les frais de défense de l’autre partie. Selon Stossel, les poursuites nuisent à l’innovation car elles exposent les inventeurs à des conséquences légales désastreuses. Elles découragent la prise de risque qui précède généralement les grandes innovations.

Ce genre de film (i.e. Erin Brockovich) contribue aussi à colporter le mythe voulant que l’environnement se détériore. Pourtant, depuis 1976, les émissions de dioxyde de souffre ont diminué de 67%, de dioxide d’azote de 42%, de monoxyde de carbone de 73%, de plomb de 97% et les smogs sont en baisse d’environ un tiers. Stossel se souvient d’une entrevue avec Patrick Moore, ancient directeur de Greenpeace, qui a quitté cette organisation parce qu’il affirme qu’elle a été corrompue par des activistes politiques qui l’utilise pour amasser des fonds en faisant peur aux gens. Ces gens distordent la science pour pousser leur agenda anti-capitaliste, ce qui n’a rien à voir avec la protection de l’environnement.

Stossel s’est aussi intéressé au cas de l’amiante. Les avocats ont poursuivi toutes les entreprises reliées de près ou de loin à l’amiante, soit plus de 6,000. Les coûts engendrés par ces poursuites auraient détruits plus de 60,000 emplois. C’est d’ailleurs avec cette cause que l’avocat Peter Angelos a pu générer assez d’honoraires pour acheter l’équipe de baseball des Orioles de Baltimore. Quant au règlement sur les fabriquant de cigarettes, Stossel le décrit comme la plus grande arnaque de tous les temps. Les dédommagements ont fini en majeure partie dans les poches des avocats et les producteurs de cigarettes les ont payés en augmentant les prix des cigarettes! Les avocats se sont donc enrichis sur le dos des fumeurs, qui représentent en moyenne une classe plus pauvre de la société.

Pour Stossel, le monde est devenu excessivement averse au risque. Il a déjà posé la question suivante à son auditoire : supposons que j’invente un nouveau type de carburant pour concurrencer le pétrole. Celui-ci est cependant très explosif, invisible, inodore et poison. Par ailleurs, il tuerait en moyenne 400 Américains par année suite à des accidents. Est-ce que vous l’adopteriez? La foule répondait alors unanimement non. Pourtant, le carburant décrit par Stossel était nul autre que le gaz naturel, utilisé par tous les américains depuis longtemps. Selon Stossel, les Américains acceptent ce carburant simplement parce qu’il a été adopté avant que nous devenions si averse au risque.

Les médias font en sorte que nous surestimons certains risques, notamment les crimes violents, les attaques de requin et les accidents d’avion. Cette mauvaise perception mène à de mauvaises décisions. En 2001, la recherche sur le VIH a reçu $4,439 de subventions, le cancer du sein $290 et le parkinson $175. Le diabète, qui tue plus de gens que le VIH, n’a reçu que $41, alors que les maladies les plus meurtrières de toutes, les maladies cardiovasculaires, n’ont reçu que $58 par patient.

Au sujet des pesticides, les recherches de Stossel démontrent que 99% des pesticides que nous ingérons sont naturellement produits par les plantes. Bien entendu, les aliments organiques sont moins exposés aux pesticides synthétiques, mais en revanche, ils sont davantage exposés aux bactéries puisque les agriculteurs organiques utilisent le fumier comme fertilisant plutôt que l’azote. Ces bactéries (dont la e-coli) font pourtant bien plus de victimes que les pesticides. Par ailleurs, les aliments organiques ne sont pas plus nutritifs, ils coûtent beaucoup plus cher et nuisent à l’environnement (puisque en raison des rendements plus faibles, les agriculteurs organiques ont besoin de plus de territoire pour générer la même quantité de nourriture).

De nos jours, il existe des milliers d’organismes de régulation aux Etats-Unis, que ce soit pour les coiffeurs, les médecins ou les astrologues. Malheureusement, ces organismes n’améliorent pas les choses. Les entrepreneurs les plus riches et les mieux connectés se paient des avocats pour remplir la paperasse et refilent les coûts aux consommateurs. Quant aux plus petites entreprises, elles se font écarter du marché. Pourtant, ce ne sont souvent pas elles qui causent problème. Ces petites entreprises opèrent souvent dans des milieux plus défavorisés et permettent aux plus pauvres d’obtenir des services pour moins cher. En fait, les véritables bénéficiaires de la régulation sont les entreprises établies (et leurs avocats), les syndicats et les bureaucrates-régulateurs eux-mêmes. En 1900, les États-Unis comportaient 6 millions de fermes et le Département de l’Agriculture employait 3,000 personnes. Aujourd’hui, il n’existe plus que 2 millions de fermes et le Département emploie 100,000 personnes.

Stossel explique que les règlementations sont si complexes et lourdes qu’elles deviennent ridicules. L’une d’elles est le American Disability Act, qui favorise l’accès au travail à des gens qui souffrent d’une forme d’invalidité. Stossel relate alors le cas d’Exxon et du nauffrage du Exxon-Valdez. Le pilote était un ancien alcoolique qui avait fait une rechute à bord du navire pétrolier pour ensuite confier la barre à un subordonné, qui l’a fait échouer, causant ainsi un immense désastre écologique. Selon le ADA, l’alcoolisme est une forme d’invalidité pour laquelle un employeur ne peut discriminer. Donc, en vertu de l’ADA, Exxon n’aurait pas pu rejeter la candidature de Joseph Hazelwood parce qu’il est un ancien alcoolique. En fait, Exxon n’aurait même pas pu lui demander s’il avait des antécédents à cet égard!

En guise d’exemple, Stossel raconte l’histoire de Cornrows, une chaîne de salons de coiffure spécialisée dans les nattes africaines, fondée par un couple d’immigrants. Leur succès était tel que certains de leurs 20,000 clients faisaient 6 heures de route pour s’y rendre! Puis, les autorités ont déclaré l’entreprise illégale car elle n’avait pas de permis. Pour l’obtenir, ils auraient à effectuer une formation de 1,000 heures coûtant $5,000, qui leur apprendrait à faire des teintures et des permanentes (même si ces services ne sont pas offerts à leur salon). Cette formation inclut un cours de 125 heures sur le shampoing! En fait, le régulateur de la coiffure est contrôlé par les grandes chaînes de salon de coiffure qui n’aiment pas la nouvelle concurrence. Et ces bureaucrates doivent justifier leur salaire en harcelant les petits entrepreneurs comme les fondateurs de Cornrows.

À Charlotte en Caroline du Nord, Stossel a interviewé deux vieilles dames qui tricotaient des mitaines et des chandails de laine à la maison. Ils vendaient leurs produits à un marché local, jusqu’au jour où il leur fut interdit par les « autorités » de travailler de la maison, car leur quartier n’est pas zoné industriel ou manufacturier. À Baltimore, Stossel a fait un reportage sur une dame qui après avoir perdu son emploi, était déterminée à ne pas être dépendante de l’aide sociale. Elle cuisinait 6 douzaines de muffins par jour et les vendaient au porte-à-porte dans son quartier. Les gens adoraient ses muffins maison, mais elle dû arrêter cette pratique car elle ne disposait pas d’une cuisine commerciale certifiée.

À Chattanooga au Tennessee, Stossel a rencontré un entrepreneur qui avait voulu démarrer une entreprise de vente de cercueils peu dispendieux. Un cercueil n’est en fait qu’une boîte en bois. Il n’y a pas de raison pour que des familles en deuil doivent payer $3,000 pour cela. Cependant, il dû fermer ses portes car il lui était interdit par les autorités de vendre des cercueils sans permis de directeur funéraire. Pour obtenir ce permis, il aurait dû suivre une formation et travailler comme apprenti pendant 2 ans pour apprendre à embaumer des corps et à gérer un salon funéraire, ce que son entreprise ne faisait pas.

Une nouvelle entreprise démarrée par des immigrants a connu un certain succès. À l’aide d’un mini-van, ces gens reproduisaient un service d’autobus en amenant les gens où ils le voulaient pour $1, comparativement à $1.50 pour le service municipal. Les mini-van offraient cependant plus de flexibilité sur les arrêts et les horaires. Un véritable service de transport en commun privé. Il ne fallu pas grand temps à la municipalité pour mettre un terme à cette pratique sous divers prétextes incohérents, sous la pression du syndicat des chauffeurs d’autobus.

À Snowmass au Colorado, Stossel a visité un marché local qui embauchait jadis de jeunes étudiants pour emballer les sacs d’épiceries, pour quelques heures par semaines, les aidant à amasser de l’épargne pour leurs études. Cet épicier ont dû les renvoyer car ils contrevenaient à la réglementation sur le travail des enfants. Même chose pour un garçon de 12 ans qui s’amusait comme un fou dans son emploi de préposé aux bâtons (« batboy ») dans une ligue mineure de baseball de sa ville.

Stossel habite la ville de New York, où l’un des problèmes de longue date est le manque de toilettes publiques décentes. Dans les années 1980s, la firme française JC DeCaux a soumis un modèle de toilette auto-nettoyantes à la ville. Elle dû obtenir l’approbation de 13 différentes agences de réglementation. Après plus d’un an de négotiations, les bureaucrates ont finalement accepté de faire un essai de quatre mois. Les toilettes de DeCaux connurent un immense succès et elles ne couteraient rien à la ville puisque la firme les rentabiliseraient en y affichant de la publicité. Cependant, le gouvernement fédéral a déclaré que le projet n’était pas conforme avec l’American Disability Act car il n’y avait pas d’accès pour les fauteuils roulant. DeCaux avait expérimenté un modèle pour fauteuils roulants à Londres et cela n’avait pas bien fonctionné. Les bureaucrates ne voulurent rien entendre. Ainsi, les toilettes d’essai furent détruites les trottoirs refaits. Les New Yorkais continuent d’uriner sur les murs et dans les ruelles.

À Jersey City, le service d’aqueduc était médiocre. L’eau goûtait mauvais et échouait parfois les tests de potabilité. Les fonctionnaires en charge affirmaient qu’ils ne pouvaient rien faire sauf si les tarifs étaient augmentés pour investir dans le réseau. C’est alors que le maire a décidé de sous-traiter le service d’aqueduc à des entreprises privées. En quelques mois, l’entreprise qui a remporté le contrat a réparé le réseau. L’eau de Jersey City rencontre maintenant les standards les plus élevés et la municipalité économise $35 million en dépenses.

La Food and Drug Administration (FDA) est l’un des organismes de règlementation attaqués par Stossel. Lorsque la FDA annonce fièrement aux médias qu’un nouveau médicament qu’elle vient d’approuver pourra permettre de sauver 14,000 vies par année, cela ne signifie-t-il pas qu’en prenant deux ans de trop pour l’approuver, la FDA a tué 28,000 personnes? Stossel a interviewé une jeune fille atteinte d’une rare forme de cancer qui l’aurait tuée avant l’âge adulte car aucun traitement n’existait à l’époque. Ses parents voulaient qu’elle bénéficie d’un nouveau traitement développé par un médecin du Texas, mais la FDA a refusé car ce traitement n’avait pas été approuvé par l’agence.

Sans la FDA, serions-nous victimes de fraudeurs sans scrupule? Peut-être, mais même avec la FDA, ces fraudeurs n’ont jamais été aussi actifs, vendant des remèdes bidon contre la perte de cheveux, pour le grossissement de la poitrine ou pour faire maigrir. La FDA ne réussi pas à protéger la population de ces crapules. Tout ce qu’elle a réussi à faire, c’est à mettre des bâtons dans les roues de l’innovation médicale.
Cependant, la FDA est loin d’être la seule agence gouvernementale américaine à présenter un bilan aussi médiocre et coûteux. Stossel mentionne l’exemple du scandale  d’Enron. Ce ne sont pas les régulateurs du gouvernement qui ont décelé l’anomalie comptable. Ce sont des analystes et des investisseurs de firmes privées. Le Départment  de l’Agriculture a des inspecteurs dans chaque usine de transformation de poulets. Chaque inspecteur examine les poulets visuellement alors qu’ils défilent sur un tapis roulant. Son l’épidemiologue  Dr Glenn Moris, les bactéries susceptibles de rendre les gens malades sont invisibles à l’œil nu. En fait, les entreprises aiment bien ces inspecteurs car ceux-ci leur offrent gratuitement un service de contrôle de qualité aux frais des contribuables, sans pour autant protéger la population de la salmonelle ou d’autres microbes.

L’autre agence écorchée par Stossel est l’Occupational Safety and Health Administration (OSHA), qui coûte si cher à tant d’entreprises aux Etats-Unis, prescrivant de manière très précise comment chaque travailleur doit faire ses tâches pour « être en sécurité ». Beaucoup de petites entreprises n’ont pas les moyens d’encourir les frais légaux nécessaires à contester les ordonnances farfelues de l’OSHA.

Stossel consacre ensuite un chapitre aux riches qui bénéficient des largesses de l’État. Il prend comme exemple les amphithéâtre de sport professionnel, qui sont souvent subventionnés par les gouvernements. Les subventions pour le stade de baseball de Cleveland ont coûté $170,000 par emploi créé. En fait, ces subventions ne font que permettre à de riches propriétaires d’équipes sportives de financer leurs entreprises sur le dos des contribuables. Stossel dénonce aussi le fameux National Flood Insurance Program, qui assure les propriétés côtières pour une valeur de $640 milliards. En fait, le NFIP est devenu le plus gros assureur des Etats-Unis! Cette subvention ne bénéficie pratiquement qu’aux riches puisque ce sont eux qui sont les propriétaires de ces résidences cossues en bord de mer.

Une autre section du livre est dédiée aux entrepreneurs créateurs de richesse, en commençant par les fameux « robber barons » américains. Pour lui, ceux-ci n’étaient pas des voleurs (robers) parce qu’ils n’ont rien pris à personne de force et n’étaient pas non plus des barons, puisqu’ils étaient nés pauvres. Vanderbilt s’est enrichi parce qu’il a réussi à réduire les coûts de voyage et d’expédition. Ses navires plus gros et plus rapides ont permis de réduire le coût d’un voyage New York – Hartford de $8 à $1. Rockefeller a réussi dans l’industrie pétrolière parce qu’il a abaissé ses coûts, ce qui lui a permis de réduire le prix du pétrole drastiquement. En fait, le surnom de « robber baron » ne leur a pas été attribué par les consommateurs, mais bien par leurs concurrents, qui eux n’appréciaient pas les bas prix qui faisaient baisser leurs profits.

On a parfois l’impression que les riches entrepreneurs s’enrichissent en « prenant une plus grande part de la tarte de richesse ». En fait, ceux-ci « cuisinent une toute nouvelle tarte ». Et pour y arriver, ceux-ci doivent servir les consommateurs mieux que leurs concurrents. Les gouvernements eux n’agrandissent pas la tarte, ils ne font qu’en prendre des morceaux en utilisant la force. Et qu’en est-il des salaires de PDG et des inégalités? L’entreprise Ben & Jerry a un jour annoncé que son travailleur le mieux rémunéré, le PDG, ne ferait pas plus de 5 fois le salaire de l’employé le moins bien payé, mais cela n’a pas fonctionné car Ben et Jerry n’étaient pas satisfait des candidatures qui leurs ont été soumises. Ils ont fini par payer 14 fois le salaire du bas de l’échelle, mais ce fut un désastre qui résultat en la vente de l’entreprise. Stossel traite aussi de la lutte à la pauvreté aux États-Unis. Il estime que l’état-providence a littéralement créé une « industrie de la pauvreté », administrée par les bureaucrate et les organismes sociaux, qui ont intérêt à ce que les pauvres restent dépendants du gouvernement.

Dans un autre chapitre, Stossel se pose une question très controversée : qui a fait une plus grande contribution au monde, Michael Milken (qui a « inventé » les junk-bonds) ou Mère Teresa? La réponse semble évidente lorsqu’on considère que Milken a été condamné à une peine de prison pour avoir enfreint les lois sur les valeurs mobilières. Cependant, lorsqu’on y pense plus longuement, on réalise que Milken a inventé une nouvelle manière pour des entreprises  qui sont en démarrage ou en difficulté de lever des fonds pour créer ou sauver des millions d’emplois. Milken a notamment aidé MCI (50,000 employés) et CNN à démarrer. Il a aussi permis de sauver Mattel, Revlon et Safeway de la faillite. En tout il a financé plus de 3,000 entreprises incluant Barnes & Noble, AOL-Time Warner, Comcast, Mellon Bank, Occidental Petroleum, Jeep Eagle, Calvin Klein, Hasbro, Days Inn, 7-Eleven et Computer Associates. En permettant à ces millions de gens d’obtenir ou de conserver un emploi, il a créé bien plus de richesse que Mère Teresa, qui s’est pourtant dévouée aux pauvres toute sa vie.

Stossel consacre finalement un chapitre à la liberté individuelle et au droit que nous avons de disposer de notre corps. Il critique ainsi la criminalisation de la drogue et de la prostitution, entre autres. Il trouve ridicule (avec raison) qu’il soit légal que deux hommes entrent dans un ring de boxe pour se taper dessus pour de l’argent alors qu’il est illégal de donner du plaisir à quelqu’un contre rémunération. Concernant la légalisation des drogues, Stossel raconte l’histoire d’un sidatique qui consommait de la marijuana pour l’aider à tolérer sa médication, ce qui avait été légalisé par la Californie. Les policiers fédéraux l’ont arrêté et traîné en cour pour possession de drogue. Lors de son procès, son avocat n’a pas eu le droit de mentionner qu’il était sidatique et que la Californie lui permettait de consommer pour raisons médicales. Il fut alors envoyé en prison, où on ne lui permettait pas de consommer de la marijuana, qui l’aidait pourtant à ne pas vomir sa médication. Sa condition de santé s’est alors détériorée et il en est mort. Une autre victime de la guerre contre la drogue.

En somme, ce livre est très divertissant et fournit toute une panoplie d’exemples, tirés de la réalité, des désastres engendrés par l’interventionnisme du gouvernement et par son empiètement sur les libertés individuelles. L’aspect un peu auto-biographique du livre est moins pertinent, mais permet tout de même de bien saisir le cheminement de Stossel, qui ressemble étrangement à celui de la plupart des libertariens. Le livre n’est pas trop long et se lit d’un trait. Je n’hésite pas à le recommander.

La réflexion du jour

L’uniformité du tarif (ndlr : des garderies à 7 $) demandé aux parents nuit aussi à la souplesse du système en décourageant la diversité des arrangements de garde. Sa faiblesse génère une pression artificielle sur les coûts, et réduit l’incitation à l’innovation et à une gestion concurrentielle. Cela nuit aussi à la transparence des ressources qui sont investies par l’État dans les services de garde, et mène à une concurrence déloyale entre les places directement subventionnées et celles qui ne le sont pas.

Le chiffre du jour : 200 M$

Eh oui, le système actuel de financement des services de garde au Québec fait perdre annuellement près de 200 millions de dollars aux familles québécoises parce qu’il ne permet pas aux parents de déduire de leur revenu imposable fédéral le vrai coût de la garde de leurs enfants. (NDLR : voilà ce qui arrive quand les politiciens préfèrent une formule choc électoraliste (garderie à 7 $ c'est plus accrocheur que garderie à 55 $) à la réalité fiscale.)

23 août, 2012

La réflexion du jour

Que ce fiasco (Papiers Gaspésia) soit bleu, rouge ou mauve (une combinaison des deux), une chose est sûre : il est le résultat de la politique interventionniste préconisée par Pauline Marois et François Legault.--- Richard Martineau

Le chiffre du jour : 300 M$

Le fiasco de la Gaspésia est l’un des plus gros scandales de l’histoire moderne du Québec. Trois cents millions de dollars de fonds publics ont été engloutis dans le projet sans qu’un seul emploi permanent n’ait été créé.

22 août, 2012

Santé : les obstacles à l’efficacité


Le livre de Jean Laliberté, Les fonctionnaires, explique merveilleusement bien les inefficacités inhérentes à la fonction publique. Ce n’est pas que les fonctionnaires soient paresseux ou incompétents comme le laissent entendre plusieurs. La fonction publique a la même proportion d’employés cancres que dans le reste de la population.

Le problème réside dans le fait que le cadre réglementaire impose aux fonctionnaires des contraintes nuisibles. De plus, les politiciens interviennent inopinément à des fins électoralistes ce qui n’aide en rien l’efficacité des fonctionnaires.

François-Pierre Gladu, président de l’Association des jeunes médecins du Québec, explique pourquoi il faudra changer la réglementation pour améliorer le système de santé québécois.
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François-Pierre Gladu
L'auteur est président de l'Association des jeunes médecins du Québec.
La Presse
Les campagnes électorales sont propices au lancement de promesses qui ne seront jamais tenues et celle qui s'amorce ne semble pas faire exception.

Combien de partis ont promis de régler les urgences depuis 20 ans? Combien ont juré qu'ils diminueraient l'attente pour les consultations à l'hôpital? Sans résultat. Combien ont dit qu'ils feraient le nécessaire pour universaliser l'accès à un médecin de famille? Voilà pourtant la condition sine qua non pour normaliser les attentes en aval, soit à l'urgence et dans les hôpitaux.

Les citoyens les ont pourtant élus, et souvent réélus, sans qu'ils aient même à se prononcer sur les moyens qu'ils prendraient pour corriger ces trois principales lacunes. Il est primordial de le savoir, tant pour évaluer la crédibilité des promesses que pour s'assurer de donner un consentement éclairé à un futur gouvernement.

Or, avant de proposer des remèdes au réseau, il faut connaître les causes de ses lacunes, donc en faire le diagnostic. Le réseau de la santé, qui est financé par le tiers de nos impôts, taxes et tarifs, souffre principalement d'hospitalocentrisme : malgré 15% plus de médecins par habitant que dans le reste du Canada, 30% de notre population n'a pas accès en temps voulu à un médecin de famille: on passe alors par les urgences, avec une surcharge minimale de 1,5 milliard $ annuellement pour le budget de la santé.
Les données probantes, tant à l'échelle nationale qu'internationale, nous indiquent que des soins de santé efficients ne peuvent exister sans une première ligne de services médicaux solide. Ici, elle ne reçoit que 3% du budget de la santé...

Comment réduire cet hospitalocentrisme? D'abord, il faut augmenter la proportion du temps de travail des médecins de famille en cabinet. Depuis 1992, la législation du Québec en ce qui a trait aux activités médicales prioritaires a eu pour effet de la réduire à 55% alors que les autres provinces sont toujours à 80%. Les médecins de 15 ans et moins de pratique sont à 30%, la balance représentant la proportion du temps passé à l'hôpital. Sans surprise, aucune autre juridiction n'a suivi le Québec.

Si, avec moins de médecins, les autres provinces sont en mesure d'organiser les services de santé plus efficacement, avec des médecins de famille principalement en cabinet afin d'éviter le recours des patients aux services hospitaliers, et en limitant à 10% la proportion de citoyens sans médecin de famille, comment peut-on accepter que le Québec ne puisse pas faire la même chose?

Pour ce faire, un amendement législatif pour l'abolition progressive des activités médicales prioritaires sur 18 mois est incontournable. Un parti qui promet à tous un médecin de famille sans promettre cet amendement induit les électeurs en erreur.

Le deuxième amendement législatif que nous proposons concerne l'impossibilité légale pour le médecin de famille d'embaucher et de coordonner du personnel tout en étant rémunéré par la RAMQ, ce qui limite indûment leur disponibilité pour le diagnostic et le traitement, qui sont le coeur de l'exercice de la médecine. Pourtant, les dentistes, les pharmaciens et les radiologistes le peuvent, tandis que les autres médecins spécialistes bénéficient des services du personnel dans les hôpitaux.

Pour être efficace, le médecin de famille doit être, comme ses collègues dentistes et pharmaciens, le chef d'orchestre et ultime responsable clinique et administratif d'une équipe d'employés techniques et professionnels qui le libèrent des tâches qui ne relèvent pas de son expertise médicale, mais qui lui grugent un temps fou. Des activités qui seraient plus efficacement assumées par ses employés : secrétaires, infirmières ou assistants médicaux.

Car, pour assurer une organisation du travail efficiente, toute organisation doit attribuer les actes, du plus simple au plus complexe, en fonction de l'expertise. Que le professionnel dont l'expertise est la plus pointue ne puisse l'utiliser pendant au moins le tiers de son temps en raison d'un manque de support clinico-administratif constitue une entorse grave au principe de la division efficiente du travail.

Ainsi, les partis doivent s'engager à réviser la Loi sur l'assurance maladie afin qu'elle permette aux médecins de famille de gérer leur cabinet aussi efficacement que les dentistes et les pharmaciens sont autorisés à le faire.

Tout parti politique qui promet aux gens la lune en santé sans dire comment il la décrochera manque de crédibilité et ne mérite pas l'appui des électeurs. Comme les dépenses en santé représentent le tiers de nos impôts, l'engagement électoral de faire voter ces deux amendements législatifs représente assurément un enjeu électoral majeur.

La réflexion du jour

Les faits les plus simples n'attestent cependant rien de tel (ndlr : que le Québec est devenu néolibéral): si certaines politiques ont des effets opposés, la place qu'occupe globalement l'État québécois dans l'économie s'est accrue. Plus important encore: l'inégalité des revenus est même en léger repli alors que l'incidence de la pauvreté a même significativement diminué pour les ménages avec enfants.---Jean-Herman Guay et Luc Godbout, respectivement professeur de sciences politiques et professeur de fiscalité et de finances publiques à l'Université de Sherbrooke.

Le chiffre du jour : 86 400 fonctionnaires de plus

Si la recette néolibérale avait été appliquée, les emplois dans le secteur public auraient dû chuter. Or, en 2011, on comptait quelque 783 000 emplois dans le secteur public (fédéral excepté). C'est 86 400 de plus qu'en 2002.

(NDLR : pourtant le PLQ nous avait promis de ne remplacer qu'un fonctionnaire sur deux qui prendrait sa retraite!)

21 août, 2012

La rflexion du jour

La première chose que les partis politiques et leurs dirigeants devraient avoir en tête, avant même d’élaborer leurs promesses de baisser les impôts, d’offrir de nouvelles prestations publiques ou encore de bonifier un service public existant, c’est la situation budgétaire du Québec qu’il aspire à gouverner pour les quatre prochaines années.--- Luc Godbout

Le chiffre du jour : 875 M$

D’ailleurs, même si les documents budgétaires indiquent un déficit zéro pour l’an prochain et le respect de la Loi sur l’équilibre budgétaire pour les années suivantes, on y lit également que 875 millions $ restent encore à identifier pour véritablement équilibrer les budgets des années 2014, 2015 et 2016. Ces données mettre en évidence que les Québécois seront tôt ou tard appelés à fournir un effort additionnel de près de 1 milliard $ par an pour respecter le cadre financier équilibré du gouvernement.

20 août, 2012

Inde : la libéralisation commerciale a-t-elle contribué à réduire la pauvreté ?

Geoffroy Helgé

Pendant plus de quatre décennies après l’Independence en 1947, les gouvernements indiens successifs ont entretenu une stratégie de développement économique protectionniste. La plupart des produits étrangers étaient soumis à un régime autoritaire de licence d’importation, et les droits de douanes imposés, pouvant atteindre jusqu’à 400 %, étaient largement prohibitifs. Selon Joshi et Little, « en juin 1991, l’Inde était le pays non communiste le plus autarcique du monde » [1].

La crise de la balance des paiements de l’été 1991 a forcé le gouvernement à changer de stratégie. Sous l’influence de l’économiste Manmohan Singh (alors ministre des Finances), nombre des restrictions au commerce extérieur ont été peu à peu réduites ou abolies. La liste des produits sujets à des interdictions d’exportation est passée de 185 articles en 1991 à 16 en 1992. Le droit de douane nominal moyen est passé de 90% en 1990 à 55% en 1992 et à 15% aujourd’hui. En conséquence, la part du commerce extérieur dans le PIB du pays est passée de 10% en 1980 à environ 23% aujourd’hui [2].

Ces réformes ont été abondamment critiquées par les militants anticapitalistes et par les intellectuels hostiles au libre échange. En particulier, les critiques ont reproché aux réformes d’être à l’origine de l’appauvrissement des populations les plus fragiles, notamment dans les campagnes. Les producteurs locaux auraient été plongés dans la misère par la concurrence des firmes étrangères plus expérimentées. La militante des droits de l’homme Smita Narula va même jusqu’à attribuer aux réformes de libéralisation l’origine des récentes vagues de suicide parmi les fermiers indiens [3].

Une récente étude de J. Salcedo Cain, Rana Hasan et Devashish Mitra[4] montre que le lien entre l’ouverture commerciale et l’aggravation de la pauvreté est largement fictif. Dans leur article, intitulé« Trade liberalization and poverty reduction, new evidence from Indian States », les auteurs affirment qu’en réalité, les états indiens les plus exposés à l’ouverture commerciale ont connu une réduction plus rapide de la pauvreté absolue (mesurée par la proportion d’individus dans la population vivant avec un niveau de consommation insuffisant pour assurer une ration journalière de 2000 kilo calories). Les données, extraites du National Sample Survey (NSS), révèlent que l’ampleur de l’effet positif est significative : « en moyenne, chaque baisse d’un point de pourcentage du taux de droit de douane pondéré est accompagnée d’une réduction de la pauvreté de 0,57%, ce qui implique que 38% de la réduction de la pauvreté durant la période 1987-2004 peut être attribué à l’exposition au commerce mondial » (p. 7)Autrement dit, l’ouverture à l’économie mondiale aurait fait émerger de la pauvreté plus de vingt millions d’Indiens. Il existe peu de programmes de protection sociale pouvant prétendre à de tels résultats.

Pourquoi l’ouverture commerciale s’est-elle traduite par une réduction de la pauvreté ?

Une première explication de ce phénomène a trait à ce que la théorie standard du commerce international appelle le « théorème de Stolper-Samuelson ». Ce théorème énonce que lorsqu’un pays s’ouvre au commerce, les détenteurs du facteur de production utilisé de façon intensive dans le processus de fabrication du bien dans lequel le pays se spécialise voient leur rémunération réelle augmenter. L’Inde, abondamment dotée en travail peu qualifié, doit se spécialiser dans la production de biens dont la fabrication requiert davantage de cet intrant. Le théorème de Stolper-Samuelson prédit donc que la rémunération (le salaire réel) des travailleurs indiens peu qualifiés (bien souvent les plus pauvres) doit augmenter avec l’ouverture au commerce.

Une deuxième explication concerne le lien étroit qui existe entre ouverture commerciale, croissance, et réduction de la pauvreté. Ici, l’argument établit que l’ouverture commerciale génère de la croissance économique ; et qu’en retour, la croissance économique conduit à une réduction de la pauvreté absolue. 

L’ouverture commerciale stimule la croissance par l’effet qu’elle produit sur la « productivité totale des facteurs » : lorsqu’une économie s’ouvre, les firmes qui la composent bénéficient de technologies plus efficaces et plus variées. En outre, la concurrence étrangère force les entreprises domestiques à réorganiser continuellement leur production pour rester compétitive. La croissance, en retour, encourage la réduction de la pauvreté en mettant à disposition de la population davantage de biens et services bon marché et en favorisant la création d’emplois rémunérés hors du secteur informel[5].

Les trois auteurs avancent que l’argument en deux temps, liant l’ouverture commerciale, la croissance et la réduction de la pauvreté, s’applique dans le cas de l’Inde. Les données de panel montrent d’une part que « les états dont les travailleurs étaient plus exposés à la compétition étrangère… ont cru plus vite que les autres » (p. 35) ; et d’autre part que « les états qui ont cru plus vite que les autres ont réduit leur pauvreté plus rapidement » (p. 35).

Par ailleurs, les trois auteurs détectent dans les données du NSS un autre phénomène remarquable.

L’ouverture commerciale exerce un effet d’autant plus bénéfique que le marché du travail est peu réglementé. « Comparé à un état où les institutions du marché du travail sont rigides », affirment les auteurs, « un état avec des institutions flexibles exposé à une réduction du taux de droit de douane pondéré de 1%, connaît une réduction de la pauvreté urbaine supérieure de 1,5% » (p. 36). Cela provient du fait que, lorsque le marché du travail est lourdement réglementé, la réallocation des travailleurs vers les secteurs les plus productifs est entravée. Autrement dit, pour que l’ouverture exerce pleinement ses bienfaits, elle doit être accompagnée de réformes visant à libéraliser le marché du travail.

Un ardent partisan du libre échange, il est vrai, pourrait trouver bien des insatisfactions dans l’actuelle politique commerciale indienne. Dans certains secteurs spécifiques, les distorsions gouvernementales subsistent. Les droits de douane sur les automobiles et le textile, par exemple, demeurent élevés. Le gouvernement fait également un usage fréquent des subventions aux exportations. Mais paradoxalement, il y a dans cet état de fait une raison d’être optimiste : il existe des marges supplémentaires pour faire progresser l’intégration de l’économie indienne dans la division internationale du travail ; et partant, des marges supplémentaires pour améliorer le niveau de vie d’une partie importante de la population.

Geoffroy Helgé est analyste sur www.UnMondeLibre.org.

Notes

[1] Cités par T.N. Srinivasan, « The cost of hesitant and reluctant globalization: India », p. 4. http://www.econ.yale.edu/~srinivas/Cost%20of%20Hesitant%20and%20Reluctant%20Globalization.pdf

[2] Les réformes sont décrites en détail par A. Panagariya dans India, the Emerging Giant (2008), Oxford University Press ; et par T.N. Srinivasan dans “Indian economic reforms, a stocktaking”http://www.econ.yale.edu/~srinivas/Indian%20Economic%20Reforms%20A%20Sto...

[3] Dans une interview pour l’émission « Democracy now », http://www.youtube.com/watch?v=ql0mo-5jPbc

[4] Disponible sur le site Academic Commons  de l’Université de Columbia,http://academiccommons.columbia.edu/catalog/ac:136630

[5] Cet argument est développé par Andrew Berg et Anne Krueger, dans leur article « Trade, growth, and poverty, a selective survey » (2003), http://www.imf.org/external/pubs/ft/wp/2003/wp0330.pdf; cf. également l’article de Bhagwati et Srinivasan, « Trade and poverty in the poor countries »,http://www.econ.yale.edu/~srinivas/trade_poverty.pdf

La réflexion du jour

Est-ce la faute à nos politiciens avec une vision purement électoraliste ? Nos médias qui orientent de plus en plus leurs contenus en fonction de la demande ? À nous qui manquons d’intérêt pour la chose économique ?

Le début de la campagne électorale a soudainement mis fin à la basse saison certes. L’actualité économique n’est toutefois pas au rendez-vous. --- Jean-François Dumais

Le chiffre du jour : 54 %

Qui a dit que l’économie allait être un enjeu électoral ? Le thème de l’économie a occupé 9 % de la première semaine de campagne. Or, nos médias accordent présentement 18 % moins d’attention à l’ensemble des nouvelles économiques. Rappelons qu’en 2011, la presse écrite et électronique québécoise a généré 41 % moins de contenu de nature économique que ses homologues du reste du Canada. À l’échelle internationale, la comparaison est encore plus douloureuse. Nous avons accusé un retard de 54 % sur le poids médias international des nouvelles économiques.

(NDLR : La gauche domine les grands médias québécois. La gauche ne comprend rien à l'économie et donc préfère ne pas en parler.)

19 août, 2012

La politique québécoise en caricatures

La réflexion du jour

Aux dires de François de Closets, journaliste et écrivain français, notre génération a tout pris pour elle: la longévité, le bien-être, la sécurité d'emploi, la retraite précoce... Et elle a tout mis à la charge de ses enfants, à commencer par une montagne de dettes. Mais attention, nous prévient-il, les échéances sont là. ---Claude Gélinas

Le chiffre du jour : 57 157 $

En regard de la dette publique mondiale, quel rang occupent les Québécois relativement au poids de la dette sur chacun de nous? Le plus lourd fardeau calculé revient au Japonais (85 976 $). Le Québécois doit 57 157 $. Le Grec, 33 970 $. Le Français et l'Américain (32 500 $) et l'Espagnol 18 885 $. Le Chinois, lui, s'en tire avec 794 $. Et si les pays poursuivent leur politique d'endettement, voici, selon l'agence de notation Moody's les dates auxquelles ces États déclareront faillite: 2030 : Mexique, Royaume-Uni. 2040: États-Unis, Pays-Bas. 2044: France. 2055: Chine. 2076: Japon. 2079: Allemagne.

18 août, 2012

La réflexion du jour

Si le PQ veut véritablement rapatrier le régime d'assurance chômage, qu'il engage un véritable débat rigoureux sur la question. S'il veut plutôt demander à Ottawa quelque chose qu'il sait très bien qu'il n'obtiendra jamais, pour se faire du capital politique dans sa perspective de «gouvernance souverainiste», qu'il ne prenne pas en otage les chômeurs. Ceux-ci ont une dure lutte à mener. Ne détournons pas leur énergie et leur attention.---- Avocat, l'auteur est porte-parole du Mouvement Action Chômage de Montréal.

Le chiffre du jour : entre 400 et 800 M$

Selon les dernières données disponibles (2006 à 2009), le Québec a été un bénéficiaire net relativement au régime d'assurance emploi. Bon an, mal an, les travailleurs du Québec reçoivent entre 400 et 800 millions de plus que ce qu'ils paient en cotisations.

17 août, 2012

Les petits cons


Le petit con que vous voyez dans la vidéo a accaparé le temps d’au moins 5 policiers. Maintenant, il devra faire face à la justice pour répondre de ses actes. Combien cela coûtera-t-il à la société? Il me semble que cet argent aurait été plus utile en éducation ou en santé!

Loin de moi l’idée de blâmer les policiers. Je ne suis pas un admirateur des forces policières que je considère un mal nécessaire, mais j’admire ces deux policiers qui gardent un calme olympien face à ce petit bum arrogant qui se croit tout permis.

Les budgets « sécurité publique » de tous les niveaux de gouvernement accaparent une portion de plus en plus importante des finances publiques. Les frasques de ce petit con ne sont qu’une anecdote négligeable en soi. Mais si l'on se fie aux démonstrations des carrés rouges du printemps dernier, il y a beaucoup plus de petits cons que je le croyais. La multiplication des petits cons fait exploser les budgets « sécurité publique » et je crains que ce ne soit pas fini.

La déresponsabilisation généralisée des individus, au premier chef les parents et les éducateurs, est la cause première de ce phénomène qui risque de prendre de l’ampleur.

La réflexion du jour

Après une semaine de campagne, les prétendants au trône de la province la plus endettée et la plus taxée rivalisent déjà en promesses de nouvelles dépenses… Et de nouveaux programmes. Comme si l’argent nous sortait par les oreilles!

Matériel scolaire gratuit pour vos enfants, soins dentaires payés jusqu’à 16 ans, cinq jours de congé de plus aux parents, plus d’argent pour les soins à domicile, crédits d’impôt pour investir dans le Pan Nord, pour les rénovations domiciliaires « vertes »… Alouette!--- David Descôteaux

Le chiffre du jour : 28 M$

Rappel élémentaire pour nos politiciens, et plusieurs électeurs : la dette du secteur public augmente de 28 millions… par jour! Les dépenses de santé bouffent déjà l’équivalent du trois quarts de toutes les taxes à la consommation, des impôts des particuliers ET de ceux des entreprises. Et vu le vieillissement de la population, ces dépenses vont bientôt exploser. Quant aux régimes de retraite dans le rouge, leurs déficits vont-ils se régler tout seuls? Non, ils vont empirer.

16 août, 2012

La réflexion du jour

Ce syndrome («mal québécois des ressources») connaît deux variantes. La première, généralement associée à une certaine mouvance écolo-artistique, considère qu'aucune considération économique ne saurait justifier l'existence d'un puits de pétrole, d'une mine à ciel ouvert ou même, d'un barrage hydro-électrique. La seconde est plus subtile. Elle consiste à vouloir taxer les profits des entreprises oeuvrant dans le secteur au point de décourager chez elles toute velléité d'investissement. --- Martin Coiteux

Le chiffre du jour : 100 %

Le PQ semble souffrir de myopie générationnelle totale en ne disant mot sur l'utilisation des redevances au bénéfice des générations futures. Le PLQ souffre quant à lui de myopie partielle, lui qui propose de ne mettre de côté que le quart des redevances excédant 200 millions de dollars par année. Dans ce dossier, il n'y a que la Coalition avenir Québec qui ne souffre d'aucune myopie, puisqu'elle propose d'appliquer 100% des redevances à la réduction de la dette.

15 août, 2012

Les contribuables dindons


Les Jeux olympiques sont un bel exemple de ce que les politiciens peuvent faire comme connerie avec l’argent des contribuables.

Les coûts des Jeux olympiques, tout comme les coûts des campagnes électorales ont atteint de niveaux stratosphériques indécents. Comme d’habitude, les contribuables sont les dindons de la farce.

Malheureusement, personne ne semble avoir à cœur les intérêts des contribuables dindons.
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Les contribuables américains devraient, rétrospectivement, pousserun soupir de soulagement quant au fait que New York n’ait pas étésélectionnée, il y a sept ans, parmi les cinq finalistes pour accueillirles jeux Olympiques de cet été. Le choix de Londres comme villed’accueil par le Comité International Olympique (CIO)  garantit auxcontribuables britanniques de payer une note exorbitante pourl’événement sportif le plus économiquement discutable au monde.

Le simple fait de candidater pour les Jeux a coûté à Londres quelque 25 millions de dollars. Les partisans de cet événement pensaient que cet argent était utilement dépensé, étant donné qu’aucun autreévénement sportif n’attire plus de visiteurs du monde entier, ni ne met autant à l’honneur la ville d’accueil.L’on supposait que les Jeux apporteraient à Londres d’énormes avantages économiques.

Après tout, personne n’ignore que les grands événements sportifs comme les Jeux génèrent des « booms » touristiques stimulant les revenus locaux,  les projets de construction et d’infrastructure contribuant à créer un nombre important de nouveaux emplois. Tout du moins, c’est ce que nous disent toujours les études menées par la ville d’accueil sur l’impact économique des Jeux.

Aujourd’hui, l’on affirme aux Britanniques que le Stade Olympique va régénérer  toute une partie de l’East End londonien qui était tombé en décrépitude, un héritage durable grâce à une nouvelle ligne de chemin de fer et des infrastructures de transport public améliorées. Avec des estimations originelles proches de 2 milliards de dollars, une telle régénération urbaine semblait un investissement manifestement sensé.

Cependant, une telle confiance économique provenait d’une lecture bien particulière de l’histoire économique des Jeux Olympiques. Les commanditaires de Londres s’attendent à un « héritage olympique » significatif, où un événement réussi augmenterait le tourisme après les Jeux, et où les améliorations des infrastructures relanceraient les zones urbaines délabrées et attireraient de nouveaux investisseurs étrangers.

Malheureusement pour les contribuables britanniques, une telle propagande économique pro-Jeux représente le triomphe de l’espoir sur l’expérience, comme l’illustrent à la fois Londres 2012 et les Jeux qui l’ont précédé.

Pour les Jeux de 2012, Londres estimait à l’origine que les coûts atteindraient 4,7 milliards de dollars. En moins de deux ans, les estimations officielles sont passées à 15 milliards, soit plus de trois fois le coût estimé au moment de la candidature de 2005. Les financements privés ne s’étant jamais concrétisés, 15 milliards d’impôts ont été exigés à la hâte pour financer ces Jeux.

Le UK National Audit Office ayant révélé que les financements du secteur privé constituent désormais moins de 2 % du budget des jeux, le comité d’évaluation des comptes publics britanniques (le UKParliamentary Public account Committee) a prédit que le coût total s’élèverait à 18 milliards. Pire encore, une analyse de Sky Sports TV network, qui inclut les coûts liés aux améliorations des infrastructures de transport, estime que les coûts des Jeux s’élèvent au montant  faramineux de 38,5 milliards !

Cette calamité financière ne devrait pas surprendre. Les budgets qui enflent et le fardeau de la dette sont toujours les résultats les plus probables des Jeux Olympiques.

Le gouvernement chinois, qui prévoyait un budget de 14,2 milliards pour les Jeux de Pékin en 2008, a fini par dépenser 40 milliards. Les Jeux Olympiques d’Athènes en 2004 ont coûté dix fois plus que les 1,6 milliards prévus à l’origine. Une décennie plus tôt, les Jeux de Barcelone en 1992 avaient laissé les contribuables espagnols avec un déficit de 6,1 milliards.

Et cela, trois décennies avant que les 2,7 milliards de dollars de dette liée aux Jeux de Montréal en 1976 aient été remboursés. Montréal suivit les désastreux Jeux de Munich de 1972, où, en plus des pertes en vie humaine, le coût pour les contribuables allemands s’éleva à 687 millions de dollars.

Même les maigres profits, respectivement rapportés par les Jeux d’hiver en 2002 à Salt Lake City et par les Jeux d’été en 1996 à Atlanta, sont illusoires ; car cela ne tient pas compte des millions de dollars d’aide sécuritaire fournis par le département de la Défense américaine (en 2002) ou des deux milliards dépensés par les Etats, le gouvernement fédéral et les gouvernements locaux (en 1996).

Une ponction de 38 milliards de dollars sur les contribuables durant une période d’austérité budgétaire est d’autant moins acceptable lorsque l’on songe que les Britanniques ne bénéficieront pas économiquement de leur effort.

Une récente étude de Goldman Sachs conclut en effet que les faibles gains pour l’économie britannique cet été vont se dissiper avant la fin de l’année. De même, Richard Morawetz de Moody’s affirme que « dans l’ensemble, nous pensons que les Jeux ne vont probablement pas donner un coup de fouet à l’économie britannique, et nous croyons que l’impact du développement des infrastructures a probablement déjà exercé ses effets sur le PIB britannique. »

L’héritage des Jeux de Londres va refléter celui de pratiquement toutes les villes hôtes précédentes. Comme les recherches universitaires le montrent, la promesse d’importants bénéfices à long terme est un mirage économique.

Les augmentations de l’affluence touristique sont marginales, assez transitoires, et même moins prononcées pour les destinations connues telles que Londres. Il n’existe aucune preuve empirique à partir des Jeux précédents pour suggérer que Londres va bénéficier d’une augmentation nette, soit des emplois, soit du revenu réel par tête.

Cet argent aurait pu être dépensé pour des projets bien plus utiles que celui visant à stimuler temporairement l’orgueil national. Ou l’on aurait pu permettre aux contribuables en difficulté de garder leur argent pour qu’ils puissent le dépenser comme bon leur semble. Heureusement, le CIO a épargné aux Américains à la fois le coût et l’affront qu’ont subis leurs cousins d’outre-Atlantique.

Patrick Basham, le 1er août 2012 - Patrick Basham est analyste au Cato Institute

La réflexion du jour

Les trois chefs de partis ont compris que les Québécois sont de gros bébés gâtés, désespérément accros aux largesses de l’état, et qu’ils voteront pour celui, ou celle, qui leur promettra le plus gros cornet de crème glacée – gratuit, évidemment.

L’honnêteté intellectuelle ne peut rien faire contre ça…---Benoit Aubin

Le chiffre du jour : 1,4 G$

Le déficit du Québec a totalisé 1,4 G$ au cours des deux premiers mois de l'exercice financier 2012-2013, alors qu'il doit s'établir à seulement 1,5 G$ pour toute l'année afin de correspondre aux objectifs du gouvernement Charest.

(NDLR : croyez-vous vraiment, quelque soit le parti au pouvoir, que le gouvernement va rencontrer son objectif? Poser la question c'est y répondre!)

14 août, 2012

La réflexion du jour

Depuis des décennies, le Québec ne dispose d'aucune marge de manoeuvre budgétaire et cette situation n'est pas prête de changer à court et moyen terme. 

Peu importe le parti qui sera appelé à former le prochain gouvernement, celui qui héritera du poste de ministre des Finances sera condamné à faire des miracles pour arriver à boucler chacun de ses exercices financiers, sans trop alourdir la dette et taxer davantage les prochaines générations.--- Jean-Philippe Décarie

Le chiffre du jour : 200 G$

Une fois ce laborieux objectif (ndlr : équilibre budgétaire) atteint, le gouvernement devrait alors se mettre à enregistrer des surplus budgétaires pour qu'il puisse dégager la marge de manoeuvre nécessaire à un éventuel soulagement du fardeau fiscal de ses électeurs.

Encore là, un gouvernement responsable accepterait-il de réduire ses entrées fiscales alors que sa dette - qui représente 55% de son produit intérieur brut - aura largement franchi le cap des 200 milliards?

(NDLR : ....et ce 200 milliards n'inclut pas les dettes des municipalités, des hôpitaux, d'Hydro-Québec, ni les déficits actuariels des fonds de pension des fonctionnaires.)

13 août, 2012

Moi le crayon

Dans cette vidéo, Milton Friedman utilise l’exemple du crayon pour démontrer l’importance de la spécialisation des tâches pour améliorer la productivité, donc le niveau de vie. Cette description n’est pas nouvelle, mais il est utile d’y revenir régulièrement.

La réflexion du jour

Pour qui les Québécois doivent-ils voter le 4 septembre afin d'avoir le meilleur pilote pour leur économie ? Aucun des partis n'est à la hauteur, répondent deux spécialistes.--- Germain Belzile, économiste et professeur à HEC Montréal et Filip Palda, professeur à l'École nationale d'administration publique (ENAP)

Le chiffre du jour : 40 %

Selon M. Belzile, le Parti libéral a raté sa chance de régler le problème en ne tenant pas promesse de faire croître la taille du gouvernement plus lentement que celle de l'économie.»

«Ils ont abandonné ça en quelques mois, soutient M. Belzile. Dans le cadre du rétablissement de l'équilibre budgétaire, ils ont promis que 60% de l'effort viendrait du gouvernement. Le 40% des contribuables est venu vite avec les tarifs, mais pas le reste.»

11 août, 2012

La réflexion du jour

Le scepticisme dans la population se comprend. Les derniers ministres de la Santé n’ont pas eu le courage politique de modifier la structure et d’imposer aux médecins une charge de travail supérieure.--- Jean-Jacques Samson

Le chiffre du jour : 18 agences

Le Québec est la province qui consacre le plus fort pourcentage de son budget à la santé, 44,4 % en 2009, comparativement à 37 % en Ontario. Le Québec a 18 agences de la santé et des services sociaux; il y en a 14 en Ontario pour une population une fois et demie plus nombreuse et cinq en Colombie-Britannique.

10 août, 2012

Un cynique chez les lyriques

Revue de livre par Louise V Labrecque

D’abord, on se demande pourquoi un titre pareil. Puis, nous traversons le préambule pour découvrir les intentions de l’auteur, Carl Bergeron. Soudain, s’impose comme une envie d’en savoir davantage, de dévorer ce livre ou mieux, d’écrire, exactement de la même manière que l’on constate l’urgente nécessité, tous les printemps, de préparer le terreau afin que plantes, fleurs et fruits puissent planter ses racines. En fait, cela va encore plus loin que la parole ou l’écriture. Plus loin que la sensibilité. Nous parlons ici de cynisme, comme analyse symbolique et philosophique des films de Denis Arcand. En tant que rapport au monde également, dans un regard en surplomb -comme celui d’Arcand-, scrutant l’horizon au tant de l’intime que du collectif, notamment en ce qui a trait à la situation québécoise actuelle.

Le cynisme d’Arcand, paraît-il, ne date pas d’hier. Le saviez-vous ?

En effet, Denys Arcand possède une œuvre magistrale, allant des films de fiction « On est au coton » (1971) jusqu’à « L’âge des ténèbres » (2007), sans oublier son œuvre documentaire, forte et critique.  Le cinéaste, en effet, est profondément ancré dans la réalité; même lorsqu’il aborde la fiction, il est parfaitement en phase avec les aléas sociaux et culturels du Québec d’hier et d’aujourd’hui. Cela en fait un artiste profondément bouleversant. Justement, ce livre de Carl Bergeron « Un cynique chez les lyriques » est un cadre de réflexion essentiel sur l’œuvre magnifique de Denys Arcand, en plus de mettre en lumière, comme peu d’auteurs l’on fait, une véritable rencontre entre les deux hommes. Une surprise de taille vous attend donc puisque la réunion entre ces deux esprits n’épargne rien, dans la géographie humaine, culturelle et politique du Québec.  C’est que le cynisme philosophique d’Arcand ne date pas d’hier, en effet, et c’est bel et bien à un portrait sensible du célèbre cinéaste que Carl Bergeron nous convie, avec ce brillant essai. Ainsi, tel l’artiste créant une œuvre, Arcand affirme : « Le Québec est une histoire impossible » ; en lisant ces mots, on ne se sent pas très à l’aise.  C’est que l’œuvre de l’artiste, Arcand à l’occurrence, tranche nettement avec celle des autres, de par la somme des regards graves qu’elle suscite, ainsi que par la réflexion des personnages, lesquels ne sont pas tous également intéressants, même parmi ceux que Denys Arcand semble privilégier.  Justement, comment faire une œuvre, notamment de fiction, au Québec, si on est, comme Arcand, profondément lié à son pays d’origine, amoureux de sa culture historique, et dans sa complexité schizophrène (oui, mais non) même?  C’est que le Québec profond, c’était hier : on revient de loin, assurément, et de cette vision du monde, Arcand l’embrasse ardemment,  marqué par le poids des rapports de forces, de son œuvre, et de l’Histoire.  En effet, la plupart des Québécois ont parmi leurs ancêtres, un fermier ou un coureur des bois, de qui ils ont hérités le respect et l’amour de la nature.  Des souvenirs pas toujours très glorieux…Dans les faits : la condition humaine et québécoise dans ce qu’elle porte de plus difficile, de plus désenchantée, et parfois de plus tragique, mise en lumière, notamment dans l’œuvre documentaire de Denys Arcand , mais également dans « Gina »,  une femme déclassée, laquelle voile également une grande espérance, tel un secret bien gardé : le mariage ! Or, à la sortie du film, en 1975, Arcand revisite lucidement la blessure, persiste, et signe : « le mariage est le tombeau de la classe ouvrière ».

Savoir choisir ses batailles

Ainsi, Denys Arcand possède une poétique originale : c’est un inclassable ! Il n’est pas nécessaire, en effet, de chercher vitam aeternam une raison à son anti-lyrisme notoire, ni de cette tendance naturelle à se méfier de toutes entreprises et tentations passionnelles, « que cela soit dans le registre de l’amour ou de la détestation »: nous avons affaire à un être de raison, lequel pose « son regard de plomb » sur l’environnement, lequel façonne tous les êtres.  Dans son film « Jésus de Montréal  (1989)», nous avons là, peut-être, son sujet le plus personnel, le plus intime, le plus sincère.  Ainsi, un artiste ne peut évoluer seul; alors que fondamentalement, il appelle cette solitude de tous ses vœux. Dans les faits, il a besoin des autres, il a besoin de la société. Son désenchantement viendrait-il de là ? Savoir, par avance, que nous serons incompris, voire blâmés, avant ou après avoir été loués, pour paraphraser la célèbre citation ? C’est qu’il faut éviter les impasses. Les écrivains, les poètes, les artistes, ne font pas du porte- à -porte; ils sont intimidés ou silencieux, et rarement l’œuvre coïncide avec les définitions qu’on en donne de l’extérieur. Il y a un hiatus quelque part, que l’artiste doit prendre sur lui, afin de conserver sa liberté de créateur. La fiction, c’est la place qu’occupe un film, ou un livre, dans cette machine; exactement comme on dirait systématiquement de ce moi comme cinéaste, ou mieux du rôle que l’œuvre a joué dans la vie d’une autre personne.  Les artistes sont enfermés dans une sorte de cercle vicieux : produire une œuvre implique que tu fasses partie de ce monde-là. C’est cette présence qui devient gênante; il y a une différence entre aimer aller vers les autres, et d’obliger le corpus artistique à intégrer l’œuvre. Par contre, avec une ouverture directe sur le public, il arrive qu’un artiste puisse se porter tout seul. Cela est impossible en littérature, toutefois dans d’autres disciplines, il arrive que ce soit possible; sinon, ce sont les œuvres qui vous portent, jusqu’à dénaturer l’image et l’œuvre, laquelle s’abandonne trop souvent, hélas, à sa myopie et son goût du pouvoir.

Ainsi, après cette réflexion, située au cœur de l’œuvre, par nostalgie peut-être, nous devons plonger en somme dans un climat plus infernal que bucolique, lequel parfois est franchement fantastique, en dépit de la misère, de l’injustice, et du mépris, triples facettes d’une même face. Or, tout le pessimisme d’Arcand vient de là, lequel puise sa source à la fois dans une lucidité têtue, un réalisme machiavélien, et un cynisme inattaquable.  Ce tableau est criant tant qu’à l’avenir du Québec, notamment culturellement et politiquement, à plus long terme : comment fera t’il pour se définir, se redéfinir, se réinventer ? Le spectacle de cette misère est en effet palpable chez Arcand.  Simplement exister, en tant que nation, que pays, est difficile à supporter à certains moments; dans le contexte de l’œuvre de Denys Arcand, le propos n’est pas neuf, certes, mais il acquiert une éloquence incontestable. Tellement que nous en somme, nous-mêmes, étonnés.  Bref, allez lire ce livre en courant : « Un cynique chez les lyriques », de Carl Bergeron, publié aux Éditions Boréal. Vous m’en donnerez des nouvelles !  

Bergeron, Carl, Un cynique chez les lyriques, Édition Boréal, Montréal, 2012.