Chaque Québécois doit plus de 34 000 $ au provincial seulement

Vaut mieux en rire!

Avant de couper des centaines de millions dans les services, est-ce qu’on peut avoir les services ? - Michel Beaudry

31 août, 2006

Enfin, un règlement pour gérer l’éternuement !

Les élections de l’automne 2006 avait reporté le Parti Libéral au pouvoir. Malgré la faible popularité de Jean Charest, les Québécois lui avaient donné un deuxième mandat. Ils avaient choisi le moindre mal comme ils le faisaient depuis trente ans.

Le PQ avait subi la pire défaite de son histoire. Au lendemain des élections André Boisclair avait démissionné comme chef du parti. Plusieurs prédisaient la disparition du PQ. Toutefois, lors de la course au leadership de l’automne 2008 Gilles Duceppe avait milité en faveur de l’abandon de l’option souverainiste et il avait été élu chef du parti. L’évacuation de l’option souverainiste en faveur de l’interventionnisme de l’état avait permis de faire renaître le PQ. Tout le programme du parti tournait autour du rôle prépondérant de l’état pour garantir une société juste et égalitaire. On promettait de bâtir une société exemplaire ou les inégalités et les injustices ne seraient plus tolérées. Le parti Québec Solidaire, au bord de la faillite, se sabordait au profit du PQ. Les syndicats, les groupes sociaux et les intellos de gauche voyaient dans ce changement de programme une manne qui tomberait bientôt du ciel et l’appuyait sans réserve.

À l’élection de 2010 le PQ remportait l’élection avec plus de 50% du vote populaire. Cette majorité absolue n’était pas aussi surprenante qu’on aurait pu le croire à première vue. En fait, la moitié des Québécois profitaient déjà de la redistribution forcée de la richesse créée par l’autre moitié. La promesse d’un interventionnisme encore plus créatif ne pouvait qu’améliorer le sort de la moitié profiteuse.

En 2020, le PQ était à mi-chemin dans son troisième mandat. Tout ce qui pouvait être étatisé, légiféré et règlementé l’était déjà. Les stratèges du parti étaient à court d’idée et pourtant ils étaient connus pour avoir beaucoup d’imagination. Un jour le ministre de la santé leur annonça qu’il avait trouvé la solution. Pour remporter un quatrième mandat il fallait règlementer l’éternuement : « L’éternuement est la principale cause de la transmission du virus de la grippe. Cela doit être règlementé tout comme nous règlementons les aliments, les médicaments, l’environnement, etc. Lorsque quelqu’un éternue il éjecte des millions de microbes à plus de 130 Km à l’heure pouvant contaminer ses camarades dans un rayon de 3 à 4 mètres. » Le premier ministre ajoutait : « Il est urgent d’agir et d’enrayer ce comportement asocial qui nuit à l’économie. Le gouvernement n’a plus de marge de manœuvre et si rien n’est fait il devra emprunter pour financer les coûts du système de santé. En 2019, 69% des revenus du gouvernement ont été alloué au financement de la santé. Je ne remets pas en doute la générosité légendaire des Québécois, mais ils paient déjà 75% de leurs revenus en impôts et en taxes. Pouvons-nous leur en demander davantage ? »

Le communiqué de presse de la CSN déclarait : « Enfin, un gouvernement qui a le courage de mettre fin aux abus des employeurs peu scrupuleux. Ils ne pourront plus exploiter les travailleurs en exigeant leur présence au travail s’il y a un risque, même minime, d’éternuement. Selon nos calculs le nombre de jours de travail des Québécois diminuera d’au moins 15 jours par année. Enfin, nous serons les leaders mondiaux avec moins de 200 jours ouvrables par année. »

Le Parti Vert s’était immédiatement rangé derrière ce projet innovateur. Il déclarait dans son communiqué de presse : « L’éternuement est non seulement une menace à la santé publique, c’est une menace à la démocratie. Plusieurs Québécois ne participent plus à nos marches de protestation par crainte d’être contaminés par les éternuements de nos opposants qui s’immiscent clandestinement parmi nos sympathisants. »

Le représentant du Conseil du patronat s’était timidement objecté : « L’éternuement est un réflexe naturel toléré et accepté dans tous les pays du monde. » La réponse du ministère de la santé ne se fit pas attendre : « Manger aussi est un acte naturel. Mais depuis que nous règlementons ce que les Québécois mangent les études démontrent que leur niveau de stress a considérablement diminué. Ils ne sont plus exposés à devoir choisir entre malbouffe et bouffe-santé. »

Lors de la période de question un journaliste avait demandé au Premier Ministre ce qu’il entendait faire pour améliorer le niveau de vie des Québécois. Selon la dernière étude de l’OCDE le PIB par habitant dépassait à peine 50% de la moyenne des pays de l’OCDE. Le premier ministre avait répondu : « Le PIB n’est pas un indicateur significatif pour le Québec. J’ai demandé à l’Institut de la Statistique du Québec de mesurer le BDQ, le bonheur des Québécois. On verra bien qui a raison. »

27 août, 2006

Liberté 101.

Comme vous l’avez certainement remarqué, dans mes textes je préconise moins de gouvernement et une responsabilisation accrue des individus, c’est-à-dire plus de liberté. Les gros gouvernements conduisent invariablement au gaspillage des fonds publics et à la déresponsabilisation des individus. La présentation suivante de Ken Schoolland exprime bien le pourquoi et le comment de ma position anti-gros-gouvernement.

Dans les sociétés occidentales, le gouvernement comme institution origine du besoin de protéger les libertés individuelles contre les abus des monarques. Dans ce contexte, les rôles des gouvernements se limitent à assurer la sécurité des citoyens et à administrer la justice. Malheureusement, sous prétexte de remplir l’un et l’autre de ces rôles les gouvernements grugent continuellement les libertés individuelles au profit des politiciens.

Les pères de la constitution américaine avait bien compris ce phénomène. Ils avaient inscrit dans la constitution les limites, croyaient-ils, qui devaient prévenir l’érosion constante des droits individuels au profit des gouvernements et des politiciens. S’ils revenaient à Washington aujourd’hui ils seraient certainement déçus de constater jusqu’à quel point le gouvernement américain contrôle la vie de tous les jours de leurs concitoyens.

S’ils profitaient de leur passage à Washington pour visiter le Québec, ils découvriraient une société dont la dépendance au bon vouloir de l’état a atteint un degré qu’ils ne pouvaient pas imaginer, même dans les scénarios les plus dramatiques. L’eau des piscines est contaminée, vite un nouveau règlement pour rappeler les responsables à l’ordre. Les garderies offrent des services non prévus aux règlements, on réclame un nouveau règlement pour éviter les abus. Les citoyens font de l’embonpoint, il faut un règlement pour enlever la malbouffe des comptoirs. Etc.

Les politiciens se feront toujours un plaisir de promulguer de nouveaux règlements pour répondre à la demande populaire. Toutefois, chaque nouveau règlement, sous le prétexte vertueux de répondre aux désirs de l’ensemble de la société, gruge une partie de notre liberté jusqu’au jour où l’individu est sacrifié au profit de l’élite politique. L’histoire nous enseigne quels sont les conséquences d’un tel dérapage.

24 août, 2006

Les parents québécois sont-ils irresponsables ?

Enfin l'AGPQ réagit et prend action pour enrayer les abus du ministère de la Famille, des Aînés et de la Condition féminine. La ministre Théberge a concocté un règlement anti-entreprise privée dans le but d'appaiser la colère des trop nombreux groupes de pression qui s'oppose à l'arrivée de l'entreprise privée dans le domaine des garderies.

Je reprends ci-bas le texte que j'ai publié le 7 juin dernier à ce sujet :

Le gouvernement, dans sa grande sagesse habituelle, s’apprête à interdire aux parents qui envoient leurs enfants dans une garderie subventionnée, d’acheter les services supplémentaires qu’ils désirent pour leurs enfants. Encore une fois, un monopole gouvernemental prétendant agir en bon père de famille décide ce qui est le mieux pour nos enfants. Selon le gouvernement, les parents québécois sont des irresponsables incapables de décider eux-mêmes ce qu’ils veulent. Des fonctionnaires, que nous payons grâce à un régime fiscal usuraire, planifient et décident pour nous. Tous nos enfants recevront les mêmes services médiocres sous prétexte que le Québec est une société égalitaire et solidaire.

En 1997, lors de la création du régime des CPE, nous sommes passés d’un régime d’aide aux parents à un régime de subvention aux garderies. Le gouvernement s’est ainsi substitué aux parents et maintenant se croit justifier de décider pour eux quels services les garderies peuvent offrir. Ce modèle d’étatisme, que certains qualifient d’exemplaire, ignore totalement les réalités du monde moderne. Les parents ont besoin de solutions flexibles pour accommoder des horaires et des conditions de travail de plus en plus diversifiés. Mais dans un régime de garderie étatique ce n’est pas le régime qui s’adapte aux besoins des parents et des enfants, ce sont les parents et les enfants qui doivent s’ajuster à la rigidité du régime. Vous voulez des heures flexibles, vous désirez initier vos enfants aux arts, etc. oubliez çà. Tout ce qui ne peut être accommodé à l’intérieur des paramètres rigides concoctés par des fonctionnaires, eux-mêmes guidés dans leurs tâches par les syndicats, vous devrez vous en passer ou chercher ailleurs.

L’étatisation du régime des garderies est la source même de la plupart des problèmes vécus par les enfants, les parents et les garderies. Pour paraphraser un dicton bien connu sur l’institution du mariage : l’étatisation du régime des garderies est une institution créée pour résoudre des problèmes qui n’existeraient pas si l’institution elle-même n’existait pas.

Comment faire pour respecter les préférences des parents et réduire au minimum les possibilités de conflit ? Il suffit simplement de respecter le droit inaliénable des parents à choisir ce qu’ils désirent pour leurs enfants. À priori, le bon de garde ou l’équivalent, est l’instrument tout désigné pour redonner aux parents l’autonomie qu’ils ont perdue lors de la création du régime des CPE. Lorsque le pouvoir d’achat réside chez les bénéficiaires d’un service, les fournisseurs s’adaptent rapidement aux priorités de leurs clients. Au contraire, lorsque le financement provient du gouvernement les fournisseurs n’ont d’autres choix que de s’adapter aux exigences des fonctionnaires au détriment des clients.

Il est impératif que le régime de garderie du Québec soit soumis aux règles les plus élémentaires d’une économie de marché pour le plus grand bien des enfants, des parents et des fournisseurs de service. Les parents retrouveront ainsi le pouvoir de décider ce qu’ils désirent offrir à leurs enfants. Les CPE publics et privés retrouveront le droit de fixer les tarifs demandés afin qu’ils correspondent aux services dispensés. Les forces du marché trouveront rapidement le point d’équilibre entre les besoins financiers des garderies et la capacité de payer des parents.

17 août, 2006

Le ridicule ne tue pas !!

Le ridicule ne tue pas !!

Une chance pour les ministres Bachand et Courchesne que le ridicule ne tue pas.

IBM, une entreprise dont les finances sont en bien meilleur état que celles du Québec, ses revenus sont près du double et sa dette est moindre, a-t-elle vraiment besoin de l’aide du gouvernement ?

Les contribuables québécois vont débourser 9 millions pour permettre à deux ministres de participer à l’annonce d’IBM. Peut-il y avoir une autre raison pouvant justifier cette subvention ? Aidez-moi à comprendre quelqu’un.


Le jeudi 17 août 2006
IBM investit 85 millions $ à son usine de Bromont avec l'aide de Québec
Presse Canadienne
QUEBEC

Le géant de l'informatique IBM investit 85 millions $ dans son usine de Bromont, en Montérégie.
L'investissement, qui permettra à l'usine d'assumer un mandat mondial d'assemblage et de test de modules, créera 200 emplois.
L'usine est la plus grande installation d'assemblage et d'essai de semiconducteurs d'IBM dans le monde.
Elle exporte environ 700 millions $ de produits annuellement.
Inaugurée en 1972, l'usine de Bromont fournit une gamme étendue de produits à divers clients d'importance, dont IBM, Cisco, Microsoft, Sony et Nintendo.
Le ministre du Développement économique, Raymond Bachand et sa collègue de l'Emploi et de la Solidarité sociale, Michelle Courchesne, participaient à l'annonce, le gouvernement du Québec contribuant pour sa part 9 millions $ à l'investissement. De cette somme, 7 millions $ proviennent du Programme d'appui stratégique à l'investissement du ministère du Développement économique, et 2 millions $ proviennent d'une enveloppe d'Emploi-Québec visant la formation de la main-d'oeuvre et la mise à jour des compétences.

Les subventions créatrices d'emploi sont un mythe (3).

Mise au point de M. Lefebvre.
Bonjour M. Rouleau

Petite correction concernant votre texte sur Lefebvre Frères. La compagnie n'est pas en faillite, au contraire elle se porte bien. Les actionnaires ont pris la décision de fermer les deux usines de la Compagnie et de mettre à pied leurs employés car:
  1. Ils ne voyaient pas comment ils pourraient se démarquer dans un marché ou le Gouvernement avantage leurs compétiteurs pour plus de 50% des salaires payés et ce dans un contexte ou les salaires représente plus de 80% du coût des ventes.
  2. Désireux de poursuive la tradition familiale (3 générations) les actionnaires ont pris la décision d'investir temps et argent pour créer une nouvelle entreprise à un endroit ou les coûts de main d'œuvre leur permettrait de demeurer compétitif face aux entreprises subventionnées du Québec.

Je crois que le Québec perd au change et je continue à soutenir que le politique est une des raisons pour laquelle la richesse collective des Québécois est une des plus basse en l'Amérique du Nord et ce malgré des richesses naturelles imposantes et un esprit d'entrepreneurship sans pareil .

Pierre Lefebvre

13 août, 2006

Les subventions créatrices d'emploi sont un mythe (3).

Le cas de l’entreprise Lefebvre Frères / Industries Foresteel Limitée est un exemple probant de l’incohérence des politiques interventionnistes du gouvernement du Québec.

Le 21 avril 2004 M. Pierre Lefebvre, président du C.A., faisait parvenir une lettre à Jean Charest lui expliquant que les politiques de subvention du gouvernement allaient causer la fermeture de son entreprise. Depuis, les craintes de M. Lefebvre se sont matérialisées et l’entreprise a dû fermer ses portes.

Sous le prétexte vertueux de créer des emplois le gouvernement a poussé à la faillite cette entreprise avec pour conséquence la mise à pied de 242 employés. De plus, M. Lefebvre et ses actionnaires ont décidé d’investir leur argent et leurs talents sous des cieux moins interventionnistes et où les entrepreneurs compétitionnent à armes égales.

Faut-il se surprendre si le Québec traîne dans le peloton de queue parmi ses partenaires économiques et si Montréal demeure la seule grande ville Nord Américaine maintenant depuis plusieurs années un taux de chômage de plus de 10%.

Pour votre information je vous transmets la lettre de M. Pierre Lefebvre :

Premier Ministre du Québec
Édifice Honoré-Mercier, 3ème étage
835, boulevard René-Levesque Est
Québec (Québec) G1A 1B4

Monsieur le Premier Ministre,

Je vous écris au nom des employés et actionnaires de Lefebvre Frères Limitée et de sa filiale, Les Industries Foresteel, toutes deux de Montréal. Lefebvre Frères est établie depuis 1914 et Foresteel depuis 1960. Nous oeuvrons dans le secteur de la fabrication métallique et, en 2003, le Journal des Affaires, dans son énumération des 300 plus importantes PME du Québec, accordait à Lefebvre le 70e rang avec 242 emplois.

Un an plus tard, il ne reste que 40 emplois et ces derniers sont sérieusement compromis car il devient impossible pour une entreprise de notre secteur de concurrencer les entreprises situées en région et éligibles aux crédits d’impôt. L’interventionnisme de l’État fausse les règles du jeu et le Québec en sort grand perdant. À Montréal, l’industrie de la fabrication métallique se meurt et je me doute qu’il en va de même pour celle des autres régions non éligibles aux crédits d’impôt.

La Commission Métropolitaine de Montréal (CMM), vient de dévoiler que la grande région de Montréal, incluant Laval et Longueuil, a perdu entre 1999 et 2004 un total de 59 000 emplois dans le secteur de la fabrication. Il s’agit d’une baisse de 17 % par rapport à 1999. Je suis certain que si les chiffres pour l’Est de Montréal étaient disponibles, la situation serait plus tragique.

Au cours des trois dernières années, les entreprises suivantes, toutes situées dans la région de Montréal, ont fermé leurs portes : Robert Mitchell, Ralfor, Bedarco et Drummond Welding. Ces entreprises, qui avaient toutes plus de 20 années d’existence, faisaient de Montréal une plaque tournante de la fabrication métallique en Amérique.

LA SITUATION DE LEFEBVRE FRÈRES /FORESTEEL

Au cours des 22 dernières années, Lefebvre Frères/Foresteel a développé une expertise reconnue mondialement dans la fabrication des barres omnibus destinées a l’industrie des non-ferreux : Aluminium, magnésium, zinc et cuivre. Pendant cette période, l’entreprise a réalisé d’importants contrats :

• Alcoa (Renolds), Baie-Comeau, phases I et II (1983 et 1989)
• Aluminerie de Bécancour, Qc, phases I et II (1986 et 1989)
• Alouette, Sept-Îles, phase I (1990)
• Norsk Hydro, Qc (1986), Magnola, Qc (1998)
• Alcan, Alma, Qc (1999)
• Mozal, Mozambique, phases I et II (1999 et 2002)
• Hillside, Afrique du Sud, phases I et II (1992 et 2002)

Nous avons également réalisé plusieurs autres projets à travers le monde. Le créneau des barres omnibus représente aujourd’hui plus de 60% des ventes de l’entreprise. Au cours des trois dernières années nos deux usines de Montréal ont exporté toute leur production de barres à l’extérieur du pays.

La fabrication des barres omnibus comporte une très forte composante de main d’oeuvre directe puisque le matériel de base ( barres brutes) est généralement fourni par le client. Le prix vendant des heures de main d’oeuvre directe pour les opérations de soudage et d’usinage a un impact majeur sur la compétitivité d’une entreprise. A la suite de l’introduction des crédits d’impôt « Vallée de l’aluminium », par le Gouvernement du parti Québécois, Lefebvre Frères/Foresteel voit son marché disparaître. Il n’est pas possible de gagner de nouveaux contrats alors que des concurrents situés dans certaines régions peuvent bénéficier des avantages suivants :

• Crédit d’impôt remboursable de 40% ( maintenant 30%) sur toute augmentation de la masse salariale éligible;
• Déduction de 75% de son revenu imposable jusqu’au 31 décembre 2010;
• Déduction de 75% de son capital versé pour fin de taxe sur le capital jusqu’au 31 décembre 2010;
• Déduction de 75% des salaires pour fin de contribution au Fonds de service de santé (FSS), et ce, jusqu’au 31 décembre 2010 également.

Nous ne pouvons pas être compétitifs face à des entreprises qui bénéficient de tels avantages. Pour la première fois depuis dix ans, nous avons perdu un contrat de fabrication de barres omnibus, soit celui de l’aluminerie Alouette.

Nous croyons que la perte de ce contrat est directement liée aux politiques du gouvernement concernant les entreprises en région. La preuve : dans les renseignements additionnels sur les mesures du budget 2004-2005, le ministre des Finances, parmi les raisons qu’il donne pour maintenir les crédits d’impôt, mentionne les représentations des entreprises en région, qui ont souligné au gouvernement que « cela pourrait entraîner des difficultés financières pour les sociétés qui ont présenté des soumissions ou négocié des contrats en considérant l’impact des crédits d’impôt pour la période prévue de cinq ans ». J’assume que Monsieur Séguin, avant de reconduire les crédits, a pris soin de vérifier que les prétentions des entreprises étaient bien vraies et que s’il les maintient c’est qu’il est vrai que leur retrait mettrait la vie des entreprises en danger.

Nous avons été souvent confrontés à de la concurrence, ayant par le passé réussi à prévaloir sur des entreprises canadiennes et étrangères, mais avec les avantages accordés aux régions, il ne nous reste qu’à baisser les bras! Comment expliquer aux actionnaires et aux employés de Lefebvre Frères/Foresteel que les impôts qu’ils ont payés au cours des dernières années servent à subventionner une entreprise située dans une zone que le Gouvernement a décidé de privilégier et qui a comme résultat de déposséder les uns et de causer le licenciement massif des autres ? Comment leur faire comprendre que celui qui obtient le contrat reçoit du gouvernement des avantages qui peuvent représenter jusqu'à 50% du coût de la main d’oeuvre dans certaines situations?

Nos représentations auprès du ministère du Revenu n’ont pas été fructueuses. On nous a fait comprendre que la décision était politique. En ce qui a trait au ministère de l’Industrie et du Commerce, leur réaction a été de nous dire qu’ils n’avaient pas été consultés sur les programmes de crédits d’impôt. Nous n’avions d’autre choix que de mettre fin à nos activités de fabrication de barres omnibus au Québec et de nous résigner à recommencer à neuf ailleurs. Pour les employés et les actionnaires de Lefebvre/Foresteel les conséquences sont évidentes. Qu’en est-il du Québec ? Examinons la situation de plus proche.

• Pour le projet Alouette, les emplois ont été transférés de Montréal au Saguenay. Le nombre d’emplois est le même. La différence : le Gouvernement du Québec subventionne l’entreprise du Saguenay alors qu’une fabrication à Montréal n’aurait rien coûté. Coût pour l’état :
plusieurs millions de dollars.
• La perte de 60% de ses ventes affecte Lefebvre Frères /Foresteel au point que les emplois non reliés aux barres omnibus sont compromis. Quarante ont déjà disparus et sur les quarante autres une décision sera prise d’ici deux mois. Pertes importantes pour le trésor public.
• Au cours des 20 dernières années notre entreprise a dominé le marché international à partir de Montréal. Maintenant qu’elle n’a plus sa place au Québec elle se doit de reprendre à neuf ailleurs la ou le coût de la main d’oeuvre lui permettra d’être compétitif. Qui sortira gagnant sur les prochains contrats ? Chose certaine le Québec perdra, car au cours des vingt dernières années Lefebvre Frères/Foresteel a produit à partir de Montréal et cela sans subvention.

La disparition de deux entreprises, dont une qui fête cette année ses 90 années d’existence n’est pas dans le meilleur intérêt du Québec.

Combien d’autres cas comme le nôtre ?

LES SUBVENTIONS AUX ENTREPRISES ET L’ÉCONOMIE DU QUÉBEC

Le crédit d’impôt « Régions ressources » date du début des années 2000 et celui de la « Vallée de l’aluminium » de juin 2002. Une étude du Fraser Institute signée Fred McMahon évalue à $469 par habitant les subventions provinciales et municipales aux entreprises et ce, en l’an 2000, soit avant l’introduction des crédits d’impôt.

En Ontario, les subventions aux entreprises ne sont que de 32 $ par personne et la moyenne canadienne qui est évidemment plus élevée compte tenu du fait que le Québec fait partie du Canada, est de 193 $ par personne. Presque $2,000 pour une famille de deux adultes et deux enfants. S’agit-il d’un investissement productif et qui rapporte des emplois et de la richesse au Québec? Serait-il possible que nous fassions fausse route. Je ne peux m’empêcher de citer Monsieur McMahon, qui, à la page 47 de son étude dit ( la traduction est de moi ) : « La pratique du gouvernement du Québec de subventionner les entreprises plutôt que de baisser les taxes est non seulement inéquitable mais, en plus, elle réduit la croissance économique de
trois façons :

- elle maintient les taxes élevées, ce qui pénalise toutes les entreprises;
- elle peut récompenser les entreprises inefficaces mais politiquement bien connectées au détriment des entreprises plus efficaces; et
- elle fausse les données en détournant des ressources qui devraient être consacrées à l’augmentation de la productivité et de la compétitivité dans le marché ».

On subventionne les entreprises mais,

1. Le Québec impose à ses citoyens le fardeau fiscal le plus lourd de toutes les juridictions d’Amérique du Nord ( en pourcentage de l’économie );
2. Le Québec possède, de loin, le niveau de prospérité par personne le plus bas, mesuré par le produit intérieur brut par habitant, de toutes les provinces ou états américains industrialisés dont la population dépasse 6 000000 d’habitants;
3. À l’échelle mondiale, les chiffres démontrent que les régions retardataires des nations développées réussissent à combler l’écart avec les régions plus prospères par un facteur de 2 à 3 % par année.

Au cours des 40 dernières années le Québec n’a absolument rien comblé de son retard par rapport à la prospérité moyenne du Canada[1]; Serions-nous dans une situation ou l’interventionnisme de l’état fait plus de mal que de bien ?

LES ABUS DU SYSTÈME

Nous pensons également que le programme de crédits d’impôt ouvre la porte à des abus. Il est en effet possible que des entreprises aient pu :

• Réclamer plus d’un crédit d’impôt pour la même dépense. Non seulement le système est-il généreux, mais comme le libellé de la loi n’est pas clair, certaines entreprises en profiteraient pour demander deux ou trois crédits d’impôt pour le même dollar dépensé;
• Avoir la possibilité de réclamer un crédit d’impôt même s’il n’y a aucune création d’emploi obtenue en alternant le programme « Régions ressources » et celui de la « Vallée de l’aluminium ».

Même si la loi a été modifiée lors du budget du 12 juin 2003, il serait intéressant de connaître les sommes payées aux entreprises à cause du manque de rigueur qui prévaut dans le libellé de la loi. À une époque ou on parle de gouvernance pour les entreprises, n’est-il pas normal que les gouvernements se soumettent aux même exigences?

CONCLUSION

Nous considérons que le programme de crédit d’impôt a causé l’expropriation de notre entreprise et cela sans qu’aucun dédommagement ne soit versé à ses actionnaires et salariés.

Nous ne croyons pas que le Québec gagne. Au contraire nous croyons qu’il perd.

Il nous reste une usine et quarante emplois au Québec. L’entreprise doit prendre une décision concernant cette usine d’ici la fin de mai. Le 10 septembre 2003, il y a sept mois de cela, j’ai écrit au ministère du Revenu en posant des questions précises sur la portée des crédits d’impôt reliés à nos quarante emplois en fabrication métallique. J’ai pris bien soin dans mes communications écrites et orales de mentionner à mes interlocuteurs que mon objectif était de comprendre l’impact des crédits d’impôts sur les activités de fabrication métallique et que l’avenir de l’entreprise et de ses emplois étaient en jeu. Sept mois plus tard, et après plusieurs suivis, nous n’avons toujours pas de réponses.

Pourquoi?

Pierre Lefebvre
Président du CA
Lefebvre Frères Limitée et Les Industries Foresteel Limitée

[1] « Québec Prosperity », l’étude de M. Fred McMahon

05 août, 2006

Les subventions créatrices d’emplois sont un mythe (2).

Dans mon texte du 18 juillet, Les subventions créatrices d’emploi sont un mythe , je dénonçais les généreuses subventions que les gouvernements accordent dans le but de favoriser leur parti dans l’opinion publique. Comme pour me donner raison, le 28 juillet 2006, Norsk Hydro annonçait la vente de son usine de magnésium à Bécancour. Norsk Hydro ajoutait qu’il est possible que l’usine soit fermée. En clair, l’usine est au bord de la faillite et devra mettre à pied la plupart, sinon la totalité de ses employés.

Ce projet créé en 1989 a reçu près de 250 millions $ en subvention . Le gros de ces subventions provient du fait qu’Hydro-Québec fournissait l’électricité à Norsk Hydro à des tarifs ridiculement bas. Les États-Unis ont décrété que ces tarifs constituaient une subvention illégale et ont imposé des droits compensatoires aux produits de Norsk Hydro exporté aux États-Unis. Ainsi, le Québec, la région économique la plus pauvre de l’Amérique du Nord, a généreusement subventionné le trésor américain et il est maintenant acquis que la plupart des emplois créés disparaîtront sous peu.

Norsk Hydro est le dernier d’une série ininterrompu de fiascos :
  • L’usine Magnola à Asbestos qui devait aussi produire du magnésium. L’usine, grassement subventionné par les contribuables, a coûté plus d’un milliard de dollars, n’a jamais atteint sa pleine capacité de production et est maintenant fermée.
  • L’usine Gaspésia à Chandler. La compagnie a fait faillite et les contribuables québécois ont perdu plus de 300 millions dans cette aventure.
  • La salle de peinture de l’usine de General Motors à Boisbriand. Le gouvernement du Québec a fortement contribué financièrement à la construction de cette amélioration importante à l’usine ce qui devait assurer sa survie à moyen terme. L’usine est fermée et démolie.
  • L’usine du constructeur automobile Hyundai à Bromont. Le gouvernement du Québec y a investi de généreuses subventions et l’usine n’a fonctionné que quelques années.

Qui a été tenu responsable de ces gaspillages ? Bien sur, les partis de l’opposition ont crié aux scandales. Il y a eu des commissions d’enquête. Les médias en ont profité pour publier des grands titres accrocheurs. Mais il n’y a pas eu de procès, encore moins de condamnations. Avant même que le dernier fiasco ne soit oublié, les mêmes politiciens annonçaient déjà de nouvelles subventions créatrices d’emplois.

Malgré les fiascos, malgré les mises en garde répétées des experts, les politiciens au pouvoir continuent de distribuer généreusement l’argent des contribuables sous forme de subvention à la création d’emploi.

Cela fait beaucoup trop longtemps que les contribuables québécois, ceux qui à la fin paient la note, tolèrent les gaspillages de toutes catégories. Les politiciens en sont venus à croire que ce sont les bonnes intentions qui comptent et que, compte-tenu de la naïveté des contribuables, la machine médiatique gouvernementale pourra facilement gérer les dérapages.