Chaque Québécois doit plus de 34 000 $ au provincial seulement

Vaut mieux en rire!

Avant de couper des centaines de millions dans les services, est-ce qu’on peut avoir les services ? - Michel Beaudry

25 mai, 2006

Éloge aux entrepreneurs.

L’entrepreneur, en particulier dans une société socialisante comme celle que nous connaissons au Québec, est malheureusement peu valorisé et souvent perçu avec méfiance. Ceci semble découler du fait qu’une partie des Québécois, ceux qui en général profitent des politiques socialisantes du gouvernement, jalousent ceux qui réussissent. Pour eux, la réussite est synonyme du « capitaliste qui abuse nécessairement les plus faibles ». Le fait que les entrepreneurs soient à la source de toute société solidaire semble leur échapper complètement. Une autre partie de la société québécoise, en particulier les élites politiques, culturelles et sociales, craignent l’esprit d’indépendance des entrepreneurs. Pour eux, l’entrepreneur est « l’empêcheur de tourner en rond ». En dénonçant l’omniprésence de l’état qui les étouffe les entrepreneurs remettent en question l’utilité des fonctionnaires et le pouvoir illimité des politiciens. Le fait que ce soit les entrepreneurs qui créent la richesse nécessaire au soutien financier de l’immense machine étatique du Québec semble bien secondaire à leurs yeux.

Les sociétés qui encouragent et appuient l’esprit d’entrepreneur de leurs citoyens sont aussi celles qui connaissent les meilleurs taux de croissance économiques et humains. Pour s’en convaincre, il suffit d’imaginer ce que serait le Québec si nous avions deux fois plus d’entrepreneurs québécois : deux Bernard Lemaire, deux Guy Laliberté, deux Robert Lepage, deux Gilles Julien, etc. Moi, c’est ce qui me rendrait vraiment fier d’être Québécois.

Qu’est-ce qu’un entrepreneur et pourquoi sont-ils si important dans le développement d’une société ?

L’entrepreneuriat consiste à évaluer sans arrêt les conditions prévalant dans son milieu afin de percevoir des occasions d’affaire. Les entrepreneurs réorganisent les ressources économiques vers des usages à valeur ajoutée plus élevée. Ils innovent en cherchant de meilleurs processus de production et des façons de réduire les coûts. Ils sont ainsi à l’origine du dynamisme économique et de la capacité à répondre efficacement aux désirs des consommateurs et aux besoins d’autres producteurs. Ils sont la source de la création de richesse. Joseph Schumpeter (1883-1950) est certainement l’économiste contemporain qui le mieux définit ce qu'est un entrepreneur et le rôle qu’il joue dans la société : l’entrepreneur innove en concoctant de nouvelles façons de faire. Celles-ci peuvent prendre différentes formes : 1) nouveaux produits ou produits améliorés, 2) nouveaux procédés de production, 3) nouveaux marchés, 4) nouveaux matériaux ou nouvelles sources d’approvisionnement, 5) nouvelles entreprises. Selon Schumpeter, l’esprit d’entreprise consiste en un heureux mélange de créativité appliqué au milieu des affaires. En ce faisant, l’entrepreneur brise l’état d’équilibre vers lequel tendent naturellement les forces du marché.

Les entrepreneurs agissent de plusieurs façons : ils sont travailleurs autonomes, ils créent de nouvelles entreprises ou pilotent des entreprises existantes. Ils achètent, embauchent, s’aventurent sur des nouveaux marchés, etc. Certains réaliseront des profits, plusieurs accuseront des pertes.

Les motivations de l’entrepreneur sont multiples mais les profits sont leur principale récompense. C’est un moyen simple et efficace de savoir quels projets ont effectivement créé de la richesse, et lesquels ont entraîné un gaspillage des ressources économiques. L’entrepreneuriat implique fondamentalement la prise de risques et il ne peut s’épanouir que dans un milieu où la prise de risque est valorisée, encouragée et récompensée. Un fardeau fiscal et réglementaire élevé augmente le risque et diminue la probabilité de succès. Un tel environnement maintient l’activité entrepreneuriale en-deçà de son niveau optimum.

La réglementation est utilisée par les gouvernements pour intervenir dans l’économie. Les objectifs visés peuvent être économiques, sociaux ou simplement des formalités légales et fiscales. Une réglementation complexe et volumineuse produit immanquablement des effets pervers qui pénalisent surtout les forces les plus dynamiques de la société. Elle décourage les entrepreneurs et impose des coûts non négligeables. Ces coûts augmentent nécessairement le prix des produits et services offerts et peuvent rendre ceux-ci non compétitifs. Une étude canadienne, complétée en 2002, conclut que sept PME sur dix jugent que la réglementation est trop complexe et qu’elle est un obstacle à leur croissance. Au Québec, la FCEI évalue les coûts directs de la réglementation à 7,4 milliards en 2003.

La réglementation excessive accule bien des entreprises à la faillite. Une étude de Statistique Canada réalisée en 1997, conclue que plus de 20 % des entreprises en faillite au Canada attribuent leur échec principalement à la réglementation gouvernementale..

Il n’existe malheureusement pas de mesure précise pour quantifier l’importance du fardeau réglementaire. Toutefois, le volume de lois et de règlements peut servir d'indicateur approximatif. Au Québec en avril 2003, il y avait 473 lois et 2345 règlements représentant plus de 35 000 pages de texte. Au cours de la période de 1990 à 1999, le Québec maintient la tête du peloton pour ce qui est du nombre de pages de règlements (excluant les lois) produites annuellement, avec une moyenne de plus de 5000 pages par année contre moins de 1600 pages en Ontario et en Alberta. Les entrepreneurs doivent consacrer des efforts considérables pour assimiler ces nombreux règlements et s’y conformer. Ce fardeau réglementaire est particulièrement onéreux pour les entrepreneurs.

Autant il est important de créer un environnement économique favorable à l’entrepreneuriat, autant il est inutile de créer de nouveaux programmes de subventions ou de financer les entrepreneurs avec des fonds publics. L’entrepreneuriat est une activité risquée par nature et il est impossible de prédire quels projets seront créateurs de richesse. Lorsque les entrepreneurs proposent des projets prometteurs et que l’environnement économique est favorable, le financement sera au rendez-vous. C’est la présence d’une activité entrepreneuriale active qui attire le capital de risque et non l’inverse.

L’entrepreneuriat, dans une société donnée, est directement proportionnel au niveau de liberté économique. À ce chapitre, le Québec se classe bon dernier au Canada. Pourtant, le Québec possède des atouts non négligeables : situation géographique privilégiée, population instruite et créative, ressources naturelles abondantes, etc. Malheureusement, ces atouts sont insuffisants pour compenser un environnement économique sclérosant.

Les Québécois, en favorisant un État interventionniste, se privent donc de l’existence d’entrepreneurs et d’entreprises pourtant essentiels à son développement économique et humain.

19 mai, 2006

Ushhhh ! Entendez-vous ce bruit continu de succion ?

Ushhhhhh ! Ne vous inquiétez pas vous n’avez pas de problèmes auditifs ou autres maladies inconnues. C’est le bruit de succion de l’aspirateur des gouvernements qui siphonnent l’argent directement dans vos poches.

Il est devenu impossible de faire quoi que ce soit sans payer de taxe, beaucoup de taxe. Même lorsque vous êtes assis à la maison à ne rien faire vous payez les taxes foncières de votre propriété ou vous payez un loyer plus élevé pour rembourser les taxes payées par le propriétaire. Il y a des taxes sur les services publics et sur votre auto même lorsque vous ne l’utilisez pas. Les taxes directes (Impôts, TPS et TVQ) et indirectes (Accise, essence, H-Q, etc.) augmentent considérablement le prix de tout ce que vous consommez. Si vous faites une sortie au restaurant ou au cinéma, une partie importante des coûts résulte des nombreuses taxes que vous devez payer. Si on pouvait éliminer toutes les taxes le prix des produits et services que nous consommons serait réduit en moyenne de plus de 40%.

À la longue la plupart d’entre nous n’entendent plus ce bruit de succion. On se dit qu’il nous reste suffisamment d’argent pour subvenir à nos besoins même si pour cela il faut couper dans ce qui était essentiel hier.

Au milieu des années quatre-vingt-dix le gouvernement fédéral a dû sabrer dans les transferts aux provinces pour éviter la faillite. Cela donnait au gouvernement du Québec une belle occasion de reprendre le contrôle des finances publiques. En recevant moins d’argent d’Ottawa, le gouvernement avait l’excuse idéale pour sabrer dans les dépenses inutiles. Et bien non, entre 1993 et 2003 les dépenses du gouvernement du Québec augmentent de 34%, bien au-delà du taux de croissance de la population.

À ma grande surprise, les gouvernements qui se sont succédé à Québec ont préféré s’inspirer des principes de Puviani pour imposer de nouvelles taxes et obtenir des concessions du Fédéral.

Les gouvernements, à tous les niveaux, sont incapables de contrôler encore moins de réduire les dépenses. S’ils collectent des revenus on peut être assuré qu’ils trouveront le moyen de tout dépenser. Une partie importante de ces revenus seront gaspillés à des fins électoralistes : projets populaires, subventions inutiles, etc. Il n’y a qu’un moyen de mettre fin à l’escalade des dépenses gouvernementales, c’est de réduire les revenus.

Il n’y a pas de solutions faciles, les gouvernements sont comme des enfants gâtés. Il est totalement irréaliste d’espérer qu’ils se disciplineront eux-mêmes. Si on les ignore ils interpréteront cela comme une invitation à abuser. Il faut attaquer le problème à la source et couper dans les revenus. Le travail au noir, la contrebande et l’évasion fiscale sont des moyens efficaces et le plus communément utilisés pour réduire les revenus des gouvernements. Toutefois, ces moyens sont illégaux et ceux qui les utilisent risquent gros.

En pratique, le seul moyen à la disposition des contribuables pour réduire le gaspillage des gouvernements consiste à élire des politiciens qui s’engagent à couper les impôts et les taxes. Les politiciens qui ont la stature et le leadership requis pour s’attaquer à une telle tâche sont extrêmement rares. Il faut admettre que le défi est de taille, surtout au Québec où plus de 4 000 organismes, grassement subventionnés à même les impôts des contribuables, militent en faveur de « plus de gouvernement ».

En attendant la venue d’une génération de politiciens courageux, les contribuables, ceux qui finissent toujours par payer les factures, les leurs et celles des autres, doivent s’opposer systématiquement à toutes propositions qui a pour effet d’augmenter les revenus des gouvernements, que ce soit les tarifs d’Hydro-Québec, les prix de la SAQ, la tarification des services, etc.

10 mai, 2006

Les stratégies de Puviani ou comment berner les contribuables ?

Au début du siècle dernier, Amilcare Puviani, économiste et intellectuel, s’est attaqué à la tâche de répondre à la question : Si l’objectif du gouvernement est de soutirer le maximum d’argent aux contribuables, tout en minimisant la grogne, comment doit-il s’y prendre ? Il a proposé plusieurs stratégies/principes susceptibles d’aider un tel gouvernement à réaliser son objectif. Aujourd’hui, tous les systèmes fiscaux des pays occidentaux sont basés, à divers degré, sur les stratégies élaborées par Puviani. Dans ce domaine, le gouvernement du Québec est un chef de file.

En matière de fiscalité, le but premier des politiciens est de créer l’illusion que les impôts et les taxes des contribuables sont moindres que la réalité. En même temps, ils s’efforcent aussi de créer l’illusion que les bénéfices obtenus par la population sont plus grands que la réalité. Ainsi, il est possible pour le gouvernement d’imposer une fiscalité usuraire sans pour autant soulever l’opposition de la population.

L’analyse du système fiscal québécois révèle que le gouvernement du Québec est un chef de file dans l’application des principes proposés par Puviani.

1. Utiliser des taxes et impôts indirects. Les revenus ainsi générés seront camouflés dans le prix des produits et services.

En incluant les taxes dans le prix d’un bien ou d’un service il devient pratiquement impossible pour le consommateur de départager la part des taxes de celle du coût du produit ou du service. Ce principe est abondamment appliqué au Québec : essence, cigarettes, boissons alcoolisées, etc.

2. Utiliser des monopoles d’État pour générer des revenus pour le gouvernement.

Les monopoles d’État, malgré leur inefficacité légendaire, permettent au gouvernement de taxer indirectement la population en gonflant artificiellement le prix des produits et services fournis. Le coût économique résultant de l’inefficacité de ces sociétés est totalement invisible mais, les dividendes versés au gouvernement sont, eux, largement publicisés. Ainsi la population croit faussement que ces sociétés contribuent à enrichir la population alors qu’en réalité c’est tout le contraire.

Compte-tenu que l’inefficacité des sociétés d’État l’application de ce principe risque, à terme, de mener les gouvernements à la faillite. La conversion au capitalisme de l’ensemble des pays du bloc de l’Est en est la meilleure preuve. La plupart des pays occidentaux ont abandonné ce moyen de taxer la population. Toutefois, société distingue oblige, le Québec possède l’économie la plus socialiste de l’Amérique du Nord et plusieurs sociétés d’État (H-Q, SAQ, Loto-Québec, etc.) génèrent une partie importante des revenus gouvernementaux.

3. Utiliser la dette publique pour financer les dépenses de l’État.

Un gouvernement qui désire financer un grand projet ou un déficit opérationnel peut soit accumuler des surplus ou emprunter. Comme il est politiquement plus rentable de distribuer les surplus budgétaires à des fins électoralistes, rares sont les gouvernements qui accumulent des surplus. La plupart sont obligés d’emprunter pour financer les projets et pour balancer leur budget.

Cette philosophie a été particulièrement populaire au Québec jusqu’au milieu des années 90 avec pour conséquence l’accumulation d’une dette de plus de 120 milliards. Même si aujourd’hui une loi oblige le gouvernement à présenter un budget équilibré, les politiciens n’hésitent pas à interpréter les règles comptables et le gouvernement continu d’accumuler les déficits.

4. Collecter les taxes et les impôts sous forme de paiements périodiques relativement petits.

Le gouvernement collecte les impôts au moyen d’une déduction automatique sur chaque chèque de paie. Ainsi le contribuable est plus ou moins conscient du montant annuel d’impôt payé. Si les impôts étaient facturés aux contribuables une ou deux fois par année ils se rendraient brutalement compte du coût énorme des services gouvernementaux.

De plus, les revenus gouvernementaux proviennent de plusieurs sources : impôts, TPS, TVQ, frais de services, taxes d’accise, etc. Ainsi, il est pratiquement impossible pour le contribuable d’évaluer le coût total des services gouvernementaux.

Combien de Québécois réalisent que les taux de fiscalité marginaux oscillent entre 50% et 70% pour la très grande majorité des contribuables ?

5. Faire croire à la population que les conséquences seront désastreuses si les revenus du gouvernement ne sont pas augmentés ou s’ils sont réduits.

La tactique bien connue de « crier au loup » est toujours efficace. Les syndicats, les associations patronales, les organismes bénéficiant des largesses gouvernementales (plus de 4 000 au Québec) ne manqueront pas de déchirer leurs chemises sur la place publique à la moindre allusion de coupure.

Cette tactique a permis au parti libéral de revenir sur sa promesse de réduction d’impôt d’un milliard par année. En faisant croire à la population que la pérennité des systèmes de santé et de l’éducation était en péril tous se sont empressés de supplier le gouvernement de ne pas baiser les impôts.

6. Profiter des courants populaires pour imposer de nouveaux impôts et de nouvelles taxes.

Par exemple l’environnement est un sujet à la mode depuis une dizaine d’année. Le gouvernement du Québec profite de cette mode pour taxer l’eau, maintenir la taxe sur l’essence à des niveaux inconnus ailleurs en Amérique du Nord, etc. Il est probable que taxer l’eau et maintenir le niveau de taxation de l’essence élevé sont des moyens efficaces de protéger l’environnement. Ce qui est inacceptable c’est que les revenus additionnels générés ne soient compensés par des baisses d’impôt ou de taxes d’en d’autres domaines.

7. Qualifier de temporaire l’introduction de nouveaux impôts et de nouvelles taxes ?

Tous les Québécois se rappellent que le gouvernement avait imposé une taxe temporaire sur les cigarettes pour payer le stade olympique. Trente ans plus tard, le stade est finalement payé mais le gouvernement profite du fait que le tabagisme est impopulaire pour maintenir cette taxe en vigueur. Je suis l’un de ceux qui croit que les cigarettes devraient être surtaxées car c’est le meilleur moyen de financer les coûts sociaux du tabagisme. Toutefois, le gouvernement devrait réduire les impôts et les taxes dans d’autres domaines pour compenser les revenus additionnels générés par la surtaxe des cigarettes.

8. Taxer les transferts d’actif. Habituellement le transfert d’actif est relié à un évènement heureux qui amène le contribuable à minimiser l’aspect négatif d’une taxe.

Le plus bel exemple de l’application de ce principe est la fameuse taxe de bienvenue lors de l’achat d’une propriété. Les sommes impliquées lors de l’achat d’une propriété sont en général énorme par rapport au montant de la taxe rendant celle-ci relativement acceptable. De plus, le montant de la taxe est peu visible pour le contribuable qui finance son achat par une hypothèque englobant l’ensemble des coûts et frais d’achat.

Un autre exemple est celui de la vente de son véhicule personnel. Dans ce cas le contribuable a déjà payé la TVQ au moment de l’achat mais le nouvel acquéreur doit aussi la payer ce qui résulte en une double, triple, etc. taxations d’une partie de la valeur de ce véhicule. Ainsi, un véhicule qui change de propriétaire plusieurs fois générera des sommes astronomiques de TVQ. Pour éviter la double, la triple taxations d’un même produit il suffirait de créditer la TVQ au vendeur au moment de la vente.

9. Rendre le système fiscal et budgétaire suffisamment complexe pour que personne, à part quelques experts, puissent s’y retrouver.

Le système fiscal du Québec, comme ceux de la plupart des pays occidentaux, sont devenus tellement complexes que même les experts font régulièrement des erreurs dans la préparation des rapports d’impôt même les plus simples.

Puviani serait sans doute plutôt satisfait de constater que les principes fiscaux qu’il a élaborés il y a plus de cent ans sont appliqués à la lettre par tous les gouvernements du monde moderne.

03 mai, 2006

Du travail à revendre.

La Fédération Canadienne des Entreprises Indépendante (FCEI) vient de publier son étude : « Du travail à revendre : les postes vacants à long terme posent un défi majeur aux PME » .

L’étude constate :

Les petites et moyennes entreprises (PME) d’un bout à l’autre du Canada se heurtent de plus en plus à l’impossibilité de trouver du personnel requis pour mettre leurs produits et services sur le marché. La pénurie persistante de main-d’œuvre défie les chefs d’entreprise et menace leur potentiel de croissance. Ce qui aggrave la situation est le fait que la perspective de l’offre de travailleurs est désespérante. Les pressions toujours plus grandes du vieillissement démographique et de la croissance limitée de la population active future rendent la question de la pénurie de main-d’œuvre d’autant plus urgente.

Les résultats du dernier sondage indiquent que 27 pour cent des chefs d’entreprise avaient au moins un poste à pourvoir en 2005 (Figure 1) contre 23 pour cent en 2004.

La FCEI estime qu’au Québec quelque 37 000 postes sont demeurés non pourvus en 2005 pendant quatre mois ou plus, soit l’équivalent de 2.3% des emplois dans le secteur des PME. Loin d’être un problème théorique, un poste vacant à long terme dans une exploitation de cinq personnes peut avoir un effet paralysant sur sa capacité à mettre ses produits et services sur le marché.

Pourtant, selon statistique Canada, en mars 2006 le Québec compte 347 000 sans-emplois et 178 000 assistés sociaux. Donc, 13% de la population active (les 15 à 64 ans) du Québec est sans travail et en même temps les PME sont incapables de trouver les employés dont ils ont besoin. Comment peut-on expliquer cette contradiction ?

J’admets qu’une partie importante des sans-emplois et des assistés sociaux ne sont pas disponibles ou aptes à remplir un poste vacant dans une PME. Toutefois, il me semble peu probable que les 37 000 postes disponibles ne puissent pas être remplis par des chômeurs chroniques et des assistés sociaux aptes au travail. Alors, pourquoi ne le sont-ils pas ?

Il y a certainement plusieurs raisons pouvant expliquer ce phénomène : l’inefficacité des bureaux d’emploi, des politiques de mains-d’œuvre mal adaptées aux réalités actuelles du marché, des politiques sociales et fiscales favorisant le retrait du marché des individus pas suffisamment motivés. Serait-ce aussi que l’État Providence a déresponsabilisé un trop grand nombre d’individus aptes au travail ?

L’omniprésence de l’État Providence a dépouillé l’individu de ses responsabilités les plus élémentaires. C’est vrai en matière de retraite, en matière d’assurance maladie et en matière de protection sociale. L’étatisation progressive de tous nos régimes sociaux a retiré aux individus le droit et par voie de conséquence, la responsabilité, de gérer leur vie.

Lorsque le gouvernement prend en charge les individus, depuis le berceau jusqu’au cercueil, ses responsabilités économiques et sociales disparaissent. Puisque nous payons l’assurance emploi pourquoi ne pas en profiter ? Puisque nous sommes obligés de cotiser à un régime public de retraite, pourquoi devrions-nous économiser pour nos vieux jours ? Pourquoi faire des économies pour parer à une mauvaise passe, l’État doit nous procurer le minimum vital ? De même, offrir la gratuité des études évite aux parents d’avoir à se sacrifier pour les enfants et aux enfants de se responsabiliser envers les institutions. L’école n’est plus la chose de la famille, mais de l’État. Manquer l’école ou s’y comporter n’importe comment ne relève donc plus du domaine des parents et des enfants.

La solidarité publique et forcée a pris la place de la solidarité spontanée entre les individus. L’individu est privé de ses motivations naturelles de solidarité puisque l’État s’est arrogé le rôle de subvenir à tous les besoins. De plus, l’État impose une fiscalité usuraire enlevant ainsi à l’individu les moyens financiers d’être solidaire. Aujourd’hui les déficits des régimes sociaux et du budget de l’État sont tels que les sacrifices sont reportés de la génération présente sur les générations futures. Le seul patrimoine des familles est désormais le passif des dettes laissées aux jeunes. La progressivité de l’impôt et la protection sociale sont dissuasives de l’esprit d’épargne et de promotion professionnelle.

Nous voilà donc en présence d’un cercle vicieux : réduire le rôle de l’État c’est rendre aux individus leurs responsabilités. Mais par où commencer ? Il faut sans doute mettre les gens en situation de responsabilité pour qu’ils puissent retrouver le sens des responsabilités. Il faut d’abord supprimer toutes les subventions à l’irresponsabilité. Il faut ensuite rendre à l’individu son pouvoir de décision. Bref, tous les secteurs occupés par l’État doivent être graduellement libérés pour que chacun puisse s’y investir. L’espace ne sera pas inoccupé, les initiatives individuelles et communautaires remplaceront rapidement et avantageusement la bureaucratie gouvernementale.

Le sens de la responsabilité est une éthique qui est naturelle à l’homme à condition de lui rendre d’abord la liberté d’agir, de le laisser prendre des initiatives. Le droit à l’initiative est l’un des plus importants qui soit. Retrouver le sens de ses responsabilités, c’est aussi savoir que les droits sont toujours accompagnés de devoirs.