Chaque Québécois doit plus de 34 000 $ au provincial seulement

Vaut mieux en rire!

Avant de couper des centaines de millions dans les services, est-ce qu’on peut avoir les services ? - Michel Beaudry

11 avril, 2006

Éloge de la richesse, La peur des riches.

SVP, veuillez prendre note que le prochain texte sera publier le 3 mai.
Si tous les Québécois lisent et surtout comprennent le livre d’Alain Dubuc, le Québec passera du peloton de queue au peloton de tête en moins de 10 ans.

Un livre qui doit être lu et étudié.
Je vous invite aussi à lire l'excellent commentaire de Jean Hémond.

Éloge de la richesse La peur des riches

Dubuc, Alain

Nous vous présentons dans cette page deux extraits du livre d’Alain Dubuc, Éloge de la richesse, publié aux Éditions Voix parallèles, qui sort en librairie ces jours-ci.

Même dans une société qui se dit sociale-démocrate, le nerf de la guerre, c’est l’argent. Ce sont les revenus fiscaux qui permettent à l’État de jouer son rôle. Plus le niveau de vie est élevé, plus la marge de manoeuvre de l’État est grande. Sans richesse, et sans riches, il nous sera difficile de réaliser nos rêves. Dans mon esprit, l’enrichissement est la seule solution élégante pour nous sortir de notre impasse fiscale, la seule façon crédible d’avoir les moyens de nos aspirations.

Mais cette équation entre l’élévation du niveau de vie et le progrès social est loin d’être évidente pour tout le monde. Et pourtant. Un calcul sommaire, mais qui donne un bon ordre de grandeur, pourra nous amener à réfléchir. Si le niveau de vie des Québécois était aussi élevé que celui des Ontariens, si notre PIB par habitant grimpait donc de 35 379 $ à 41 718 $ (ce sont les données courantes pour 2004), cette augmentation de 18 % ferait passer les revenus autonomes du gouvernement du Québec de 45 à 53 milliards. Si nous étions aussi riches que les Ontariens, notre gouvernement aurait donc huit milliards de plus dans ses coffres. Huit milliards. Bien assez pour résoudre toutes les questions qui, actuellement, nous paraissent insolubles.

Et si le niveau de vie des Québécois rejoignait celui de nos voisins du Massachusetts, les revenus du gouvernement du Québec passeraient alors de 45 à 78 milliards, soit 32 milliards de plus. Il va de soi que, dans un tel contexte, un Québec beaucoup plus riche ne serait pas obligé de maintenir des taux d’imposition aussi féroces. Cela donne une idée du potentiel inouï que permettrait une prospérité plus grande.

Si ces bénéfices manifestes de la richesse ne nous sautent pas aux yeux, au Québec, c’est d’abord en raison d’importants blocages idéologiques, d’une profonde méfiance envers les riches et la richesse en général. En raison de la conviction répandue que l’élévation du niveau de vie fait des victimes. En raison de l’idée populiste voulant que, quand quelqu’un s’est enrichi, il y a quelqu’un d’autre, quelque part, qui s’est fait " fourrer ".

Cela tient également à une vision passive et fataliste de la fiscalité voulant que le fisc intervienne après coup, qu’il mette la main sur tout ce qu’il peut, tributaire des aléas conjoncturels, et où la marge de manoeuvre de l’État se résume à presser le citron un peu plus ou un peu moins. Nous n’avons que très rarement regardé les choses par l’autre bout de la lorgnette, pour se demander comment l’on pourrait transformer le contexte qui détermine les grands paramètres fiscaux. Et quand nous abordons la fiscalité avec cette approche plus proactive, quand nous nous mettons à réfléchir aux revenus plutôt qu’aux impôts, nous faisons trois découvertes.

La première, c’est qu’une élévation du niveau de vie élargit l’assiette fiscale, donc le potentiel de revenu d’un gouvernement. La deuxième, c’est qu’avec un régime fiscal progressif comme le nôtre, les effets de l’enrichissement sont captés par l’État et démultipliés. Finalement, la troisième, c’est que certains des effets de la prospérité, soit l’enrichissement personnel et le fait que des citoyens puissent devenir vraiment riches en plus grand nombre, profitent à la collectivité entière.

Les peurs ataviques.

Mais avant de tomber dans cette mécanique fiscale, il faut s’attaquer à un mythe bien enraciné qui consiste à croire qu’une société doit faire un choix entre la justice et la prospérité, qu’il est impossible d’avoir les deux en même temps, et que les progrès d’un côté se feront inévitablement au détriment de l’autre. Combien de fois ai-je entendu cet argument éculé consistant à dire " Oui, nous avons un niveau de vie plus bas, mais nous avons moins d’inégalité sociale ". Bel argument. Comme s’il y avait un lien entre les deux.

Pourquoi choisir ? Au nom de quelle logique ne pourrions-nous pas bâtir une société à la fois prospère et riche, et augmenter notre niveau de vie tout en favorisant le progrès social ? Le fatalisme québécois, à cet égard, est suspect.

(...) Il n’y a pas de loi de la nature qui nous imposerait un trade-off automatique et qui nous forcerait à choisir avec fatalisme un objectif au détriment de l’autre. Il y a des cas où une grande richesse coexiste avec de fortes inégalités sociales, comme aux États-Unis. Mais dans l’ensemble de la planète, c’est plutôt le contraire que l’on observe, c’est-à-dire que dans les sociétés pauvres, les inégalités ont tendance à être plus fortes, alors que les pays où la justice sociale est la plus grande sont en général les pays les plus riches.

L’autre préjugé, tenace lui aussi, mais combien plus primaire, c’est celui qui consiste à voir l’enrichissement d’un mauvais oeil car il ferait nécessairement des victimes. L’existence de millionnaires, par exemple, devient une espèce de tare sociale. S’il y a des gens plus riches, il y aura nécessairement, quelque part, une pauvreté plus marquée. Cela repose en fait sur une vision où l’économie est un jeu à somme nulle dans lequel les gains des uns sont nécessairement les pertes des autres. Si certains d’entre nous s’enrichissent, cela sera au détriment des autres, comme s’il y avait une tarte dont la taille est immuable et que la seule façon d’avoir un plus gros morceau, c’est de le prendre à quelqu’un d’autre.

En fait, toute la logique de la création de la richesse, c’est faire en sorte que la tarte soit plus grosse qu’avant, qu’il y en ait plus, idéalement, pour tout le monde. Et c’est possible dans une économie saine et en croissance, sans escroquer qui que ce soit, grâce au travail et à l’innovation, aux exportations ou à la croissance de la productivité. Il y a un autre mythe, celui qui veut que la justice sociale soit atteinte quand personne ne s’écarte trop de la moyenne. Il y a là un glissement de la pensée. L’essentiel, c’est moins la distribution des revenus en soi que le niveau de revenu de ceux qui sont dans les catégories les moins nanties. Qu’est-ce qui est préférable : que tout le monde soit assez pauvre mais égal, ou plutôt que tout le monde soit plus riche, même si cela permet à certains d’être encore plus riches ? Qu’est-ce qu’on préfère : tout le monde pareil, ou davantage pour tout le monde ? L’important, c’est que le taux de pauvreté soit bas et que les niveaux de revenus inférieurs soient malgré tout les plus confortables possible. Sinon, c’est la logique du nivellement par le bas. (...)

DES ENDROITS OÙ ÇA BOUGE !

Irlande et Californie, Barcelone et Berlin, le développement se fait de façon accélérée et on a vraiment l’impression d’être au coeur du monde.

(...) Les endroits qui réussissent à impressionner, ceux dont on parle avec envie, que ce soient des villes, des régions ou des pays, parviennent le plus souvent à ce résultat par leurs prouesses et leurs réalisations économiques, même si ce n’est pas le seul ingrédient de la réussite et la seule source de l’admiration.

C’est certainement le cas de l’Irlande, qui mérite littéralement l’appellation " miracle ". C’est incontestablement le cas de Barcelone, qui est devenue une ville-phare et dont l’attrait de ville vibrante, tant par sa culture que sa gastronomie, repose largement sur son remarquable dynamisme économique. C’est vrai aussi du nord de la Californie. C’est également vrai de Berlin, ville en reconstruction.

Et ce qui frappe, quand on se compare à ces villes et à ces régions, c’est qu’il y a des endroits où ça bouge, où le développement se fait de façon accélérée et où on a vraiment l’impression d’être au coeur du monde. Quand on est à Barcelone, on sent vraiment s’exprimer dans toute son explosion la nouvelle Europe en émergence. Quand on est à Berlin et qu’on voit les colossaux travaux de reconstruction de la Podsdamerplatz, on sent la détermination qu’il y a dans la réunification de l’Allemagne et dans l’ouverture de l’Europe sur l’Est. Quand on est à Vancouver, on sent l’énergie qui se dégage de l’apparition de cette nouvelle culture du Pacifique.

Pas à Montréal

Mais ce n’est pas vrai de Montréal. Et ce n’est certainement pas vrai non plus de Québec, une ville de plus petite taille qui pourrait être un modèle en son genre, mais qui n’arrive pas à décoller. Montréal se porte fort bien, mais on ne peut certainement pas dire qu’elle explose et qu’elle pétille. C’est une ville aux riches atouts, très appréciée pour son charme plutôt que pour ses succès. Ses principaux avantages, au contraire, sont des attributs qu’on associe habituellement à la pauvreté : ses coûts incroyablement bas pour les terrains, pour les espaces commerciaux, pour les maisons et pour le personnel qualifié.

Si tout est si peu cher à Montréal, c’est parce que le taux de change du dollar canadien est faible, mais aussi parce que notre niveau de vie est plus bas qu’ailleurs. De la même façon, le prix dérisoire de nos chambres d’hôtel et de nos restaurants s’explique également par le fait qu’il n’existe pas une pression mondiale sur le prix comme il en existe là où tout le monde veut aller. Ou encore, il est clair que nos taux d’immigration relativement faibles s’expliquent par le fait que Montréal n’est pas perçue comme une mecque économique qui ferait que les immigrants se bousculeraient pour venir faire fortune ici. Nos avantages comparatifs sont liés à notre pauvreté relative. Nous n’envoyons pas beaucoup de messages de succès à l’échelle mondiale.

Nous pouvons bien tenter, entre nous, au Québec, de nous expliquer nos retards par des interventions fédérales malheureuses. Mais personne à Londres ne dira : " Ah, le Québec, ce serait tout un succès économique s’il n’avait pas été privé de l’industrie automobile. " Et personne à Paris, ne dira : " Sans le déséquilibre fiscal, le Québec serait un endroit fantastique ". Tous les pays ont eu des coups durs qu’ils ont surmontés. Personne ne s’intéresse aux perdants. Et personne n’écoute les explications des perdants. Au lieu de nous plaindre et de croire que les autres sont responsables de nos malheurs, mieux vaut foncer, combler nos retards par le succès économique. Voilà ce que la création de richesse peut apporter à ce petit peuple québécois dans ses combats pour son affirmation. Une remarquable carte de visite.

05 avril, 2006

Les Québécois ne font pas confiance aux politiciens, mais…

Le sondage annuel de Léger Marketing, le baromètre des professions, évalue le degré de confiance des Québécois envers divers groupes de la société.

En 2005, les cinq professions qui inspirent le plus confiance demeurent les mêmes qu’en 2004, non seulement dans le même ordre, mais avec des taux presque tous identiques : Pompiers (98%), infirmières / infirmiers (95%), fermiers (94%), médecins (83%) et enseignants (93%) se classent encore en tête de liste

Les professions obtenant entre 50% et 85% de la faveur du public sont assez stable par rapport à l’an dernier. On observe toutefois une remontée des policiers dont le taux de confiance passe de 79% en 2004 à 83%. Il est également à remarquer que la confiance qu’inspirent les juges connaît en 2005 une baisse notable, passant de 77% à 71%.

Dans tous les sondages depuis 2002, les politiciens (16%) conservent la dernière position des professions soumises à l’évaluation des Québécois. Les vendeurs d’automobiles les devancent de peu avec un taux de confiance de 21%. Les hauts fonctionnaires sont ceux qui affichent les pertes les plus importantes, soit 7% de moins qu’en 2004. Par contre les journalistes (56%) gagnent 9%.

Je trouve intéressant de noter que malgré le fait que les Québécois ne font pas confiance aux politiciens, ils demandent, exigent même, que les gouvernements s’impliquent de plus en plus dans leur vie. Quoique les Québécois n’en soient pas à une contradiction près, peut-on expliquer ce phénomène ?

L’explication réside, au moins en partie, dans le fait que les contribuables, ceux qui paient la facture, sont de la majorité silencieuse. Qui ne dit mot consent, alors, les groupes de pression s’arrogent le droit de parler en leurs noms. Les politiciens s’accommodent bien de cette situation car cela justifie leurs interventions dans toutes les facettes de la vie des gens. Par ailleurs, pour s’assurer que des groupes de pression réclameront à grands cris de plus en plus de gouvernement, les politiciens leur octroient de généreuses subventions payées à même nos impôts.

Selon les documents du ministère de l’emploi et solidarité sociale (MESS) plus de 4 000 organismes se sont partagés 631 millions en subvention en 2004-2005. Si on y ajoute les subventions municipales et fédérales ce montant dépasse probablement le milliard. De 1996-1997 à 2004-2005 le montant de ces subventions est passé de 248 millions à 631 millions, une augmentation de 154% ou près de 20% par année. Une partie importante de ces organismes sont justifiés et jouent un rôle essentiel auprès des groupes les plus vulnérables de la société. Malheureusement, plusieurs de ces subventions sont accordées à des groupes bidons qui utilisent cet argent à des fins douteuses dont celle de prétendre représenter la majorité silencieuse.

Le gouvernement, grâce à la générosité bien involontaire des contribuables, pousse la générosité jusqu’à subventionner des organismes aussi farfelus que la Fédération des clubs de boulingrin du Québec, le Regroupement des utilisateurs et utilisatrices des transports collectifs alternatifs du Québec métropolitain, la Table ronde du mois de l’histoire des noirs, la Fondation Canado-palestinienne du Québec, etc. Le Centre de recherche-action sur les relations raciales, grâce aux généreuses subventions du MESS, entend poursuivre le gouvernement pour une somme de 1,2 milliards au nom des étudiants musulmans fréquentant l’ÉTS.

Ainsi, les politiciens subventionnent une multitude d’organismes inutiles en espérant qu’ils militeront en faveur d’un plus gros gouvernement. Après tout, plus de gouvernement confère plus de pouvoir aux politiciens. À la fin, quoique très peu de Québécois fassent confiance aux politiciens, ceux-ci peuvent prétendre qu’ils ne font que ce que le bon peuple désire puisque des milliers d’organismes, représentant divers groupes de Québécois, réclament leur intervention.